Ondes de choc

Le cas Mario

Vous souvenez-vous du temps où Mario Dumont faisait trembler Jean Charest et Bernard Landry? La situation a bien changé. Au cours des derniers mois, la baloune adéquiste n’a cessé de se dégonfler, perdant de l’altitude de jour en jour. Je ne sais pas si vous partagez mon opinion, mais j’ai l’impression que le débat des chefs ne fera qu’accélérer cette tendance.

En effet, la bulle adéquiste n’a pas seulement perdu de l’air, lundi soir, elle a carrément éclaté. Après avoir grimpé au sommet des sondages, Mario est de retour à la case départ, en bas de l’échelle.

Comment expliquer cette dégringolade? Je risque quelques explications.

Messieurs cannibales

Le PLQ et le PQ ont carrément cannibalisé le programme de l’ADQ. Qui a, le premier, pris la défense des jeunes familles? Mario. Qui a dit qu’il fallait à tout prix mettre un terme au gaspillage de fonds publics? Encore Mario.

Ces prises de position l’ont catapulté au sommet des sondages. Malheureusement pour lui, Mario n’est pas resté longtemps seul sur son île. Les deux autres partis se sont tout de suite accrochés à son pare-chocs pour faire du ski-bottines et profiter de la vague. En moins de temps qu’il n’en faut pour crier "focus group!", grand-papa Bernard s’est transformé en défenseur de la famille (un sujet qui, quelques semaines auparavant, lui passait 10 pieds par-dessus la tête), et mononcle Jean est devenu le champion de la gestion responsable.

D’empêcheur de tourner en rond, Mario est devenu one of the boys. Non seulement ça, mais Bernard Landry et Jean Charest se sont mis à imiter Mario mieux que Mario lui-même! Ils défendaient la famille avec davantage de compassion que le chef de l’ADQ, pourfendaient le gaspillage de fonds publics avec plus d’indignation et de colère… C’est comme le remix d’A Little Less Conversation, d’Elvis Presley. Le remake est meilleur que la version originale!

Mario Dumont a une très grande force: il pose d’excellentes questions. Mais il a aussi une grande faiblesse: il répond mal aux questions qu’il pose. Le jour où ses réponses seront aussi percutantes que ses questions, le paysage politique du Québec tremblera. D’ici là, il faudra se contenter de quelques soubresauts en début de campagne…

La question taboue

Quand il est question du débat constitutionnel, Mario Dumont est aussi sibyllin que Kevin Spacey lorsqu’il parle de son orientation sexuelle. Il n’est pas fédéraliste, il n’est pas séparatiste… Désolé, mais une porte ne peut pas être à la fois ouverte et fermée. C’est bien beau, être post, trans et multi, mais à un moment donné, il faut trancher.

Comme l’a dit le politologue Christian Dufour dans le cadre de l’émission Droit de parole sur les ondes de Télé-Québec, la question constitutionnelle n’est pas disparue. Elle s’est juste endormie. Un jour, le monstre sortira de son trou et terrorisera à nouveau la population, comme Godzilla ou Ozzy Osbourne. Et ce jour-là, il fera quoi, Mario? Il défendra quelle option?

Plus le chef de l’ADQ tente de contourner la question constitutionnelle, plus il a l’air de la craindre. Allez, Mario, n’aie pas peur, sors de la garde-robe et dis-nous où tu couches. Nous sommes en 2003, personne ne t’en tiendra rigueur…

Dieu est dans les détails

Mario Dumont me fait penser à un vendeur d’assurances. Le contrat qu’il me propose de signer est alléchant. Mais je me dis que c’est trop beau pour être vrai. Il doit sûrement y avoir des clauses cachées, écrites à l’encre invisible, en bas de la 52e page…

Prenez la santé. Quand il parle du système de santé, Mario se montre hyper-rassurant. Oui, on ouvrira la porte au privé, mais ne craignez rien, le public jouera toujours un rôle primordial. Les accidentés de la route et les cancéreux se feront toujours traiter gratuitement, ce ne sont que les petites chirurgies qui seront monnayables…

Tout cela est bien beau. Mais c’est quoi, une petite chirurgie? Se faire enlever un kyste, se faire opérer pour une cataracte, se faire rapetisser les seins? Aucune idée.

Personnellement, ce silence m’inquiète. C’est comme si l’ADQ me proposait de signer un chèque en blanc.

Ou un contrat de 750 pages, écrit en caractères microscopiques…