Ondes de choc

La guerre du faux

La semaine dernière, je disais qu’il était de plus en plus difficile de faire la distinction entre la réalité et la fiction. Or, le lendemain de ma date de tombée, un journaliste de la BBC affirmait que le sauvetage de la soldate Jessica Lynch était une vaste mascarade.

Parlez-moi d’une coïncidence…

Rappelons les faits.

En mars dernier, Jessica Lynch, une soldate américaine de 19 ans, est tombée prisonnière des forces irakiennes après que son unité se fut égarée dans le désert. Onze jours plus tard, soit le 1er avril, un groupe de Marines sans peur et sans reproche traversait les lignes ennemies et la libérait. L’opération, hautement spectaculaire, semblait tout droit sortie d’un film de Sylvester Stallone, et la jeune Lynch (qui n’avait rien fait d’extraordinaire, sauf se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment) est devenue une héroïne nationale.

La guerre du Golfe 2 venait enfin de se trouver une star, susceptible d’éclipser Britney Spears!

Or, selon la BBC, ce sauvetage est une farce, fabriquée de toutes pièces par l’armée américaine pour fouetter le moral des troupes. Contrairement à ce qu’ont affirmé les autorités américaines, Jessica Lynch n’était pas gardée prisonnière dans un hôpital irakien. Les troupes de Saddam Hussein avaient déjà déserté l’endroit lorsque les Marines ont débarqué. De plus, la recrue ne s’est pas blessée en combattant vaillamment les méchants barbus: elle s’est tout simplement cassé le bras lorsque son véhicule s’est renversé! Quand ses "sauveteurs" l’ont découverte, Jessica Lynch était sous la garde… d’un médecin spécialiste et d’une infirmière, qui soignaient ses blessures. Elle avait même reçu une transfusion sanguine!

Bonjour le mythe.

On se croirait dans Wag the Dog, l’extraordinaire film de Barry Levinson avec Dustin Hoffman.

Remarquez, ce n’est pas le premier – ni le dernier – mensonge de cette guerre.

Le 30 janvier dernier, les services de renseignement du premier ministre britannique Tony Blair ont rendu public un rapport qui, disaient-ils, prouvait sans l’ombre d’un doute que Saddam Hussein représentait bel et bien une menace pour la paix et la sécurité mondiales. Or, on a découvert que ce rapport était en fait… le plagiat d’un travail d’étudiant datant de 1990! Les rédacteurs de ce fameux rapport avaient copié le travail de A à Z, fautes de frappe et de grammaire incluses!

Même Colin Powell a cité ce fameux rapport lors de son allocution à la tribune du Conseil de sécurité de l’ONU!

Imaginez: le premier ministre britannique et le Secrétaire d’État américain utilisant le plagiat d’un travail d’étudiant pour convaincre leurs populations respectives d’aller en guerre! Plus cynique, tu meurs…

Or, s’en est-on offusqué? À peine.

L’affaire a fait jaser quelques jours, puis a été rapidement reléguée aux oubliettes. Personne n’a demandé la démission de Tony Blair…

On se demande ensuite pourquoi les gens ne croient pas ce qu’on leur dit. Pourquoi ils voient des complots partout, et remettent toujours les autorités en question…

Qu’est-ce qu’on dit de Saddam Hussein, déjà? Ah oui: qu’il ment à sa population, qu’il lui cache la vérité et qu’il croit dur comme fer qu’Allah est derrière lui.

Ça me fait penser à quelqu’un…

***

Parlons économie, maintenant.

Avez-vous fait votre rapport d’impôt? J’espère que vous n’avez pas triché, car les gouvernements ont besoin de votre argent pour continuer à financer les services publics.

Cette semaine, un journaliste de l’agence Associated Press s’est penché sur les entreprises américaines qui profitent des paradis fiscaux pour échapper au fisc. Il a découvert que plusieurs de ces compagnies font de l’argent en travaillant pour… le gouvernement américain!

Croyez-le ou non, mais l’an dernier, le gouvernement américain a accordé un milliard de dollars de contrats à des entreprises qui ne paient pas un sou d’impôt!

Pas mal, non?

Comment appelle-t-on les citoyens qui quittent leur pays pour échapper à la conscription et éviter de participer à l’effort militaire? Des déserteurs. Hé bien, les entreprises américaines qui s’incorporent à l’étranger pour alléger leur fardeau fiscal sont des déserteurs économiques. Leurs directeurs devraient être traînés en cour et jugés.

Au lieu de ça, on leur accorde des contrats lucratifs…

Et on dit qu’on n’a pas assez de fric pour lutter contre la pauvreté.