Ainsi, les résidants de la réserve de Kahnawake ont dit non au projet de leur conseil de bande d’ouvrir un casino sur leur territoire.
C’est les patrons de Loto-Québec qui doivent être contents.
En effet, il ne s’agissait pas d’installer trois tables de black-jack à l’arrière d’un bungalow en préfini, mais bien d’ouvrir un méga-casino d’une valeur de 114 millions de dollars capable de faire mordre la poussière au temple de l’île Notre-Dame.
Imaginez les dégâts pour l’économie québécoise! Non seulement les tricotés serré pourraient-ils acheter des cigarettes Natives à moindre prix, mais ils pourraient aussi flamber leur fric sans payer un sou de taxe.
Bref, on l’a échappé belle… L’État québécois pourra continuer de presser le citron de ses citoyens en toute quiétude. Pourquoi permettre à NOS joueurs compulsifs d’aller se faire fourrer chez le voisin quand on peut les fourrer nous-mêmes?
Cela dit, Loto-Québec devrait tirer une leçon de cette expérience. Ce n’est pas parce que les résidants de Kahnawake ont voté Non au référendum du 4 octobre qu’ils ne reviendront pas à la charge sous peu. Après tout, les membres du conseil de bande ne sont pas fous. Ils organiseront un troisième référendum, puis un quatrième et un cinquième. Jusqu’à ce que les conditions gagnantes soient enfin réunies…
Pourquoi ne pas profiter du sursis qui nous est offert pour préparer l’avenir?
Voici mon idée: un complexe high-tech de divertissements pour adultes situé au beau milieu du fleuve Saint-Laurent.
On ouvrirait une maison de passe juste à côté du casino. Un beau petit bordel légal s’inspirant des fameux ranchs du Nevada, avec des chambres thématiques et des menus. Un French kiss et un blow job: 150 $. Un lavage à la main et un 69: 500 $. Une nuit complète avec deux filles: 2500 $. Il y aurait des spéciaux déjeuners, des p’tites vites pour hommes d’affaires pressés et des orgies échangistes pour groupes.
Le bordel serait relié au casino par un passage souterrain. Vous avez gagné le jackpot à la machine à sous? Venez tirer un coup!
Derrière le casino, on construirait des coffee shops comme à Amsterdam, où les touristes fumeraient leurs joints en paix. On ouvrirait aussi une piquerie supervisée dans l’ancien pavillon du Canada, et un bar afterhours équipé de machines distributrices d’ecstasy.
On ferait comme à l’Expo 67: on vendrait des passeports donnant accès à tous les pavillons. Il y aurait des films pornos IMAX 3D, un cirque érotique, des bars de danseuses et de danseurs… Tout pour passer un superbe week-end. La défonce, Alphonse!
Je propose aussi de construire un pavillon inédit et complètement original: le défouleur d’agressivité. Le concept est simple: on prend un p’tit vieux condamné pour agressions sexuelles sur des mineurs, et on le place au beau milieu d’un énorme labyrinthe. Puis on vous donne un bâton de base-ball, et vous avez une demi-heure pour le trouver. Une sorte de jeu de paint ball, mais beaucoup plus excitant.
Tant qu’à exploiter les bas instincts des gens, aussi bien d’y aller à fond, non?
Je sais, je sais, vous me direz que ce genre d’endroit serait profondément déprimant. Mais soyez réaliste! Il y aura toujours une demande pour le jeu, le sexe et la drogue. Aussi bien enrichir l’État que la mafia, non? C’est ce qu’on a fait avec les vidéo-pokers. Quand ces machines étaient exploitées par le crime organisé, elles étaient diaboliques. Maintenant, ce sont des divertissements anodins. Loto-Québec songe même à lancer des casinos virtuels, qui accepteraient les cartes de crédit. Pourquoi s’arrêter là?
Messieurs de Loto-Québec, encore un effort! Après tout, la population compte sur vous. Faites votre devoir, développez de nouvelles sources de revenus pour le Trésor québécois! Vous avez déjà l’alcool et le jeu. Pourquoi ne pas mettre la main sur la dope et le cul?
Comme le dit Michel Dumont dans les pubs de Placements Québec: "Il en va de notre intérêt. À tous."