Dimanche soir, lors du Gala de l’ADISQ, l’animateur Guy A. Lepage a dit (à la blague, bien entendu) que le film Séraphin: un homme et son péché était une biographie de Pierre Karl Péladeau, le grand patron de Quebecor.
La farce était rigolote. Mais Lepage s’est trompé.
Ce n’est pas Un homme et son péché qui raconte la vie de PKP, mais Le Parrain.
Pensez-y deux secondes.
Un homme venu de nulle part bâtit un empire à partir de rien. Il s’entoure de gens en qui il a confiance, et traite ses subalternes aux petits oignons. Mais un jour, le bonhomme crève. L’empire passe alors dans les mains de son fils, un bellâtre ambitieux au regard d’acier. Dès lors, c’est la bisbille. La famille se chicane, les proches du papa claquent la porte (ou se font montrer le chemin de la sortie), la valeur des actions de la compagnie pique du nez…
Autant le patriarche était respecté et aimé, autant le fils, lui, divise les troupes et fait grincer des dents. Il lance l’entreprise dans des aventures hautement risquées, se met un paquet de gens à dos, part en guerre contre ses employés… Et quand la soupe devient trop chaude, il engage un capo à la poigne de fer (Luc Lavoie, anciennement du cabinet National) pour intimider ses adversaires et rappeler les troupes à l’ordre.
Si ce n’est pas Le Parrain, je me demande ce que c’est…
Cela dit, il y a une différence majeure avec le film de Coppola.
Dans Le Parrain, Michael Corleone se retrouvait seul, à la barre d’un empire dévasté. Alors que dans la vie, PKP a eu plus de chance.
Il a rencontré une muse hyper-populaire, qui l’a sauvé du naufrage et a remis son entreprise à flot.
Son nom? La fée Clochette. D’un simple coup de baguette magique, la petite démone à la taille de guêpe a complètement redoré l’image de l’entrepreneur mal-aimé.
La vie de PKP, c’est un croisement du Parrain et d’un film de Walt Disney. Les forces de l’ombre versus les feux de la rampe.
Pas étonnant que Quebecor tripe tant sur la convergence. Qu’est-ce que le couple PKP-Julie Snyder, sinon un cas patent de convergence?
Convergence du monde occulte de la haute finance et de l’univers glamour du showbiz.
Monsieur a besoin d’idées pour faire fructifier son fric. Madame a besoin de fric pour réaliser ses idées. Il a un problème d’image. Elle a de la popularité à revendre.
On dirait une petite annonce de Voir: "Géant de la câblodistribution aimerait rencontrer jolie jeune fille qui pourrait mettre des images dans ses câbles et du contenu dans son contenant. Prière de laisser votre C.V. à la réception."
C’est bien simple, on n’a pas vu pareille fusion depuis le jour où AOL a rencontré Time Warner.
Au cours des dernières années, on a assisté à deux phénomènes parallèles. Les gens d’affaires ont commencé à se prendre pour des stars (ils ont leurs magazines, leurs galas et se montrent même la bine dans leurs pubs). Et les stars ont commencé à se lancer en affaires (en devenant producteurs ou en ouvrant des commerces).
Les premiers avaient un portefeuille, mais pas d’ego. Les seconds avaient un ego, mais pas de portefeuille.
Avec le couple PKP-Julie, vous avez un ego, et un crisse de gros portefeuille.
Tout le reste s’ensuit… Star Académie, TVA, Le Journal de Montréal, Occupation double, Archambault, Vidéotron, les journaux à potins, les disques, etc. Et viens que je t’enfonce Wilfred dans la gorge.
Une chose est sûre, cependant: les gens commencent à en avoir assez de tout ce gavage. C’est bien beau, la convergence, mais il y a une maudite limite.
Dimanche soir, au Gala de l’ADISQ, le milieu de la musique a finalement trouvé le courage de dire haut et fort ce qu’il pensait tout bas depuis un bon bout de temps.
Et je suis sûr que ça va continuer au prochain Gala des Gémeaux.
Comme dit l’autre: et c’est pas fini, c’est rien qu’un début…