Ondes de choc

Les partis sont-ils obsolètes?

Avant de parler, j’aimerais vous dire quelques mots.

Tous ceux qui ont pris ma chronique de la semaine dernière (sur les fondamentalistes gais) au premier degré: please, get a life. Ouvrez votre dictionnaire (vous savez, le gros bouquin qui amasse de la poussière dans votre bibliothèque) et regardez le sens des mots "ironie", "sarcasme" et "parodie".

Ensuite, regardez-vous dans le miroir et répétez les phrases suivantes:

"Jean Charest est un visionnaire."

"Paul Martin ne savait rien du scandale des commandites."

"Les émissions de télé-réalité nous apprennent beaucoup de choses sur la nature humaine."

Voilà. Vous venez de faire de l’ironie. Ça ne fait pas trop mal, hein?

ooo

Normalement, je devrais écrire une longue chronique sur les élections fédérales: les forces et faiblesses de chaque parti, leurs positions sur différents dossiers, etc. Malheureusement, j’ai beau essayer, je n’y arrive pas.

Les élections américaines, ça, ça m’allume! Il y a une sacrée différence entre John Kerry et George W. Bush. On parle ici de deux visions du monde.

Mais Stephen Harper et Paul Martin? Zzzzzzzz…

L’enjeu des prochaines élections américaines est capital. Le résultat aura un impact direct sur plusieurs dossiers chauds qui concernent la planète entière: la sécurité, le terrorisme, la paix au Moyen-Orient, la guerre, l’équilibre des pouvoirs entre l’Est et l’Ouest…

Quel est l’enjeu principal des élections canadiennes? Le taux d’imposition. Savoir si on va payer plus ou moins d’impôts.

Re-zzzzzzzz…

Et puis la situation m’apparaît tellement claire au Québec. On ne peut tout de même pas réélire le Parti libéral après ce qu’il a fait, on ne peut pas donner le bon Dieu sans confession à Stephen Harper, le NPD est trop centralisateur et doesn’t know fuck about Qwébec…

Reste le Bloc.

Le 28 juin, je vais apposer mon X en un temps record.

ooo

Cela dit… On répète souvent qu’il n’y a pas assez de partis politiques, qu’on devrait avoir une troisième, une quatrième ou une cinquième voie.

Et si c’était le contraire? S’il fallait abolir les partis politiques au lieu de les multiplier?

Ne riez pas, la thèse n’est pas aussi bête que vous le croyez. Même les pères de la Confédération américaine voyaient les partis politiques sous un mauvais jour. George Washington a déjà prononcé un discours dénonçant l’existence des partis politiques. Idem pour Benjamin Franklin.

"Les partis politiques divisent la société en différentes factions, sectes et groupes d’intérêts, a dit James Madison le 6 juin 1787. Les riches et les pauvres, les habitants de tel district et ceux de tel autre, les adeptes de tel leader et ceux de tel autre… Chaque fois qu’une majorité se regroupe autour d’une passion ou d’un intérêt commun, les droits de la minorité sont en danger."

Pensez-y. Combien de fois vous êtes-vous dit: "Je voterais bien pour tel candidat, mais je n’aime pas le parti qu’il représente"?

Combien de temps a-t-on perdu dans des chicanes politiques stériles? Mon parti contre ton parti. Le parti au pouvoir contre le parti de l’opposition. Je suis tanné de ce parti, je vais donc voter pour l’autre parti…

Et si on envoyait les meilleurs individus au gouvernement? Il n’y aurait pas de lignes de parti officielles, pas d’allégeance aveugle au chef, que des gens allumés qui auraient à cœur non l’avenir de leur parti, mais l’avenir de la nation.

Utopique, dites-vous? Peut-être. Mais que serions-nous sans utopie? Où irions-nous?

"Les organismes vivants ne visent qu’un seul et unique but: assurer leur survie", affirmait le biologiste français Henri Laborit. Eh bien, un parti politique, c’est un organisme vivant. Il ne travaille que pour un seul et unique but: se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Cette lutte, ce combat de tous les instants guide chacun de ses choix, chacune de ses actions.

Imaginez ce qui arriverait si on abolissait les partis. Si on ne votait pas pour des plateformes rigides coulées dans le béton, mais pour des individus intelligents, imaginatifs et ouverts d’esprit, reconnus pour leur jugement et leur capacité d’adaptation.

Ça rendrait les campagnes pas mal plus intéressantes.

Et ça ressemblerait plus à la vraie vie.

À quand un parti qui militera pour l’abolition des partis?