Ondes de choc

Lettre ouverte à Mario Dumont

Salut Mario!

Ça ne t’offusque pas si je te tutoie? Je ne sais pas pourquoi, mais je ne m’imagine pas en train de te vouvoyer. Si un jour, tu deviens premier ministre, alors là, je te jure, j’utiliserai un langage plus formel. Mais d’ici là, je préfère utiliser le "tu". Ça colle plus à ton image – l’outsider qui défend le "vrai monde" (par rapport aux politiciens grisonnants qui défendent le "faux monde", j’imagine…).

Il y a quelques jours, alors que je parlais à un ami, j’ai vu ta binette à RDI. Le volume du son de ma télé étant baissé, je n’ai pas pu comprendre ce que tu disais. Mais la bande passante défilant au bas de l’écran m’informait que tu voulais convoquer d’urgence l’Assemblée nationale.

"Wow! que je me suis dit. Convoquer l’Assemblée nationale d’urgence! En plein été! Ça y est, Super Mario vient de se réveiller. Il est sorti de sa torpeur où il croupissait depuis le dernier combat des chefs, et monte enfin aux barricades. Quel coup fumant nous prépare-t-il?"

J’ai donc sauté sur ma télé et monté le son au maximum. C’est alors que j’ai appris que tu voulais rapatrier l’ensemble des compétences en matière de culture pour sauver… CHOI-FM.

Maudit, Mario…

C’est tout ce que t’as trouvé pour te rendre intéressant? Réunir d’urgence l’Assemblée nationale pour sauver CHOI-FM?

Qu’est-ce que t’avais mangé, ce matin-là? De la crème passée date, une claque sur la gueule, une beurrée de marde?

Tu t’es levé un matin, tu as passé en revue TOUS les enjeux sociaux, culturels et politiques de la province – la santé, l’éducation, les logements sociaux, le vieillissement de la population, les jeunes sans-abri, tout le bataclan -, et tu t’es dit: "Bon, selon moi, la chose la plus urgente à faire au Québec est de sauver une station de radio privée qui se fout du CRTC comme de sa dernière chemise, qui ne respecte pas ses engagements et qui passe son temps à vomir sur tout ce qui bouge. Vite, contactons tous les députés de la province, sortons-les de leur piscine hors terre et convoquons-les d’urgence à une rencontre extraordinaire visant à amender la Constitution canadienne. Nous n’avons pas une minute à perdre. Il en va de l’avenir de notre peuple!"

Quel populisme de bas étage. Quelle démagogie de fond de poubelle. Quel opportunisme primaire.

Tu t’es toujours présenté comme un "nouveau" politicien, Mario, un jeune qui déteste la langue de bois et qui veut brasser la cage. C’est ça, ta "nouvelle" politique? C’est ça, ton "brassage de cage"? Réunir l’Assemblée nationale pour sauver une radio délinquante qui prenait un malin plaisir à chier sur le dos des gens et à se torcher le cul avec leur réputation???

Savais-tu, mon cher Mario, que l’animateur-vedette de cette station a déjà dit sur les ondes qu’il rêvait de violer Marie Plourde?

C’est ce gars-là que tu veux défendre? Toi, monsieur Famille? Toi, monsieur Vertu? Es-tu si assoiffé de votes que ça? Tes affaires vont-elles si mal que tu n’as d’autre choix que de t’associer à ce genre de personnage, de défendre ce genre de causes? C’est ça, ta clique, maintenant: Fillion, Bertrand, Demers? Le clown du Barreau, l’éditeur de Summum? Des gars qui utilisent une cause aussi importante que la lutte contre la pédophilie pour hausser leurs cotes d’écoute et s’en mettre plein les poches? C’est ça, ta base? Ce sont eux, tes nouveaux amis?

Eh bien, bonne chance, mon gars.

Moi, je décroche. Je te trouvais sympathique et je croyais fermement que ta présence et ton discours étaient nécessaires dans le paysage politique québécois. Plus maintenant. Selon moi, tu n’as plus aucune espèce de stature. Tu n’es même plus digne d’être député de Saint-Glin-Glin-des-Noix.

Tu sais, Mario, je connais un autre groupe qui a besoin d’aide: les Raéliens. Ils trouvent que les Québécois sont trop durs à l’endroit de leur gourou. Pourquoi ne leur donnes-tu pas un coup de main? Après avoir mobilisé l’Assemblée nationale pour sauver la liberté d’expression (Super Mario à la rescousse!), tu pourrais sauver la liberté de religion.

Imagine tous les nouveaux amis que tu récolterais!

Si j’étais toi, j’y penserais…