Avertissement: si vous êtes un gars, asseyez-vous avant de lire cette chronique. Sinon, vous risquez de tomber et de vous faire mal…
Ça va? O.K., on part.
À côté de chez moi, il y a une boutique Multimags. On y vend des magazines et des journaux, mais aussi des livres de design et des gadgets pour enfants: agendas, journaux intimes, crayons, etc.
Il y a quelques jours, alors qu’on y feuilletait des magazines, ma blonde est tombée sur un objet particulier. Il s’agit d’un carnet de notes destiné aux fillettes. La couverture est rose et vert, et on peut y lire cette maxime:
"Boys are stupid. Throw rocks at them." (Les garçons sont stupides. Lance-leur des roches.")
À l’intérieur, on a imprimé une phrase sur chaque page du carnet. En voici quelques exemples:
"Boys are full of it… Fling poop at them!" ("Les garçons sont pleins de… Lance-leur de la marde!"
"Boys are dumb." ("Les garçons sont idiots.")
"Boys are smelly." ("Les garçons puent.")
"Boys make good pets. Everyone should own one." ("Les garçons sont de bons animaux domestiques. Tout le monde devrait en posséder un.")
"Boy = village idiot." ("Les garçons sont les idiots du village.")
"Boys are like piñatas. Smash their heads in." ("Les garçons sont comme des piñatas. Défonce-leur la tête.")
Et "Boys lie… Throw stuff at them." ("Les garçons mentent. Lance-leur des choses.") À côté de cette phrase, on voit le dessin d’un petit garçon qui court pour ne pas recevoir une hache à travers la tête.
Ce carnet de notes que l’on vend 15,50 $ est censé être drôle.
Ha, ha, ha.
Entre vous et moi, ce n’est pas l’existence de ce carnet qui me pose problème. Ni le fait qu’on le vende dans la section pour enfants, à côté des journaux intimes pour fillettes.
C’est le fait qu’on le présente comme un objet à la mode, au même titre que les carnets Hello Kitty, par exemple, ou les figurines Gremlins, qui sont redevenues populaires auprès des jeunes.
Ce qu’on nous dit, c’est que ce carnet est branché, "in", connecté à l’air du temps.
Si des entrepreneurs ont décidé de fabriquer un tel objet, et si une chaîne comme Multimags a décidé de le distribuer dans ses nombreuses boutiques, c’est que ces gens sont convaincus qu’il va se vendre comme des petits pains chauds. Ils ont senti que le monde était prêt pour ce genre de propos, et que c’était dans cette direction que le vent soufflait.
Et devinez quoi? Ils ont parfaitement raison.
Partout, à la radio, dans les journaux et à la télé, l’homme est dépeint comme un cave, un zouf, un idiot. L’homme tata fait maintenant partie intégrante de notre paysage culturel. Il est tellement présent qu’on ne s’en offusque même plus.
Vous lisez Le Journal de Montréal? Vous tombez sur une chronique de Lise Payette qui affirme que les mauvaises politiciennes se conduisent en hommes. Vous regardez la télé? Vous tombez sur un épisode de Sex and the City où quatre filles se plaignent des prouesses sexuelles de leur chum. Vous écoutez la radio? Vous tombez sur une pub où les hommes sont dépeints comme des épais, ou entendez Daniel Lavoie chanter son plus récent succès, Bénies soient les femmes:
"Ils tracent des frontières pour se les disputer / Ils sèchent les rivières, brûlent bois et forêts / Ils cherchent le profit sans même en profiter / Ils sèment l’injustice, récoltent la misère / Bénies soient les femmes qui aiment encore les hommes / Quand on voit ce qu’ils font, quand on en fait la somme / Bénies soient les femmes qui aiment encore les hommes."
Tiens, la compagnie qui fabrique mon fameux carnet devrait aussi fabriquer des t-shirts avec, écrit dessus: "Je suis un homme, bottez-moi le cul." Je suis sûr que ce serait populaire…
(Si ça vous intéresse, allez voir le site Internet des fabricants du carnet: davidandgoliathtees.com. Ils organisent un concours. Pour participer, il suffit de raconter une histoire prouvant que les gars sont bel et bien stupides. Vous pouvez parler "de votre chum idiot, de votre copain de classe stupide ou de votre frère dégueu". Pas mal, non?)