Avant d’aller plus loin, j’aimerais corriger une petite erreur qui s’est glissée dans ma chronique de la semaine dernière. À cause d’un problème technique, la fin de ma chronique (qui portait sur l’attaque terroriste de Beslan, en Ossétie du Nord) a sauté. Mon texte s’arrêtait subitement, une patte en l’air!
Je publie donc les derniers paragraphes, par respect pour les lecteurs.
"Albert Camus avait raison: rien ne justifie le terrorisme. Aucune cause, aussi juste soit-elle, n’excuse le massacre aveugle d’une foule innocente.
Mais il ne faut pas non plus se raconter des histoires. C’est bien beau, sortir les canons et les fusils. Mais la meilleure façon de couper l’herbe sous le pied des groupes terroristes est de lutter contre le despotisme – TOUS les despotismes – et de combattre les injustices – TOUTES les injustices.
On a beaucoup écrit sur le drame horrible de Beslan, et à juste titre. On a dit que c’était dégueulasse, immoral…
Mais entre vous et moi, ce n’est pas le fait que des terroristes aient pris d’assaut une école qui est incroyable. C’est le fait que ça n’arrive pas plus souvent…"
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Voilà, on peut passer à autre chose maintenant.
Vous avez vu Tout le monde en parle, dimanche soir, sur les ondes de Radio-Canada? C’était ce qu’on appelle de l’excellente télé. J’ai particulièrement aimé le passage où Guy A. nous faisait entendre des extraits de l’émission de radio de Jeff Fillion, l’animateur-vedette de CHOI-FM.
J’ai beaucoup écrit sur Fillion ces dernières semaines, autant dans mon blogue que dans les pages de Voir. Chaque fois que j’aborde ce sujet, je reçois des tonnes de courriels disant que j’ai cité le pauvre animateur hors contexte, que j’ai travesti ses propos, etc.
Or, dimanche soir, à l’émission de Guy A., on pouvait entendre Fillion tenir les propos suivants: "Le gros fif de MusiquePlus est tellement habitué de se faire enculer que son anus ressemble à une vulve."
Je m’excuse, mais c’est quoi le contexte qui rendrait cette affirmation intelligente? S’agissait-il d’une conversation philosophique sur la transsexualité? D’une entrevue avec un spécialiste de la médecine nucléaire? Fillion était-il en train de citer une œuvre méconnue de Hegel, un poème oublié d’Éluard?
Qui sait? La citation complète de Fillion était peut-être: "Comme le disait Robbe-Grillet, le moi phénoménologique de Descartes est une métaphore de l’âme, et en passant, le gros fif de MusiquePlus est tellement habitué de se faire enculer que son anus ressemble à une vulve."
J’exagère à peine. Vous devriez lire les courriels que je reçois, vous. Vous en perdriez vos culottes. Pour chaque zozo qui écrit que "Fillion est un gars courageux, tabarnac, un vrai X", il y a un diplômé de l’Université Laval qui tente de me convaincre de la pertinence intellectuelle du bonhomme. À les entendre, l’animateur-vedette de CHOI-FM est un penseur politique à l’avant-plan du mouvement néo-conservateur américain, un apôtre de la philosophie libertarienne, un critique allumé du socialisme d’État tel que pratiqué au Québec.
Bref, un croisement entre Ayn Rand, la papesse de l’objectivisme, et Alan Greenspan, le prophète du libre marché.
Come on, les boys!
Dites que la liberté d’expression est un droit absolu au Canada; que le CRTC est un organisme obsolète; que tous les citoyens canadiens, même les pires twits, ont le droit de vomir sur les ondes; criez à la liberté, à l’oppression, à la censure, n’importe quoi, mais lâchez le discours pseudo-philosophique, s’il vous plaît!
Cessez de vouloir me convaincre de la profondeur intellectuelle de Jeff Fillion! Un étron demeure un étron, fût-il enveloppé dans du papier bible!
Qu’est-ce que les insultes vulgaires proférées ad nauseam par Fillion ont à voir avec la philosophie libertarienne, dites-moi? Ayn Rand passait-elle son temps à dire que Kennedy avait l’anus comme une vulve, ou que sa femme était une vache? C’est quoi, ces conneries?
Jeff Fillion est à la pensée libertarienne ce que Raymond Villeneuve est au mouvement souverainiste: un clown, une tare, un virus. Le mouvement libertarien a tout à perdre à s’associer à un gars comme Fillion.
Choisissez vos causes, les amis. Et cessez de prendre des crottes brunes pour des cellules grises.