Qui a dit que Jean Charest était mal aimé?
En moins de temps qu’il n’en faut pour crier "fédéralisme asymétrique!", le premier ministre est devenu l’idole des Québécois. Même Jacques Parizeau a salué sa performance à la récente conférence fédérale-provinciale sur la santé! Il faut dire que lorsque vient le temps de faire une jambette à Bernard Landry, monsieur Parizeau est prêt à tout. Même à "frencher" le premier ministre libéral…
Bref, pour emprunter le vocabulaire des journalistes sportifs, monsieur Charest a "scoré fort" la semaine dernière. Un peu plus, et l’on organisait un défilé monstre dans les rues de Montréal pour célébrer son retour d’Ottawa.
La politologue Josée Legault en a sorti une bien bonne sur les ondes de CKAC, l’autre jour. Elle a dit qu’elle en avait ras le bol de ces manifestations de soutien collectif chaque fois qu’un premier ministre du Québec va négocier une entente à Ottawa. C’est son job, a-t-elle dit. Il est payé pour faire ça! Faut-il chaque fois organiser un love fest pour lui dire que tout le Québec est derrière lui?
Madame Legault a raison.
Prenez les syndicats, par exemple. Tout le monde sait que le monde syndical québécois veut la tête du premier ministre. Ils étaient des dizaines de milliers à manifester leur mécontentement face aux politiques du gouvernement libéral lors de la dernière Fête internationale des travailleurs, le 1er mai! Pourtant, lorsque Jean Charest a annoncé qu’il allait négocier avec Paul Martin, les leaders syndicaux ont tous enterré leur hache de guerre. Tout juste s’ils ne lui ont pas tricoté une petite laine pour qu’il n’attrape pas froid!
"On a assuré le premier ministre de notre appui pour mener à bien ces négociations-là avec le gouvernement fédéral", a déclaré Henri Massé, le président de la FTQ.
Jean Charest devrait aller à Ottawa plus souvent. Ça améliorerait ses relations avec la gauche québécoise. Qui sait? Françoise David finirait peut-être par l’inviter à souper…
Chaque fois qu’un membre de la grande famille québécoise est en position de gagner un trophée, de remporter une médaille ou de conclure une entente sur la santé avec le gouvernement fédéral, c’est la même chose: la Terre arrête de tourner, et les membres du troupeau se resserrent autour de leur candidat. Du coup, il n’y a plus de gauche, plus de droite, plus de libéraux ni de péquistes.
Qu’un gros Québec solidaire qui se croise les doigts à l’unisson.
C’est le syndrome du gros village.
Quand Céline gagne un Grammy, c’est TOUT LE QUÉBEC qui gagne un Grammy.
Quand Jacques Villeneuve gagne le Grand Prix, c’est TOUT LE QUÉBEC qui gagne le Grand Prix.
Et quand Denys Arcand remporte un Oscar, c’est TOUT LE QUÉBEC qui remporte un Oscar. Et il est mieux de parler français et de nous dire: "Merci, Québec" quand il va chercher son trophée, sinon on va le crucifier sur la place publique, le p’tit crisse. Après tout, c’est avec NOTRE argent qu’il a pu tourner son film. Pas d’argent, pas de film, pas d’Oscar. "Understand, mister Big Shot?"
Jean Charest devrait profiter de cette lune de miel au max. Car quelque chose me dit qu’elle ne durera pas.
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Tout le monde parle, cette semaine, de la "performance" de Serge Chapleau à l’émission Tout le monde en parle. Comment il a été agressif envers Raël, comment il a empoigné sa toque, comment il a ridiculisé son habillement, etc.
Effectivement, ce n’était pas le moment le plus gracieux de la carrière du grand caricaturiste. Mais entre vous et moi, qu’est-ce qui est le plus obscène? Un gars qui empoigne la toque d’un pseudo-gourou de mes deux, ou un arnaqueur déguisé en Capitaine Cosmos qui manipule les faibles d’esprit et les dépressifs pour grossir son compte de banque et assouvir ses fantasmes?
Parlant de Raël… Avez-vous entendu ce que Pauline Marois a répondu lorsque Guy A. lui a demandé ce qu’elle pensait du gourou? "Je ne sais pas… Je suis sceptique…"
Le plus drôle, c’est que deux minutes avant, madame Marois affirmait qu’elle n’avait pas la langue dans sa poche et qu’elle disait toujours ce qu’elle pensait.
Bien tiens.