Ondes de choc

Bush: un homme, une oeuvre

Qu’est-ce que le chroniqueur Thomas L. Friedman (New York Times), l’humoriste Dave Barry (Miami Herald) et le critique de cinéma Roger Ebert (Chicago Sun Times) ont en commun? Ils ont tous remporté un prix Pulitzer. Ce prix prestigieux récompense l’excellence en journalisme chez nos voisins du Sud.

En 2005, j’espère qu’on remettra un Pulitzer à George W. Bush pour l’ensemble de sa carrière. En effet, aucune personne morte ou vivante n’a fait une contribution aussi importante au journalisme américain. On pourrait dire que George W. Bush est au journalisme ce que Paris Hilton est à Internet.

Depuis que Bush fils habite à la Maison-Blanche, le monde de l’édition est en ébullition. On ne compte plus le nombre de livres qui traitent de son auguste personne.

Il suffit d’aller faire un tour chez Indigo ou chez Chapters pour s’en rendre compte. Voici quelques titres consacrés au personnage:

Bushworld: Enter at Your Own Risk, de Maureen Dowd.

House of Bush, House of Saud: The Secret Relationship between the World’s Two Most Powerful Dynasties, de Craig Unger.

The Family: The Real Story of the Bush Dynasty, de Kitty Kelley.

The Bush-Haters Handbook: A Guide to the Most Appalling Presidency of the Past 100 Years, de Jack Huberman.

The Book on Bush: How George W. (Mis)leads America, d’Eric Alterman.

American Dynasty: Aristocracy, Fortune and the Politics of Deceit in the House of Bush, par Kevin Phillips.

Bush Must Go: The Top Ten Reasons Why George Bush Doesn’t Deserve a Second Term, de Bill Press.

The Lies of George W. Bush: Mastering the Politics of Deception, de David Corn.

Crimes Against Nature: How George W. Bush and His Corporate Pals Are Plundering the Country and Highjacking Our Democracy, de Robert F. Kennedy Jr.

Worse Than Watergate: The Secret Presidency of George W. Bush, de John W. Dean.

All the President’s Spin: George W. Bush, the Media and the Truth, de Ben Fritz.

Bush versus the Environment, de Robert S. Devine.

Deserter: George Bush’s War on Military Families, Veterans and His Past, de Ian Williams.

The Bush Betrayal, de James Bovard.

How Much Are You Making On the War Daddy? A Quick and Dirty Guide to War Profiteering in the Bush Administration, de William D. Hartung.

The Bush Junta: A Field Guide to Corruption in Government, de Gary Groth.

The New Pearl Harbor: Disturbing Questions about the Bush Administration and 9/11, de David Ray Griffin.

The I Hate George W. Bush Reader: Why Dubya Is Wrong about Absolutely Everything, de Clint Willis.

W. Effect: Bush’s War on Women, de Laura Flanders.

The Five Biggest Lies Bush Told Us about Iraq, de Christopher Scheer.

Is Our Children Learning? The Case against George W. Bush, de Paul Begala.

Weapons of Mass Deception: The Uses of Propaganda in Bush’s War on Iraq, par Sheldon Rampton.

Etc., etc.

Ce survol n’est que la pointe de l’iceberg. On trouve des dizaines et des dizaines d’autres livres qui pourfendent ses positions sur l’éducation, les femmes, l’Irak, l’économie, la sécurité nationale, l’environnement… On a même publié un livre à colorier recensant les conneries que le président a dites au fil des ans (The George W. Bush Coloring Book)!

Bref, l’homme a donné naissance à une véritable industrie. Chaque aspect de son administration, chacun de ses discours, chacune de ses décisions ont été passés au peigne fin. On connaît tout de lui: ses mensonges, ses trahisons, ses faiblesses… Jamais un président n’a été aussi critiqué. L’anti-bushisme est devenu un véritable sport national.

Pourtant, malgré ce déluge d’accusations, malgré les t-shirts, les documentaires et les chansons, Dubya continue d’être en avance dans les sondages! Comment expliquer ça?

Le facteur "Joe Six-Pack" y est certainement pour quelque chose. Il a beau faire partie d’une dynastie multimilliardaire, George W. passe pour un col bleu. Sa "modestie intellectuelle" et sa vision simpliste du monde plaisent à l’homme de la rue.

Mais il y a aussi ce que j’appellerais le facteur "Serge Losique". À force d’être attaqué, Bush finit par passer pour une victime. Et il n’y a rien que les Américains aiment plus qu’un underdog.

Qui sait? Au lieu de lui faire mal, l’industrie anti-Bush a peut-être aidé le président. Ça serait le comble de l’ironie…