Ondes de choc

Faites comme chez vous

Non, je ne parlerai pas de l’affaire Guy Cloutier. Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter. La seule chose que je peux dire, c’est que toutes mes pensées vont à ses victimes et à ses filles. Se faire abuser par une personne qu’on admire, c’est l’horreur. Découvrir que son père est un monstre, ça doit aussi être l’horreur. Je ne peux même pas imaginer la douleur que ces gens ressentent. Ce drame me laisse sans mot.

Alors, si vous le voulez bien, je vous parlerai plutôt d’un texte qu’Élisabeth Badinter a signé dans le dernier numéro d’Elle France, et que ma blonde m’a refilé avant-hier.

Il est question de Jila Izadi, une Iranienne de 13 ans. Cette jeune femme vient d’être condamnée à la lapidation par un tribunal à Marivan. Son crime? Elle a été violée par son frère de 15 ans. Elle est tombée enceinte, puis elle a accouché dans la prison où elle croupit depuis des semaines. Comme le prescrit la loi islamique, son frère a reçu 150 coups de fouet. Jila, elle, sera mise à mort. Comme Atefeh Rajabi, une Iranienne de 16 ans qui a été pendue au crochet d’une grue pour avoir posé des "actes incompatibles avec la chasteté".

C’est comme ça dans les pays islamiques. Perdre sa chasteté est un crime, que cette "défloraison" ait été causée par un viol ou pas. Après tout, l’hymen, c’est sacré, non? Une fille qui n’a plus sa "cerise", c’est comme un tambour sans peau. C’est tout juste bon pour la poubelle.

Il y a un nom pour ces gens: barbares. "Qui ne sont pas civilisés. Synonymes: Arriérés, primitifs, sauvages." (Le Petit Robert)

Comme l’écrit Élisabeth Badinter dans son texte, elles sont où, les militantes du voile islamique? Quand c’est le temps de défendre leur droit de se voiler la face et d’être traitées comme des citoyennes de seconde zone par leur mari barbu et enturbanné qui marche dix pas devant elles pendant qu’elles traînent péniblement leur ribambelle d’enfants, pas de problème, elles sont là. On les voit sur toutes les tribunes, brandissant la Charte des droits et des libertés à bout de bras et vomissant leur mépris de nos valeurs les plus fondamentales. Mais quand c’est le temps de défendre des filles comme Jila Izadi, abracadabra! Ces grandes défenseuses de la liberté de religion disparaissent plus vite que la démocratie en Iran.

Et qu’est-ce qu’on fait, nous, pendant ce temps? On se fend en quatre pour les accommoder. Vous voulez que le centre sportif de votre quartier ferme ses portes aux hommes afin que vous puissiez vous baigner à l’abri des regards masculins pendant une heure, trois fois par semaine, comme le veut votre religion? Pas de problème, mesdames! Comme vous le savez sûrement, au Québec, on vit dans un système laïque qui sépare l’Église et l’État, et ici, les deux sexes sont considérés comme égaux devant la loi, mais pour vous, on va faire une petite exception. Après tout, on est ouverts, au Québec, on n’est pas des habitants, on aime le monde, on a organisé l’Expo 67!

Vous voulez que l’université vous offre une salle où vous puissiez prier? C’est comme si c’était fait!

Vous tenez à ce que votre fils apporte son poignard à l’école? C’est tiguidou! Assurez-vous seulement qu’il soit solidement attaché à sa ceinture, et que ça prenne un gros trois secondes pour qu’il puisse le sortir de son étui.

Maintenant, si ça ne vous dérange pas, ô ami venant d’un pays lointain qui a eu l’extrême gentillesse de choisir le Québec comme terre d’accueil, on aimerait vous parler du sort d’une jeune Iranienne de 13 ans qui sera mise à mort parce qu’elle a été violée par son frère… Ah, vous n’avez pas le temps? Vous devez aller à la mosquée? Mais ça ne prendra que deux minutes!… Bon, O.K., je comprends. La semaine prochaine, alors?

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Parlant de religion, vous avez vu comment les "goons" de Raël se sont comportés au Salon du livre de Montréal, samedi? La grande classe. Et après ça, ça dit que c’est pour l’amour et la liberté.

L’amour du pouvoir et la liberté de harceler, oui.