Mes deux dernières chroniques sur l’islamisme ont généré un courrier abondant. À tous ceux qui m’ont envoyé un courriel pour me traiter de raciste, je dédie cette lettre que j’ai reçue d’un immigrant algérien:
"Richard, cela fait dix ans que j’ai quitté mon pays, l’Algérie – juste quelques mois après l’assassinat sauvage de Tahar Djaout par une horde d’intégristes islamistes incultes. Tahar faisait partie de cette génération de journalistes humanistes qui défendaient l’idée d’une république laïque. C’était notre porte-drapeau, l’espoir d’un peuple qui voulait avancer vers la modernité. On le savait menacé, il n’a jamais voulu arrêter sa plume, c’était son arme et il en était conscient. Son slogan: "Le silence, c’est la mort / Et toi, si tu parles, tu meurs / Si tu te tais, tu meurs / Alors parle et meurs"…
Soixante autres journalistes ont connu le même sort que lui.
Le combat est clair. Le fossé qui sépare ces extrémistes de nous s’appelle: liberté. Merci, Richard, pour ton courage d’écrire sur ce sujet que certains mandarins de la presse actuelle n’osent même pas effleurer. J’ai envoyé tes deux derniers articles à tous les amis de Tahar Djaout. Je t’embrasse."
Je ne vous dévoilerai pas le nom de la personne qui m’a envoyé ce mot. Pourquoi? Parce que, quoi que vous en pensiez, amis de l’ouverture à tout crin et de la compréhension infinie, critiquer l’islam est un sport dangereux. La journaliste Irshad Manji l’a appris à ses dépens. L’an dernier, cette femme courageuse faisait paraître un pamphlet critiquant l’extrémisme musulman: The Trouble With Islam (Musulmane mais libre). Aujourd’hui, elle se balade avec des gardes du corps, et vit dans un appartement équipé de vitres anti-balles.
En passant, Irshad Manji n’habite pas Kaboul, mais Toronto.
Parlant d’Irshad Manji, il y a une autre femme qui a eu le courage de critiquer les islamistes fondamentalistes, et c’est Taslima Rasneen. Cette auteure bangladaise est menacée de mort par une fatwa parce qu’elle a osé critiquer les fondamentalistes musulmans. Elle vit en exil depuis neuf ans.
Voici ce que dit Taslima Rasneen au sujet des Occidentaux de gauche qui tolèrent l’intolérable sous le couvert de la liberté de religion et de l’ouverture aux autres cultures:
"Ces intellectuels croient que l’Occident déteste l’islam. Étant donné qu’ils ont tendance à aimer les victimes, ils éprouvent donc de la sympathie pour cette religion. Mais ils ne se rendent pas compte qu’en appuyant l’islam, ils appuient le fondamentalisme. C’est très mauvais pour les pays islamistes, qui ont besoin de se séculariser. Les Occidentaux appuient l’islam au nom du multiculturalisme. "Nous sommes pour l’égalité des sexes, mais nous allons quand même permettre aux musulmanes vivant chez nous de porter le voile car c’est dans leur culture." Mais a-t-on pris la peine de demander aux femmes musulmanes pourquoi elles se voilaient? Le voile est un signe d’oppression, point. Certaines cultures pratiquent l’excision du clitoris. Devrait-on permettre cette pratique barbare ici, sous prétexte qu’il faut respecter la culture des autres? Voyons! J’aime ma culture – la nourriture, la musique, les vêtements de mon pays. Mais la torture, ce n’est pas de la culture! Permettre le port du voile dans les pays occidentaux, c’est donner le feu vert aux fondamentalistes, c’est prendre le parti de la foi aveugle contre celui de la logique, et choisir l’oppression plutôt que la liberté."
Les mots de Taslima Nasreen visent les musulmans. Mais ils pourraient aussi s’appliquer aux juifs orthodoxes, qui pratiquent eux aussi une véritable ségrégation sexuelle, obligeant les femmes à porter des perruques et à accoucher à répétition.
Hey, les amis, nos mères et nos grands-mères se sont battues pendant des années pour se libérer de l’oppression des dogmes religieux! Allons-nous retourner en arrière sous prétexte qu’il faut s’ouvrir aux autres? C’est quoi, cette idiotie?
Le Québec est une société séculaire. Soyons fiers de cet aspect de notre culture. Et chantons les louanges de cette valeur dans toutes les langues. En arabe, en yiddish et en français.
Ceux qui ont de la difficulté à accepter cette réalité n’ont qu’à aller vivre ailleurs.
Ma blonde s’est déjà fait jeter des pierres en Jordanie parce qu’elle portait un short. À ce que je sache, aucune femme voilée n’a encore été lapidée au Québec.