La semaine dernière, je suis allé voir Les Cowboys Fringants, l’un de mes groupes préférés. Je me frottais les mains d’anticipation, n’ayant jamais vu Les Cowboys live.
Malheureusement, à ma grande déception, je n’ai pas pu voir leur spectacle. J’ai dû partir avant qu’ils ne montent sur scène.
La salle où se déroulait le show n’est pas très grande ni très bien aérée, et la moitié des spectateurs fumaient. J’avais l’impression d’assister à une course d’autobus dans un garage souterrain. C’était trop pour mes petits poumons, après quelques minutes, j’ai dû quitter la salle pour aller respirer de l’air frais dehors.
Ce n’est que partie remise: je retournerai voir Les Cowboys dans une salle non-fumeurs.
Ce qui me fait rigoler dans cette histoire, c’est que Les Cowboys sont un groupe qu’on pourrait qualifier de gauche. Je suis convaincu que si j’avais fait un vox pop dans la salle ce soir-là, trois spectateurs sur quatre m’auraient dit que le respect de l’environnement est une cause qui leur tient particulièrement à cœur.
Or, qu’est-ce qui est le plus nocif pour votre santé (et la santé des gens qui vous entourent), selon vous: humer les gaz d’échappement du 4 x 4 du voisin ou fumer deux paquets de cigarettes par jour?
Gueuler contre l’effet de serre en fumant une Player’s, selon moi, c’est comme parler de la protection des animaux en portant un manteau de cuir et une capine de poils. Ça manque quelque peu de cohérence.
Comprenez-moi bien, ce n’est pas les fans des Cowboys que je vise, mais nos contradictions à nous tous. On vante les beautés de la nature autour d’un beau feu de bois alors que le chauffage au bois est l’un des pires fléaux environnementaux qui soient!
On a beaucoup parlé du nuage de smog qui flottait au-dessus de Montréal il y a deux semaines. Or, je suis sûr que passer une soirée dans une petite salle remplie de fumeurs est plus dangereux pour notre système respiratoire que se balader un après-midi dans les rues d’une grande ville aux prises avec le smog. Pourtant, lorsqu’on gueule contre le tabagisme, on passe pour un ennemi des droits individuels, alors que lorsqu’on dénonce le smog, on est l’ami numéro un de Mère Nature.
Je reviens aux spectateurs des Cowboys qui, ce soir-là, attendaient leurs idoles en fumant clope sur clope. Je suis sûr que la plupart d’entre eux critiquent le capitalisme sauvage, la société de consommation qui nous pousse à acheter de la merde et la commercialisation des OGM. Si on leur apprenait que les bonzes de Coca-Cola injectent un produit illégal dans le Coke Diète pour augmenter leurs profits, ils seraient les premiers à grimper dans les rideaux. Or, que pensez-vous que font les fabricants de tabac? Ils ont été condamnés à payer des milliards et des milliards de dollars pour avoir foutu des ingrédients illégaux dans leur produit, dans le but de rendre leurs clients accros! Comme stratégie de vente, on a rarement vu aussi dégueulasse… Les fabricants de tabac sont probablement les multinationales les plus croches de la planète, les plus viles, les plus immorales, le symbole parfait du capitalisme sauvage, pires que Coca-Cola et McDo réunis, elles devraient faire l’objet d’un boycott mondial organisé par tous les mouvements de gauche de la planète.
Vous passez votre temps à me citer les innombrables études prouvant que l’effet de serre existe bel et bien. Et les études concernant les méfaits du tabagisme, vous en faites quoi? Croyez-vous qu’elles sont mensongères, qu’elles ont été fabriquées par la CIA?
Et, de grâce, cessez de me dire que vous fumez par choix, parce que ça vous tente. Vous fumez parce qu’on vous drogue! Pourquoi pensez-vous que c’est si dur d’arrêter?
Vous êtes comme ces femmes voilées qui disent porter le voile par choix…
C’est bien beau, lutter contre l’effet de serre et la disparition de la couche d’ozone. Mais il y a une lutte environnementale qui est beaucoup plus facile à mener, celle contre le tabagisme. Il suffit d’écraser. C’est à la portée du premier venu. Mais on ne le fait pas. On préfère se battre contre des moulins.
Si c’est ça, l’environnementalisme moderne, ben moi, je mets mon drapeau vert en berne.