Imaginez que vous ouvrez votre journal et que vous tombez sur une chronique qui commence par:
"Le principal problème des Noirs, c’est d’aimer les Blancs."
Ou: "Le principal problème des Juifs, c’est d’aimer les musulmans."
Vous sauteriez au plafond, non? Or, le 8 mars, Lise Payette, qui tient une chronique dans Le Journal de Montréal, a commencé son texte par cette jolie phrase:
"Le principal problème des femmes, c’est d’aimer les hommes."
Vous avez bien lu.
"Si les femmes n’aimaient pas tant les hommes, continuait l’ex-ministre, elles seraient rendues beaucoup plus loin."
Cette réflexion était le cadeau que Lise Payette offrait à la population du Québec pour célébrer la Journée internationale de la femme. Maudite belle façon de rapprocher les sexes, non? Dans le genre "pompier pyromane qui allume des feux pour mieux les éteindre", on ne fait guère mieux.
Remarquez, ce n’est pas surprenant. Lise Payette ne rate jamais une occasion de cracher son mépris des hommes. Vérifiez par vous-même.
*Le 17 juin, Le Journal de Montréal publiait un texte dénonçant le fait que les journalistes féminins de Radio-Canada sont moins payées que leurs confrères masculins. À la toute fin du texte, la journaliste Michelle Coudé-Lord demandait à Lise Payette comment elle expliquait le silence des politiciennes sur ce dossier chaud. "C’est simple, certaines femmes au pouvoir deviennent vite des hommes", a répondu la chroniqueuse.
Quand les femmes agissent bien, c’est parce que ce sont des femmes. Mais quand elles font des conneries, elles agissent en homme. Comme si les femmes avaient le monopole de la bonté et les hommes, celui de la mesquinerie!
*Le 12 juin, Lise Payette vantait le travail remarquable des vérificatrices générales d’Ottawa et de Québec.
"Quand les vérificatrices Sheila Fraser et Doris Paradis auront terminé le terme de leurs contrats, je prédis qu’il n’y aura pas d’autre femme nommée au poste de vérificatrice pour des années, écrivait-elle. Pas parce qu’elles sont incompétentes. Mais parce qu’elles sont dérangeantes. Il n’y a rien qui soit considéré comme plus dangereux par les politiciens que des femmes qui parlent franc. […] Les femmes lavent plus blanc et ça fait frissonner les hommes de pouvoir."
Bref, si les vérificatrices font "freaker" les politiciens, c’est parce que ce sont des femmes! Et c’est quoi l’idée de sexualiser l’honnêteté? Sheila Copps, Lucienne Robillard et Belinda Stronach lavent-elles plus blanc? Que dire de Margaret Thatcher, de Golda Meir ou de Benazir Buto?
N’était-ce pas l’un des buts du féminisme d’arrêter de dire que les femmes avaient une "nature", qu’elles étaient "naturellement" plus douces, plus gentilles, plus compréhensives, plus maternantes?
*Le 21 juillet, l’auteure des Super Mamies traitait de l’affaire Julie Bureau, la jeune adolescente qui a disparu dans la nature pendant trois ans. "Quand une fille de 14 ans disparaît, écrivait-elle, toutes les mères et toutes les grands-mères ont le coeur qui se serre."
Et les pères et les grands-pères, eux, ils dansent le mambo? Ils sont contents, les hommes, quand une jeune fille disparaît? Ils vont à la taverne et célèbrent ça en calant une grosse bière?
*Le 2 août, Lise Payette écrivait sur les first ladies – Hillary Clinton, Teresa Kelly et les autres. "On ne devrait jamais élire un homme sans connaître celle qui partage sa vie", écrivait-elle.
Imaginez le contraire. Imaginez qu’un chroniqueur écrit: "On ne devrait jamais élire une femme sans connaître celui qui partage sa vie." Elle réagirait comment, madame Payette? Elle grimperait dans les rideaux! Elle dirait que ce sont des propos sexistes et paternalistes, et qu’il faut juger les politiciennes pour ce qu’elles sont et pour les idées qu’elles défendent, sans prendre leur mari en considération!
Bref, pour madame Payette, derrière chaque grand homme, il y a une femme. Et derrière chaque grande femme, il y a… rien. Ou une autre femme (leur mère, probablement).
J’aime bien Le Journal de Montréal. Au cours des deux dernières années, le tabloïd de Quebecor a publié d’excellentes enquêtes – sur le racisme, les Raëliens, la formation des profs et l’état de nos forêts, par exemple. Mais chaque fois que je lis Lise Payette, j’ai le goût de jeter mon journal aux vidanges.
Qui sait? Ses chroniques font peut-être partie d’un vaste complot pour discréditer le féminisme…