"Qui sera cause de chute pour un seul de ces petits qui me font confiance aurait avantage à avoir une meule à âne suspendue autour de son cou et à être englouti au gouffre de la mer."
< Matthieu 18:6
Comme on pouvait s’y attendre, la mort du pape a fait beaucoup de bruit. Tous ceux qui ont croisé de près ou de loin le souverain pontife y sont allés de leurs commentaires et de leurs souvenirs. On a évoqué son amour du théâtre, souligné le rôle qu’il a joué dans la destruction du bloc communiste, rappelé ses nombreux pèlerinages à travers le monde, etc.
Mais parmi les voix qui se sont fait entendre au cours des derniers jours, quelques-unes manquent à l’appel – celles des hommes et des femmes qui, lorsqu’ils étaient enfants, ont été agressés par des prêtres pédophiles.
Vous me direz que le pape n’a rien à voir là-dedans. Que chaque baril contient des pommes pourries, et que ce n’est pas parce qu’il y a déjà eu des Pères Noël qui jouaient à touche-pipi avec les gosses qu’il faut interdire aux enfants de s’asseoir sur les genoux du bonhomme à barbe.
Peut-être.
Mais le pape a quand même joué un certain rôle – pour ne pas dire un rôle certain – dans toute cette mascarade.
Vous vous souvenez du cardinal Bernard F. Law?
Cet homme était archevêque de Boston. C’est sous son "règne" que s’est déroulé le fameux scandale qui a entaché la réputation de l’Église catholique américaine.
Il y a quelques années, on a découvert qu’à Boston, des centaines d’enfants avaient été violés par des prêtres catholiques. Ces abus se sont produits sur une très longue période de temps, sans que l’Église ne lève le petit doigt. Non seulement Law était-il au courant des faits, mais il a tout fait pour étouffer l’affaire. Au lieu de punir les prêtres sadiques qui utilisaient leur position de confiance pour agresser les enfants, il les protégeait! Il "égarait" délibérément leur dossier et assignait ces criminels à d’autres paroisses, où ils pouvaient continuer de "répandre la bonne parole" en toute quiétude…
Bref, Bernard Law était un monstre. En décembre 2002, devant la grogne populaire, il a dû démissionner de son poste d’archevêque. On a même songé à le poursuivre en justice et à le mettre derrière les verrous… "Il y a un sérieux problème de leadership au diocèse de Boston, a dit l’attorney general du Massachusetts, Tom Reilly. Monseigneur Law semble trouver qu’il est plus important de protéger la réputation de l’Église que de protéger le bien-être des victimes. Il y a visiblement eu un complot pour étouffer l’affaire."
Or, savez-vous ce qui est arrivé à Bernard Law?
Il a été promu! Oui, oui, vous avez bien lu, le pape Jean-Paul II, celui-là même qui aime tant les enfants et les oiseaux et la Sainte Vierge, lui a offert un poste prestigieux à Rome!
Pas mal, non?
Le diocèse de Boston a dû verser 85 millions de dollars à plus de 550 victimes d’abus (ce qui a entraîné la fermeture de 65 églises), et que fait Law pendant ce temps, lui qui a fermé les yeux sur tous ces crimes, sur tous ces viols? Il se la coule douce à l’ombre du Vatican.
Depuis mai 2004, grâce à l’intervention directe de Jean-Paul II, Bernard Law dirige l’une des quatre plus importantes basiliques de Rome. Il siège à neuf comités de l’Église catholique, et, à titre de membre en règle du conclave, participe même à l’élection du prochain pape!
Comme l’a dit un professeur de théologie de Boston: "En nommant Bernard Law à la tête de cette basilique vieille de 1500 ans – basilique que le pape Jean-Paul II visitait deux fois par année -, le Vatican l’a récompensé pour ses services rendus."
"Cette nomination, pour moi, est rien de moins qu’une gifle au visage", a dit l’un des 600 enfants qui furent abusés sous le règne de Law.
Une gifle qui a été donnée par Bernard Law et son pote, Jean-Paul II.
Pendant ce temps, des prêtres honnêtes qui n’ont jamais enfreint la loi risquent d’être excommuniés juste parce qu’ils sont homosexuels ou qu’ils remettent en question le dogme du célibat…
Les voies de Dieu sont décidément impénétrables.