Ondes de choc

Questions

L’affaire Boisclair, comme il est convenu de l’appeler, m’amène à me poser plusieurs questions.

Pourquoi Boisclair? Pourquoi maintenant?

Les secrets intimes de Landry, Parizeau, Lévesque, Charron, Bourassa et compagnie étaient connus de tous les courriéristes parlementaires du Québec. Pourtant, aucun d’eux ne les a dévoilés en public. Ils ont respecté la règle non écrite du "gentleman’s agreement". On ne dit pas qu’un tel est alcoolo, que tel autre poigne les fesses des filles, etc.

Or, dans le cas de Boisclair, la chasse est ouverte, et c’est à qui publiera la rumeur la plus croustillante. Pourquoi?

Est-ce parce qu’il ne fait pas partie de la même génération? Les vieux routiers de l’information auraient-ils fait preuve de plus de pudeur et de discrétion envers Boisclair si le meneur de la course à la direction du PQ avait eu les cheveux gris? S’il était un produit – lui aussi – des cours classiques? S’il avait fréquenté les mêmes bars qu’eux, les mêmes clubs privés, les mêmes salons?

Sa jeunesse le rendrait-elle vulnérable?

Pourquoi ce qui est bon pour pitou (les vieux politiciens "respectables") n’est pas bon pour minou (les jeunes personnalités montantes)?

Pourquoi ce "deux poids, deux mesures"?

Pourquoi, dans le documentaire Point de rupture, diffusé sur les ondes de Radio-Canada il y a quelques jours, personne n’a dit que Parizeau était saoul comme une botte lorsqu’il a prononcé son fameux discours sur l’argent et le vote ethnique? On a jugé que ce n’était pas d’intérêt public? Pourtant, il était premier ministre, et il prononçait l’un des discours les plus importants de l’histoire politique du Québec…

Qu’est-ce qui est pire: sniffer une ligne de temps en temps, ou vider une demi-bouteille de scotch tous les soirs?

Voulez-vous que je vous fasse la liste des journalistes alcoolos? Des politiciens couperosés?

Qu’est-ce qu’on veut à la tête d’un gouvernement: un homme ou un dieu?

Y aurait-il un fond d’homophobie dans tout ça? Vous savez, les gais, ça passe leur temps à faire des partys, à sniffer tout ce qui passe et à s’enculer à qui mieux mieux à travers les murs des toilettes…

L’Honorable Pauline Marois n’a pas honte de surfer sur une vague aussi boueuse? N’est-ce pas un signe de "faiblesse de caractère" que de cogner sur un adversaire qui est à terre, avec un bâton trouvé dans les chiottes?

L’affaire Boisclair sonne-t-elle la fin d’une époque? Nos courriéristes parlementaires vont-ils se mettre à fouiller dans les poubelles?

Les politiciens devraient-ils passer régulièrement des tests d’urine?

Le fameux texte de Denis Lessard, qui a parti le bal en juin dernier, ne contenait aucune citation, aucun témoignage, même anonyme. Rien n’appuyait les dires du journaliste. C’est réglo, ça? Plus besoin de source, maintenant, pour écrire que tel ou tel politicien prend de la coke et qu’il roule à tombeau ouvert? Que pense la FPJQ de cette méthode?

Il circulait toutes sortes de rumeurs sur la vie personnelle de Robert Bourassa; pourtant, je n’ai jamais lu un texte de Denis Lessard sur le sujet. Pourquoi? Bourassa méritait le respect, et non Boisclair?

C’est quoi, la suite? Fouiller le passé sexuel de Boisclair? Dévoiler ses histoires de cul? A-t-il fréquenté des clubs de danseurs, a-t-il déjà couché avec des escortes?

Parlant d’escortes, je pourrais vous raconter toutes sortes d’histoires croustillantes à propos d’un ex-premier ministre du Québec. Des histoires qui circulent dans plusieurs milieux depuis plusieurs années, et qui m’ont été colportées par différentes sources. Mais je ne le ferai pas.

Vous savez pourquoi? Parce que je juge que ce n’est pas d’intérêt public.

Vous me dites qu’acheter de la coke est un acte criminel, et qu’un ministre ne devrait jamais briser la loi. Vous avez raison.

Mais je voudrais juste vous rappeler que Churchill fumait de l’opium, alors que Hitler, lui, ne fumait pas, ne buvait pas et ne mangeait pas de viande.

Contrairement à ce que prétend Lise Payette (qui utilise sa chronique du Journal de Montréal pour faire mousser la campagne de sa grande amie Pauline, tout en donnant des leçons de vertu à tout le monde, ce qui est assez savoureux, merci), ce n’est pas parce qu’on a déjà sniffé quelques lignes qu’on est indigne de diriger un gouvernement.

Il y a une différence entre être imprudent, et être incompétent.