Vous en avez ras le bol de voir des séries et des films où les hommes sont dépeints comme des trous de cul égoïstes incapables de prendre leurs responsabilités?
Eh bien allez voir King Kong, ça va mettre un baume sur votre plaie.
Il a beau habiter une île peuplée de dinosaures, King Kong ne vit pas à l’ère préhistorique. Il n’a rien à voir avec les hommes des cavernes geignards qui ouvrent Horloge biologique. C’est un mâle qui ne fuit jamais ses responsabilités. Quand vient le temps de défendre sa jolie blonde, il est là, tout en muscles et en dents, prêt à se battre contre les pires monstres. Ce n’est pas une moumoune, King Kong, il ne prend pas ses jambes à son cou dès que son verre de martini est vide, non, il baisse la tête et affronte l’adversité avec courage.
Et ce qu’il y a d’extraordinaire avec King Kong, c’est qu’il a beau être baraqué comme un quart-arrière, ce n’est pas une brute qui s’enferme stoïquement dans son silence. Il rigole, il s’émeut quand sa jolie blonde danse devant lui, il l’emmène même faire du patin à glace dans Central Park!
Que demander de plus?
Oh, je vous l’accorde, il n’est pas très beau, notre gros gorille, il n’a pas de manières à table et pue un peu de la gueule, mais qu’importe? C’est un mâle, un vrai. De toute façon, les filles commençaient vraiment à en avoir ras le bol des métrosexuels narcissiques qui ne peuvent pas se déplacer sans traîner leurs pots de crème. Après tout, on est en 2005, bordel, si une fille veut sortir avec une poupoune de luxe qui passe la moitié de son temps devant le miroir, elle n’a qu’à devenir lesbienne!
Pas étonnant que la belle Naomi Watts craque pour King Kong. C’est le dernier mâle alpha dans un monde de plus en plus aseptisé.
Il est musclé. Il est fort. Il est puissant. Il est sûr de lui. Il peut la protéger en cas de danger.
Et il a une maudite grosse banane.
Je rigole, mais à peine.
King Kong, c’est le retour du refoulé. La résurrection du vrai mâle après 20 ans d’hommes roses.
On parle beaucoup de l’übersexuel, ces temps-ci. Vous savez, l’homme nouveau (encore un) qui est à la fois viril et doux. Eh bien, l’übersexuel, c’est King Kong.
Un bon gros toutou dans un corps de bête.
Il a appris des leçons du féminisme, mais il n’a pas perdu le nord. Il n’a pas jeté sa virilité avec l’eau du bain. Il est resté sûr de lui. Il ne se rase pas le torse. Et il ne pique pas l’exfoliant de sa blonde.
Si l’homme descend du singe, King Kong, lui, descend de Gary Cooper. C’est l’homme des années 40 ("The strong, silent type", comme disait Tony Soprano) servi à la sauce des années 2000.
À la toute fin du film (vous pouvez continuer de lire, je ne vous révèle rien, c’est comme si je vous disais que Jésus meurt crucifié à la fin de La Passion du Christ), King Kong sent que son histoire d’amour avec la belle star de cinéma ne mènera à rien, que tout cela est voué à l’échec – bref, qu’il suffirait de presque rien, peut-être 25 tonnes de moins, pour qu’il lui dise "Je t’aime".
Or, que fait-il? Frappe-t-il sur sa blonde à coups de batte de base-ball? Tente-t-il de tuer un de ses proches pour la punir? Pète-t-il les plombs, pique-t-il une crise, tire-t-il dans le tas?
Non. Il prend sa blonde, il la dépose délicatement dans un coin sécuritaire de l’Empire State Building, afin de la protéger, puis il fait face à la musique avec courage et dignité.
Il a beau faire partie de la grande famille des singes, King Kong n’est pas un animal.
Il garde la tête haute, même dans la défaite. Surtout dans la défaite.
Ça fait des années qu’on dit que les jeunes hommes manquent de modèles positifs. Eh bien ne cherchez plus, j’en ai trouvé un.
Ce n’est pas 50 Cent ni José Théodore.
C’est King Kong.
Tout un homme, messieurs.