"D’après moi, la crosse est le meilleur outil de développement moral et physique parmi tous les jeux connus dans le monde sportif."
– A.E.H. Coo, président de l’Association canadienne de crosse, en avril 1926
Connaissez-vous George Beers? Ce dentiste montréalais né en 1843 et mort en 1900 a fondé la première publication canadienne consacrée au merveilleux monde de la dentition. Il est aussi considéré par les amateurs de sport du monde entier comme le père de la crosse.
George Beers était un véritable maniaque de la crosse. Quand il ne faisait pas des plombages dans sa clinique de Montréal, cet homme énergique sautait dans son buggy et allait pratiquer son passe-temps favori avec ses copains.
Notre gentil dentiste maîtrisait tellement bien l’art de la crosse qu’il a été nommé gardien de but de l’équipe montréalaise à 17 ans. Quelques années plus tard, il a même eu l’occasion de disputer une bonne partie de crosse devant le prince de Galles lui-même!
En 1867, triste de voir que la crosse était en train de se faire supplanter par d’autres sports moins honorables, George Beers a mené une campagne destinée à faire de la crosse le sport national du Canada. Il n’a malheureusement pas réussi. Mais ses efforts ont quand même porté fruit. En un an seulement, le nombre d’équipes de crosse est passé de 6 à 80!
George Beers est mort à l’âge vénérable de 57 ans. Mais s’il était vivant aujourd’hui, le premier secrétaire de l’Association nationale de crosse serait fier de ses compatriotes.
En effet, 105 ans après la disparition de ce grand homme, la crosse a enfin gagné ses lettres de noblesse. Grâce à Option Canada, aux Libéraux fédéraux et provinciaux et aux dirigeants du camp du Non, la crosse est maintenant devenue le sport numéro un au pays!
Boudée pendant de nombreuses années, considérée comme un sport violent et vulgaire par les représentants de l’élite, la crosse est maintenant pratiquée par des Canadiens provenant de toutes les classes sociales. Des politiciens pratiquent la crosse, des publicitaires, des commentateurs patentés, même des éditorialistes! On a même réussi à sauver le pays grâce à la crosse!
Imaginez… George Beers voulait que le Canada sauve la crosse. Or, c’est la crosse qui a sauvé le Canada. Ironique, non?
Pour éduquer ceux qui ne connaissent pas les règlements de base de la crosse, j’ai fait une petite recherche sur Internet. Et j’ai glané les informations suivantes.
La crosse telle qu’on la connaît aujourd’hui est le fruit d’un mélange unique des cultures française, anglaise et amérindienne. Les Français pratiquaient la crosse, les Anglais pratiquaient la crosse, même les autochtones! Selon le site Lacrosse.ca, véritable bible de ce sport, ce brassage multiculturel fait de la crosse "le symbole même du nouveau Canada". Je crosse, donc je suis canadien!
Pour les Amérindiens, la crosse était plus qu’un simple sport: c’était un rituel religieux, une activité politique, une façon de régler un différend entre deux tribus. Quand deux nations autochtones avaient un désaccord, leurs dirigeants et leurs anciens arrangeaient une partie de crosse. Le vainqueur était considéré comme celui ayant le bon point de vue, et son opinion était automatiquement sanctionnée par le Grand Esprit.
Il est touchant de voir que plusieurs siècles plus tard, cette tradition typiquement amérindienne persiste encore. En 1995, les nations canadienne et québécoise étaient à couteaux tirés. Or, qu’est-ce que le gouvernement de Jean Chrétien a fait pour régler ce différend? Il a eu recours à des moyens politiques? Non, il a organisé une bonne partie de crosse! Il a mis ses meilleurs joueurs à contribution, et il a remporté le match.
Savez-vous quel était le premier slogan de l’Association canadienne de crosse? "Notre pays, notre jeu." Éloquent, non? Même Normand Lester n’aurait pas trouvé mieux!
"La crosse est enchâssée très profondément dans l’histoire, la tradition et la culture du Canada, peut-on lire sur le site Lacrosse.ca. La crosse a joué un rôle essentiel pour unir ces régions si éloignées les unes des autres. Elle a contribué à unifier le pays."
Bref, s’il n’y avait pas de crosse, il n’y aurait pas de Canada.
À quand l’intronisation de Jean Chrétien au Temple de la renommée?