Mesdames, messieurs, bienvenue au Grand Jeu de la démocratie!
Cette semaine, l’objectif est simple: vous devez choisir le leader du prochain gouvernement fédéral.
Vous avez le choix entre deux candidats.
Un crosseur et un fourreur.
Si vous votez pour le crosseur, vous élisez un parti qui a contourné la loi électorale, mis sur pied un système de corruption hyper-organisé et détourné plusieurs millions de dollars afin d’influencer les résultats d’un référendum.
Et si vous votez pour le fourreur, vous donnez un chèque en blanc à un homme qui s’est déjà prononcé contre le libre choix en matière d’avortement, contre le mariage gai, pour la participation du Canada à la guerre en Irak, contre la décriminalisation de la marijuana, contre l’accord de Kyoto, pour l’utilisation de technologies de reconnaissance faciale aux frontières, contre le contrôle des armes à feu et pour l’application de peines pour adultes aux jeunes contrevenants.
Vous êtes prêts?
Alors prenez votre crayon et faites un X dans la case de votre choix!
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Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour moi, un choix, ça implique une issue favorable, un moindre mal.
Foncer dans une botte de paille versus foncer dans un bloc de béton, par exemple. L’un fait moins mal que l’autre.
Mais foncer dans un mur de béton versus foncer dans un bloc de ciment, pour moi, ce n’est pas un choix. C’est une fatalité.
Or, les élections fédérales, c’est ça.
On doit choisir entre un cancer du côlon ou un cancer des poumons. Se faire gifler sur la joue droite ou se faire gifler sur la joue gauche. Se faire écraser par un camion ou se faire écraser par un autobus. Méchant dilemme, non?
"Tu le veux où, ton coup de pied? Dans le cul ou dans le ventre?"
Si au moins on avait le choix des souliers. Mais non: les deux candidats portent des bottes Kodiak. Celles qui font mal, avec les bouts en plomb.
Vous me direz qu’il y a le Bloc et le NPD. Je veux bien. Mais le premier ne mène nulle part, et le second est encore plus centralisateur que le PLC. Alors on fait quoi?
Ça me fait penser à un gag que j’ai entendu dans un épisode de la série The West Wing.
Un pessimiste et un optimiste marchent dans la rue. "Les choses vont super mal, dit le pessimiste. On a touché le fond du baril, on ne peut pas s’enfoncer davantage."
"Ah oui, on peut", répond l’optimiste.
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Vous savez ce qui me tue, dans cette campagne électorale? Ceux qui disent qu’il faut voter Harper les yeux fermés. "Oui, il a déjà pris position contre le mariage gai, et oui, il a déjà condamné l’avortement, mais ne craignez rien, il n’est pas aussi dangereux que vous le croyez. Il ne reviendra pas en arrière et finira par mettre du vin dans son eau bénite."
C’est comme si vous me disiez: "Tu vois, le gros tas brun, devant toi? Eh bien, enlève tes souliers et tes bas, et marche dedans. Ne crains rien: ça ressemble à de la merde, ça a la même texture que de la merde, ça sent la merde, ça goûte la merde, mais ce n’est pas de la merde. Fais-moi confiance…"
Yeah, sure.
Je comprends que les promesses constitutionnelles de Stephen Harper (qui prévoit davantage de pouvoirs au Québec, plus une place de choix lors des rencontres internationales) plaisent à certains nationalistes mous. Mais rappelez-vous, ces promesses ne viennent pas toutes seules. Elles sont attachées à un sac à surprises, et jusqu’à maintenant, on ne sait absolument pas ce qui s’y trouve.
Ça peut être des bonbons, comme ça peut être une lame de rasoir.
Vous êtes prêts à prendre le risque?
À signer un chèque en blanc?
À marcher dans le tas?
D’un côté, on reporte au pouvoir un parti qui nous a lésés. De l’autre, on élit un chef qui défend des valeurs qui ne nous ressemblent absolument pas.
Vive la démocratie…