Ondes de choc

Tout contre

Avez-vous voté pour le Parti conservateur, lundi?

Bien sûr que non. Vous avez voté contre le Parti libéral.

C’est la mode, depuis quelque temps. On ne vote plus pour, mais contre.

Regardez ce qu’a dit Paul Martin en fin de campagne. A-t-il dit: "Votez pour le programme du Parti libéral, pour nos idées, pour nos candidats et pour notre vision du Canada"? Non. Il a dit: "Votez pour le Parti libéral afin d’empêcher les Conservateurs de gagner."

Bref, votez contre l’autre parti.

Est-ce que les Québécois ont voté pour le Bloc, lundi? Non. Ils ont voté contre les Libéraux et contre les Conservateurs. Ils ont dit deux fois Non, au lieu d’une fois Oui.

S’ils avaient voté pour le Bloc, la souveraineté passerait les doigts dans le nez. Or, ce n’est pas ce que les sondages prévoient. Près d’un Québécois sur deux vote pour le Bloc même s’il n’est pas souverainiste. Or, le Bloc est un parti souverainiste. Pourquoi vote-t-on pour un parti souverainiste si on n’est pas souverainiste? Parce qu’on ne vote pas pour, mais contre. Contre ceux qui se présentent contre le Bloc. Vous me suivez?

On a voté pour Jean Charest aux dernières élections provinciales, mais on n’est pas du tout content de ce que fait Jean Charest. Que fait-il? Exactement ce qu’il a promis de faire pendant sa campagne électorale. Pourquoi a-t-on voté pour lui si on n’est pas d’accord avec ce qu’il voulait faire, alors?

Parce qu’on n’a pas voté pour lui, on a voté contre le PQ.

Simple, non?

L’important, lorsque vous êtes en politique, c’est de durer. Si vous durez assez longtemps, les gens vont finir par vous élire. Pas parce qu’ils sont pour vos idées, mais parce qu’ils sont contre celles de vos adversaires. C’est ce qui risque d’arriver avec Mario Dumont. Un jour, on va l’élire chef du gouvernement. Pas parce qu’on sera pour l’ADQ, mais parce qu’on sera contre le PQ et le PLQ.

Bref, lundi soir, on a voté contre les Libéraux. Le hic, c’est qu’on se retrouve maintenant avec Harper.

Mais vous allez voir, la lune de miel ne sera pas longue. Elle ne durera même pas un mois. Dans une dizaine de jours, on va se mettre en mode anti-Harper. On va être contre le gars pour qui on a voté.

Remarquez, ce n’est pas étonnant. Tout le pays est comme ça.

Pourquoi pensez-vous que les Canadiens aiment le Canada? Parce que c’est un pays extraordinaire? Non. Parce que ce n’est pas les États-Unis. Parce que ce n’est pas un pays violent, militariste, arrogant…

Les Canadiens ne sont pas pour le Canada. Ils sont contre les États-Unis.

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Les commentateurs politiques disent que Stephen Harper s’est "recentré" au cours de la campagne. Ah oui? J’appelle plutôt ça du maquillage.

Harper a senti le vent tourner, et il a changé de discours pour avoir plus de votes, point. Il a mis de l’eau dans son vinaigre pour se rendre plus comestible.

Mais entre vous et moi, c’est toujours le même bonhomme. Vous pensez qu’il va se mettre à porter un t-shirt de Brokeback Mountain et à vanter les vertus du libre choix en matière d’avortement? Non.

"Il ne faut pas seulement accepter les différences, il faut les célébrer", disait Bill Clinton.

Stephen Harper ne célèbre pas les valeurs libérales. Je ne suis même pas sûr qu’il les accepte. Il va juste cesser de les "basher" au cours des prochains mois pour ne pas effrayer ses électeurs et montrer qu’il a bel et bien changé.

"Recentrage"? Pleeeeease…

Dieu que les journalistes sont naïfs, parfois.

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Avez-vous vu la partie de hockey qui s’est déroulée dans le comté d’Outremont, lundi?

Comme le dit mon ami Sylvain, Jean Lapierre a compté un but grâce à une passe de Léo-Paul Lauzon.

Attaboy, Léo-Paul! Tu as fait un Ralph Nader de toi… Tu as divisé le vote, et permis à Lapierre de se faufiler dans la fente.

Cela dit, c’est peut-être un bon coup. Imaginez: Jean Lapierre va être obligé de prendre l’autobus pour se rendre à Ottawa siéger dans l’opposition. Plus d’amis, plus d’avantages, rien.

Le vide intersidéral.

Pour un homme qui tripe sur le pouvoir, c’est peut-être la punition ultime.