Vous aimez les bonnes vieilles traditions et vous avez de la difficulté à avaler la décision des tribunaux concernant les mariages gais? Eh bien, attachez votre capine en poil avec de la broche et croquez trois aspirines. En effet, après le lobby gai, voici maintenant le lobby polygame!
Fouettés par la victoire spectaculaire des homosexuels, qui ont réussi à élargir le concept du mariage, les adeptes de la polygamie veulent faire pression auprès des gouvernements pour que la loi leur permette enfin de vivre leur vie comme ils l’entendent, et d’épouser autant de femmes qu’ils le désirent.
Comme l’a dit un militant pro-polygamie au magazine américain Newsweek: "Si le petit John peut avoir deux pères, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas avoir un père et deux mères…"
Signe des temps: il y a quelques années, l’émission-culte aux États-Unis était Queer As Folks, une dramatique qui se déroulait dans le milieu gai. L’année dernière, c’était The L Word, une série qui nous faisait partager le vécu d’un groupe de lesbiennes. Et cette année, c’est Big Love, une mini-série diffusée sur les ondes du réseau hip HBO, et qui raconte – je vous le donne en mille – les merveilleuses aventures d’un mormon marié à trois femmes.
C’est l’éternelle fuite en avant.
L’homosexualité mâle ne scandalise plus personne? Produisons une série sur les lesbiennes! Plus possible d’ouvrir la télé ou de lire un magazine sans voir deux femmes s’embrasser à gros coups de langue? Abordons le territoire inconnu et ô combien sulfureux de la polygamie!
L’important est de mettre la plume là où les médias n’ont encore jamais posé leur caméra. D’être les premiers, les plus audacieux!
Il en va du mariage et de la sexualité comme des restos branchés ou de la mode. Un resto fait-il l’unanimité qu’on se rue tout de suite sur le prochain, le petit boui-boui perdu au milieu de nulle part que personne ne connaît et que personne ne fréquente. Et lorsque le petit boui-boui en question attirera les banlieusards, on désertera l’endroit pour s’enfoncer encore plus profondément dans la jungle du goût.
C’est comme le vieux gag: "Plus personne ne va à ce resto, voyons, il y a trop de monde!"
Les lesbiennes venaient tout juste de gagner leur place sous les projecteurs, les homosexuels venaient tout juste de gagner le droit de jouer aux cow-boys que, déjà, les médias avaient levé le camp pour planter leur tente ailleurs. Dur, dur d’être marginal…
Le goût du jour est donc à la polygamie. Alors d’accord, polygamie ce sera. Discutons des vertus du mariage à trois jusqu’à ce que quelqu’un, quelque part, demande pourquoi le petit Johnny n’aurait pas un papa, deux mamans et un chien comme parents.
Comprenez-moi: je ne dis pas que la bestialité et l’homosexualité s’équivalent. Loin de moi l’idée de revenir en arrière, au "bon vieux temps" où les gais étaient perçus comme des sous-êtres humains.
Mais je pose juste une question simple:
Les droits, ça s’arrête où?
Après avoir légalisé la polygamie, faudra-t-il faire la même chose à propos de l’inceste, sous prétexte qu’un explorateur aura trouvé dans le fin fond de l’Arctique une tribu de pingouins où l’on baise en famille?
Car après tout, le tabou de l’inceste est culturel, non? Maintenant qu’on est capable de faire des enfants en laboratoire, pourquoi accorderions-nous autant d’importance au lien de consanguinité? C’est de la vieille histoire, tout ça! Ce sont des balivernes! Soyons modernes, soyons ouverts! Vous pensez vraiment qu’ils ne pratiquaient pas l’inceste dans la Rome antique?
Si Woody Allen a le droit de baiser sa fille adoptive, pourquoi ne ferait-on pas de même avec nos vraies filles? On ne laissera quand même pas de vieilles règles dicter nos émotions! C’est fini, ce temps-là! Regardons en avant, pas en arrière!
Moi, si j’étais avocat, j’appuierais tout de suite les polygames. Vous imaginez, vous, les chicanes en cas de divorce? Les pensions alimentaires, les droits de garde, la bisbille, la merde?
Par ici, le magot!
On vit vraiment une époque formidable.
En tout cas, c’est ce qu’on pense, ma femme, ma femme et moi.