Pauvre Gérald Larose!
Toute la semaine, l’ex-chef syndical s’est fait tomber dessus à bras raccourcis pour avoir publié un guide pédagogique sur la souveraineté.
"C’est de la propagande, ont dit les critiques. De l’embrigadement! Ça nous ramène au temps du Petit Livre rouge de Mao et des bons vieux catéchistes."
Eh bien, au risque de vous surprendre, moi, je suis en faveur du guide de Gérald Larose. Je trouve qu’on devrait l’inclure dans la liste des lectures obligatoires à l’école. Je pense même qu’on ne va pas assez loin: pourquoi ne profiterait-on pas du système des garderies pour faire mousser l’idée de la souveraineté auprès des tout-petits?
Après tout, si c’est bon pour les ados, c’est bon pour les enfants, non?
Tiens, j’ai une idée.
On pourrait demander au créateur de la mascotte Vasy (vous savez, le sympathique bonhomme bleu qui nous encourageait à aller jouer dehors) de fabriquer une mascotte pro-souveraineté.
Une grosse bibitte bleue qui s’appellerait Oui-Oui.
Chaque jeudi matin, Oui-Oui pourrait aller visiter les bambins dans les garderies, et leur chanter des tounes de Gilles Vigneault, Paul Piché, Loco Locass…
"Libérez-nous des Libéraux, oh! Libérez-nous des Libéraux, oh! Allez, les enfants, chantez avec moi!"
Il pourrait raconter l’histoire du Petit Chaperon rouge qui a fini par virer bleu, ou les aventures des Fantastic 4 québécois: Louis Cyr, le Géant Beaupré, Alexis le Trotteur et Jos Montferrand, qui unissent leurs forces et leurs super-pouvoirs pour battre les maudits Anglais.
Je suis sûr que ça marcherait.
On pourrait aussi distribuer des cahiers à colorier Oui-Oui, des kits de bricolage, des affiches!
Rêvons, bon Dieu, soyons ambitieux, visons les étoiles!
Loto-Québec vient de se casser la margoulette avec son projet de Super Casino. Pourquoi ne reviendrait-on pas à la charge? Au lieu de construire un autre entrepôt de machines à sous et de distributrices à gratteux, construisons un parc d’attractions high-tech destiné à promouvoir la souveraineté!
Imaginez: Le Monde de Oui-Oui. Du plaisir – et des idées – pour toute la famille.
Il y aurait des manèges, des spectacles multimédias…
On pourrait demander à toutes les organisations nationalistes du monde de venir présenter leur point de vue. Il y aurait le pavillon du Pays basque, le pavillon de l’Irlande, le pavillon de la Tchétchénie, le pavillon du Cachemire, le pavillon du Tibet…
À la fin de chaque saison, on pourrait demander à Marie Laberge et à Gilles Vigneault de remonter le fameux spectacle qu’ils avaient présenté le 6 septembre 1995 au Grand Théâtre de Québec, lorsque le gouvernement Parizeau avait dévoilé son projet de Constitution d’un futur éventuel Québec indépendant.
Vous vous souvenez?
On voyait des images de champs de blé, et l’on entendait Marie Laberge réciter, d’une voix émue: "Voici venu le temps de la moisson dans les champs de l’Histoire. Il est enfin venu le temps de récolter ce que semaient pour nous quatre cents ans de femmes et d’hommes et de courage, enracinés au sol et dedans retournés. […] L’hiver nous est connu. Nous savions ses frimas, ses solitudes, sa fausse éternité et ses morts apparentes. Nous avons bien connu ses morsures. […] Depuis quatre cents ans, nous avons défriché, labouré, arpenté, creusé, pêché et aimé cette terre que le Saint-Laurent traverse et abreuve."
Ouf!
J’en ai encore des frissons…
Imaginez une version high-tech de ce spectacle agit-prop, mise en scène par Robert Lepage et présentée dans un pavillon circulaire, avec des statues qui bougent et des hologrammes de glaciers et de babouche…
Les gens viendraient des quatre coins du monde pour voir ça! Ce serait plus gros que Québec Mer et Monde, plus spectaculaire que les Championnats du monde aquatiques de Montréal!
Non, moi, je trouve que Gérald Larose est un visionnaire. Au lieu de le conspuer, encourageons-le! Donnons-lui des fonds pour qu’il puisse aller au bout de son projet! Il pourrait faire de la recherche et du développement, imaginer toutes sortes d’idées audacieuses, des produits dérivés, des suçons Elvis Gratton, sculpter le visage de Raymond Lévesque dans le flanc du mont Orford, faire écouter des discours de Pierre Bourgault aux foetus, cloner René Lévesque!
Si on a réussi à transformer Che Guevara en idole pop, pourquoi ne pourrait-on pas faire la même chose avec Paul Rose?
Allez-y, monsieur Larose. Nous sommes derrière vous!