"La réalité dépasse la fiction", dit l’adage. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la recherche militaire.
En effet, si vous trouvez que les plus grosses armées du monde (comme l’armée américaine et l’armée israélienne, qui est prête à raser un pays au grand complet pour retrouver deux des siens) sont chargées à bloc, je vous suggère fortement d’attacher votre capine avec de la broche.
Dans quelques années, ces armées feront passer Rambo pour un australopithèque qui se défend avec un os de bison.
Vous voulez avoir un avant-goût de l’avenir? Lisez Radical Evolution: The Promise and Peril of Enhancing Our Minds, Our Bodies – And What It Means To Be Human (Doubleday), de Joel Garreau. Vous allez tomber en bas de votre chaise.
Joel Garreau n’est pas un conspirationniste qui fait des enquêtes à partir de son sous-sol. Il ne se contente pas de retranscrire des mensonges ou des demi-vérités qu’il a ramassés sur Internet. C’est un journaliste d’enquête, un vrai. Quand il écrit sur un événement, c’est qu’il y est allé, qu’il a vu ce qui se passait et qu’il a interviewé de vrais témoins qui étaient là, sur les lieux.
Bref, il fait du journalisme comme on en faisait à l’époque, avant l’apparition d’Internet Explorer et de Google.
Pour Radical Evolution, Garreau (qui travaille au Washington Post, un vrai journal avec de vrais chefs de pupitre et un vrai rédacteur en chef qui aura des comptes à rendre si jamais ses journalistes se mettent à écrire n’importe quoi) est allé visiter les laboratoires de l’armée américaine.
Ce qu’il a vu est hallucinant.
Oubliez les "bombes intelligentes" et les missiles air-sol. L’avenir de la guerre, c’est la génétique et les nanotechnologies. Le soldat du 22e siècle ressemblera à Terminator.
Un exemple: les savants de la DARPA (la Defense Advanced Research Projects Agency, une branche du Pentagone qui travaille à concevoir et à développer les armes de l’avenir) ont implanté des gadgets électroniques dans le cerveau d’un chimpanzé qui lui permettent de contrôler à distance un bras mécanique situé à des milliers de kilomètres de sa cage.
Le singe (qui vit dans une université de Caroline du Nord) pense: "Machine, lève le bras." Les pulsions électriques créées par sa pensée entrent dans un ordinateur, voyagent via Internet, et bingo, le robot (qui se trouve au MIT de Boston) lève le bras.
Cet essai (réussi) de télékinésie est un exemple parmi tant d’autres des armes futuristes mises au point actuellement par la DARPA. Parmi les inventions qu’ils sont en train de développer, notons:
Un costume hyper-moulant qui permet aux soldats qui le portent de décupler leur force et de lever des objets pouvant peser 500 livres.
Un vaccin qui permet aux soldats blessés de ne ressentir aucune souffrance pendant 30 jours.
Et un petit gadget high-tech qui, une fois implanté dans le cerveau des militaires, leur permettra d’être performants 24 heures sur 24 pendant une semaine. Plus besoin de dormir pour recharger leurs piles! Leur cerveau fonctionnera comme celui des dauphins et des requins: la moitié droite dormira pendant que la moitié gauche fonctionnera, puis vice-versa.
Et ça, ce n’est que la pointe de l’iceberg. Les généticiens qui travaillent pour l’armée américaine sont en train de développer une façon de faire repousser des membres amputés. Si la queue d’un reptile peut repousser une fois qu’on l’a arrachée, pourquoi ne pourrait-on pas faire la même chose avec la jambe d’un soldat qui a mis le pied sur une mine antipersonnel?
Pour vous et moi, Superman, Spider-Man et les X-Men sont des personnages de bandes dessinées. Pour les savants de l’armée américaine, ce sont des modèles, des prototypes de l’homme de demain.
Pour eux, les super-héros n’appartiennent pas au domaine de la science-fiction, mais à celui de la science, point.
"L’avenir est déjà parmi nous. Il est juste distribué inégalement", écrivait l’auteur de science-fiction William Gibson.
Actuellement, qu’on le veuille ou non, l’avenir est préparé, conçu et planifié par ceux dont le principal métier est de faire la guerre.
"La nécessité est la mère de l’invention", affirmait un autre adage.
Disons plutôt: "La nécessité de détruire son ennemi et de protéger les siens…"