Je ne suis pas un spécialiste de la politique internationale. Contrairement à certains bacheliers qui m’écrivent régulièrement sur mon blogue, je ne crois pas qu’il suffise de surfer sur le Web trois fois par jour et d’avoir lu From Beirut to Jerusalem de Thomas L. Friedman pour pouvoir se prétendre spécialiste des relations israélo-palestiniennes. Ce qui se passe dans cette région est extrêmement complexe, et il serait arrogant de ma part de jouer à l’analyste éclairé.
Cela dit, je ne suis pas un complet ignorant non plus. Comme vous, je m’informe, je lis, je regarde la télé. Et je suis arrivé à la conclusion qu’il faut se méfier comme de la peste des gens qui réduisent la situation explosive qui règne dans cette région du globe à un film de John Wayne – les bons Palestiniens d’un côté et les méchants Israéliens de l’autre (comme le prétend la gauche québécoise). Ou les bons Israéliens d’un côté et les méchants Palestiniens de l’autre (comme le prétend le National Post).
Ce qui se passe là-bas est autrement plus compliqué.
Vous voulez un conflit tranché au couteau, avec des méchants sans foi ni loi et de pauvres victimes innocentes? Achetez une bande dessinée ou louez un western.
Les intellectuels américanophobes qui utilisent le vocabulaire manichéen d’Hollywood pour nous donner des leçons d’Histoire et les éditorialistes qui crient à l’antisémitisme dès que quelqu’un, quelque part, ose critiquer Israël du bout des lèvres vivent tous les deux dans le déni.
Ce ne sont pas des observateurs. Ce sont des idéologues.
Ils n’analysent pas la réalité: ils appliquent une grille d’analyse sur la réalité – nuance. Tout ce qui ne cadre pas avec leur vision du monde est mis de côté, oublié, effacé.
Abaissé au rang de simple détail.
Il suffit de voir comment les pays arabes traitent eux-mêmes les Palestiniens, et comment Arafat-le-corrompu a saigné son peuple bien-aimé à blanc (l’arnaquant de plusieurs centaines de millions de dollars), pour se rendre compte qu’Israël n’est pas la source de tous les problèmes qui accablent la Palestine.
Idem pour Israël.
Comment peut-on croire qu’Israël est un havre de justice quand on voit ce qui se passe au Liban?
"Oui, la vie humaine est importante, mais nous sommes en guerre, et la guerre cause des morts", a dit froidement Udi Adam, le général de l’armée israélienne, en parlant des centaines de citoyens libanais qui sont tombés sous ses bombes au cours des deux dernières semaines.
C’est ça, la justice?
C’est comme ça qu’Israël pense assurer sa sécurité à long terme – en bombardant des victimes innocentes, en rasant un pays pour sauver deux des siens?
Méchant plan. Toutes mes félicitations aux stratèges de l’armée israélienne. Avec des amis comme vous, votre pays n’a pas besoin d’ennemis.
J’ai lu plusieurs choses sur la guerre au terrorisme au cours des derniers mois. Mais la meilleure phrase que j’aie lue vient de Tom Petty, l’auteur-compositeur de Free Falling:
"Quand tu tues la soeur de quelqu’un avec un missile, cette personne va te détester pour toujours. Et ses enfants vont te détester encore plus."
Tout est là.
Personne ne conteste le fait qu’Israël a le droit de se défendre. La question est de savoir comment.
En bombardant le Liban, l’armée israélienne ne porte pas un coup fatal aux terroristes qui souhaitent l’éradiquer: elle participe à grossir leurs rangs.
Même chose pour les États-Unis. Ce n’est pas en torturant et en humiliant des terroristes PRÉSUMÉS que le pays de George W. Bush va éliminer ses ennemis, au contraire. C’est – pour reprendre les mots utilisés par le gouvernement américain lors de la guerre du Viêt-nam – "en gagnant leurs coeurs et leurs esprits".
Or, aux dernières nouvelles, on ne gagne le coeur de personne quand on lui lance des bombes par la tête.
Je ne suis pas un spécialiste des relations internationales, ai-je dit d’entrée de jeu. Mais il me semble qu’il y a des choses qui tombent sous le sens.
Pas besoin d’avoir fait un doctorat à Harvard pour les comprendre.