J’ai souvent critiqué le sionisme au fil des ans.
J’ai fait un reportage sur la difficulté de critiquer Israël sans passer pour un antisémite, défendu l’humoriste Dieudonné, pourfendu le B’Nai Brith, écrit que Sharon méritait d’être accusé de crime de guerre, etc.
Malgré tout, je n’ai jamais été injurié par un Juif. Jamais.
Par contre, dès que j’ose critiquer ne serait-ce que du bout des lèvres les extrémistes islamistes ou le Hezbollah, je reçois une tonne d’injures. Raciste, con, ignorant, stupide, imbécile, facho, anti-arabe, et j’en passe…
Comme si les islamistes étaient au-dessus de tout soupçon. Comme s’il était absolument impossible qu’un pays musulman commette une erreur.
Pour tous les analphabètes qui m’ont écrit au cours des derniers jours, je répète ce que j’ai dit à propos de la crise qui enflamme aujourd’hui le Liban (et je vais l’écrire avec de très grosses lettres pour que vous puissiez bien le lire):
JE CROIS QUE LES DEUX CÔTÉS SONT À BLÂMER.
LES DEUX.
DEUX COMME DANS TWO, DOS, DUE, CHÉNAIM, ITHNAN…
ISRAËL ET LE HEZBOLLAH.
C’est clair?
C’est incroyable à quel point les musulmans qui m’écrivent sont incapables de dialoguer. Tout ce qu’ils savent faire, c’est donner la leçon.
Je m’excuse, les amis, ça va probablement vous faire de la peine, ça va sûrement vous encourager à m’envoyer d’autres courriels haineux, mais je trouve votre incapacité à vous voir autrement que dans le rôle de l’éternelle victime carrément insupportable.
Je ne suis pas psychanalyste, mais je suis sûr que si je demandais à Guy Corneau de me dire ce qu’il pense de cette fâcheuse habitude, il dirait que c’est un signe d’immaturité chronique.
Tiens, vous me faites penser aux militants masculinistes (un autre groupe qui ne cesse de m’engueuler dès que je le critique un tant soit peu). Toujours en train de jouer à la victime, toujours en train de blâmer les autres pour les problèmes qui les assaillent…
"Les musulmans doivent lutter contre "la mentalité de victime", la pauvreté et l’illettrisme qui conduisent certains à des interprétations erronées de l’islam…"
Savez-vous qui a dit ça? Ce n’est pas moi. C’est Abdoul-Vakhed Niazov, président du Centre culturel islamique de Russie.
Six ans après la fin de la terrible guerre qui a ravagé l’ancienne Yougoslavie, le président du Comité national de coordination pour une commission vérité et réconciliation a prononcé un discours devant l’UNESCO.
"Les nationalistes des trois communautés qui se sont affrontés pendant la guerre propagent leur propre version de l’histoire, attribuant à leur communauté le rôle exclusif de la victime et cantonnant leurs adversaires dans le rôle du monstre sanguinaire", a-t-il dit.
On pourrait tenir les mêmes propos concernant les crises successives qui ont mis le Moyen-Orient à feu et à sang au cours des 40 dernières années.
Allez-vous, Israéliens et musulmans, finir par sortir de cette logique meurtrière qui menace la vie de vos enfants?
Allez-vous un jour arrêter cette ronde infinie de blâmes?
– Si on a fait ça en 1996, c’est parce que vous aviez fait ça en 1978.
– Si on a fait ça en 1978, c’est parce que vous aviez fait ça en 1972.
– Si on a fait ça en 1972, c’est parce que vous aviez fait ça en 1969…
Et ça continue comme ça jusqu’à Mathusalem.
Vous n’êtes pas tannés?
Vous n’êtes pas écoeurés de jouer aux Hatfield et aux McCoy à coups de missiles et de roquettes?
Et puis, amis du Hezbollah, je suis désolé, mais c’est quoi, l’idée de mettre un AK-47 sur votre drapeau?
L’histoire avance à coups de compromis. Demander la disparition d’Israël n’est pas un compromis. Refuser à tout prix de se retirer des territoires occupés n’est pas un compromis.
Ne jamais accepter la critique, se morfondre dans le rôle de victime et toujours blâmer la partie en face pour tous les maux qui assaillent notre communauté est stérile.
En fait, pour moi, c’est une sorte de maladie mentale. Un empoisonnement de l’âme.
Une culture qui ne carbure qu’au ressentiment est une culture empoisonnée. Un peuple qui ne regarde jamais devant, mais toujours derrière, est un peuple voué à la mort.
C’est bien beau, être poussé par le passé. Mais la seule façon d’avancer est d’être attiré par l’avenir.