Ondes de choc

Santé et bien-être social

Ainsi, des propriétaires veulent avoir le droit de refuser leurs logements aux fumeurs, sous prétexte qu’ils puent et qu’ils représentent un risque accru pour la santé et la sécurité de leurs voisins.

En Irlande, la chasse aux accros de la nicotine va encore plus loin: les employeurs veulent avoir le droit de virer les employés pris à fumer à l’extérieur de leur entreprise!

À quand des peines d’emprisonnement pour les fumeurs?

Pendant ce temps, les grosses compagnies continuent de déverser des tonnes de produits chimiques dans l’air, dans le sol et dans l’eau sans être importunés…

Que voulez-vous, nous vivons à l’ère de la responsabilité individuelle.

Pourquoi dépenser des fortunes à poursuivre les entreprises quand on peut se contenter d’emmerder les individus?

C’est beaucoup plus facile, et ça coûte beaucoup moins cher.

Idem pour la drogue.

Pourquoi s’en prendre aux grosses compagnies pharmaceutiques qui font des gonzillions de dollars en vendant des antidépresseurs comme si c’était des M&M’s alors qu’on peut harceler les fumeurs de pot?

Vous n’êtes pas tannés de voir le gouvernement s’en prendre aux petits plutôt qu’aux gros?

Déclarer la guerre au travail au noir tout en restant de glace devant les paradis fiscaux?

Condamner les automobilistes qui dépassent la limite de vitesse de 10 km/h, tout en permettant aux fabricants d’autos de construire des bolides pouvant briser le mur du son?

Culpabiliser les petites gens qui vivent du Bien-être social, tout en subventionnant au max les entreprises déficitaires?

C’est toujours la même histoire: une règle pour les citoyens, une autre pour les entreprises.

Je ne dis pas qu’il faut revenir en arrière, et permettre aux fumeurs de nous empester dans les bars et dans les restos. Mais j’aimerais que les autorités se montrent aussi sévères envers les grosses entreprises polluantes qu’envers les simples fumeurs.

Oui, fumer est mauvais pour la santé. Mais cracher des produits chimiques dans le ciel itou. Pourquoi n’accroche-t-on pas des photos géantes de poumons calcinés et de gencives déformées aux portes des entreprises qui utilisent la nature comme poubelle?

Et puis, parlant d’incohérence, c’est quoi, cette histoire de pipe à eau?

Comme vous le savez, depuis le 31 mai, aucun citoyen du Québec n’a le droit de griller une cigarette dans son café préféré. Mais dans les cafés "orientaux", par contre, pas de problème: les clients peuvent fumer le narguilé (aussi appelé chicha) sans crainte d’être importunés.

"Il y a des Québécois originaires de plusieurs pays, notamment le Moyen-Orient, où la consommation des pipes à eau est une caractéristique ou une coutume culturelle importante", a dit le ministre Couillard pour se défendre.

Pardon?

Et fumer des Player’s, des Sweet Caporal ou des Mark Ten, ça ne fait pas partie de notre culture?

C’est quoi, cette bêtise?

Un autre accommodement raisonnable, je suppose?

Faire de la boucane dans un café oriental, c’est de la culture. Mais faire de la boucane dans un bar, c’est un vice.

Expliquez-moi, quelqu’un…

Idem pour les cigares: vous pouvez fumer des cigares dans des salons de cigares, mais pas la cigarette.

Hello? Comment peut-on justifier cette exception?

Plus la poffe coûte cher, plus elle est acceptable socialement, c’est ça?

En fait, c’est comme les frites. Des frites de McDo ou de Burger King, c’est de la malbouffe, mais des frites achetées dans un resto chic, c’est parfait. Un hamburger de Wendy’s ou de A&W, c’est dégueu, mais un hamburger graisseux acheté dans un petit diner branché du quartier gai, c’est super…

Je m’excuse, mais fait-on la guerre à la malbouffe, ou la guerre aux pauvres?

C’est comme si, pendant la prohibition, on avait interdit la bière mais permis le champagne…

Tout ça sent le mépris de classe à plein nez.

"Le petit peuple se nourrit mal et fume trop, monsieur le premier ministre. Mais heureusement, le ministère de la Santé veille au grain. Un autre havane? Et d’autres frites avec votre tartare?"

Il paraît que dans les casinos et les bingos installés dans les réserves indiennes, les gens fument comme des cheminées sans être importunés par quiconque.

Question de respect des cultures, j’imagine.

C’est fou comme la culture donne des privilèges.

Si on pouvait seulement faire reconnaître la nôtre…