Messieurs les extrémistes, bonjour.On ne vous l’a peut-être pas dit lorsque vous êtes descendus de l’avion (ou lorsque vous êtes sortis du ventre de votre mère), mais vous habitez une région qui s’appelle le Québec.
Ici, les hommes et les femmes sont égaux en droits.
C’est bizarre, je le sais. Mais que voulez-vous, c’est comme ça. Une extravagance de notre Histoire. Une particularité juridique. Une lubie sociale.
Si on pouvait dessiner une échelle représentant la hiérarchie des êtres vivants méritant le respect au Québec, la femme serait tout en haut, à côté de l’homme, et le chameau se situerait dans le dernier quart, avant les plantes et les roches mais derrière le chien et le cheval.
Mais je vais trop vite. Avant de vous expliquer les principes de base de l’égalité des sexes, je dois d’abord et avant tout vous expliquer ce qu’est le droit, un concept assez simple que vous ne maîtrisez visiblement pas encore tout à fait.
Le droit est l’ensemble des règles qui régissent notre société. Ces règles n’ont pas été établies par Allah, Yahvé, Jésus ou les p’tits bonshommes verts qui font triper le Capitaine Cosmos, mais par les hommes.
On s’est dit que c’était plus facile à gérer. Comme ça, si jamais on se rend compte qu’une règle s’avère obsolète, on n’a pas besoin de demander la permission à notre Créateur pour la changer. On la change, c’est tout.
C’est plus simple, plus rapide. Surtout que notre Créateur n’est pas très sorteux. La dernière fois qu’on l’a vu, c’était il y a 2000 ans. À l’époque, Internet et les téléphones portables qui prennent des photos n’existaient pas. Et pour qu’une femme danse à notre table, il ne fallait pas débourser 6 $ comme aujourd’hui, mais couper la tête d’un prophète – ce qui est autrement plus compliqué, vous l’avouerez.
Mais revenons à nos moutons.
Pendant plusieurs centaines d’années, les femmes n’avaient pas le droit de vote au Québec. De toute façon, ce n’était pas nécessaire, étant donné qu’elles passaient le plus clair de leur temps à pondre. Mais un jour, la pilule anticonceptionnelle et le coût de la vie aidant, les femmes ont cessé de vagir et se sont mises à s’intéresser aux affaires de la Cité.
On s’est donc dit: "Bon, aussi bien leur donner le droit de vote. Comme ça, elles aussi devront s’informer et lire des discours ennuyants. On ne sera pas tout seuls à se faire chier et à essayer de comprendre la position constitutionnelle de Stéphane Dion…"
Grâce au droit, on n’a pas eu à attendre 2000 ans pour effectuer ce changement. On l’a fait tout de suite.
Un jour, les femmes n’avaient pas le droit de voter. Le lendemain, elles l’avaient. Ça s’appelle l’évolution.
La volonté de toujours aller de l’avant, au lieu de tourner en rond autour d’une roche ou de hocher la tête devant un mur de pierres.
Qu’est-ce que l’égalité des sexes implique?
Eh bien, ça implique que les femmes ont le choix.
Le choix de porter un voile ou non, de se faire augmenter les seins ou non, de marier qui elles veulent, de divorcer quand bon leur semble.
Elles ont même le droit de faire de l’exercice en short dans un local vitré!
Je sais, je sais: c’est dur de rester de glace devant une femme légèrement vêtue qui saute sur place, surtout lorsque celle-ci a été généreusement avantagée par Mère Nature.
Mais devinez quoi? Contrairement à ce que vous pensez, vous êtes capables de contrôler vos pulsions!!!
Il suffit d’utiliser une faculté extraordinaire qui s’appelle la raison.
Vous verrez, c’est fou ce que la raison peut faire.
Ça change complètement votre vision du monde.
Vous n’êtes pas contents? Vous trouvez ça trop compliqué, ces histoires abracadabrantes de droits, d’égalité, de raison?
Eh bien – c’est la beauté de notre système -, vous n’avez pas à subir tout ça. Au Québec, les gens peuvent venir et aller à leur guise. Vous êtes mal à l’aise avec certains de nos règlements? Pas de problème, on ne vous retient pas. Vous pouvez acheter un billet d’avion et déménager dans un pays qui correspond mieux à vos valeurs.
On ne le prendra pas personnel.
Et on ne vous en tiendra pas rigueur.