La toute récente déclaration de Jean Chrétien, lancée à la blague sans doute, au sujet de sa retraite, selon laquelle il en profiterait pour essayer la mari, a ramené le sujet sur le tapis. Ainsi donc, depuis un moment, l’usage de la marijuana est autorisé à des fins thérapeutiques, la consommation de cannabis pouvant, semble-t-il, apaiser la douleur de certains malades. Le ministère fédéral de la Santé obéissait ainsi à un ordre de la Cour d’appel de l’Ontario.
Et la balle est aujourd’hui dans le camp des médecins, qui doivent décider cas par cas, sans même avoir obtenu de réponse quant à la qualité du produit, ses effets réels, les posologies, etc. À eux et aux chercheurs de faire les études et d’en appliquer les résultats.
Certains éditorialistes se sont formalisés de ce fait, constatant que le gouvernement avait transféré le problème aux médecins. Ceux-ci se retrouvent maintenant dans l’obligation de "gérer" ce dossier explosif (comme un pétard).
Ce n’est pourtant pas la première fois que le législateur s’en remet aux médecins afin qu’ils décident en définitive de l’application dans les faits de décisions à forte incidence sociale. La (re)définition de "l’état de mort" en est un autre exemple, étrangement passé sous silence depuis des années.
Dans nos codes civils, il est dit que le médecin est seul habilité à dresser l’acte de décès; c’est tout ce qu’ils disent, nos codes. Les critères de définition de la mort sont donc laissés à la discrétion du médecin. Ce qui est intéressant de noter, c’est que ces critères ont évolué avec le temps… Saviez-vous que l’on déclare aujourd’hui décédées des personnes qui ne l’auraient pas été il y a trente ans?
En effet, la définition de l’état de mort (et, a contrario donc, de l’état de vie et de personnalité juridique) a été modifiée au rythme des directives de l’Association médicale canadienne. La mort "physique" est devenue la mort cérébrale, le siège de la vie se déplaçant du coeur au cerveau, du corps à l’esprit diront certains. Cette redéfinition s’est faite de concert avec les avancées technologiques, l’électro-encéphalogramme ayant pris le pas sur l’électrocardiogramme. Ainsi, l’indice principal de la mort (de la vie) est maintenant l’activité électrique cérébrale, mesurée par la nouvelle technologie, qui mesure bien ce qu’elle veut mesurer. Le tout fait bien l’affaire des patients en attente de greffe, puisque l’on sait que, pour prélever un organe à transplanter, il faut que cet organe soit irrigué… et donc que le coeur batte encore. Et il faut aussi que le donneur n’ait plus de personnalité juridique, donc qu’il soit décédé. Ainsi, le coeur battant mais le cerveau déclaré électriquement inactif, le donneur décédé donne…
Les apprentis sorciers
Le pouvoir dévolu aux médecins est, on le voit, fort impressionnant. Les décisions qu’ils auront à prendre concernant l’usage et la prescription de marie-jeanne ne seront pas faciles. Demain, la cocaïne?
Et, sans balises, le "docteur Folamour" Antinori, ce gynécologue italien, savant fou pour certains et visionnaire pour d’autres, annonce officiellement que la machine du clonage humain est en marche. Il précise, tout fiérot, que la procédure mise en oeuvre se basera sur le même principe que celle ayant permis la naissance de Dolly, la célèbre brebis obèse et malade.
Ce qui inquiète, c’est l’énorme machine qui semble présente derrière Antinori, comme celle derrière Boisselier et les raëliens; c’est la volonté féroce de ces cerveaux de "tenter l’expérience".
Ce qui inquiète, c’est que l’être humain est de plus en plus considéré uniquement comme un corps, une enveloppe. Un jeu de Mécano pour gamins attardés. Une usine à fabriquer des pièces de rechange.