Le budget préliminaire de la ville d'Ottawa, déposé le 11 février dernier, a soulevé de nombreuses réactions dans le milieu culturel de la région. Pour arriver à geler les taxes municipales, l'administration de la ville propose d'effectuer des réductions majeures dont l'élimination de plusieurs subventions aux organismes sociaux, culturels et sportifs. Le budget qui fera l'objet d'une consultation publique sera étudié de nouveau par les comités de la ville avant son adoption finale le 24 mars. Voici quelques commentaires d'intervenants culturels de la région:
"C'est un affront aux gens civilisés que de ne pas prendre en considération l'importance de la vie culturelle, c'est de manquer de vision humaine point. (…) À quelque part, c'est reculer quinze ans en arrière, c'est presque recommencer à zéro, dans la façon dont on envisageait les choses, la façon d'encourager les artistes d'ici. (…) Je pense qu'il manque de leadership à la ville d'Ottawa… Le gouvernement que nous avons élu, ce sont des gens de la culture du déficit zéro, c'est épouvantable de ne pas passer à autre chose. Ça va être triste, je ne veux pas accuser personne, mais c'est inacceptable!" – Pier Rodier, directeur artistique de Vox Théâtre à La Nouvelle Scène
"Ce budget de la ville d'Ottawa est pour moi insensé. Tous les domaines sont touchés, et pourtant ce sont des subventions dont on ne peut se passer, il me semble à moi que ce n'est pas réaliste. (…) Concrètement, s'il y a des coupures, ce sera des auteurs en moins de publiés. Et moins de promotion aussi, parce qu'il faut l'organiser, on ne fait pas que publier, il faut faire connaître les livres." – Monique Bertoli, directrice générale des Éditions Vermillon.
"Ça m'a pris du temps avant de réaliser l'ampleur du budget proposé. J'ai trouvé ça choquant! (…) 25% de notre budget est habituellement alloué par la ville. Mais, c'est un 25% crucial qui nous permet de fonctionner et non de développer de nouveaux projets. Ce sont ces subventions qui nous permettent d'avoir les ressources pour générer les 75% manquant. (…) Je crois que les premiers à perdre dans cette histoire, ce sont les citoyens parce qu'il va y avoir moins d'événements, de spectacles, les festivals vont partir vers des régions plus compatissantes." – Mela Constantinidi, directrice de la Galerie d'art d'Ottawa
"Les compagnies d'opéra programment leur saison bien à l'avance pour être en mesure de recevoir des artistes de renommée. Donc, notre prochaine saison est déjà conclut. Les subventions reçues de la part de la ville sont considérables pour Opéra Lyra. On ferait certainement plus de levée de fonds, mais on se retrouverait sans aucun doute avec un déficit, le premier que Opéra Lyra pourrait encourir en six saisons depuis ses débuts. (…) Opéra Lyra va certainement survivre, mais ce que je trouve désappointant avec le budget, c'est que les artistes ont déjà de la difficulté à gagner leur vie sans avoir un second emploi et ces coupures ne leur rendront pas la vie facile." – Patrick Griffith, président du conseil d'administration d'Opéra Lyra Ottawa
"C'est un non-sens, on veut que la capitale soit animée, et qu'elle attire le potentiel économique et touristique et on lui enlève les ressources pour le faire. (…) On pourrait être obligée d'abolir la programmation scolaire qui est pourtant importante puisque les jeunes sont la relève, en terme de francophonie ontarienne. On sait qu'à chaque jour c'est une survie, à chaque jour, c'est une lutte pour garder notre identité et on cherche les moyens de persévérer, de continuer à faire vivre cette culture-là. (…) C'est fatiguant de toujours se justifier, dire qu'on est deux cent mille francophones, qu'on le mérite, qu'on a le droit à ça… C'est un clou de plus dans le cercueil et c'est vraiment pas quelque chose que l'on veut." – Lucie Boileau, présidente du festival franco-ontarien (M.Proulx)
Je crois que la ville d’Ottawa ne songe vraiment pas à la situation touristique de la région, à l’économie, au travail et aux citoyens. Sans vie culturelle, nous nous retrouverons avec le « Parlement » comme attraction touristique, les gens viennent de partout pour nos festivals, nos spectacles, notre vie culturelle et artistique.
Les coupures budgétaire nous ferons subir un déficit encore plus important, et perdre une richesse de la région innestimable.
C’est toujours la culture qui est le plus touchée par la culture. On se dit que la culture n’est pas vraiment une nécéssité … Pourtant que deviendrons-nous sans vie culturelle? Nous serions des ignorants totals! On se dit que ce n’est pas grave et que les artistes ont toujours mené une vie simple et qu’ils ne seront pas affectés. Demandons au gouvernement de couper sur le budget d’armements et défions ainsi notre ami Bush. La ville coupe sur ce qui fait d’une ville son attraction! Elle coupe aussi des emplois pour devenir une ville morne. Bravo!
La ville d’Ottawa pourrait carrément mettre la clé dans la porte de la plupart des centres de diffusion d’art sous toutes ses formes. C’est ce qu’elle proclame indirectement de toute façon par les mesures proposées. Bien sûr, les dirigeants nous mettront sous le nez le parallèle émotif entre conserver une ambulance ou subventionner les arts ou tout autre parallèle étroit. Mais ce qui nous attire dans une ville comme New York, Montréal ou Toronto, ce n’est pas le fait qu’elles aient de beaux véhicules ambulanciers. C’est plutôt l’aspect vibrant de leur culture. La certitude presque assurée que le fait de se déplacer dans l’une de ces villes nous permettra de découvrir de nouveaux artistes, d’être dépaysé, d’être renversé.
Je suis constamment sidéré de constater le peu de vision de certaines gens et leur facilité à sabrer dans des institutions que des années ont mis à bâtir mais qui peuvent s’écrouler dans le temps de dire: gel des taxes!
Décidément, la culture est malmenée partout ! Pas seulement au Québec, à Ottawa aussi ! Il semble que nos gouvernements s’acharnent à couper dans tout ce qu’ils peuvent, surtout dans la culture qui est pourtant ce que nous avons de plus précieux à exporter, et donc de plus vendeur. Les gouvernements coupent dans tout, sauf dans les subventions octroyées aux petits amis de ceux qui nous dirigent… Scandale des commandites, Auberge Grand-Mère, etc…
À force de raréfier l’espace culturel, les gouvernements veulent probablement tester le point à partir duquel il nous sera impossible de respirer. Ils pourront alors à partir de ce point ajuster leurs subventions au compte gouttes et tenter de s’assurer de l’obédience plus ou moins volontaire de ceux qui en seront les heureux bénéficiaires. Il faut dénoncer ces manoeuvres contre la liberté d’expression qui nous privent d’un oxigène pour l’esprit aussi nécessaire que celui de l’air que nous respirons. Si quelqu’un s’avisait de le raréfier celui-là, il aurait des réactions qu’il pourrait vite comprendre et il n’est pas impossible qu’il en soit de même pour l’espace culturel.
Le gouvernement ontarien aurait-il imité celui du Québec en balancant dans la cour des municipalités plusieurs responsabilités et en diminuant les sommes qui leur étaient allouées. Au Québec les villes ne peuvent pas avoir de déficits, je ne sais pas si c’est le cas à Ottawa. Il est certain que je suis pour l’aide aux organismes culturels mais est ce vraiment la responsabilité des villes, ne serait-ce pas plus du ressors des gouvernements provinciaux. On entend beaucoup parler de juridiction provinciale, municipale et fédérale. Il faudrait statuer à quel pallier de gouvernement revient la responsabilité de subventionner la culture. De toute façon, l’argent provient toujours de la même place, soit de la poche des contribuables.
L’art, la culture et la relève ont besoin d »être encouragés, il serait dommage qu’il n’en soit pas ainsi.
Cette politique démontre l’intérêt que l’on voue, en tant que société, collectivement, à la culture en général….et c’est dommage. En plus de contribuer à l’essort intellectuel d’une région, l’art est une source intarissable d’éducation pour la jeunesse. Aussi, elle pourra contribuer au tourisme et à la notorité de la ville qui est de plus la capitale nationale. Une capitale nationale sans vie culturelle…un peu décevant n’est-ce pas ? Sans compter le nombre d’emploi collatéraux que le tout saura créer. Bref, une politique sous-estimant autant la culture est dangeureuse, et peut jeter un coup dur à la région. Non seulement il est essentiel d’avoir une qualité et une quantité d’art appréciable, mais également, il faut que celle-ci soit accessible. Déjà Ottawa était l’une des villes qui contribuait le moins aux arts et à la culture. En baisser encore le niveau de contribution, on peut s’interroger sur la façon dont les organismes culturels sauront se débrouiller.
Une autre province ajoute sa grogne à celle déja grandissante du Québec. Quel sentiment de rage l’on ressent lorsque l’on constate que nous sommes floués de tout côtés, et ce, sans possibilités de pouvoir se défendre. On réalise alors combien les rêves les plus chers de nos artistes montants se brisent comme autant de promesses électorale.
On demande à nos artistes d’être fiers de leur citoyenneté canadienne, et à la première occasion on les prive de leur minimes subventions, belle facon de les reconnaître.
On coupe a gauche, à droite, on rationne le lait dans certaines écoles que l’on considère comme mieux nanties. On se pavane avec de fausses vérités, on s’enorgueillise de notre statut de ministre pour mieux se taire lorsque la marée monte.
Il est vraiment triste de constater que finalement notre drapeau serait beaucoup plus représentatif avec un dollar déchiré qu’avec sa feuille d’érable.
Comme ils disent si bien, déficit zéro, culture zéro.
Les problèmes sont les mêmes partout! Dès qu’il y a un manque d’argent, la culture écope. Il faudrait trouver d’assurer un financement permanent à l’industrie culturelle: par exemple, en appliquant obligatoirement un pourcentage fixe au montant total des taxes municipales amassées, soit par une partie de la taxe provinciale, soit par une taxe sur le stationnement, ou autres. Mais on ne peut laisser l’industrie vivre d’incertitude et ne pas pouvoir établir une programmation digne de mention parce qu’il y a risque de se la faire couper. Sans compter que ce ne sont pas les artistes qui vivent immensément riches! La plupart ont à peine de quoi survivre. Quant on constate que des millions de dollars sont détournés par des amis des partis politiques véreux, c’est révoltant de voir que pendant ce temps, on peine à donner quelques millions à l’industrie culturelle!
Ceci n’est pas de la publicité, mais une évidence à laquelle il faudrait se rendre.
Le théâtre français d’Ottawa s’anime sous la baguette d’un « enchanteur » depuis à peine six ans. Il est directeur artistique, metteur en scène et professeur de théâtre à l’Université d’Ottawa.
Dynamique et rassembleur, il a mené le Théâtre de la Catapulte au Masque de la meilleure production pour Le Testament du couturier en janvier dernier. Il est parvenu à attirer une grosse pointure dans la distribution en débusquant un oiseau rare.
Shakespeare est l’un de ses maîtres. Cela lui permet d’être un artiste créateur avant-gardiste. Il serait chef d’orchestre que nous verrions la portée de ses moindres gestes. Mais il s’active dans les coulisses.
Ses créations mettent au défi tout ce qui se fait déjà de très bon ici sur la scène culturelle.
Il fait sauter les préjugés qui minent l’image d’Ottawa, en commençant par son aura conservatrice.
Depuis son arrivée, il fait venir l’eau au moulin; ne la lui coupons pas.
Ceci étant dit, son identité importe peu… vous le connaissez!
C’est tellement dommage que les gens veulent sans cesse payer moins de taxes! Personnellement, si on m’assure que mes services se maintiendront et auront une possibilité d’augmenter, je suis bien prêt à payer davantage de taxes! Une grande partie des gens sont prêts à se prendre des assurances et à payer toute leur vie juste « au cas ». Par contre, on ne veut pas payer pour que la ville, la province et le pays puissent offrir une quantité de services qui sont essentiels pour bien des gens. Même si je n’apprécie pas une sorte d’art, je suis content qu’elle existe, car la santé culturelle réside dans la diversité. Il ne faut pas vouloir payer uniquement que pour ce que l’on utilise, car ça mène directement à la perte.
D’un autre côté, les élus devront faire leurs devoirs et assurer une bonne gestion de l’argent que les gens fournissent par leurs taxes. Selon moi, beaucoup de gens seraient prêts à payer plus si on les consultait davantage sur l’utilisation de ces argents. Pourquoi ne pas faire régulièrement des enquêtes sur ce dont le peuple a besoin plutôt que de toujours décider pour lui?