De peines et de misère
Le Caféyé et le Dépanneur Sylvestre présentent une Soirée projection et rencontre sur l'incarcération, avec la documentariste Marie Cadieux et son tout dernier film Sentence Vie. En 1993, la cinéaste produisait Double Tour dans lequel elle traçait un tableau troublant de femmes incarcérées pour de longues peines. Sentence Vie, aussi produit par l'ONF, lui donne suite en suivant cette fois le destin d'une femme, Diane Charron, qui purge une peine de prison depuis 21 ans pour le meurtre d'un inconnu. La réalisatrice remet en question le système carcéral canadien alors que Diane est prise dans la ronde infernale de la prison et de l'hôpital psychiatrique. Marie Cadieux, codirectrice de la collection "Rafales" des Éditions Vent d'Ouest, se considère surtout comme une auteure, elle qui parcourait en 2001-2002 l'Ontario avec la Compagnie Vox Théâtre pour donner un atelier d'animation dramatique sur les difficultés d'apprentissage chez les jeunes. Toujours dans l'Outaouais, la Néo-Brunswickoise de naissance s'est récemment jointe à l'aventure du Dépanneur Sylvestre, où elle a réalisé trois "webdocs" destinés au site Internet citoyen.onf.ca pour "témoigner de la vie vivante et vibrante du Dép". Une table ronde suivra le visionnement avec différents intervenants du milieu, des représentants d'organismes, des ex-détenus et d'autres, qui tenteront de répondre aux questions suivantes: "Comment maintenir un lien humain au-delà des murs de prison?" et "Comment favoriser l'inclusion sociale des personnes vivant en détention avant, pendant et après leur incarcération?" Le 17 mars à 19 h 30 au Caféyé (106, boulevard Sacré-Cœur, Gatineau).
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La fée renouvelée
Photo: Cylla von Tiedemann |
Après un accueil triomphal à Toronto, Cendrillon, nouvelle production des Grands Ballets Canadiens, s'installe à la Salle Southam du Centre national des arts, du 17 au 19 mars prochains. Le conte de Charles Perreault est adapté ici par le directeur artistique et chorégraphe renommé James Kudelka, sur les partitions du ballet de Sergei Prokofiev. Kudelka a mis l'accent sur l'introspection et le pouvoir de transformation de l'amour dans les costumes et les décors Art déco du concepteur canadien David Boechler, inspirés d'Erté. La production veut également dégager l'image superficielle de ce conte de fées pour proposer une lecture plus approfondie de ce récit imaginaire. Dans cette version, la belle-mère et les belles-sœurs sont des banlieusardes arrivistes de la classe moyenne. Les belles-sœurs sont désopilantes et narcissiques alors que Cendrillon reste étrangère au beau monde du bal et se réfugie dans sa solitude. La magie opérera ensuite sous les éclairages mystiques de Christopher Dennis. Renseignements: www.nac-cna.ca.
Voici une bonne initiative de la part du dépanneur Sylvestre et du Caféyé qui orchestre cet événement. Une bonne soirée de cinéma en perspective puisque le film « Sentence Vie » y sera présenté. Comme il est rare de traiter de ce genre de sujet, soit sur l’incarcération à vie d’une femme, je trouve que c’est une raison de plus pour y aller. Un film qui traitera des questions, préoccupations et défis que doit faire face une certaine Diane Charron en milieu carcérale. Un documentaire qui semble être très troublant et intéressant à la fois.
Dans la série Le Négociateur à TVA, des détenus dénoncaient les mauvaises conditions d’hygiène des cellules de la prison. Ce n’est pas d’hier qu’on essaie d’améliorer le système carcéral. Dernièrement, on faisait état des libérations pour bonne conduite (au 2/3 de la peine) sans qu’il n’y est vraiment d’analyse sérieuse du dossier du prisonnier quant à une récidive possible de celui-ci.
Marie Cadieux s’intéresse plus particulièrement au sort réservé aux femmes. Je me souviens qu’il y avait eu protestation de leur part pour que ce soit seulement des gardiennes qui procèdent à leur fouille et non des hommes. Les prisonniers et prisonnières sont des personnes qui font partie, comme vous et moi, de la société à part entière et ils ont le droit de vote comme tous les adultes. Il ne faudrait surtout pas les marginaliser et je félicite la réalisatrice à sensibiliser les gens à l’aide de films produits en collaboration avec l’ONF. Le dur retour à la liberté est un point qu’il ne faudrait surtout pas oublier et de le faciliter dans les meilleures conditions possibles est de notre devoir.
La frontière entre la criminalité pure et dure et les troubles psychiatriques sont souvent fort mal définis. Les frontières sont encore plus nébuleuses au pays de l’Oncle Sam, cette terre de liberté infinie où l’on vous condamne, par exemple, pour 150 ans de taule avec possibilité de libération conditionnelle après 45 ans pour avoir commis le meurtre de ses enfants dans un état mental lamentable: la psychose. C’est ce qui est arrivé il y a quelques années à une mère de 5 enfants (j’ai oublié de quel état), cas célèbre souvent cité ici en droit et en psychiatrie, où l’on ne verrait jamais une telle chose: la maladie peut clairement amener le patient à poser des gestes criminels, dans la mesure où il ne distingue plus la réalité de l’imaginaire. C’est pourquoi je salue le courage de la documentariste Marie Cadieux, qui présente l’histoire d’une femme condamnée à 21 ans de prison, histoire où la criminalité flirte aussi dans son cas avec la maladie mentale…Le débat revient: désinstutionnaliser ou pas ? La prison, ou l’hôpital psychiatrique ?
Le système carcéral est, et a toujours été un sujet de controverse. Les personnes ayant commis un acte criminel doivent nécessairement faire face à leurs responsabilités et payer pour leurs crimes. D’un autre côté, le milieu carcéral n’est définitivement pas un endroit où on peut réhabiliter quelqu’un. Si ce quelqu’un est réhabilitable car je ne crois pas que tout les criminels le sont. Mais pour ceux qui se retrouvent en prison à cause d’un mauvais concours de circonstances et qui veulent vraiment se prendre en main et redevenir honnête, ce n’est définitivement pas un endroit où il est facile de le faire. Ce serait plutôt le contraire, attirant du côté sombre ceux qui veulent survivre dans ce milieu. Et je crois que c’est pire pour les femmes que pour les hommes. Les documentaires présentés au Caféyé et au Dépanneur Sylvestre devrait bien illustrer ces faits.
Mais y a-t-il une solution à ce problème? Ce n’est pas facile d’en trouver une, le problème fondamental étant qu’il est difficile de juger la volonté et les aptitudes des prisonniers à vouloir retourner dans le droit chemin. Si on donne trop de liberté aux détenus pour espérer les réhabiliter, certains individus peu scrupuleux en profiteront pour ressortir et continuer une vie de crime. La situation s’améliore avec des programmes de toutes sortes, mais tout ça coûte cher, et on n’est encore loin du système idéal.