Pop Culture Mauricie

La démocratie des water-closets

Les décisions du gouvernement Charest suscitent beaucoup de déception et de colère chez les citoyens. Les rassemblements à répétition en font foi. Mais jusqu'où l'irritation peut-elle s'exprimer? Quelles sont les limites à ne jamais transgresser? Le dérapage des militants de la Fédération des travailleurs du Québec au bureau de Francine Gaudet à Louiseville a-t-il été banalisé du fait que personne n'a été blessé?

Le 5 décembre dernier, des manifestants oeuvrant sous la bannière de la FTQ ont visité les bureaux des différents députés libéraux de la région. Cette tournée se serait déroulée sans anicroche si quelques mécontents avaient su retenir leurs élans d'agressivité en fin de matinée, cette journée-là. Car, arrivés dans le repaire de Francine Gaudet, certains étourdis ont repris contact avec l'adolescent rebelle en eux. Ils ont alors bouché une toilette, enguirlandé les lieux de papier hygiénique (sans doute un geste délicat pour souligner la venue de Noël!), laissé se vider de toute leur eau les robinets d'un évier, en plus d'apposer des autocollants un peu partout sur les murs. Du beau travail, quoi!

Ce manque de civisme a été critiqué par le conseiller régional de la FTQ-Mauricie, Michel Dupont, déçu de la situation. Toutefois, dans une entrevue accordée au Nouvelliste, il déclarait que cet écart de conduite n'avait rien de catastrophique puisque personne n'avait été bousculé et rien n'avait été cassé. Cette affirmation m'a laissée un peu perplexe. Le fait que "le sang n'ait pas coulé" excuse-t-il une telle attitude? Les manifestants fautifs ont après tout créé des dommages: ils ont vandalisé un lieu de travail et procédé ainsi à une forme d'intimidation. Et oui, ils ont brisé quelque chose, ils ont entaché un processus de négociation. Par leur étourderie, ils ont sans doute coupé l'envie à une voix de parler pour eux, de protester haut et fort contre les projets de réforme. Il ne faut pas être la tête à Papineau pour comprendre que celui qui sème le vent récolte la tempête. En somme, n'y a-t-il que le grabuge dans un hôpital pour enfants qui soulève l'indignation?

Ainsi, le passage des militants à Louiseville tient plutôt de l'anecdote. Il s'ajoute à la liste des événements presque croustillants qui seront oubliés d'ici quelques semaines, ou même d'ici quelques jours. Pourtant, cet incident n'a rien de banal, car il est peut-être le signe annonciateur de réactions qui seront de plus en plus fâcheuses…

La mer à boire?

L'Organisation des Nations Unies a déclaré 2003 "Année internationale de l'eau douce". Des actions ont donc été posées par différents organismes au cours des derniers mois afin de sensibiliser la population à cette ressource naturelle en danger. Quand on vit dans une région où les barrages hydroélectriques poussent comme des champignons, où la passion pour le canot se transmet dans les gènes, il est facile de penser que cette problématique ne nous concerne pas, qu'elle s'adresse seulement aux populations qui subsistent dans les zones désertiques. Et pourtant…

Bien que nous vivions sur un territoire riche en or bleu, certains citoyens font encore des pieds et des mains pour avoir accès à une eau de qualité. On n'a qu'à penser à la récente pénurie de cette ressource à Saint-Élie-de-Caxton, et, jusqu'à tout dernièrement, aux quelque 80 résidences des rangs Saint-Mathieu Ouest, Saint-Michel et Saint-Pierre du secteur Shawinigan-Sud (nous sommes loin des pays du Sahel!) qui étaient privées d'une eau limpide. Mais grâce à la docteure Marie Bonner, qui s'est présentée en pleine assemblée du conseil avec un bocal d'eau brunâtre, il y a un an, et à un investissement de 1 350 000 $, le problème shawiniganais vient d'être réglé par le prolongement d'un aqueduc. Alors, cessons de tout tenir pour acquis; profitons et protégeons cette source de vie. L'année 2003 se termine peut-être bientôt, mais la question de l'eau demeure toujours d'actualité. À nous d'en prendre conscience.