Record urbain
Tout est possible, cela va sans dire… Fréquenté par trois générations de clients, le café-bar L'Embuscade évolue dans le paysage trifluvien depuis maintenant 20 ans. Cela constitue un véritable tour de force, la vie d'une telle entreprise étant habituellement bien éphémère. Son désir de promouvoir la culture en marge d'un cadre sérieux est peut-être à l'origine de son succès… Qui sait? Dès ses débuts, l'établissement de la rue Badeaux se révèle très actif en ce sens: il organise des expositions et présente des spectacles originaux (Susie Arioli, Madcaps…).
Fondé en 1984, le café-bar L'Embuscade a travaillé pour faire sortir l'art contemporain de l'ombre et pour le rendre accessible à ses hôtes. Une ligne de conduite qu'il a toujours conservée. Aujourd'hui, il peut donc se vanter d'avoir exposé les œuvres de plus de 300 artistes. Il a aussi innové en présentant des performances artistiques, des séances de body painting, des jams sessions…
Afin de souligner son 20e anniversaire, le café-bar a organisé une série d'événements artistiques à son image, dont des spectacles de blues, de rock et de musique alternative, qui auront lieu pendant le mois de septembre. Cependant, pour les connaître, il faut rester alerte et surveiller les différentes publicités.
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Cinéphiles en voie de disparition?
Mais où sont passés les jeunes cinéphiles? Depuis quelques années, Ciné-Campus, véritable institution dans le domaine du cinéma de répertoire, remarque que le nombre de ses membres étudiants est en chute libre. Par exemple, l'an dernier, il comptait seulement 180 étudiants parmi ses 2180 membres. Un fait assez paradoxal, lorsque l'on sait que l'organisation a été fondée par l'abbé Cloutier pour les jeunes des différentes institutions scolaires de Trois-Rivières en 1967. L'homme désirait alors éveiller les élèves à la culture cinématographique et les faire voyager. Mission que Ciné-Campus respecte toujours. Pourtant les jeunes ne répondent pas à l'appel. Pourquoi? Les vraies raisons demeurent encore nébuleuses, mais l'organisme situé au Séminaire Saint-Joseph croit qu'il existe un manque en ce qui concerne sa promotion dans les écoles. Ainsi, il tentera cette année un rapprochement avec les étudiants, par l'entremise de leurs enseignants. "Il faut travailler à le faire connaître", soutient Lyne Larose, responsable. "Les jeunes qui s'abonnent restent!" De fait, Ciné-Campus doit répondre à un besoin, car plusieurs de ses fidèles (jadis étudiants) s'abonnent depuis ses débuts. Afin de rajeunir son club, l'organisme invite donc la population à parler de lui. Et question d'être accessible, il offre la carte de membre à 28 $ aux étudiants à temps complet. Un coût des plus raisonnables pour avoir accès à 32 films. Renseignements: (819) 373-4211.
Ce n’est même pas une opinion, c’est une constatation: le café-bar « L’Embuscade » a assez bien vieilli, favorisant toujours la relève contemporaine à une industrie musicale uniformisée, les artistes originaux et peu communs à un circuit de galeries d’art en cercle fermé. Soulignez un anniversaire aussi singulier est loin d’être futile, c’est au contraire une belle marque de reconnaissance pour tous ceux et celles qui y ont posé les pieds ainsi qu’à tous les collaborateurs qui ont cru à un projet « jeunesse » aussi dynamiquement fou. Bravo et bonne route pour un autre 20 ans!
Oui, je dois le dire, je n’ai pas été surpris d’apprendre que le nombre de membres étudiants du Ciné-Campus se retrouvait en chute libre depuis quelques années. Pas que les films qu’on y présente ne valent pas la peine d’être vus, loin de là. Mais c’est plutôt, à mon avis, que ma génération est née à l’ère du Nintendo et des jeux vidéo. Rien ou si peu pour vous ancrer profondément dans les drames et les joies les plus humaines. Un Ciné-club comme celui-ci présente dans la grande majorité des cas des films de répertoire, issus de différentes cultures et représentatifs de divers styles plus ou moins faciles d’approche. En majorité, les jeunes de mon âge préféreront l’action illimitée, les amourettes ultraconvenues et les rires faciles au rythme lent d’un drame allemand, au romantisme ambigu d’un film psychologique japonais ou aux mots d’esprit d’une comédie française verbomotrice. Ainsi, plusieurs cégépiens et étudiants seront agacés par le côté vieillot des « Triplettes de Belleville », nourris qu’ils ont été à la sauce Disney; d’autres seront écrasés sous le poids moral incroyable d’un film dense tel que « 21 grammes ». C’est normal. Enfin, ce ne devrait pas l’être, mais c’est ainsi. Le meilleur mais plus fastidieux moyen de tenter un retour vers la normale serait de réapprendre à souffler, juste un peu, de bonnes bouffées d’air frais. Ça changerait un peu le vieil air du cycle de consommation…
Ici on parle de cinéma de répertoire, de classiques, des centaines de titres qui demeurent ignorés par plusieurs. On délaisse le côté mental pour le visuel, on se satisfait de ce qui demande peu à notre côté cognitif, vive l’obésité visuelle. Les autorités se font menacantes dans leur analyses, la jeunesse ne sent plus le tapis culturel sous ses pieds, elle tombe dans la facilité.
Mais pourquoi pointer le doigt vers la jeunesse comme étant fautive, coupable d’un je m’en foutisme chronique. Cette jeunesse qui par son ignorance serait elle la seule coupable de son propre suicide intelectuel ? Désolé mais bien avant cette jeunesse une majorité d’adultes devrait faire son méa-culpa et porter la honte de cette ignorance.
Qu’il est bon de pouvoir vivre sous le toit de la permessivité, on joue au Nintendo, on regarde la poule aux oeufs d’or, on sourit, la vita è bella. Les parents regardent ceux-ci grandir, ils sont élevés entre un journal de montréal et le Lundi comme lecture de référence. Les voyages sont inexistants sinon un ou deux camion de terre ici et la. L’enfant n’aime pas la lecture et le parent prône le respect et la compréhension. Ma fille et mon garcon détestaient aussi la lecture et ils n’avaient malheureusement pas le choix de se taper la bibliothèque tout les dimanches matin. Le papa compréhensif leur laissait par contre une certaine liberté dans le choix des livres, le but n’était pas de cultiver ceux ci à grand coups de Balzac ou de Proust mais bien de leur apporter un certain amour des mots.
Aujourd’hui on comprend, on se veut conciliant. On respecte les choix malgré notre déception personnelle. Encore une fois l’adulte innove par sa propre ignorance. La culture personnelle de l’enfant se doit d’être développée par le parent. Elle n’arrive que rarement par simple volonté ou curiosité.
Planifiez quelques activités avec vos petits, ils grandirons dans un environnement qui saura à coup sur devenir familier.
Voici quelques pistes possibles pour expliquer la disparition des jeunes du Ciné-Campus. Tout d’abord, se pourrait-il que les films choisis soient intéressants pour les cinéphiles, mais moins pour les jeunes? En effet, on sait que la jeunesse se tourne souvent vers les productions américaines et si la programmation ne contient pas certains films du genre, l’intérêt pourrait disparaitre. À noter que même dans ce genre de films on peut trouver du cinéma de répertoire!
Autre explication possible: la publicité entourant les films. Se pourrait-il que plusieurs jeunes ne connaissent même pas l’existence du cinéma? Ce point semble avoir d’ailleurs déjà été identifié auprès des organisateurs qui pallieront certainement au problème, s’il y en a un.
Bien sûr, il se pourrait aussi qu’avec Internet, les vidéos et surtout les DVDs, les jeunes se tournent vers de nouvelles sources de diffusion. Remarquez que l’objectif, dans ce cas, est quand même atteint. Mais on n’est alors pas certain de la sélection que fait ce jeune public, versus une sélection choisie pour la qualité de son contenu, comme à Ciné-Campus.
En définitive, la meilleure chose à faire serait de distribuer un questionnaire à une centaine de jeunes de la région pour comprendre quels sont les principales raisons de la désaffection. Il sera alors plus facile de réagir de la bonne façon pour corriger le tir.
À l’époque où ce ciné-club fut fondé, le contexte cinématographique autour du Séminaire était certainement fort différent de ce qu’il est maintenant. Il n’y avait certainement pas la profusion de films qui sont maintenant disponibles à la jeunesse étudiante, soit dans les cinémas, soit à la télé. Alors qu’à cette époque le ciné-club représentait peut-être à leurs yeux une forme d’évasion, il en est tout autrement maintenant que l’apparition d’une foule de films issus des avancées de la technologie et de leur introduction au cinéma sous forme d’effets spéciaux en représente un aspect qui est beaucoup plus présent dans leur imaginaire. Oublier ces transformations de la culture revient à refuser de voir que le classisisme est une notion relative comme les autres et qu’elle se modifie au fil du temps. Il est donc inutile de ronchonner sur les mérites de celui-ci en cinéma comme en éducation. L’humanisme doit donc apprendre à composer avec son époque, non pas pour tenter de poursuivre l’atteinte du plus petit dénominateur commun où qu’il se situe, mais pour intégrer les valeurs et les manifestations de la culture qui se font jour au cours des époques. Bien des murs sont tombés autour de la culture au Québec depuis l’avénement de ce ciné-club et il faut croire que ceux qui entouraient jadis ce concept en ont fait autant.
Il n’y a pas si longtemps, on criait aux loups à cause de la circulation de films sur Internet. Pourtant, l’industrie du cinéma n’avait pas vraiment à s’inquiéter puisqu’il fallait des heures, et même des jours pour télécharger un film qui se révélait de piètre qualité, hachuré, avec une mauvaise synchronisation. Les cinémas avaient donc encore de beaux jours devant eux car les vrais amateurs ne pouvaient tolérer une telle médiocrité.
Mais attention ! Les choses ont radicalement changé depuis quelques temps ! Les ordinateurs sont de plus en plus performants et de moins en moins chers, la qualité des DIVX disponibles via emule ou bittorrent est meilleure de jour en jour et il y a de nombreux films presque aussi bons qu’un vrai DVD qui s’échangent gratuitement sur la toile. Certes, il faut toujours de nombreuses heures pour télécharger un film de 700 MO, mais ceux qui le font laissent simplement leur ordinateur allumé la nuit et laissent le temps faire les choses. Et quelle est la solution que l’industrie du cinéma a choisie pour contrer le phénomène ? La même que celle prônée par l’industrie du disque ! Augmenter les prix ! Une place de cinéma coûte plus cher qu’il y a quelques années, n’incitant guère les jeunes à se rendre dans les salles. Idem pour la musique. Avant le phénomène MP3, les nouveautés se vendaient à environ 13 $, alors qu’il nous en coûte aujourd’hui 3 ou 4 $ de plus.
Je le dis et je le répète : tant que l’industrie du spectacle continuera à se mettre la tête dans le sable et à refuser obstinément de suivre la logique consistant à baisser ses profits faramineux pour inciter les gens à acheter des disques et des places de cinéma, l’avenir passera par la gratuité sur Internet et la mort lente desdites industries. À elles donc de ne pas répéter leurs erreurs du passé lorsqu’elles avaient lamentablement sous-estimé les internautes !