Délire d'escribains
Le Festival international de la poésie (FIP) semble un délicieux prétexte pour expérimenter de nouveaux concepts. C'est sans doute la raison pour laquelle l'artiste Louise Paillé, invitée par la Galerie d'art du parc de Trois-Rivières, s'est vu proposer de partager son espace d'exposition avec un poète. Adorant le travail d'équipe, elle a accepté la suggestion, mais à une seule condition: cette association spontanée ne devait pas être un simple jumelage, elle devait devenir une collaboration dynamique. Ainsi est né Délire2: la mathématique de l'escribain. De l'escribain? Imaginé par Carl Lacharité, poète "marié" à Louise Paillé le temps du FIP, ce terme composé des mots scribe, écrivain et escrime fait référence au duel engagé entre l'écriture, la forme plastique et l'image.
La combinaison du talent des deux artistes trifluviens a engendré une série de mutations du texte Le Passage de L'Indiana de Normand Chaurette, des transformations créées à l'aide de règles précises (addition, soustraction, division, multiplication), à la manière de l'OULIPO. Installées dans trois pièces différentes de la galerie, les œuvres finales peuvent être touchées sans gants par le public. Il faut cependant faire l'effort de grimper sur un escabeau pour les contempler. Pierre Bruneau, Ekymose Laviolette, Monique Juteau et Jean-Pierre Gaudreau s'ajouteront en tant qu'escribains lors d'un happening le 7 octobre. Ils réaliseront chacun une courte performance.
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La mort vous va si bien
Érick Laprade, connu en région pour son travail de démocratisation de la musique jazz, organise Mortel, un spectacle multidisciplinaire dans le cadre du Festival international de la poésie. Présenté le 5 octobre à la Maison de la culture de Trois-Rivières, l'événement aborde une thématique qui fascine le percussionniste depuis longtemps: la mort. Fuyant son côté morbide, Laprade a surtout voulu faire miroiter le mystère et la puissance de cette dernière. Il s'entoure ainsi des poètes Jean-Paul Daoust, avec qui il collabore pour la quatrième année, et Yves Boisvert. Les deux hommes réciteront des textes écrits spécialement pour le show. Leurs voix se mixeront à des pièces originales et à des œuvres de Messiaen, Carl Orff et Stravinski. En fait, ils seront accompagnés de quatre musiciens, soit Stéphane Milot, Martin Bournival, Philippe Roy et Érick Laprade lui-même. La représentation se divisera en deux actes. Elle racontera d'abord la mort, puis elle tombera dans un univers un peu plus vaporeux, les limbes. La cinéaste Carolane St-Pierre participera aussi au spectacle. Elle projettera sur grand écran certaines de ses créations qui suivront le rythme, le débit de Mortel. Un produit très contemporain.
Célébrer la poésie, d’ailleurs et d’ici
De chez toi, de chez nous
S’attarder sur le pouvoir d’évocation des mots
Celui que l’on sait et celui qu’on ignore
Allier sa puissance et sa force de frappe à la passion d’autres artistes
Marier les disciplines, le pinceau et la rime
Pour que naissent des étoiles
Qui brûlent plus qu’un instant
Et puis se buter à la mort
En faire l’unique décor
D’une ville qui étouffe de métaphores
S’y arrêter un moment, ne serait-ce que pour réfléchir un instant
Et tous ces mots qui sont lancés en l’air
Pas insignifiants pour une miette
Se rejoignent au zénith de l’inspiration
Bon Festival !
Les poètes ont souvent été des êtres incompris et qui n’étaient pas appréciés à leur juste valeur. Les temps ont changés et la poésie est de plus en plus apprécié par un grand nombre de gens et même par les jeunes. Notre société fait de plus en plus de place à la poésie et de plus en plus de festival y rendent hommage. Il n’y a pas de plus belle manière que de s’échapper que de jongler avec les mots en créant un nouveau sens aux mots! J’adore le poésie et je suis très heureuse de voir que la poésie a de plus en plus de succès.
De temps à autre il y a ce je ne sait quoi qui nous attire, ces quelques mots qui croisent notre regards et attisent notre curiosité. « la mort. Fuyant son côté morbide », défi interéssant s’il en est un, comment dissocier la mort de son côté sombre lorsque celle-ci demeure uni-dimensionnelle.
Comment expliquer l’intérêt que l’homme porte à la mort depuis le tout début des temps. Tant d’intérêt envers un sujet qui demeure totallement inconnu. La mort, cette dame à la faux qui malgré son inconnu nous effraie à la seule mention du nom.
La thématique abordée par Érick Laprade est très intéressante de par son originalité et surtout par l’abstraction qu’il semble vouloir apporte au sujet.
La mort est elle si néfaste que nous semblons le concevoir ?
« Vivre est une maladie dont le sommeil nous soulage toutes les 16 heures. C’est un palliatif. La mort est le remède. » Chamfort
On peut s’attendre à tout en poésie, on est toujours surpris..
Parfois surpris de la simplicité de la chose, des mots si courts si clairs,
d’autres fois ce seront des mots durs, des mots forts, ou encore des mots tout doux tout subtils.
Peu importe on en sera touché, bouleversé, chamboulé.
On ne peut être insensible en poésie. Il y a quelquechose qui se passe
J’aime bien aussi quand on parle de lecture de poésie, car alors on a les accents de celui qui rend le texte. Et si par ailleurs il s’agit de leur auteur, on y ajoute tous les accents du coeur de celui dont l’âme s’est mise à nu.
Un festival de poésie prends toutes sortes de formes…..donne des ailes et des tits goûts de revenez y.
Le festival de poésie de Trois-Rivières a décidé de camper du côté des alchimistes, de ceux du verbe et de la couleur dont les combinaisons mathématiques ne souffrent pas d’équations, qu’on les additionne ou qu’on les soustraie, qu’on les multiplie ou qu’au contraire on les divise, et dont jamais le compte ne sera prévisible. C’est à ces jeux d’escribains que reviendra donc l’honneur d’initier ces alchimies du verbe et de la couleur, sans bien connaître au départ quelles seront celles des voyelles à qui il faudra confier telle couleur, mais que les curieux pourront tenter de reconnaître pour leur compte s’ils osent gravir les escabeaux qui les mèneront vers ces constatations. Tout compte fait, ce délire est peut-être beaucoup plus raisonnable qu’il n’en a l’air au départ, puisqu’au royaume des arts, bien des combinaisons sont possibles. Quant à la présentation des alchimistes du verbe et des sons, elle a déjà donné ses couleurs puisque l’on sait déjà que c’est Messiaen, Orff et Stravinski qui en fourniront la palette. Là aussi les calculs mathématiques ne permettent par contre de ne rien prévoir, puisque le spectre de la mort n’y sera présent que comme un contre-point à la célébration de la vie et que le coeur qui en sera le seul comptable sait qu’il a ses raisons que la raison ne connait pas.