– Tu faisais quoi tout c’temps-là? On t’a perdue. Mais t’es pas la seule. Y sont tous partis. Y a rien icitte, comme y disent. Avant, on s’cassait pas la tête avec la grand-ville. C’était ben loin et on croyait à notre coin. Y sont tous partis. Pas un par un; par centaines, qu’y s’en vont. Ils nous laissent là, sans penser que c’t’icitte qu’y sont nés. Y vont-tu r’venir, tu penses?
J’ai quitté Jonquière il y a 12 ans. Je reviens maintenant à Ville Saguenay. Les fusions ont changé le nom de ma ville natale. Et les impacts? Tout nouveau tout beau pour moi. On verra. Après seulement une semaine de résidence permanente, je ne peux pas me prononcer sur les changements que l’on a apportés à ma région. Mais déjà, je constate une chose, au moins un avantage. On peut être plus nombreux à se faire entendre, à se faire voir et à débattre nos idées, à être ensemble pour défendre notre royaume.
Revenir ne se décide pas si facilement. On dit tellement qu’il n’y a pas d’emplois ici qu’on y pense à deux fois avant d’y ramener ses pénates. Des raisons personnelles poussent à faire ce choix. Il y a aussi les causes sociales, économiques et culturelles qui sont en avant-plan. Il faut vouloir défendre sa patrie pour y revenir, il faut y croire. Je suis revenue pour une seule chose: prouver à mes nouveaux voisins de rue, de région, de province, voire de pays, qu’on est toujours sur la map.
Je crois qu’il ne faut plus parler d’exode mais plutôt de retour. Il faut discuter de la force d’une population. Je pense qu’il faut arrêter de dire qu’il n’y a pas de travail ici et avoir l’esprit ouvert. Il faut foncer et créer. Il faut aussi permettre aux expatriés de redécouvrir leur région. Il faut leur montrer que notre économie se développe autour de plusieurs secteurs importants de la vie québécoise.
La culture prend aussi de plus en plus de place chez nous. Les talents naissent ici, mais il faut savoir les garder et les encourager. Le journal Voir veut justement en parler afin de permettre à la population de se rassembler autour des événements culturels de la région. Avec son mandat régional, Voir se veut un tremplin pour ce qui pourrait devenir un "gros roulement économique culturel".
Et de l’extérieur ?
Les grandes cities n’ont rien de plus que nous. Les gens marchent trop vite, ils oublient de sourire, de "prendre l’air". Mais les "urbains" parlent beaucoup de nous. On n’a qu’à faire mention de nos origines saguenéennes à ces "genses" et, tout de suite, on est vu comme une personne créative et fonceuse. Malheureusement, c’est de l’extérieur que l’on porte un regard positif. Il est temps de parler de nous-mêmes ici même. Que l’on se dise: "Eh! y a des choses à continuer, des choses à construire et à découvrir." Je suis revenue pour y croire. Je suis ici pour travailler, pour participer au roulement économique et pour vivre dans MA région.
Je profiterai de cette tribune pour vous offrir mes idées, mes réflexions ainsi que mes opinions positives ou négatives. Je ne détiens pas la vérité sur les enjeux majeurs de la région. Je ne prétendrai jamais que mon opinion est la seule valable et intéressante. Mais c’est la mienne. Les propos que je tiendrai dans cette chronique n’engagent que moi et moi seule. C’est à vous d’en parler, d’y croire, d’en débattre ou de faire comme si je n’existais pas. Et c’est à vous aussi de réagir par l’entremise du courrier du journal Voir Saguenay-Alma.
Mais une chose est sûre, je détiens tout de même une vérité aujourd’hui, et personne n’osera me contredire: oui, on peut sortir la fille du Saguenay, mais la région ne sortira jamais de la fille!