– Oui, madame, c’est le journal Voir, comme dans six autres régions de la province, mais avec notre contenu, notre vision de la culture au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Oui, oui, notre mandat est de couvrir l’aspect socioculturel.
– Non, monsieur, je ne parlerai pas de sport à l’état pur. Non, monsieur, je ne prendrai pas position sur la politique régionale.
Je les attendais de pied ferme. Vos commentaires, vos félicitations, vos dépréciations et vos demandes. Je les attendais avec appréhension mais aussi avec hâte, vos réactions sur un nouvel hebdomadaire dans la région. Du positif, que du positif! Tout le monde est content? C’est bien. Des réactions négatives? Aucune. Pourquoi? Aucune idée! Les gens de la région avaient besoin d’une source de référence culturelle.
On m’a dit que j’avais raison de vouloir parler de retour plutôt que de parler d’exode. On m’a dit que c’était bien d’inciter au développement et de ne pas m’attarder à des guerres de clocher. On m’a dit: "D’accord pour que l’on travaille ensemble à encourager notre culture, les artistes de notre région."
La première du journal Voir a été bien accueillie. Espérons qu’il en ira de même pour les autres parutions. Le Voir, c’est une fois par semaine, le jeudi. Mais conservez-le! Qu’il devienne la référence pour vos sorties dans la région. Je vous invite aussi à aller consulter le site Internet et à nous faire part de vos commentaires. Positifs ou négatifs, allez-y! Ils ne pourront être que constructifs pour notre publication, pour nos artistes! Si tout le monde dit toujours que c’est tout beau, tout gentil, rien ne sera amélioré.
Autre temps, autres mœurs
J’avais tant de choses à raconter. Tant de choses aberrantes que j’ai pu observer durant mes premières semaines passées dans la région. Mais comme je me sens gentille aujourd’hui, je ne dénoncerai personne ni aucune société ou organisation.
Un fait mérite cependant que l’on s’y attarde. Et je vous le dirai le plus poliment possible, sans vouloir offusquer personne. S’il vous plaît, ne croyez pas tout ce que vous voyez à la télé!
Vous avez vu, on parle des Bougon cette semaine. Cette série a soulevé un tollé chez certains sans-emploi. Eh bien je vous dirais: Si le chapeau vous fait, mettez-le! Mais personnellement, je pense qu’aucun membre de la collectivité québécoise ne ressemble aux personnages imaginés par François Avard.
Il y a toujours eu des réactions néfastes à ce que l’on montrait à la télévision. Mais comprenez aussi que la mission principale de ce média est le divertissement! Outre les documentaires et les reportages, celle-ci nous présente généralement des émissions de FICTION, des histoires INVENTÉES.
Les scénarios sont tirés de faits vécus, certes, mais les histoires sont ROMANCÉES! Comprenez-le bien! Depuis 1952 que la télévision existe au Québec. Vous ne vous êtes pas encore faits à l’idée que c’était de la création, des trucs sortis de l’imaginaire?
Les gens sans travail se sentent visés par les Bougon. C’est vous? Êtes-vous assis sur le bord de votre fenêtre à attendre le facteur pour lui acheter les chèques de pension qu’il livre? Laissez-vous traîner votre vaisselle durant un mois? Oubliez-vous de vous laver? Nourrissez-vous vos parents de médicaments et de bière? Si ce n’est pas votre cas, pourquoi considérer que ces personnages brossent le portrait de votre vie? Pourquoi craindre que l’on vous associe à cette fiction? Vous n’êtes pas comme ça, alors pourquoi avoir peur que l’on pense ça de vous? Les gens sensés savent bien que c’est un téléroman. Ce qui serait plus à craindre, c’est que cette série donne des trucs pour contourner le système. Mais qu’est-ce que vous voulez, on voit bien ce que l’on veut voir.