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Pop Culture

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Cette semaine, comme chaque automne depuis huit ans, tout le Québec vivra intensément trois jours de blitz culturel. La comédienne Sylvie Moreau est porte-parole des Journées de la culture, qui se dérouleront cette année du 24 au 26 septembre partout à travers la province. Ces journées veulent créer l’occasion, pour la population, de rencontrer les artistes, les artisans et tous ceux qui travaillent dans le milieu culturel. Ces trois jours deviennent le prétexte idéal pour voir de près, pour voir autrement ceux qui, par leur art, œuvre par œuvre, forgent notre identité. Côté culture, notre région n’est pas en reste. Malgré certaines incompréhensions et plusieurs coups durs provenant du monde politique, tous paliers confondus, il paraît que le vent semble vouloir souffler, enfin, du bon côté. Les initiatives culturelles, qui se multiplient d’un bout à l’autre de notre grande région, donnent l’impression qu’un essor artistique est en cours. Ici, comme dans les autres régions d’ailleurs, ces trois jours seront bien remplis. De l’atelier de l’artisan à l’Orchestre symphonique, des tas d’organismes culturels ont tout mis en oeuvre pour rendre ces journées sexy, indispensables et inoubliables.

Notamment, à l’Anse-Saint-Jean, l’artiste engagé André Bouchard ouvre sa maison-galerie aux visiteurs qui pourront zieuter tout à leur aise des œuvres d’artistes québécois, tels les Jean-Paul Lapointe, Armand Vaillancourt ou Bernard Hamel, mais aussi voir le travail d’André Bouchard, qui a entrepris de peindre les murs de sa maison. Bien sûr, on pense automatiquement à Arthur Villeneuve, mais "l’homme des cavernes peignait sa grotte", nous rappelle aussi l’artiste. Réputé pour son développement culturel, le petit village de l’Anse-Saint-Jean propose plusieurs autres activités; un petit voyage dans le Haut-Saguenay ne sera pas perdu.

Plusieurs musées font des journées portes ouvertes avec animations spéciales. C’est le cas du Musée Louis-Hémon, du Centre national d’exposition et de la Pulperie. Les bibliothèques publiques rivalisent d’originalité pour intéresser la population. Par exemple, à celle de Jonquière, qui travaille en collaboration avec l’Atelier de musique, cet art est à l’honneur. Ou encore, à Alma, des ateliers et des démonstrations autour du verre et des vitraux sont proposés dans la journée de samedi. Il faudra suivre Excès de vitrine au centre-ville de l’arrondissement Chicoutimi ou assister à la démonstration et participer au réchauffement des artistes de l’École de danse Le Prisme culturel.

Dans les parcs aussi bien que dans les lieux de travail, d’une activité à l’autre, l’investissement de temps, d’énergie et d’ingéniosité est à applaudir. Devant ce déploiement et ce foisonnement de culture, on ne peut que s’en lécher les babines et en profiter. Tout en souhaitant que, dans un avenir prochain, chaque jour ait son moment consacré à la culture, que chaque artiste puisse vivre décemment de son métier et que chaque organisme culturel soit reconnu à sa juste valeur comme l’acteur majeur de développement qu’il est. Trois journées pour la culture, c’est bien, mais 365, c’est beaucoup mieux.

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Curieux chagrin
Bruno Gauthier se définit comme un écrivain autodidacte. Écrivain parce que l’écriture remplit sa vie et autodidacte parce qu’il a appris, il apprend, tout seul. Enfin, pas tout à fait seul puisque ses maîtres à lui sont les plus grands. "Le truc, c’est de lire, lire et lire", confie-t-il. Lire les classiques, ceux dont l’œuvre traverse le temps et les frontières, voilà son école. "Ceux qui perdurent sont ceux qui osent leur propre pensée, ceux dont le style ne se fige pas, mais dont on sent la richesse et l’évolution d’un texte à l’autre", pense M. Gauthier. Inspiré par ses mentors et percevant un besoin, un trou, un manque dans la littérature jusqu’à nos jours, Bruno Gauthier s’est reclus dans son chalet pour pondre ce curieux de petit bouquin. Chagrin d’amour. Jusqu’où doit-on souffrir d’avoir aimé – suivi d’Éloge de la complicité amoureuse – est un livre de psychologie peu banal. "J’ai écrit mon livre avec un constant souci littéraire, explique l’auteur. Dans ma démarche, j’ai cherché à faire le maillage entre la concision, le pragmatisme, la justesse de chacun des mots, l’esthétisme littéraire et le style. Ça m’a pris six mois avant de trouver le mariage idéal." Le résultat est, disons, surprenant. "C’est sûr que ça heurte, mais je pense que la logique est solide. C’est un grand risque que j’ai pris parce que j’y expose ma propre pensée, mes propres théories. J’ose des réponses concrètes. J’ai tort ou j’ai raison, le temps le dira", avance l’autodidacte. Le petit livre est donc un essai à la fois psychologique et philosophique, écrit dans un style qui tranche avec les best-sellers de "psycho pop" si en vogue. Le livre, édité par l’auteur lui-même pour que personne d’autre ne change une ligne, sera distribué dans tous les magasins Archambault et Renaud-Bray, succursales y compris; un exploit, paraît-il, pour un écrivain si jeune.