Les métamorphoses du diable

"Il y a bien longtemps, le Diable allait à la chasse. La chasse aux âmes. Comme un chasseur, il était à l’affût, guettait ses proies. Il suivait à la trace ceux et celles qui s’écartaient du droit chemin et s’adonnaient à la danse. Car la danse était défendue par les évêques et les curés, qui y voyaient une "occasion prochaine de pécher" et la source des pires déchéances. Dans la danse, à leurs yeux, les corps, emportés par le rythme, entraînaient les âmes affolées dans un tourbillon où elles se perdaient. La danse était le domaine du Diable et, partout où il y avait des danseurs et des danseuses, il apparaissait sous la forme d’un animal ou d’un homme.

Les formes animales qu’affectionnait le Diable étaient surtout celles du cheval et du chien noir. Par exemple, alors qu’un homme revenait un soir de danser, un beau cheval survint, s’arrêta, le laissa monter sur son dos puis s’élança au grand galop vers un cours d’eau. Notre homme n’eut que le temps de crier "Mon Dieu!" et de se jeter dans la boue pour éviter d’être emporté en enfer par le Diable.

Les métamorphoses du Diable n’ont pas de limites. Au Lac-Saint-Jean, il se transforma en couleuvres. Les beaux soirs d’été, garçons et filles avaient coutume de se rendre sur une île en face de Roberval. Ils ne se vantaient pas trop des activités de plein air qui occupaient les veillées. Il semble qu’ils dansaient, car on entendait parfois le son d’un violon monter des buissons. À plusieurs reprises, du haut de la chaire, le curé lança des avertissements et défendit même de retourner dans l’île, mais il ne fut pas écouté.

Un soir, des étrangers, mystérieux comme tous les survenants, vinrent danser puis disparurent. Mis au courant, le curé menaça ses ouailles: ils allaient assister à une éclatante manifestation de "la colère divine"; elle ne se fit pas attendre. Malgré tous les conseils, admonestations et défenses, les danseurs et danseuses retournèrent danser sur l’île et le Diable prit la forme de milliers de couleuvres, qui les ont attaqués et les ont même poursuivis jusque dans les chaloupes. Depuis, l’îlot est devenu "aride, dur et sec" et les gens de Roberval l’ont baptisé l’Île-aux-Couleuvres."

Le 20 octobre dernier, Lucifer a montré ses cornes et le bout de sa queue lors d’une soirée conférence qui se déroulait au Musée du Fjord en compagnie de Jean Du Berger, ethnologue et chercheur réputé, mais surtout conteur hors pair. En cette veille de l’Halloween, vous venez de lire un mince extrait des propos de M. Du Berger. Vous pensez fêter l’Halloween? Prenez garde, on vous surveille!

QUELLE HORREUR!

Des tonnes d’activités toutes plus horrifiantes les unes que les autres sont prévues cette fin de semaine à la gloire du macabre. On note entre autres la Soirée monstre de l’Halloween, le samedi 30 octobre à la Saguenéenne, une reprise du party qui a eu lieu la semaine dernière au Village fantôme de Val-Jalbert. Au programme: sons et effets spéciaux, animations théâtrales, parade de mode de fantômes, prix pour les costumes, etc. Pour info: www.54aventure.com.

La sorcière du Zoo sauvage de Saint-Félicien a perdu la recette de sa potion magique. Les familles sont donc invitées à venir l’aider à retrouver tous les ingrédients, dispersés dans les sentiers du Zoo. Plusieurs personnages seront là pour donner des indices et raconter des légendes effrayantes. Visitez le Laboratoire de l’horreur ou encore la Vallée des morts vivants! Les samedi 30 et dimanche 31 octobre, de 9 h à 18 h 30.

Le samedi soir, le Zoo convie les plus braves à une soirée lugubre. Une Excursion maléfique nocturne dans des sentiers peuplés de spectres et d’ombres, sans compter le regard perçant des animaux habitant les bois des alentours. Pour gens avertis seulement! www.borealie.org.