Pierre McNicoll (1941-2004)
décédé subitement le mardi 30 novembre dernier. Il laisse dans le deuil des gens l’ayant côtoyé dans différents domaines, tels les arts… La comédienne Danielle Grégoire, qui l’a dirigé notamment dans À la recherche d’Elvis et Dialogue Nord-Sud, lui rend ici hommage…
Quand Pierre chantait Love Me Tender, personne ne résistait dans la salle. Pierre chantait "Love me tender" partout, "Love me do…" dans tout ce qu’il faisait, dans tout ce qu’il était… Son charisme était lumineux. One of a kind. Un p’tit gars de la basse-ville, que l’Outaouais avait fièrement adopté. Pierre nageait glorieusement d’une langue officielle à l’autre, d’une rive à l’autre. Tellement convaincant dans un rôle d’écœurant. Une vedette nationale du National. Pierre McNicoll, c’était Goldman… aussi beau que méchant. On aimait l’haïr. La fierté de toute la région. Notre vedette, notre icône à nous.
Un homme de cœur, spirituel et sensuel, secret, sage et fou… fou raide… Audacieux, bon enfant et délinquant. Frivole et profond. Complexe et simple. Riche, vivant, brillant!
Ces derniers jours, j’ai entendu souvent: "Papa serait tellement fier si je faisais…" C’est touchant de voir combien on reconnaît Pierre dans chacun de ses enfants.. Les enfants de Pierre souhaitent tous être à la hauteur des aspirations du père…
Leur père, fier comme un paon, comme un prince… un King!
Pierre McNicoll… Digne comme un roi. De la classe, racé, musclé, dans l’allure comme dans le propos. Maître de cérémonie par excellence. McNicoll… l’excellence, la maîtrise, du style, du goût, du charme, de la prestance. Un humble grand homme, ou plutôt, un Homme, un pur, un doux, un dur… un vrai.
Le Bogart de l’Outaouais!
Excessif, affamé… Une vie comme des montagnes russes. Des coups durs, des descentes aux enfers, mais des remontées fulgurantes… triomphantes. Des coups d’éclat. Patience. Bûcher dur pour remonter la pente. Le cœur au beurre noir. Des déchirures, des réconciliations, et malgré tout, malgré tout… toujours debout. Pierre McNicoll… debout bien droit, la tête dure et haute, dans la joie comme dans la douleur.
Pierre McNicoll… toujours dans l’honneur.
Exaltant, excitant. Te grisant d’oxygène et d’adrénaline, tu voulais mourir en santé, Pierre. T’as réussi… en santé, dans l’activité physique. À la Sporthèque que tu appelais ton "puits de ravitaillement" depuis 24 ans. Et le golf, la lecture, la bonne chère, la musique. Celle de ton fils Stéphane. On suivait tous l’évolution de la carrière du plus jeune. C’était comme un feuilleton qu’on suivait…
Pierre savait raconter. Il aimait parler… comme un massage pour l’oreille… Il syntonisait le poste de son cœur. Il se branchait sur la bonne, la vraie fréquence.
Et les mots coulaient à flots de sa voix chaude, douce, accueillante, réconfortante… Il parlait. Il écoutait aussi… à sa manière. Did it my way… Pierre!…
Et quel chemin! Your way, Pierre, your way…
Comme quand tu chantais, à la fin de ton tour de chant, I Did It My Way… Tu te rappelles, dans un idéal de production, avec un gros budget, on voulait que tu disparaisses dans un grand flash de lumière, qu’il ne reste plus que ton costume d’Elvis par terre et que tu quittes ton enveloppe, parce qu’après ta chanson I Did It My Way, grand testament musical, il ne te resterait plus rien à dire, plus rien à faire…
T’as tout fait, tout essayé, ou presque: radio, télé, théâtre, cinéma, nouvelles, animation, narration, fiction, chanson, voyage. Les bons comme les mauvais coups, avec autant de plaisir, d’audace, d’appétit, de gourmandise.
Sage… McNicoll… gentleman… bum. Bel homme…
La caméra, les planches, le public, les gens de la Sporthèque, les auditeurs, les amis… tout le monde t’adorait parce que t’étais beau, Pierre… De cette rare beauté dont certains privilégiés ont l’héritage.
Une beauté qui vient du cœur. Une beauté qui irradie. Quelque chose de mystérieux dans les yeux, dans la voix. Une pureté. Un trésor.
Pierre McNicoll… éternellement jeune, présent, vivant.
Tellement d’amour reçu. Tellement d’amour donné. Tu nous as fait un bon coup de théâtre… Le rideau se baisse ici alors qu’il me semble entendre les 13 coups de bâton qui t’appellent en scène pour un autre grand show.
The Wonder of You… Tu chantais: "And when you smiled the world was brighter". T’avais ce pouvoir-là, Pierre…
The Wonder of You. Celle-là, c’était pour ta Lucie, la perle de ta vie, your number one fan, une épouse amoureuse et dévouée, une mère extraordinaire… mon amie.
Vendredi dernier à la télévision, c’est dans l’émission Francœur que tu faisais tes adieux… Wonder of you…
Il y a 13 ans, t’avais répété ta mort, comme acteur. Une répétition de ta mort qui avait changé ta vie. Et quelle vie! Inspirante, exaltante, et malgré tout, malgré tout… Une vie à ton goût … "I did it my way…"
"And now the time is here…and so I face the final curtain."
Maintenant, c’est l’heure des saluts, Pierre. Incroyable, le show de ta vie.
A la basilique où tu avais une relation toute particulière avec Dieu et les tiens, le rideau se baisse sur ta vie…
Curtain call, comme on dit. Et c’est l’ovation debout, Pierre.
Un grand salut pour un Grand…
On t’aime, Pierre…
"For I can’t help falling in love with you…"
Salut…
Ton amie, Danielle