Chimères, Deuxième regard sur un festival
En parallèle et en complémentarité avec l’exposition Les Outils de Dédale qu’il présente au CNE, Pierre Dumont a accroché sur les murs d’Espace Tryptik une série d’œuvres, regroupées sous le thème Les Ailes d’Icare. Pour ceux qui en ressentent le besoin, voici un cours de mythologie en accéléré: Icare est le fils de Dédale. Père et fils ont été enfermés dans le Labyrinthe, construit sur commande par le paternel afin d’y tenir prisonnier le Minotaure. Pour s’en échapper, les deux hommes se fabriquent des ailes de cire, mais pris d’euphorie, Icare s’approche trop près du soleil, qui fait fondre les ailes, précipitant le fugitif à la mer. Du mythe du Labyrinthe, on pourrait parler encore longtemps, toute une vie même.
Les œuvres qu’a choisi de réunir Pierre Dumont ont toutes été déjà utilisées dans le cadre d’expositions antérieures, mais elles revêtent comme un gant ce nouveau thème qui les chapeaute. Des couleurs terre, des bruns, des beiges, des tons rougeâtres, orange brûlé et du noir habillent des pièces massives, le plus souvent confectionnées avec – ou dans – des matières organiques, des souches, des coquillages, des feuilles d’automne, des branches. Des couches de goudron, des taches de peinture, de la grosse colle se superposent, s’amalgament et côtoient la fragilité du papier patron presque translucide, de frêles branches, de tout petits objets.
Icare était humain, organique, mortel et doublement prisonnier, de son corps et du Labyrinthe. Ses ailes artificielles lui ont permis, l’espace d’un instant, de s’élever plus haut, trop haut. Tout ce qui monte retombera.
ooo
Deuxième regard sur un festival
Cette année, afin d’être fidèle à ses origines, le Festival REGARD propose un nouveau volet-concours qui s’adresse tout spécialement aux réalisateurs de la relève. Pour sa première édition, Tourner à tout prix! a reçu près d’une cinquantaine de films de partout au Québec, dont plus du tiers provient de réalisateurs de la région. Boran Richard est l’un de ceux-ci; il a soumis au festival son film Écoulement.
"Entre 20 et 25 ans, j’ai fait n’importe quoi sauf de l’art", raconte le principal intéressé. Après s’être découvert une certaine fascination, une réelle attirance, pour tout ce qui touche l’écran, Boran cherche un programme d’études en cinéma qui serait fait pour lui. "J’aimais l’énergie des régions, j’ai trouvé une réponse dans le bac interdisciplinaire en arts de l’UQAC. Pendant trois ans, j’y ai mis beaucoup d’énergie. J’étais un peu partout, j’allais tout voir, simplement par intérêt." En sortant de son bac, le jeune homme s’est consacré à mille et un projets personnels, notamment dans le cadre des deux Sentiers des milles mémoires à Séquence. Le court métrage Écoulement découle justement du deuxième Sentier.
"C’est un film poétique sur l’"impermanence" des choses. C’est l’histoire d’une rencontre, d’une passion et d’une fin." L’artiste insiste sur l’idée de la rencontre, même dans la fabrication du film. "Pour moi, la manière de travailler est aussi importante que le résultat. J’ai travaillé avec des gens avec lesquels j’avais envie de travailler!"
Les films sélectionnés seront présentés le 26 février à 15 h à l’Auditorium Dufour.
N.B. REGARD cherche encore des bénévoles: 698-5854.