«Ils ont voté. Et puis, après?» demandait sagement Léo Ferré. On devrait toujours écouter les poètes. Qu’y aura-t-il donc, en effet, après?
Pour ses nombreux acteurs et partisans, dont je suis, c’est au printemps érable, à l’aune de cette formidable onde de choc qu’a connue la société québécoise, que les résultats des élections d’hier doivent être examinés.
Le bilan de ce mouvement n’est pas négligeable: il a inscrit de nouvelles aspirations politiques à l’ordre du jour, il a fait émerger de nouvelles solidarités au sein de la société québécoise et mis au jour des fractures sociales dont beaucoup ignoraient l’existence. Mais par-dessus tout, ce puissant révélateur a fait découvrir à de nombreuses personnes le – et non pas la – politique.
Le défi est aujourd’hui d’inscrire tout cela dans la durée et donc de faire en sorte que les grandes eaux du politique ainsi libérées ne soient pas endiguées, ni par la répression, ni par le découragement, ni, bien entendu, par la politique. Que nous disent de ce point de vue les résultats des élections d’hier?
Pour commencer, la hausse du taux de participation en est l’indice, il semble clair que certains printemptistes ont choisi la voie électorale. Ils ont donc voté: pour certains pour le Parti québécois; pour d’autres pour Option nationale; pour d’autres encore pour Québec solidaire. (On me dit qu’un printemptiste aurait voté PLQ ou CAQ: mais il ne le sait plus très bien lui-même, puisque c’était par inattention.)
D’autres printemptistes se sont abstenus, pour certains par refus réfléchi de céder à ce qu’ils perçoivent comme la grande mystification électoraliste. Tous ceux-là poursuivront, souvent aux côtés des premiers, leurs engagements dans de nombreuses luttes sociales, économiques ou autres, luttes menées à travers quantité de regroupements, associations, syndicats, etc., et par une pléiade de moyens divers.
Je pense qu’un des grands défis du prolongement du printemps érable, de son inscription dans la durée, est aujourd’hui de trouver entre toutes ces personnes des points communs à partir desquels une entente est possible quant à certains objectifs à viser.
Les combats que les individus, organismes, partis, regroupements concernés mènent en propre se poursuivront, selon les moyens qu’ils jugent appropriés: ici contre la pauvreté et l’exclusion sociale; là contre les atteintes aux droits des réfugiés, ou des chômeurs, ou des prestataires de l’aide sociale; là encore pour pousser le gouvernement (ou son propre parti) vers des mesures plus progressistes ou en faveur de l’indépendance; et ainsi de suite. Mais une sorte de plate-forme serait aussi convenue entre tous et toutes pour former un front commun de la gauche où les axes des combats à mener conjointement seraient définis.
L’intérêt de cette démarche tient à mon avis à son caractère fédérateur, à sa capacité à mobiliser dans l’action toutes les personnes concernées et à ce qu’elle donne présence et crédibilité à une voix qui parle pour de très nombreuses autres voix, à sa capacité en somme à faire un nous de ces je conjugués. Ce que cela nous dirait est simple: voici les choses sur lesquelles nous ne ferons pas de concessions.
Quelles devraient être les priorités de ce front commun?
J’en verrais pour ma part trois – mais ce ne sont bien entendu que des suggestions et les entités concernées arriveront à leur propre plate-forme.
Pour commencer, la défense des institutions publiques travaillant au bien commun et par lesquelles l’État peut jouer un rôle de redistribution de la richesse et de protection de la dignité de chacun, la protection, donc, de ce modèle social honni par les maîtres et qui s’incarne notamment par des mécanismes de protection sociale, par l’accessibilité pour tous et sur tout le territoire à une éducation et à des soins de santé publics, de qualité et gratuits.
Ensuite, au moment où se prépare la grande gabegie de nos ressources naturelles (gaz de schiste, Plan Nord, Anticosti), la défense du patrimoine collectif en veillant à ce que son éventuelle mise en valeur se fasse dans l’intérêt commun, tant économique qu’écologique.
Enfin, la promotion d’un modèle électoral plus démocratique et plus représentatif des préférences des électeurs. On sait en effet (c’est le théorème d’Arrow, pour les curieux) qu’il n’y a pas de manière parfaite d’agréger les choix individuels pour dégager une préférence collective. Mais il y a des manières de le faire meilleures que d’autres. Or, notre modèle électoral est une insulte tant à l’intelligence qu’à la justice: il suffit pour s’en convaincre de regarder les résultats d’hier. Il nous faut donc adopter un autre mode de scrutin, à mon goût proportionnel et avec vote préférentiel.
Bien du travail en perspective, certes. Mais voici un atout précieux: ce gouvernement, parce qu’il est minoritaire, sera particulièrement sensible aux pressions qu’on exercera sur lui.
« Ce gouvernement, parce qu’il est minoritaire…, » sera donc justement la proie de toutes les pressions… Tant de la gauche que de la droite. Marois a reçu un cadeau piégé. Elle détient le pouvoir… mais sans aucun pouvoir. Les mains attachées. Alors qu’on avait laissé le volant aux deux mains croches d’un Jean Charest durant deux mandats. Ce que l’électorat québécois a réservé à sa première femme à la tête du Québec est carrément odieux. Je ne suis pas fier des résultats de ces élections et je ne crois pas être le seul.
Un front uni de la gauche autour d’un programme commun qui serait certainement un programme minimum serait certes souhaitable. Ce débat, nouveau pour le Québec ne l’est pas dans l’histoire du mouvement ouvrier et populaire ailleurs dans le monde. En fait cette idée remonte à la lutte contre le fascisme. Les plus récentes expériences sont celles du Chili, de l’Uruguay, et même de France à l’époque de Mitterrand.
Dans tous les cas cependant, leurs réussites (même si elles ne furent que provisoires) reposaient principalement sur la mobilisation du mouvement ouvrier autour duquel se sont greffés les différentes couches de la société. À mon avis, comme je l’explique dans cet article : http://demers.qc.ca/?p=2508 le mouvement ouvrier, disons le mouvement des travailleurs, pour nous rapprocher davantage de notre époque, fut le grand absent des élections du 4 septembre. D’où cette conclusion que j’en tire » …il est illusoire de croire qu’un changement profond dans le visage politique du Québec est possible sans la mobilisation de celles et ceux qui sont au cœur de l’économie ».
Excellent commentaire, à méditer. Merci.
Certes et la « disparition » du monde ouvrier, ou du moins de sa solidarité historique, a été pensée et rendue possible par la mise à l’indexe de ce terme dans le vocabulaire courant, remplacé par les notions (pour le moins vagues) de « classe moyenne » et « d’employé ». Ceci expliquant peut être cela, il est en effet frappant de constater l’absence de soutient que les étudiants ont reçu de groupes pourtant traditionnellement engagés dans les luttes sociales. L’évolution du monde syndical depuis 30 ans (qui semble de moins en moins capable de défendre les employés face au patronat) pourrait aussi expliquer ce faible engagement.
Ce qui frappe surtout, c’est le fossé qui sépare cette génération des précédentes. Plus éduquée (elle est la première a accéder aussi massivement à l’université), plus humaniste, plus progressiste aussi. Elle préfigure peut être l’avènement d’une pensée de gauche plus répandue et, comme le suggère M. Baillargeon, l’émergence d’un front de gauche unit. Souhaitons le pour le Québec et pour la santé démocratique de notre système électoral qui nous donne à choisir entre trois partis de droite à chaque élection.
Un peu plus de solidarité, d’entre-aide, d’amour de son prochain et d’ambition humaniste de long terme ne peuvent pas nous faire de mal.
C’est comme si notre système électoral se cherche un deuxième tour, une forme d’homéostasie dans l’aboutissement de l’exercice de la représentativité. La succession de gouvernement minoritaire sur l’ensemble des paysages politique est un symptôme qui ne se traitera pas nécessairement, du moins à plus long terme, par la proportionnelle. Je suis peut-être dans l’erreur mais comme beaucoup je me questionne.
À lire également, un bon article de L.G. Francoeur sur la division des votes lors de cette élection; comme quoi, de l’environnement tout court à l’environnement politique il n’y a qu’un pas à franchir qui peut l’être aisément par l’expérience et la connaissance.
http://t.co/KHynLE6y
Mes gouvernements minoritaires sont de politiques évidemment pluriels dans Le cas présent.p.s.: Ne me juger pas trop sévèrement à l’aune, et non l’aulne comme vous dites, de la méthode du sablier.
Aune, en effet, merci. Je suis désolé ; et je ne peux pas aller corriger ça moi-même: re-désolé.
Une âme charitable de Voir passera peut-être par là…
C’est aulne qu’il faut écrire.
Aulne est une mesure
Aune est un arbre.
Aune est une mesure; aulne (ou aune, d’où l’ambiguité) est un arbre:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aune
Sur un tout autre plan que le fond de l’article et les commentaires précédents, tous fort intéressants, ne faudrait-il pas préciser, à moins que cela ait été fait ailleurs, (où?) la différence entre Le et La politique. J’ai toujours cru que Le politique était un phénomène propre aux humains qui consiste à devoir fabriquer leur avenir: confronter à des problèmes qui concernent la Cité nous devons faire des choix qui orienteront notre avenir. Ce phénomène serait l’objet d’étude de la science politique et il engendre deux aspects principaux: des conflits auxquels participent des acteurs politiques qui n’ont pas les mêmes intérêts et qui font donc de l’action politique, qui sont au coeur de LA dynamique politique (objet d’étude de la sociologie politique) et la mise en place d’institutions qui tentent de contrôler la dynamique, soit les régimes politiques (objet d’étude du droit constitutionnel). N’y a-t-il pas lieu de ne pas confondre l’action politique (le printemps érable par exemple) avec l’action politique partisane (celle qui se fait dans le cadre plus limité des partis) et l’électoralisme?
Ce que j’ai lu ici est très livresque et d’un romantisme gauchisant. Les intervenants n’ont pas un vécu de la gauche. Je ne veux pas vous froisser, mais je vous dis bien humblement que votre discours relève davantage d’une ratiocination gauchiste voisinant l’angélisme. Dans une véritable démocratie, ce que vous souhaitez ne sont que voeux pieux. En jetant un coup d’oeil sur les quelques pays de gauche actuels, je trouve que le Québec s’en sort pas si mal. Même la Chine et la Norvège délaissent peu à peu la gauche pour prendre un virage à droite. À moins de décréter la pauvreté pour tous comme priorité, ces pays acceptent l’aide des investisseurs capitalistes pour combler les besoins que créent les réseaux sociaux. Déjà en 1935, Alexis Carrel écrivait dans L’Homme cet inconnu que la complexité de la gouvernance s’était tellement accrue que les pays auraient de la difficulté à se gérer. Il ajouta même, tenez bien vos tuques, que la situation dépend de notre QI qui n’évolue pas au rythme de la complexité.
Les frais de scolarité font partie de cette mouvance qui ajoute aux difficultés de gérer un État à cause des revendications étudiantes qui ont pris une allure belligérante. Mais curieusement, elles n’ont pas eu d’incidence sur le vote. Le PQ a obtenu 31.7 % du suffrage et le PLQ 31.2%. C ‘est la corruption qui a déclassé le PLQ. Et c’est pour ça que je n’ai pas voté pour ce parti.
En terminant, un intervenant a fait allusion aux travailleurs. Comme ancien syndicaliste, je dois avouer que l’on menait un combat de droite. On cherchait plus les avantages que le partage, on cherchait plus à combattre le Gouvernement pour soutirer l’argent du peuple à ses dépens. Bref, on cherchait à être les mieux payés de tous . Pour le partage de la richesse dans les syndicats, on repassera. C’est la raison qui m’a poussé à tout abandonner.
J’espère que mes propos ne vous blessent pas trop. J’ai fait attention de ne pas employer une terminologie exaspérante. C’est un point de vue qui en démocratie est à mon sens acceptable.
Votre vision est assez déprimante mais sans doute réaliste. Appartenant à la génération X, je suis bien placée pour savoir que les moteurs du syndicalisme québécois sont le corporatisme et la protection des acquis des membres, et non la lutte pour une plus grande justice sociale et pour la promotion de la classe ouvrière. Les infâmes clauses « orphelin » ont fait des travailleuses et travailleurs de ma génération, au sein même du mouvement syndical, des citoyens de seconde classe; des quantités négligeables qu’on a lâchement abandonnées à leur sort. Des syndicalistes vraiment combatifs et politisés comme le regretté Michel Chartrand, il y a bien longtemps qu’on n’en voit plus trace à la tête de nos syndicats, lesquels ressemblent aujourd’hui aux guildes du Moyen âge.
Cela dit, je suis persuadée que la complexité est voulue et sciemment entretenue par l’oligarchie à laquelle elle profite. Le véritable combat de la gauche, dans les années à venir, devrait être celui de la décentralisation des pouvoirs et des centres de décision. Le monde dans lequel nous vivons nous apparaît d’autant plus incompréhensible que tous les leviers nous échappent; nous n’avons aucune prise sur lui. Ce n’est ni par des élections ni par des référendums, d’initiative populaire ou non, que nous pourrons mettre en place un nouveau paradigme, mais en construisant une société nouvelle dont les acteurs seront aussi les décideurs. Nous devons faire en sorte que des décisions qui affectent directement nos vies et notre environnement ne puissent plus être prises dans les salles de conférence feutrées des conseils d’administration ou dans les officines de l’État. Le rôle de décideurs doit revenir en priorité par ceux et celles qui sont directement touchés par les décisions.
Le drame, c’est que nous n’avons pas aujourd’hui la possibilité de mettre en oeuvre une remise en question aussi fondamentale du régime économique et politique. Nous devrons d’abord en finir avec la société de consommation; revoir en profondeur les fondements mêmes de notre civilisation; renoncer au gigantisme, à une certaine idée du progrès qui a été, jusqu’à présent, le coeur et l’âme de ce que nous appelons la modernité. Je suis sûre que nous y viendrons tôt ou tard; mais pas avant que bien des cataclysmes, bien des conflagrations ne nous aient plongés dans le désespoir et le chaos. L’homme est ainsi fait qu’il ne changera pas tant qu’il n’y sera pas obligé pour survivre. Et ma crainte est qu’alors, il sombrera plutôt dans la barbarie, comme l’illustre « La Route » de Cormack McCarthy — sans doute le roman le plus lucide et le plus déprimant des dernières années…
Ce qu’il nous faudrait, c’est une révolution dans les coeurs et dans les esprits. Et si c’est du romantisme, eh! bien, soit : je m’assume.
*Le rôle de décideurs doit revenir en priorité À ceux et celles… Mes excuses pour cette coquille!
1) Votre affirmation est péremptoire. À moins que vous ne connaissiez intimement l’ensemble des personnes ayant pris la parole ici, ce n’est pas notre cas, j’envisage assez difficilement ce qui vous permet d’affirmer notre absence de vécu de la gauche. J’aimerais d’ailleurs comprendre quel fut le vôtre dans une province comme le Québec dont le seul sursauts social remonte à la Révolution Tranquille (avec les bénéfices qu’on lui connait).
2) Les termes « gauchisant », « gauchiste » et « angélisme », tels qu’employés ici, ne font guère avancer le débat. Si vous souhaitez revenir sur les propos tenus, faites-le, ne vous contentez pas de vagues affirmations et d’insultes à peine voilées.
3) J’aimerais aussi beaucoup comprendre ce que vous appelez « la gauche ». Je m’interroge sur ce point en vous voyant comparer la Norvège, basée sur une monarchie parlementaire à saveur sociale, et la Chine, basée sur une dictature qui n’a de prolétarienne que le nom. J’aimerais aussi comprendre en quoi la Chine «découvre » la pensée de droite alors qu’elle est, depuis 30 ans, la preuve sans équivoque que le capitalisme peut se passer de démocratie.
4) Par ailleurs la Norvège se porte très bien et n’a jamais eu à envisager la « pauvreté pour tous ». Entre autre, parce qu’elle n’a pas attendu les capitaux étrangers pour bénéficier d’une exploitation intelligente de ses ressources naturelles mais aussi parce que son système de redistribution sociale participe à sa prospérité. Quant à la Chine, l’incroyable quantité de capitaux investis en son sein n’a en rien amélioré le sort de la très grande majorité de sa population. Elle ferait même plutôt face au problème d’un marché intérieur anémique prouvant par-là que des afflux d’argent ne signifie pas leur juste répartition. Et puisque nous y sommes, quel rapport entre la volonté de créer un front de gauche uni, tel qu’exprimer par Monsieur Baillargeon, et les investissement de Google en Chine? (S’il existe, définissez-le).
5) Une autre définition qui s’impose, peut-être, est justement celle de démocratie. Voyez-vous, je n’avais pas compris qu’une « vrai démocratie » devait nécessairement se passer de la gauche et qu’elle ne pouvait pas se baser sur des principes humanistes. Autant pour les penseurs des lumières qui ont littéralement façonnés notre société civile et mettons cela sur le compte de la naïveté dont vous nous accusez avec tant d’emphase. Qu’on se le dise, une « vrai » démocratie (constituées de « vrais » gens, j’imagine), ne peut pas se permettre le luxe d’avoir des idéaux. Qu’on arrête une bonne fois pour toute de nous casser les pieds avec ces notions d’égalités et de fraternité. La réalité c’est l’économie et l’économie c’est la maximisation des intérêts privés et c’est tout! (car, c’est bien connu, tout pays riche est nécessairement égalitaire et juste).
6) La difficile gestion de l’État (et donc aussi de l’éducation) tient moins des difficultés administratives qu’on lui afflige et des inquiétudes légitimes de ceux qui l’ont à cœur que d’une volonté toute technocratique (comprendre de droite) de la rendre inaccessible à la pensée de ceux qui n’évoluent pas dans les bons cercles. L’éducation est au centre de nos sociétés, s’interroger sur sa nature et ce qu’il représente est à mon sens fondamental. Que des étudiants se battent pour son accessibilité me semble plutôt de bon augure pour l’avenir de notre peuple.
7) Enfin, que vous ayez eu une expérience malheureuse au sein des syndicats ne signifie pas que le concept même de leur existence est en soi mauvais. Que le syndicalisme soit malade au Québec, je vous l’accorde parfaitement, qu’il faille en déduire que tous les syndicats de cette planète agissent dans un but égoïste, certainement pas. Il serait peut-être important de se rappeler le contexte qui les a vu naitre (l’extrême pauvreté des ouvriers et leur exploitation par un patronat tout puissant) pour comprendre qu’il s’agit avant tout de maintenir un équilibre des forces entre travailleurs et détenteurs du capital. Peut-être serait-il temps, par exemple, de s’interroger sur le mode de financement des syndicats au Québec qui ne permet en rien l’assurance de leur existence et est à l’origine de nombreux problèmes maintes fois constatés. Une cotisation collective obligatoire, comme en France ou en Allemagne, serait à mon sens beaucoup plus efficace et beaucoup plus juste.
Pour finir sur une dernière note. Je vous enjoins la lecture des études de l’IRIS. Vous y découvrirez que le Québec est loin de s’en « sortir si mal », que le sort des ménages pauvres et de la classe moyenne sont plutôt allés en se détériorant, que les ménages se retrouvent désormais presque seuls à assumer le fardeau fiscal malgré le fait que les entreprises bénéficient directement des infrastructures de l’État etc.
On a le devoir de souhaiter mieux pour la société dans laquelle on vit et dans laquelle vivront nos enfants.
Tout comme vous, j’espère que mes propos ne vous blessent pas (le but est ici de débattre).
J’ignore M. Proulx à quelle philosophie vous vous abreuvez, mais si comme ancien syndicaliste vous meniez un combat de droite parce que vous luttiez pour les intérêts des travailleurs c’est que vous avez développé une habile capacité à tourner le sens des mots à l’envers.
Je me pose alors des questions sérieuses sur le sens que vous attribuez aux expressions : gauche, corporatisme, démocratie.
Je n’ose imaginez ce que serait chez vous, une terminologie exaspérante !
Pourquoi pas un projet rassembleur de tous ! Un projet d’Assemblée constituante dans une démarche non partisane, pour débattre et ancrer nos valeurs collectives et définir des règles démocratiques novatrices dans l’écriture d’une 1ère constitution québécoise.
Votre analyse M.Baillargeon n’aborde pas la question des syndicats, nouveaux. Les nouvelles ententes négociées sont discriminatoires envers les jeunes. Certains syndicats négocient à la baisse, les fonds de retraite de leurs employés retraités. Bref, la force traditionnellement derrière la gauche s’effrite devant un contexte de mondialisation modifiant considérablement les conditions des travailleurs.
Il est honorable de vouloir sauver la planète ou de chercher à rehausser les redevances des compagnies exploitant nos ressources toutefois si cela conduit à la perte d’emplois, les travailleurs ne pourront s’allier à ces causes. D’ailleurs, les travailleurs n’accepteront certainement pas une nouvelle hausse de taxes pour continuer à financer des services publics. Ici, il me semble que ce qu’est devenu la gauche, ne correspond plus à la réalité du travailleur. Dans le cours de ce détachement, elle a perdu sa force primale.
Stratégie vs tactique
Actuellement, le grand enjeu n’est pas tant de faire des gains immédiats en profitant de la faiblesse du gouvernement, mais de trouver une façon de contrer à plus long terme le jeu médiatique de la division (jeunes vs vieux, carrés rouges = violence, régions vs Montréal, …). En ce sens, le défi est de concentrer notre travail autour d’un enjeu qui uni non seulement la gauche, mais qui trouvera écho dans une large partie de la population.
Pour ce qui est de notre première femme PM, je n’ai aucune inquiétude qu’elle saura tirer habillement son épingle du jeu dans la situation… si elle n’a pas trop de pression à gauche. On dira ce qu’on voudra, mais c’est à la CAQ que le PQ pourra aller chercher des votes. Le combat n’est pas au gouvernement. Il est dans les médias qui ont réussi à nous affubler d’affreuses étiquettes.
Sans syndicat, l’isolement de la personne en fait un être faible, un objet qu’on ne tarde pas à mettre de côté aussitôt que l’employeur y voit un enrichissement. Nous avons besoin plus que jamais de mouvements solidaires afin non seulement de conserver des conditions de travail durement acquises, mais aussi pour permettre aux jeunes de bénéficier des mêmes privilèges.
Le problème actuellement est la volonté gouvernementale de couper des emplois bien rémunérés sans les offrir aux jeunes. Nous pouvons imaginer leur colère ; ceux qui restent seront dans une situation anxiogène puisqu’ils seront en plus petits nombres pour faire le travail . Et pour ajouter à ce malheur, les fonds de pension souffriront de carence à cause du manque de travailleurs… Je ne veux pas me montrer pessimiste, mais l’avenir ne promet pas de meilleures conditions de travail pour les plus vieux comme pour les plus jeunes.
Cependant, il y a une porte de sortie : la mobilisation d’un grand nombre de personnes qui comprend ce qui se passe. J’y crois un tout petit peu.
@ Paul Proulx, vous avez écrit :
« Même la Chine et la Norvège délaissent peu à peu la gauche pour prendre un virage à droite. »
La Chine à gauche qui prend le virage de la droite ? S’il y a un endroit sur terre où les conditions de travail sont misérables pour presque la totalité du territoire, c’est bien en Chine. Les citoyens sont pressés comme des citrons. On les exploite à fond pour enrichir un infime pourcentage de gens…C’est ça la gauche pour vous ??? Quand on se permet d’écrire cela, le reste de ce qu’on dit perd un peu de sa crédibilité.
Nous vivons de l’intérieur les signes avant-coureurs de l’implosion de toute une civilisation et lorsque le bateau coule, on se querelle à savoir de quelle facture sera la pompe qui videra la cale, on tergiverse sur la longueur et la forme des rames ou sur la provenance du lin ou du coton de la voilure: on oublie que nous devrons sans doute mettre les canots à la mer à moins de compter sur notre habileté à la nage, or, l’océan est vaste. Il nous incombe de repenser nos contrats sociaux ainsi que la notion de partage entre plusieurs milliards d’êtres humains. Des atrocités irréversibles pour nous réveiller et nous forcer à entamer un semblant de collaboration solidaire? Je le crois aussi, malheureusement. Les idéologues du néo-libéralisme ont leurs sages et leurs génies; ils ont surtout les immenses moyens de convaincre les gens du peuple du bien-fondé de leur vision. Ils sont forts de conviction et de sincérité, à tel point que nous mêmes, ceux qui doutent, nous ne sommes pas prêts à abandonner la sécurité qu’ils nous vendent. Et nous tomberons, tous, enfin… presque tous.
Il y a 60 % de Québécois qui ont voté pour la droite et 40 % pour la gauche.
Si les partis de la gauche se fusionnent et les partis de la droite font de même, c’est la droite qui va gagner. À cette élection, c’est un parti de gauche qui a gagné, le PQ, parce que la droite se divise les votes plus également que la gauche.
En plus, les fédéralistes sont à 60 % et les souverainistes à 40 % (12,5 de séparatistes purs plus 27,5% de souverainistes qui veulent rester, quand même, dans le Canada).
Grosse misère en avant pour un séparatiste de gauche.