Dans l’affaire du film L’innocence des musulmans et dans celle des caricatures de Charlie Hebdo, qui a suivi, on a eu tendance, non sans raison, à voir se rejouer un vieux conflit entre deux manières de penser la morale et de décider comment agir.
D’un côté, on trouve des partisans de la défense d’un principe, celui de la liberté d’expression; de l’autre, des gens demandant qu’on prenne en considération, au cas par cas, les circonstances et les conséquences de l’application de ce principe. Les premiers applaudirent à la publication des caricatures et à la diffusion du film; les seconds ont eu tendance à les déplorer.
Il y a pourtant ici un moyen terme à déployer, celui d’un attachement au principe, mais non absolu parce qu’il garde un œil sur les conséquences. Or justement: au nom de celles-ci, au nom de ce qu’entraînerait pour tout le monde le recul du principe de la liberté d’expression, il me semble qu’on devrait le défendre, même dans ces cas – dont il faut reconnaître qu’ils ne sont pas faciles: ce film est bête et ces caricatures, inopportunes, mais il ne faut pas les censurer.
D’autres, cependant, soutiennent que la religion échappe, au moins en partie, à ce que protège le principe de la liberté d’expression: celui-ci ne pourrait donc être invoqué dans des cas comme ceux du film et des caricatures. On soutient en effet que le blasphème n’est pas une forme d’expression protégée. Et il est vrai que depuis quelques années, des organismes comme l’OCI (Organisation de la Conférence islamique) ont promu cette idée jusqu’à l’ONU et non sans un certain succès. J’ai toutefois une mauvaise nouvelle pour ces personnes: l’ONU a confirmé en 2011 que «les interdictions des manifestations de manque de respect à l’égard d’une religion ou d’un autre système de croyance, y compris les lois sur le blasphème, sont incompatibles avec [les droits de l’homme] (Observation générale no 34)». C’est une excellente nouvelle.
Puis-je dire ici le fond de ma pensée? Il faut défendre non seulement le droit, mais aussi le devoir de blasphémer, ce qui signifie déboulonner les certitudes, moquer les pouvoirs et ramener à leur échelle humaine des systèmes de croyances dangereux à proportion qu’ils oublient leur origine. Et les croyances religieuses ne devraient en aucun cas, comme le dit l’ONU, recevoir un traitement préférentiel sur ces plans.
Il reste toutefois une dernière ligne de défense à qui voudrait pour ces deux cas limiter la liberté d’expression. Elle consiste à arguer qu’ils sont des incitations à la haine. Ce grief est sans doute dans les présentes affaires le plus plausible et le plus sérieux argument pour limiter la liberté d’expression, et il mérite d’être examiné avec soin.
En fait, le grand chantre de la liberté d’expression, John Stuart Mill, avait soulevé une question semblable et conclu que si on peut écrire dans un journal que les producteurs de grains affament les pauvres, on ne peut invoquer la liberté d’expression pour le clamer à une foule en colère devant le domicile d’un producteur de grains. Plus près de nous, on a, avec raison, condamné à la prison les dirigeants de la Radio Télévision Libre des Mille collines, au Rwanda, pour incitation au génocide.
Mais justement, il me semble que ce dernier cas n’est pas comparable à celui du film ou des caricatures, pour les trois raisons qu’a bien mises en évidence Jonathan Heawood, du PEN de Grande-Bretagne: (1) la Radio rwandaise était en effet en position d’autorité et son appel à passer aux actes était susceptible d’être entendu; (2) les gens risquaient d’agir selon ce qui leur était dit; et (3) le contexte et l’environnement étaient favorables à ce passage à l’acte. Ces trois conditions, qui doivent être conjointement présentes pour qu’il y ait lieu de limiter la liberté d’expression en arguant qu’on est dans un cas d’incitation à la haine, ne sont pas réunies dans l’affaire du film ou des caricatures. Par exemple, les caricaturistes de Charlie ne sont pas en position d’autorité et ils ne commandent aucune action – même si on peut arguer que le contexte est, hélas et malgré eux, favorable à de tragiques débordements dont ils fournissent l’occasion.
Au bout du compte, je plaide pour qu’on mette le plus grand soin à préserver le principe de la liberté d’expression pour lequel tant de gens ont lutté et en certains cas sont morts. Mais je plaide aussi pour qu’on cultive la vertu de ne pas s’offenser de tout et de n’importe quoi ainsi que le sens du respect d’autrui. Car s’il est permis et parfois souhaitable et même, comme je le maintiens, nécessaire de dire des choses que d’autres jugeront offensantes, il n’est pas toujours obligatoire de les dire, ni de les dire n’importe quand et à n’importe qui.
J’en reviens par là à mon idée de départ: un attachement quasi absolu à un principe n’interdit pas de garder un œil sur les circonstances et les conséquences de son application.
Ce qu’il importe de retenir dans le monde réel, et non pas dans un monde idyllique, c’est que de la jugeote ne nuit jamais.
Un exemple très banal sera de bien regarder de tous côtés en traversant un carrefour routier et d’éviter de passer, même si le feu est au vert, pour le cas où un distrait ou un écervelé s’apprêterait à griller son feu rouge.
Etre dans son bon droit ne dispense pas de faire montre de jugeote.
Ce qui me rappelle une petite nouvelle du poète Charles Baudelaire (1821-1867), soit la pièce XL parue dans «Le Spleen de Paris», intitulée «Le miroir».
*****
Le miroir
Un homme épouvantable entre et se regarde dans la glace.
« – Pourquoi vous regardez-vous au miroir, puisque vous ne pouvez vous y voir qu’avec déplaisir?»
L’homme épouvantable me répond: « – Monsieur, d’après les immortels principes de 89, tous les hommes sont égaux en droits; donc je possède le droit de me mirer; avec plaisir ou déplaisir, cela ne regarde que ma conscience.»
Au nom du bon sens, j’avais sans doute raison; mais, au point de vue de la loi, il n’avait pas tort.
*****
Il me semble qu’on ne saurait intelligemment user de notre droit de liberté d’expression si on ne l’accompagne pas toujours de l’indispensable jugeote.
Bravo M. Baillargeon!
L’interdiction du blasphème est un signe de barbarie.
« Premièrement, peut-on rire de tout ?
« Deuxièmement, peut-on rire avec tout le monde ?
« À la première question, je répondrai oui sans hésiter, et je répondrai même oui, sans les avoir consultés, pour mes coreligionnaires en subversions radiophoniques, Luis Rego et Claude Villers.
« S’il est vrai que l’humour est la politesse du désespoir, s’il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s’il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors, oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout. De la guerre, de la misère et de la mort. Au reste, est-ce qu’elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous? Est-ce qu’elle ne pratique pas l’humour noir, elle, la mort? Regardons s’agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants boursouflés de leur importance, qui vivent à cent à l’heure. Ils se battent, ils courent, ils caracolent derrière leur vie, et tout d’un coup, ça s’arrête, sans plus de raison que ça n’avait commencé et, le militant de base, le pompeux PDG, la princesse d’opérette, l’enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui a cru en Dieu jusqu’au bout de ton cancer, tous, nous sommes fauchés, un jour, par le croche-pied de la mort imbécile et les droits de l’homme s’effacent devant les droits de l’asticot. Alors, qu’elle autre échappatoire que le rire, sinon le suicide? Poil aux rides?
[…]
« Deuxième question : peut-on rire avec tout le monde ?
« C’est dur… Personnellement, il m’arrive de renâcler à l’idée d’inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée. C’est quelquefois au-dessus de mes forces, dans certains environnements humains : la compagnie d’un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d’un terroriste hystérique, je pouffe à peine et, la présence, à mes côtés, d’un militant d’extrême droite assombrit couramment la jovialité monacale de cette mine réjouie dont je déplore en passant, mesdames et messieurs les jurés, de vous imposer quotidiennement la présence inopportune au-dessus de la robe austère de la justice sous laquelle je ne vous raconte pas. Attention, ne vous méprenez pas sur mes propos, mesdames et messieurs les jurés : je n’ai rien contre les racistes, c’est le contraire, comme dirait mon ami le brigadier Georges Rabol qui, je le précise à l’intention des auditeurs qui n’auraient pas la chance d’avoir la couleur, est presque aussi nègre que pianiste. Dans Une journée particulière, le film d’Ettore Scola, Mastroianni, poursuivi jusque dans son sixième par les gros bras mussoliniens, s’écrie judicieusement à l’adresse du spadassin qui l’accuse d’anti-fascisme : « Vous vous méprenez, monsieur : ce n’est pas le locataire du sixième qui est anti-fasciste, c’est le fascisme qui est anti-locataire du sixième. » »
― Pierre Desproges, souvent cité sur la question, et à raison.
http://www.youtube.com/watch?v=yQ0csrxB5n4
Charlie hebdo argue que de toute façon avoir sorti le numéro deux mois plus tard aurait eu le même effet. Bon, peut-être. Je pense qu’il importe de comprendre, pour nous (la religion chrétienne a fini par le comprendre en partie) et pour les musulmans, que les règles d’une religion s’appliquent à ses fidèles et non au monde entier. Je ne peux pas humilier Jésus Christ si je n’y crois pas. C’est, en fait, le croyant qui se sent humilier par mon comportement. Or, de l’humiliation, nous en vivons à peu près quotidiennement sous une forme ou une autre sans qu’on y réponde par la violence. La provocation peut servir à faire bouger l’autre, à démontrer l’absurde d’une situation. C’est la mission de Charlie hebdo, prétend-il.
En conclusion, je dirais que la liberté s’accompagne de responsabilités. Cet ambassadeur n’avait pas à payer de sa vie pour la bêtise d’un pur crétin. Je pense que la majorité du monde musulman le comprend. Cette violence est surtout l’expression d’un fort sentiment antiaméricain d’une certaine partie de la population arabe. Et ça se comprend, quand on considère toute l’ingérence de l’Occident dans ces pays.
Bonjour,
le mérite de ces caricatures, c’est d’avoir soulevé le débat (une nouvelle fois?).
il me semble que dans l’histoire des caricatures, on ne peut ommetre le contexte d’islamophobie inquiétant dans lequel elles arrivent. Blasphémer sur la religion juive, ce n’est pas grave, mais entretenir l’idée que les juifs ont le nez crochu, sont avares….et les caricaturer comme on les a carricaturés dans les années 30 peut avoir des conséquences dramatiques. C’est pourquoi je trouve que l’exemple de la radio rwandaise est limité car entretenir une stigmatisation d’une population peut s’avérer aussi dangereux, voire plus, qu’un appel au génocide, car cela s’inscrit dans la durée, dans la tête des gens. Charlie Hebdo entretien l’idée que les musulmans sont comme ci ou comme ça…pas bon à mon avis!
Ensuite, l’argument légaliste ne me séduit pas. En France, on peut (et c’est tant mieux) blasphémer à souhait, mais on ne peut pas se moquer des symboles del a République (souiller le drapeau par exemple, ou siffler la marseillaise…). On désacralise d’un côté et sacralise de l’autre…..
Parmi les gens qui protestent contre les caricatures de Charlie, il y a probablement des religieux qui souhaitent inventer un délit de blasphème…mais il y a aussi des militants antiracistes, progressistes, et conscient qu’en période de crise, de chômage aggravé…c’est pas la meilleure idée de stigmatiser telle ou telle partie de la population!
Bravo M. Baillargeon. L’interdiction du blasphème est un signe de barbarie.
Visualisons un futre proche quand les musulmans seront majoritaires… et imposeront la Charia…
« Puis-je dire ici le fond de ma pensée? Il faut défendre non seulement le droit, mais aussi le devoir de blasphémer »
Je dirais que ca resume bien ma pensee egalement. Je pense que le droit ( devoir ) de blaspheme est l’element cle. Ne pas l’accepter a mon sens revient a integrer les dogmes.
Ce qui est etonnant c’est que le blaspheme est balise meme dans notre societe dites laique que ce soit a l’ecole, dans les medias, …
Meme sur les blogues … on voit pas beaucoup de mots d’eglise alors que je suis sur que si on enregistrait les internautes, chroniqueurs, blogueurs, …. on se rendrait compte que plusieurs en laisse tomber ici et la avec un plaisir coupable certain …
Dans le fond si dieu ( ou toute la gagne de dieu ) a (ont ) un probleme avec mes blasphemes qu’il(s) vienne(nt) donc me le dire … ca donnera l’occasion de lui (leur) demander s’il(s) n’a (n’ont) rien de plus important a calisser …
—-
« ce film est bête et ces caricatures, inopportunes »
Concernant le film … ca me surprend d’entendre a repetition et je vous vise pas particulierement mais c’est un propos que j’ai beaucoup entendu
… je respecte la liberte d’expression … mais je tiens a preciser que c’est un tres tres tres mauvais comme si ca changeait quelque chose a l’affaire ou qu’evoquer avoir ri serait se rendre coupable de quoi que soit ou etre epais …
Et puis moi je vais vous dire j’ai trouve cela drole … comme bien d’autres video sur you tube …. ( video de chat ou de chien qui font ceci ou cela )
Si je demandais au internautes les video sur you tube qui les ont fait rire dans le mois pas sur que ca serait toujours tres intellectuel et pas de ce calibre la.
Je pense qu’il y a un peu de honte et que c’est pas de bon gout dans certains milieux que d’avouer avoir trouver drole un tel video qui n’a peut etre pas la subtilite de Monty Python (mais l’acteur principal est tout de meme quelque chose) ….
J’ai la perception qu’il est de bon ton de dire qu’on aime Francois Massicotte ou Jean Michel Anctil nous faire une 1000e blague sur les rapports homme-femme dans leur show prefabrique …
Mais qui ici va avouer le plaisir secret de trouver drole South Park … d’aimer leur humour absurde … l’ecouter regulierement … et pouvoir me citer tel ou tel extrait amusant ?
Qui trouve drole 11 drunk guy play slender sur you tube ?
Je pense que cette maniere de dire …. oui mais je tiens a preciser que c’est un tres tres mauvais film que je l’ai pas trouve drole du tout du tout du tout… en dit beaucoup plus sur la maniere dont on envisage l’humour dans notre societe et dans certains milieux ….
Comme si d’avoir trouver le film drole poserait un quelconque probleme et reduirait notre quotient intellectuel …
—-
« Dans Une journée particulière, le film d’Ettore Scola, Mastroianni, poursuivi jusque dans son sixième par les gros bras mussoliniens, s’écrie judicieusement
à l’adresse du spadassin qui l’accuse d’anti-fascisme : « Vous vous méprenez, monsieur : ce n’est pas le locataire du sixième qui est anti-fasciste,
c’est le fascisme qui est anti-locataire du sixième. » »
Mon humour s’avere parfois bien moins intellectuel j’en ai bien peur …
Excellent texte, Ian.
Jésus-Christ a reçu sa part d’injures…bien plus que ceux qu’on a adressées à Mahomet. L’église Catholique est déjà passée par ce par quoi passe l’Islam en ce moment. Il y eut jadis des guerres, des persécutions, l’Inquisition et un bain de sang au nom de la religion chrétienne…qui n’avait rien à voir avec le message d’amour de Jésus (encore actuel en passant). Si l’histoire se répète, les musulmans devront eux aussi passer par là avant de »s’assagir ».
Ce que je déplore de notre époque est que la liberté d’expression est devenue une religion en soit. Un autre genre de fanatisme qui balaye tout sur son passage. La liberté d’expression est, à notre époque, un absolu qui ne distingue pas le bien du mal (d’ailleurs cette notion est très malheureusement révolue), la haine du pardon et la liberté de la responsabilité.
Encourager les gens à »se moquer » des croyances (plutôt que de s’y opposer) des autres est irresponsable et manque totalement de repaires moraux…ah oui, j’oubliais que la morale a aussi cessé d’exister! Désolé!
La vraie liberté d’expression est de s’objecter à un concept religieux dans un dialogue intellectuel, sans provocation, rempli de respect.
Notre époque s’est approprié la liberté d’expression et l’a perverti et transformée en une nouvelle arme de destruction. Une vraie farce!
Jésus-Christ a reçu sa part d’injures…bien plus que celles qu’on a adressées à Mahomet. L’église Catholique est déjà passée par ce par quoi passe l’Islam en ce moment. Il y eut jadis des guerres, des persécutions, l’Inquisition et un bain de sang au nom de la religion chrétienne…qui n’avait rien à voir avec le message d’amour de Jésus (encore actuel en passant). Si l’histoire se répète, les musulmans devront eux aussi passer par là avant de »s’assagir ».
Ce que je déplore de notre époque est que la liberté d’expression est devenue une religion en soit. Un autre genre de fanatisme qui balaye tout sur son passage. La liberté d’expression est, à notre époque, un absolu qui ne distingue pas le bien du mal (d’ailleurs cette notion est très malheureusement révolue), la haine du pardon et la liberté de la responsabilité.
Encourager les gens à »se moquer » des croyances (plutôt que de s’y opposer) des autres est irresponsable et manque totalement de repaires moraux…ah oui, j’oubliais que la morale a aussi cessé d’exister! Désolé!
La vraie liberté d’expression est de s’objecter à un concept religieux dans un dialogue intellectuel, sans provocation, rempli de respect.
Notre époque s’est approprié la liberté d’expression et l’a perverti et transformée en une nouvelle arme de destruction. Une vraie farce!
Excellent article!
M. Baillargeon
Votre réflexion est intéressante. Je suis d’accord avec la conclusion que vous en tirez. Par contre, je crois que parler de liberté d’expression en référence au film controversé est peut-être … c’est peut-être donner du crédit à quelque chose qui n’en mérite pas. Je m’explique.
Tassons d’abord de côté la caricature. Elle est en mon sens légitime, tout comme une oeuvre d’art cherchant à choquer peut l’être. Si la démarche artistique derrière une caricature peut être être limitée, et si le bon goût du dessin peut être à discuter, là n’est pas la question. Cette caricature n’est là que pour choquer, et incidemment remettre en question la cause de cette réaction.
Or, le film est une véritable insulte. Des extraits que j’ai vus (et vous me pardonnerez de ne pas l’avoir regardé au complet), le réalisateur/producteur visait clairement, non pas à virer au ridicule, mais à déconstruire systématiquement tous les tabous mulsulmans. Ce film s’attaque à tout ce que cette religion peut avoir de sacré, et ce sans le moindre effort pour rendre le tout le moindrement comique.
S’il est vrai qu’il faut garder un oeil sur les conséquences et les circonstances de l’application d’un principe, je crois que l’intention a ici un rôle important à jouer. Si mon intention est de vous insulter, puis-je plaider la liberté d’expression? Et si je vous taquine, mais en touchant une corde sensible? Mon intention serait de vous faire rire, mais malgré moi, vous en seriez blessé. Comment pourrais-je invoquer la liberté de m’exprimer, ou votre manque d’ouverture à vos propres faiblesses? Vous me pardonnerez ici de vous pointer ainsi.
Ainsi, il ne devrait pas être permis d’invoquer la liberté d’expression si son application brime le droit tout aussi fondamental qu’est l’intégrité morale, qu’elle soit religieuse ou non.
Mais la mesure dans toute chose, le tout est de débattre du poid de chacun sur la balance. Il faut éviter de donner un poids disproportionné à l’un ou l’autre. Voilà.
Merci, Étienne, de ce texte qui invite à poursuivre la réflexion. Je suis curieux de lire des réactions…
Bonjour, Normand!
Comme il est souvent question de la liberté d’expression et du blasphème, je te propose le POÈME TESTAMENTAIRE d’Abou Nawas (762-815) :
Sois téméraire,
Pratique le libertinage
Sois impudique en amour
Au vu et au su de tous!
Qu’aucun interdit
Ne te dissuade
De te livrer à l’amour
Car l’interdit engendre la frustration!
Fornique avec qui tu rencontres,
C’est ce que je te recommande,
Et bois du vin
Bien que le vin soit un péché!
Inflige-toi, tous les jours,
Une génuflexion
Mais n’en n’abuse pas, tu obligerais
Dieu à te rétribuer
Quant à La Mecque, si les gens y vont,
Accomplis pour ta part le pèlerinage
En rendant visite à la taverne.
Et séjournes-y un mois.
Et si les pèlerins débarquent, chante-moi
«Ô toi qui de travers me regardes».
Rends obéissance à Ibliss
(Satan), ton oncle,
Car lui obéir est pour toi une obligation
Et le point d’orgue de ton impiété!
Si tu uses de la monture du péché
N’oublie pas d’en passer la mesure!
INTÉRESSANT, N’EST-CE PAS!
THANK YOU, SATAN!
JSB
Je ne on naissais pas ça! 1000 mercis.
Connaissais .. iPad ….
En 2006 Charlie Hebdo a publié un numéro hors-série. Le titre: CHARLIE BLASPHÈME.
J’ai parcouru assez souvent ce numéro particulier et c’est vraiment intéressant et bien documenté.
Au début de son éditorial Philippe Val écrit:
***«Lorsque la théocratie règne, les sciences, les arts, les lettres, la philosophie s’en vont fleurir ailleurs. La joie s’éteint. La migraine de l’ennui remplace l’ivresse de la découverte. La fatigue ronchonnante bredouille sa haine du désir. Les palais se lézardent, les bassins croupissent, et, des universités où bouillonnaient les jeunes polémiques, on n’entend plus monter que des psalmodies de versets ressassés jusqu’à l’abrutissement. (…)
La civilisation s’est développée grâce au blasphème, qui est une contestation du monde immuable rêvé par les théocraties. (…)
Les blasphémateurs d’aujourd’hui sont, par exemple, ceux qui font des recherches sur les cellules souches, et qui guériront demain des fléaux que les obscurantistes considèrent comme des châtiments de Dieu.»***
JSB
On peut définir négativement la liberté d’expression comme simple absence d’empêchement, comme permission de dire ce qu’on pense. Or nul ne se contenterait évidemment du privilège de parler à son aise s’il devait le faire dans le désert et sans témoin. La libre expression des idées n’a de sens qu’en présence d’au moins un interlocuteur à qui on a le droit de s’adresser pour tenter de le convaincre, sans égard au contenu et sans devoir craindre de représailles. Pour réaliser cette destination, la liberté d’expression doit bien sûr être balisée de l’extérieur par les lois et les chartes, à l’encontre de tout usage de la force qui en empêcherait l’exercice mais aussi de la violence qui découlerait de son usage inconsidéré (la propagande haineuse par exemple).
Ces conditions sont nécessaires au maintien de la liberté d’expression et on a bien raison de vouloir se prémunir contre les menaces qui planent sur elle. Mais il me semble que ce qui confère à la liberté d’expression sa véritable puissance, sa « vertu », c’est aussi l’engagement à l’exercer de manière… vertueuse. De ce point de vue, on peut se demander dans quelle mesure la publication des caricatures de Charlie Hebdo ne mine pas objectivement le nécessaire effort de penser le rapport à l’autre autrement qu’à partir de l’humeur et du préjugé, de l’entendre au lieu de mettre en exergue, justement, ses figures les plus caricaturales, en s’assignant à bon compte le devoir de les déboulonner. Il va de soi qu’un tel devoir de dignité vaut tout autant pour cet autre. Les musulmans ne sont pas tous islamistes. Je conçois pourtant que même les modérés puissent être heurtés par des représentations, a fortiori peu flatteuses, du symbole même de leur religion. Cela en fait-il des complices d’un intégrisme militant? Pas forcément, à moins qu’ils n’en profitent pour se constituer en victimes d’une conspiration blasphématoire, ce qui serait aussi peu digne, quant à moi.
Parlant de cela, je ne comprends pas du tout ce qu’on appelle ici le devoir de blasphème. Dans un monde dont on souhaite rendre les institutions parfaitement laïques, il me semble qu’en s’autorisant de façon aussi provocante d’un tel «devoir», on accepte dans les faits de maintenir le débat public dans le plan théologique, soit précisément ce que visent les intégristes ou fondamentalistes de tout poil. Il me semble nécessaire de combattre activement les tentatives de limitations extérieures à la liberté d’expression de type théocratique, oui, mais uniquement dans la mesure où elles tendraient effectivement à faire prévaloir un quelconque droit divin, et non pas sur la foi (!) d’une disqualification a priori de ces croyances, du droit d’y adhérer et d’essayer d’en convaincre autrui.
Pour le dire autrement, la liberté d’expression que je réclame pour défendre les théories évolutionnistes par exemple ne trouve pas sa pleine réalisation dans le devoir que je m’assignerais de condamner en leur nom les idées créationnistes mais plutôt dans la capacité effective où je serais de développer et de diffuser une justification rationnelle et scientifique de ces théories. Une telle capacité requiert de ma part et de celle de mon interlocuteur d’entrer dans la conversation publique en nous astreignant à des devoirs de vertu qui vont bien au-delà d’un simple pacte de non agression. C’est cette voix qu’il faut patiemment et fermement faire prévaloir, non seulement contre les délires autoritaires et dogmatiques, mais encore contre la tentation du grossier plaisir que procure quelquefois le mépris.
On peut définir négativement la liberté d’expression comme simple absence d’empêchement, comme permission de dire ce qu’on pense. Or nul ne se contenterait évidemment du privilège de parler à son aise s’il devait le faire dans le désert et sans témoin. La libre expression des idées n’a de sens qu’en présence d’au moins un interlocuteur à qui on a le droit de s’adresser pour tenter de le convaincre, sans égard au contenu et sans devoir craindre de représailles. Pour réaliser cette destination, la liberté d’expression doit bien sûr être balisée de l’extérieur par les lois et les chartes, à l’encontre de tout usage de la force qui en empêcherait l’exercice mais aussi de la violence qui découlerait de son usage inconsidéré (la propagande haineuse par exemple).
Ces conditions sont nécessaires au maintien de la liberté d’expression et on a bien raison de vouloir se prémunir contre les menaces qui planent sur elle. Mais il me semble que ce qui confère à la liberté d’expression sa véritable puissance, sa « vertu », c’est aussi l’engagement à l’exercer de manière… vertueuse. De ce point de vue, on peut se demander dans quelle mesure la publication des caricatures de Charlie Hebdo ne mine pas objectivement le nécessaire effort de penser le rapport à l’autre autrement qu’à partir de l’humeur et du préjugé, de l’entendre au lieu de mettre en exergue, justement, ses figures les plus caricaturales, en s’assignant à bon compte le devoir de les déboulonner. Il va de soi qu’un tel devoir de dignité vaut tout autant pour cet autre. Les musulmans ne sont pas tous islamistes. Je conçois pourtant que même les modérés puissent être heurtés par des représentations, a fortiori peu flatteuses, du symbole même de leur religion. Cela en fait-il des complices d’un intégrisme militant? Pas forcément, à moins qu’ils n’en profitent pour se constituer en victimes d’une conspiration blasphématoire, ce qui serait aussi peu digne, quant à moi.
«Parlant de cela, je ne comprends pas du tout ce qu’on appelle ici le devoir de blasphème.» (Richard Desjardins)
Il est, dans l’ensemble, plutôt question du droit de blasphémer que du devoir de blasphème.
Mais il arrive parfois que les horreurs mises en place par des «croyants» fanatiques et dangereux «nous» obligent à râler, à chialer, à critiquer, voire à blasphémer.
Au Québec lorsque «nous» avons, en très grand nombre, décidé de tasser l’Église catholique et de laïciser la société, il a fallu hurler et tempêter. Et le blasphème a souvent été requis et revendiqué comme étant un droit.
Moi qui ai été pensionnaire dans un collège classique entre 1955 et 1963 j’ai souvent été en contact avec une pléthore de règles et obligations religieuses qui n’avaient aucun sens. Puis, vers 1960, il est arrivé, dans le pavillon des plus grands, un nouveau DIRECTEUR DE LA SPIRITUALITÉ. Dès le début il a annoncé ses tragiques couleurs, plutôt grisonnantes.
Nous avons «enquêté» et nous avons appris que le brave curé de pacotille appartenait à L’OPUS DEI. Aussi, il était un disciple acharné du général Franco, lequel avait «volé» le pouvoir, lequel gouvernait l’Espagne avec une dureté implacable. Il a recruté un groupe de huit types de ma classe, leur demandant d’être des modèles et de se laisser conseiller par lui.
J’ai alors, je ne sais trop pourquoi, assumé le leadership de tous ceux, très nombreux, qui refusaient ce nouveau curaillon plutôt barbare. Il m’a convoqué à son bureau, m’a annoncé que j’étais le représentant de Satan dans le collège. Il voulait m’exorciser et il m’a lancé de l’eau bénite en criant VADE RETRO SATANAS (vas-t-en, Satan). Il voulait que mes principaux amis et moi-même, nous quittions le collège.
Mais d’autres «pères» du collège en avaient ras le bol de ce fanatique.
Tout cela pour dire que j’ai alors compris l’émouvante utilité du blasphème dans certaines situations. Et les membres du groupe humoristique LES CYNIQUES l’avaient compris eux aussi.
Comme tous les vieux emmerdeurs de mon âge je pourrais disserter longuement sur cette question du blasphème mais j’ennuierais tout le monde.
Toutefois, compte étant connu de l’état actuel du monde musulman je préfère éviter de blasphémer sans raison éminemment valable. Il se peut que le film et les caricatures soient des facteurs qui stimulent le fanatisme et nuisent aux musulmans qui rêvent d’un «ailleurs» sociologique, politique et culturel.
RESPECTUEUSEMENT, RICHARD DESJARDINS!
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias, écrivain public et «vieux con»
Monsieur,
Votre témoignage me touche. Je ne crois ne pas être tout à fait aussi «vieux» que vous, juste assez pour avoir été un peu victime de ce dont vous parlez. Mais s’il fallait absolument être «con», je serais bien heureux de l’être aussi peu que vous.
Ce qui plait singulièrement dans votre commentaire (et sans vouloir le tirer à moi), c’est qu’il n’est justement pas blasphématoire, dans sa manière de rappeler la conduite proprement scandaleuse de ceux qui, circonstance aggravante, se présentaient comme les gardiens des plus hautes vertus morales. Les blasphémateurs ne sont pas ceux qui dénoncent ces excès et ces turpitudes, mais ceux qui les commettent au nom de leur «foi». Je ne leur en disputerai pas le déshonneur.
Blasphémateurs, ils l’étaient aussi, d’une manière tout à fait analogue à celle pratiquée par les fondamentalistes, dans le souci maniaque qu’ils manifestaient à pourchasser la faute la plus «vénielle», comme si leur dieu était aussi orgueilleux, susceptible, revanchard qu’ils l’étaient eux-mêmes. Il n’est vraiment pas nécessaire d’insulter leur foi: ils s’en chargent eux-mêmes.
Quant à nos Cyniques, vous saurez me le dire, mais il ne me semble pas les avoir jamais entendu injurier l’objet de la foi catholique. Je crois même qu’en en faisant ressortir les manifestations les plus risibles – à grands renforts de tabarnak salutaires – ils ont pu aider un grand nombre de croyants (dont je ne suis pas) à dépouiller leur foi et leur pratique de la nécessité de les vivre dans la bêtise la culpabilité.
Au grand plaisir de vous relire!
Bonjour, Richard Desjardins!
J’ai beaucoup pensé à vos questions concernant LES CYNIQUES. Il faut dire que leurs blagues iconoclastes étaient, aux yeux de très nombreux prêtres et d’une foultitude de «braves» citoyens, éminemment blasphématoires. Moi, avec ma formation-déformation catholique, bien collée à ma peau et dans mon cerveau, je jouissais beaucoup (je ne parle pas de sexualité) avec un petit frisson ambivalent lorsque j’entendais (et imaginant) de de tels propos libérateurs.
Pour de nombreux membres du clergé qui sentaient ou pressentaient «la fin des haricots» pour le clergé, ils menaient une campagne désespérée destinée à leur permettre de rétablir la situation d’avant 1960. Ils considéraient le film HIROSHIMA MON AMOUR (Alain Resnais) comme une oeuvre «pornographique» alors que le film présentait deux personnes nues (un homme et une femme) réfléchissant à de nombreux sujets dont la bombe sur Hiroshima. Le tout n’était ni «porno» ni érotique.
Il y a eu aussi un film pas mal provocateur du cinéaste du réalisateur espagnol Luis Bunuel, film intitulé VIRIDIANA. Quand nous avons vu ce film dans le cinéma ÉLYSÉE, (en 1963 ou en 1964), il a fallu se battre avec des prêtres pour pouvoir entrer dans le cinéma. J’avais alors 20 ans j’ai frappé certains «curaillons» avec plaisir.
Une dernière histoire. En 1988 je me suis offert une session de repos dans l’enseignement. J’ai alors passé quelques mois en Catalogne, près de Barcelone. J’avais là de merveilleux amis, lesquels vivent encore en Catalogne.
J’ai, à la fin de mon éblouissant périple, passé 14 jours à Paris. Quand je suis arrivé à Paris en novembre 1988, les médias ne cessaient de parler du dernier film de Martin Scorsese. Le titre du film: THE LAST TEMPTATION OF CHRIST. De nombreux intégristes catholiques hurlaient sans avoir vu ou compris ce film.
Finalement la plupart des cinémas présentant le film avaient dû renoncer à cause des pressions de toutes sortes, lesquelles incluaient l’incendie.
Un seul cinéma de Paris avait continué à présenter ce film, prétendument blasphématoire. Un jour j’avais décidé d’aller voir ce film, dans la soirée. Mais à cause d’un léger problème de santé j’avais décidé de faire une sieste avant de me diriger vers ce cinéma. Finalement j’ai trop dormi. Quand je me suis éveillé j’ai ouvert la «téloche». La grande nouvelle était que des intégristes catholiques avaient tenté d’incendier le cinéma. Je devais être dans ce cinéma au moment où ce geste «catholiquement criminel» avait été posé.
Tout cela pour dire que je pense avoir un certain engouement pour le blasphème, que ce blasphème soit chrétien, musulman ou autre.
OUF! C’est terminé!
JSB
Posté le 23-09-2012 à 21:23:28
Lettre de Charlie Hebdo à M. Mohammed Moussaoui, Président du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman)
Monsieur Moussaoui,
La publication du numéro de « Charlie Hebdo » représentant Mahomet vient de donner lieu une fois encore à des représailles lamentables de la part d’individus décidément bien peu éclairés que, au titre de Président du CFCM, vous avez le devoir de canaliser.
Dans « Le Monde » paru ce mercredi vous affirmez ne pas voir de lien entre les élections en Tunisie et en Libye et l’outrage caricatural nous rappelant tant bien que mal ce qu’est la charia, ou tout au moins sa partie la plus spectaculaire pour le citoyen français de base peu au fait de ce qui se passe sur son sol.
Je vous tiens pour quelqu’un d’intelligent et de cultivé, vous devez donc savoir qu’en France la caricature est une tradition très ancienne et un art très prisé, qu’aucun sujet n’y échappe et surtout pas un sujet d’actualité, et l’instauration de la charia sur un sol resté longtemps laïque est un sujet suffisamment grave et inquiétant pour ne pas faillir à la règle. La charia, l’islam, n’ont pas à faire exception à cette règle.
La charia est un système archaïque fondé il y a 14 siècles, profondément odieux, sexiste, rétrograde, discriminant et antidémocratique. Dénoncer ce système par la caricature est un procédé visant à en montrer toute l’abjection.
Condamner la charia, Monsieur, est un acte de salubrité publique nécessaire à la démocratie dont vous profitez puisque c’est en France que vous vivez en toute liberté.
Jouiriez-vous de la même liberté au Maroc ? J’en doute fort sinon comment expliquer la présence aussi énorme de Marocains abandonnant le Maroc pour la France ? C’est bien que l’air y est plus doux et plus libre ici
Cette charia prônée par Le Coran et faisant partie intégrante de l’islam (Le Coran est la base de l’islam, l’islamisme n’en étant que son expression la plus spectaculairement virulente) il est hautement souhaitable de s’en inquiéter, d’autant qu’une bonne partie de ceux qui ont permis ce désastre antidémocratique vivent sur notre sol et que des élus «dhimmis» comme les nomme votre dogme appellent de leurs voeux le droit de ces promoteurs charia-mistes de se présenter à des élections avec les conséquences terribles qu’on imagine.
Vous déclarez que «Pour les musulmans, le simple fait de caricaturer le prophète est, en soi, inacceptable et blessant». Blessant je le conçois mais inacceptable ?
Ce qui est inacceptable c’est d’interdire le divorce, y compris en France ;
Ce qui est inacceptable c’est d’autoriser la polygamie, y compris en France ;
Ce qui est inacceptable c’est de considérer que la femme est inférieure à l’homme, y compris en France ;
Ce qui est inacceptable c’est d’enfermer les femmes sous des linceuls noirs, y compris en France ;
Ce qui est inacceptable c’est de refuser à la femme d’épouser l’homme de son choix pour lui faire épouser celui que sa famille a choisi pour elle, y compris en France.
Ce qui est inacceptable c’est qu’il existe un «Conseil
Il ne faut pas emmerder Charlie-Hebdo Page 3 sur 5
Européen de la Recherche et de la Fatwa décrétant les fatwas ayant pour vocation d’être appliquées en France»
En France aucune loi ne punit le blasphème, comme l’a d’ailleurs démontré la récente affaire du coran brûlé et qui a vu la relaxe de l’incendiaire. En conséquence en France, Monsieur Moussaoui, il est permis de brûler un coran si on le souhaite et de caricaturer et de se moquer d’un prophète, fût-il le vôtre.
Les différentes manifestations hostiles à cette publication de Charlie Hebdo n’ont pas manqué de fleurir sur les forums, certains insultant copieusement les Français, d’autres réclamant à grands cris des caricatures de «juifs de 40», ce qui semble assez loin de votre souhait d’un «désaccord exprimé dans le respect des Lois et de l’intégrité des personnes».
Vous devriez d’ailleurs rappeler à vos coreligionnaires si bienveillants et aimants envers les citoyens qui les accueillent, que la fête de l’Aïd al-Adha qu’ils vont fêter dans quelques jours est un vibrant hommage à Abraham, un Juif ! A mon avis certains doivent ignorer ce détail au vu du niveau intellectuel remarquablement bas de leurs commentaires.
Dans votre interview une phrase m’interpelle tout particulièrement «Dans Le même temps, ils doivent accepter et comprendre que dans nos sociétés le rapport au sacré n’est pas le même pour tous». J’aimerais savoir de quelle société vous parlez ? Est-ce la société musulmane, la société française, la société marocaine ?
Si c’est la société marocaine, c’est que vous ne vous sentez pas français. Si c’est la société musulmane c’est que vous ne vous sentez pas démocrate et si c’est la société française, je vous rappelle qu’elle n’a aucun rapport au sacré puisque
Il ne faut pas emmerder Charlie-Hebdo Page 4 sur 5
séparée du religieux depuis qu’une célèbre loi de 1905 en a décidé ainsi, ce que manifestement, malgré votre récente naturalisation, vous ne semblez pas avoir encore bien intégré.
D’ailleurs dans votre document répertoriant les différents abattoirs pour l’Aïd vous illustrez parfaitement la difficulté que vous -et vos coreligionnaires- avez à vous considérer comme des citoyens français à part entière puisque vous adressez vos voeux aux «musulmans de France» et non pas aux musulmans français.
Je vous invite donc -vous et vos coreligionnaires «de France»- à vous interroger sur votre rôle dans notre société française, sur votre capacité à adhérer à nos valeurs laïques et démocratiques et sur votre capacité à pratiquer l’autodérision car décidément, je vous trouve très coincés du turban
.
J’attends avec impatience votre rapport sur les actes islamophobes que vous avez recensés et je ne manquerai pas de compiler de mon côté les actes francophobes que je me ferai un plaisir de vous transmettre à mon tour.
Par ailleurs, en cherchant (vainement) vos coordonnées je tombe à l’instant sur un article du site cfcm.tv particulièrement insultant pour les citoyens français. Je suis très choquée par les relents de xénophobie de cet article dans lequel il est question de la France qualifiée de «République malade et satanisée», de «protection bienveillante d’un pouvoir occulte qui trouve toute sa jouissance dans le spectacle du malheur d’une frange indésirée de sa population», de «la France victime de son arrogance et de son orgueil».
En tant que représentant des musulmans en France vous seriez bien inspiré de veiller à ce que le pays qui vous accueille et qui vous a accepté comme citoyen ne soit pas insulté et trainé dans la boue par votre communauté, car si la loi sur le blasphème n’existe pas, la loi sur la diffamation existe bel et bien.
Je vous prierais donc de faire en sorte que cet article injurieux soit rectifié afin de ne pas créer davantage de tensions.
Veuillez agréer, Monsieur Moussaoui, mes salutations définitivement laïques.
Caroline Alamachère
N.B. C’est un ami catalan qui m’a fait parvenir ce texte.
JSB
À la décharge de Charlie Hebdo, il serait bon de lire ceci
http://charliehebdo.wordpress.com/2012/01/09/marine-le-pen-et-riposte-laique-vs-charlie-hebdo/
Merci de l’information, Richard Desjardins. Je vous saurai toujours gré d’avoir recommandé ce lien fort intéressant.
Néanmoins je partage à au moins 90% les idées émises dans le texte «truqué».
Toutefois je ne focalise pas sur l’islam. Aucune religion n’a le droit d’occuper toute la place et d’imposer ses lois, règles, valeurs et normes aux autres citoyens et citoyennes.
La liberté religieuse est très importante. Mais le choix athée ou agnostique ou sceptique doit aussi s’exprimer, surtout dans des pays de plus en plus «laïcisés».
JSB