Quelle est la structure d’un sonnet? Que veut-on dire en décrivant un amour comme platonique et d’où vient ce vocable?
Que décrivent les équations de Maxwell? À quoi «E» réfère-t-il dans l’expression E = mc2?
Si vous connaissez les réponses aux premières questions, vous possédez des éléments de culture classique, d’une culture plutôt littéraire et humaniste.
Si vous connaissez les réponses aux deux dernières questions, vous possédez des éléments de culture scientifique.
Longtemps, être cultivé, avoir ce qu’on appelle une culture générale, a signifié avoir acquis un large bagage de culture du premier genre. Une personne cultivée en ce sens est celle qui connaît bien des domaines comme la littérature, l’histoire, la philosophie. C’est en somme, comme on le disait parfois, une personne qui a «fait ses humanités».
On a, au Québec, avec raison, fait de louables efforts pour généraliser la culture générale ainsi comprise et l’offrir à tout le monde. Lors de la création des cégeps, c’est avec en tête un idéal de culture générale de ce genre qu’on a souhaité offrir à toutes les personnes qui fréquenteraient ces institutions – qu’elles soient inscrites dans un programme menant à l’exercice d’un métier, dans un programme des humanités ou encore dans un programme scientifique – des cours de littérature et des cours de philosophie. Je maintiens que c’était et que cela reste une très sage décision.
Mais le monde a changé depuis 50 ans et je voudrais soumettre l’idée que notre conception de la culture générale doit être révisée pour y incorporer des éléments de culture scientifique. Je pense qu’on y gagnerait beaucoup, et au moment où s’ouvrira sous peu un Sommet sur l’enseignement supérieur, je voudrais proposer qu’on en profite pour introduire au collégial un cours obligatoire de culture scientifique.
J’avancerais trois grands arguments en sa faveur.
Pour commencer, la science et la technologie scientifique imprègnent désormais si profondément notre monde, sont à ce point au cœur de notre vie quotidienne et des enjeux (parfois vitaux) auxquels nous faisons face collectivement, qu’il me semble au sens fort impossible de s’y retrouver sans un minimum de repères conceptuels acquis au contact des sciences.
Ensuite, une certaine connaissance de la méthodologie des sciences est un outil extrêmement précieux tant pour évaluer des travaux scientifiques qui nous sont rapportés que pour se prémunir contre tous ces charlatans qui se réclament frauduleusement de la science pour vendre leur camelote.
Enfin, et malgré tout le bon travail accompli depuis 50 ans, ce qu’on a appelé les deux cultures, la littéraire et la scientifique, restent comme deux continents relativement isolés. En effet, les gens qui ont une culture générale humaniste sont souvent bien peu savants en science (et s’en vantent même parfois, notamment quand il s’agit des mathématiques dont on dit sans gêne qu’on n’y a jamais rien compris!), tandis que les gens qui ont une culture scientifique sont parfois peu informés en matière de culture humaniste. Un cours de culture scientifique contribuerait à jeter des ponts entre ces deux univers.
Je pense que nous avons, dans nos cégeps, toutes les ressources intellectuelles pour concevoir et donner un tel cours – qui aurait aussi l’avantage de faire dialoguer ces deux cultures, puisqu’il demanderait la collaboration des professeurs de science et des professeurs des humanités, en particulier, mais non exclusivement, des philosophes.
Qu’aborderait-on durant les 45 heures que durerait ce cours? Je laisse aux experts le soin de le déterminer. Mais j’insisterais pour qu’on vise deux grands et ambitieux objectifs.
Le premier est qu’en en sortant, chacun devrait avoir une compréhension intuitive (pas [trop] de maths, qu’on se rassure…), citoyenne, des grands principes et résultats des grandes sciences, une compréhension suffisante, disons, pour lire et comprendre les sections des quotidiens consacrées à la science, quitte à parfois devoir aller consulter un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste pour y parvenir.
Le deuxième est qu’en sortant de ce cours, chacun devrait avoir une idée de ce qu’est la science, cette manière particulière et faillible de poser et de résoudre des problèmes qui est en somme récente dans l’histoire de l’humanité, et de sa place dans l’ensemble de la culture. Ce genre de connaissance me semble de la plus haute importance pour les citoyens: il contribue de manière irremplaçable à la formation de la pensée critique et à son exercice sur un grand nombre de sujets cruciaux – l’opportunité d’exploiter le gaz de schiste ou la réalité du réchauffement climatique, pour prendre deux exemples actuels. De plus, je pense que ce savoir, qui exige de mobiliser des éléments de sociologie et d’histoire des sciences, serait bénéfique même aux personnes qui se destinent à une carrière scientifique et dont la formation ne laisse souvent que bien peu de place à ces importants questionnements.
Voilà donc une chose que je soumettrais au prochain Sommet sur l’enseignement supérieur si j’avais l’occasion de m’y présenter.
Et je suis bien curieux de savoir ce que vous en pensez…
La question que pose cet article est plus que pertinente! J’ai fait mes études collégiales en lettres et j’avoue non pas avec fierté que ma culture scientifique est presque inexistante. Heureusement, j’ai un ami ayant une grande culture scientifique qui comble quelque fois ce manque, mais cela me nuit tout de même. Trop de gens négligent l’influence que les sciences peuvent avoir sur le monde de l’art et inversement. On a qu’à penser à la démarche scientifique d’artistes comme Da Vinci ou aux écrits de Lewis Carroll. L’histoire est truffée de personnalités harmonisant la culture scientifique et la culture humaniste.
Quelle excellente idée!
Notez, par contre, que le deuxième cours de philosophie peut très bien être utilisé à cette fin. De mon côté, suite à Descartes et la révolution scientifique (passage de la téléologie au mécanisme, exposé notamment à l’aide de Galilée et de Newton) j’enchaîne avec Turing, Parfit, Searle et Dennett (qui me permet d’aborder Darwin.)
Bref, un cours en anthropologie philosophique permet d’aborder de nombreuses notions en physique, en informatique (machine de Turing, explication simple des résultats de Gödel), en biologie et en psychologie (les expériences de Libet dont discute Dennett, par exemple, ou les cas de séparation des hémisphères du cerveau qui servent à Parfit.) Ceci me permet aussi d’apprendre à mes étudiants ce qu’est, par exemple, le rasoir d’Ockham, la clause Ceteris paribus, la différence entre une distinction réelle et une distinction nominale, l’erreur de catégorie ou la différence entre principe nécessaire et principe suffisant. Le but du cours étant d’apprendre à comparer diverses théories, j’essaie d’outiller mes étudiants à évaluer correctement ces théories.
Ça n’est pas parce que 98% des manuels abordent Marx, Freud et Sartre que l’on ne peut pas faire autrement. Rien dans le devis ministériel n’empêche de faire dans le cadre de ce cours appel à la culture scientifique si l’on choisit des auteurs (souvent eux-mêmes à la fois philosophes et scientifiques) qui basent leurs conceptions anthropologiques sur certaines théories ou certains résultats scientifiques.
Et je ne suis pas le seul à ce faire. Plusieurs de mes collègues, eux-aussi, utilisent ce cours comme occasion de parfaire quelque peu l’éducation scientifique des étudiants. Nous devons être 4 ou 5, à mon seul collège, qui abordons au moins Darwin et la théorie de l’évolution dans le cadre de ce cours, parfois directement, parfois par l’intermédiaire d’un Dennett, d’un Dawkins ou d’un Pinker. Beaucoup abordent aussi Skinner, certains La Mettrie, je me souviens avoir déjà enseigné à propos de Claude Bernard et Norbert Wiener.
Bref, il suffirait peut-être de revoir l’offre au niveau des manuels du deuxième cours de philosophie. Par contre, je n’ai rien contre un cours général supplémentaire dédié à cette fin, mais la tendance est plutôt de couper dans la formation général commune.
Excellente idée pour d’excellentes raisons !
Normand, n’y a-t-il pas un peu de naiveté dans ta volonté de proposer un cours de culture scientifique ? 1. Les étudiants choisissent le cours de Yoga en EdPhy pour faire le moins d’exercice possible et les cours de photo en complémentaire pour travailler le moins possible. Qui veut d’un cours de culture scientifique? 2. Il y a le problème du niveau des cours : un cours de latin ou de maths est difficile et demande des efforts, un cours de Relations humaines demande peu d’effort. Que désirent les étudians qui étudient à temps pleins et travaillent 40 h sem ?
Monsieur Leroux,
Je pense que vous mélangez tout ! J’appuie entièrement le raisonnement de Monsieur Baillargeon ici. Cette culture ne se créera d’elle-même, elle doit être appuyée par des décisions politiques fermes et éclairées.
Les cours de « Relations humaines », comme vous les appelez, si je vous comprends bien fait référence aux sciences humaines, cette formation demande des efforts différents de ceux qu’on retrouve en mathématique. Lorsqu’on s’implique dans ses apprentissages, que ce soit en sciences humaines ou en mathématiques, au bout du compte on en sort grandis.
Je ne sais pas si vous avez déjà essayé le Yoga, on travaille sur la souplesse du corps, sur la concentration et la détente, ces élèments sont souvent négligés par ceux passant beaucoup trop de temps derrière un ordinateur. La tête n’exclut pas le corps, et vice-versa!
M. Leroux, vous présumez des intentions des étudiants. Vous avez probablement raison pour certains d’entre eux ; pour ceux qui entretiennent les préjugés que vous mentionnez sur le yoga et les cours en Relations humaines.
Un jeune adulte qui cherche le bien être intérieur et qui vise à entretenir de meilleures relations humaines ne peut qu’augmenter ses chances d’enrichir son existence. Bien plus que d’amasser des connaissances scientifiques qui ne lui serviront probablement jamais. D’ailleurs, ce n’est pas de cela dont M, Baillargeon mais bien d’une culture scientifique qui permet de mieux utiliser son sens critique.
Et puis, celui qui va au yoga ou au cours de Relations humaines pour ne rien faire en retirera tout simplement rien. Il en ira de même de sa présence au cours de culture scientifique comme à tout autre cours. Sommes-nous en présence d’une culture du vide ? C’est ce que vous nous invitez à penser. Peut-être avez-vous raison.
Culture scientifique sans trop de maths? Désolé, mais il faudrait commencer par apprendre les maths comme il faut aux jeunes au secondaire et retourner à un programme même plus exigeant à ce niveau.
Appréhender le monde, le décrire, le comprendre d’un point de vue scientifique demande une maîtrise minimale des mathématiques qui n’est pas encore acquise après cinq années de secondaire.
C’est bien beau de vouloir transférer de la culture scientifique en faisant des dessins, mais ce n’est pas de la culture scientifique. D’ailleurs, avez-vous une idée des mathématiques nécessaires à la compréhension des équations de Maxwell? Même les étudiants en sciences pures qui sortent du collégial peinent à en maîtriser tous les aspects.
Le risque est grand que tout ça ne donne que des cours de trippeux sur les pseudos sciences, ce qu’il faut évidemment éviter parce que ce serait aller en direction inverse de l’objectif.
L’intention est peut-être louable, mais c’est au secondaire qu’il faut commencer à inculquer une solide culture scientifique en donnant les outils appropriés.
Culture scientifique sans trop de maths? Désolé, mais il faudrait commencer par apprendre les maths comme il faut aux jeunes au secondaire et retourner à un programme même plus exigeant à ce niveau.
Appréhender le monde, le décrire, le comprendre d’un point de vue scientifique demande une maîtrise minimale des mathématiques qui n’est pas encore acquise après cinq années de secondaire.
C’est bien beau de vouloir transférer de la culture scientifique en faisant des dessins, mais ce n’est pas de la culture scientifique. D’ailleurs, avez-vous une idée des mathématiques nécessaires à la compréhension des équations de Maxwell? Même les étudiants en sciences pures qui sortent du collégial peinent à en maîtriser tous les aspects.
Le risque est grand que tout ça ne donne que des cours de trippeux sur les pseudos sciences, ce qu’il faut évidemment éviter parce que ce serait aller en direction inverse de l’objectif.
L’intention est peut-être louable, mais c’est au secondaire qu’il faut commencer à inculquer une solide culture scientifique en donnant les outils appropriés. .
Vous soulevez de bonnes et belles questions; mais, et en tout respect, « C’est bien beau de vouloir transférer de la culture scientifique en faisant des dessins, mais ce n’est pas de la culture scientifique »
est une caricature de ce que j’avance et essaie de défendre ii, peut- être malhabilement.
De plus, il existe une belle et riche tradition de vulgarisation scientifique qui reste inspirante pour ce que je propose.
Non, je soulève la réalité des limites de vouloir inculquer une culture scientifique sans en inculquer la rigueur. Parce que la démarche scientifique est avant tout question de rigueur.
Quant à la vulgarisation, c’est bon pour la consommation courante après avoir inculqué une culture scientifique et à mon avis il ne faut justement pas se leurrer en croyant qu’il suffit d’aller vulgariser dans les salles de classes pour croire avoir inculqué une culture scientifique. Ce serait planter un arbre sans ses racines.
Humm… Ce texte me fait penser à l’Iliade et l’Odyssée! ;-)
Il existe déjà deux type de cours collégiaux dénommés « Culture scientifique et technologique » dont la compétence générale s’énonce ainsi « Expliquer la nature générale et quelques-uns des enjeux actuels de la science et de la technologie » pour l’un et « Résoudre un problème simple par l’application de la démarche scientifique de base » pour l’autre. Ces cours font cependant partie de la formation complémentaire et ne sont pas obligatoires. Quant au contenu, il revient à chaque département de sciences d’offrir des cours répondant à l’énoncé de compétence. http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/publications/Ens_Sup/Affaires_universitaires_collegiales/Ens_collegial/FormGenComPropreComplProgEtudesCondDEC_2011_f.pdf
Une réponse sur deux dans chacune des cultures. Ça doit faire de moi une personne semi-cultivée ?
À mon humble avis d’ancienne drop-out, tout cela devrait être enseigné bien avant le cégep. En remplacement des stupides cours de perte de temps (morale, éthique ou autre religion ou « développement personnel »). Et j’inclurais aussi la philosophie, dès le primaire. Et les arts: pas seulement leur apprendre à jouer « Au clair de la lune » ou autre chansonnette à la flûte à bec!
Cela dit, on ne doit jamais oublier ou négliger le fait que l’école n’est pas seule responsable de la culture de nos enfants.
Ah ?
L’éthique est stupide et une perte de temps ? Eh bien, on aura tout vu !!!
Suivez-vous un peu l’actualité ?
L’éthique des sciences, ça vous dit quelque chose ?
Ce qu’il faut, c’est un peu moins d’arrogance de la part de la classe techno-scientifique, qui semble croire qu’elle peut tout prévoir et tout contrôler, alors que l’histoire moderne n’est qu’une succession de leurs funestes échecs. L’épistémologie des sciences, l’histoire des sciences et la sociologie des sciences peuvent servir à cela.
Ce qu’il faut pour lui faire contre-poids, c’est une population critique, qui est suffisamment capable d’argumenter scientifiquement afin de dénoncer le roi techno-scientifique lorsqu’il est nu. Dans ce but, votre cours semble bien adapté tant qu’il ne pousse pas vers l’arrogance.
Finalement, il faudrait adopter et enseigner un principe de précaution fort qui renverserait le fardeau de la preuve. C’est à l’industriel qui veut commercialiser une nouvelle technologie, pensons aux gaz de schistes par exemple, de faire la preuve à la société qu’elle n’est pas dangereuse, plutôt que le contraire. Cela éviterait de politiser à chaque fois ces enjeux qui devraient planer bien au-dessus des considérations de politique partisane. Cela rendrait mes deux premiers points légèrement moins critiques.
Tu le devines Normand je ne puis être qu’en faveur de cette proposition. En revanche, je crois que l’inverse doit être aussi vrai: les étudiants en sciences naturelles et physiques devraient se voir imposer un cours d’introduction aux sciences humaines et sociales, avec un accent mis sur les débats épistémologiques qui les habitent. Le mépris constant que connaissent les sciences humaines et sociales auprès des ingénieurs et autres chimistes tient en grande partie à une ignorance crasse de leurs particularités et des débats qui les habitent. Nous y gagnerions tous collectivement.
@Simon Ouellet
L’éthique qui est enseignée dans les écoles est une perte de temps. J’ai quatre enfants qui ont fréquenté les écoles primaires et secondaires et suis donc bien placée pour l’avoir constaté à maintes reprises. Je ne parlais pas d’éthique en général ! Et c’est pas nécessaire de s’adresser à moi sur ce ton condescendant. De plus, mon message s’adressait à Normand, pas à vous. C’est pas un forum ici, que je sache. Merci.
Faut pas vous vexer à ce point. Si mon ton vous a déplu, veuillez m’en excuser.
Voyez-vous, cela vous a permis de clarifier votre pensée, il me semble que cela est positif. Ce n’est pas un forum, c’est vrai, il s’agit toutefois d’un espace publique et que des gens fassent suite à nos interventions, que je sache, fait partie de la démarche et on accepte la chose lorsqu’on publie un commentaire. Vous venez d’ailleurs de vous prévaloir de cette possibilité; c’est pour cela qu’il y a une fonction « répondre » au bas des écrits de chacun chacune.
Quant au fait que vous soyez mère, je ne vois pas en quoi ça vous dispose particulièrement à un meilleur jugement sur le sujet mais laissons faire ce point.
L’éthique, juste en passant, fait partie de l’enseignement de la philosophie, dont vous affirmez pourtant souhaiter la présence…
À bon entendeur, salut !
En lien avec cette chronique en particulier et vos autres chroniques en général, voici un texte fort intéressant… Ignorance by Consensus…
C’est ici : http://www.energybulletin.net/stories/2012-11-14/ignorance-by-consensus
Bonne lecture!
Merci! Chouette lecture…
Si les personnes qui se destinent à une carrière « humaniste » sont peu exposés à la culture scientifique, les personnes qui se destinent à une carrière scientifique sont à mon avis immanquablement exposés à la culture humaniste, étant donné que les scientifiques habitent parmi les humains. Il est vrai qu’un pareil cours leur profiterait, mais dans une bien moindre mesure qu’il profiterait aux gens qui n’auront pas une carrière scientifique. À mon sens, il faudrait pour ces étudiants un cours différent, davantage axé sur le rôle social du scientifique que sur les enjeux sociaux, qui ne leur sont pas étrangers de toute façon.
Précisons que les sciences humaines ne sont pas accessibles en « étant humain », de la même manière que les sciences naturelles ne sont pas accessibles en faisant partie de la « nature ».
@Simon
Encore de la condescendance : « Quant au fait que vous soyez mère, je ne vois pas en quoi ça vous dispose particulièrement à un meilleur jugement sur le sujet… »
Ça prend un diplôme universitaire pour donner son avis ici maintenant ? C’est pas le fait d’être mère, mais bien celui d’être témoin aux premières loges d’un immense tas d’aberrations dans le système scolaire qui me permet d’émettre une opinion.
Par ailleurs, je répète que je n’ai pas critiqué l’étique mais bien les COURS D’ÉTHIQUE offerts dans nos écoles. (ou qui y étaient offerts avant la réforme en tous cas. De la « catéchèse laïque », ni plus ni moins).
Basta!
Vous voyez de la condescendance partout.
Par respect pour l’auteur de ce blogue et les autres intervenants, je ne devrais pas poursuivre mais je me permettrai cette finale.
Ne sommes nous pas tous allés au primaire et au secondaire ? Mes frères et soeurs y sont allés, mes amis également; par définition, nous sommes tous témoins de ces aberrations, ce qui ne signifie pas qu’on en a tous conscience, qu’on les remarque et qu’on en comprend les tenants et aboutissants.
Qui vous a empêché de vous exprimer et où est ce que quelqu’un a fait mention d’une nécessaire diplômation universitaire ?
Il n’y a que vous qui en avez parlé; en d’autres termes, vous êtes de mauvaise foi. Puisque vous tenez tant à votre opinion, veuillez également respecter le point de vue des autres; j’ai commenté vos mots, pas votre personne.
Faites moi une réponse à votre sauce si cela vous chante, c’est pour moi la dernière vous étant adressée.
L’idée est excellente. Mais un tel cours implique l’acceptation tacite de insuffisance des cours normaux. Si un étudiant au CEGEP a besoin d’un cours dont le but est de lui apprendre que l’Univers est intelligible et qu’il existe une méthode (dite scientifique) pour le comprendre, alors il faut se poser des questions sur la manière dont la formation secondaire est dispensée. En attendant ces modifications au secondaire, le cours de culture scientifique boucherait le trou.
D’un autre côté, j’ajouterais un quatrième argument pour justifier votre proposition. Le monde est pragmatique, on veut avoir pour son argent et on ne fait rien pour rien. À quoi ça sert de connaitre l’âge de l’Univers? Est-ce que j’aurai une augmentation salariale si je comprends la tectonique des plaques? La culture scientifique ne rend même pas plus heureux et n’évite pas la souffrance! Alors, à quoi ça sert? La culture scientifique ne sert qu’à essayer de comprendre le monde, dans le but de nous affranchir, de nous rendre libres. Isaac Asimov parlait des »Armées de l’obscurité », ces bataillons de spiritistes, cartomanciens, créationnistes ou adeptes au feng shui qui utilisent des chaines parfois subtiles pour asservir leurs adeptes.
@Simon Ouellet
Merci de m’éviter de subir une autre intervention de ta part,
J’en reviens donc à mon premier commentaire, qui ne s’adressait qu’à Normand, EXCLUSIVEMENT.
Merci ; )
Oh! En ce qui concerne ma supposée mauvaise foi j’ajouterai ceci : http://www.youtube.com/watch?v=F6SH562qW88
; )
Pourquoi voir, un journal culturel, n’a pas de section sur la culture scientifique?
@ David. Bonne question, à poser à Simon Jodoin je suppose. Il n’a certainement pas un préjugé anti-science…
Ceci dit, le regretté Carl Sagan faisait remarquer (il est mort en 1996, c’est un mien héros…) que presque tous les quotidiens ont une rubrique d’astrologie, mais que très, très peu ont une rubrique (quotidienne ou même hebdomadaire) sérieuse consacré à la science.
Le Devoir, à ce sujet, constitue une exception qu’il faut féliciter. Et surtout Pauline Gravel, qui fait un super beau boulot…
[http://www.ledevoir.com/auteur/pauline-gravel]
Hahaha! Excellente question. Et c’est vrai pour la plupart des journaux à grande diffusion dans la province. Le seul bon journaliste scientifique dans un journal à grande diffusion que je connaisse est Jean-François Cliche au Soleil. C’est un passionné et ça se lit.
Et j’imagine que si la science est si absente de nos publications à grand tirage, c’est justement parce que les gens trouvent que ça demande trop d’efforts intellectuels ou qu’ils ne sont pas suffisamment outillés pour décortiquer les articles qui vont au-delà de la simple nouvelle et du fil de presse. Et c’est à ça que l’école doit s’attaquer. Au CEGEP, il est déjà trop tard. Les cours de sciences ont été coupés au secondaire depuis l’époque où j’ai occupé les bancs d’école. Plusieurs de ces cours jadis obligatoires sont devenus optionnels. Certains ont vu leur contenu dilué.
Excellente proposition Monsieur Baillargeon.
Mon cheminement personnel marginal m’aura conduit à évoluer dans les département de sciences sociales universitaire (anthropologie sociale et ethnologie) puis dans les science informatiques appliquées au niveau collégial, si bien que suis aujourd’hui considéré comme un programmeur puisque c’est cette formation qui assure ma subsistance.
Durant ce parcours, j’ai observé un très concret mépris (variant selon les disciplines mises en causes) de la part des sciences dites « dures » envers les sciences dites « molles » ET vice versa.
J’associe pourtant le développement de mon sens critique personnel, entre autres bénéfices, au fait que je suis un initié des deux pôles dichotomiques mentionné dans cette chronique.
Sans entrer dans les détails, mentionnons aussi que j’utilise mon savoir « humain » chaque jour dans mes tâches de programmeur.
L’acquisition d’une capacité d’empathie envers les membres des autres domaines scientifiques, dans un monde ou les collaborations multidisciplinaires ont fait leurs preuves, me semble être un argument valant déjà, à lui seul, l’effort de la mise en place de votre riche idée.
F. Tardif
*Au passage, j’aimerai témoigner du grand bonheur que j’éprouve chaque semaine à lire votre texte ainsi que celui de monsieur Jodoin gratuitement dans les autobus de la RTC (et ce même lorsque je suis en désaccord avec les idées qui y sont véhiculés). Merci, donc, à tout les acteurs responsable de ce bonheur hebdomadaire.
Il y a presque dix-sept ans (20 novembre 1995), je développais un argumentaire assez similaire au vôtre dans le journal Le Soleil (« Un cours de culture scientifique et technique s’impose au collégial. »). Étant retourné depuis ce temps à l’enseignement à l’Éducation des adultes, je n’ai pas suivi ce dossier de près. Je crois savoir que quelques cégeps l’offrent sur une base optionnelle. Un cours qui profite donc à une clientèle restreinte et déjà sensibilisée. S’agissant de l’offrir à une plus large clientèle, une difficulté majeure est le bagage préalable des connaissances sur la science, son histoire et son fonctionnement. Bagage pour le moins hétérogène. Et, en général, assez minimal. Tant chez les étudiants que chez les enseignants ! Pour qu’un tel cours puisse avoir une chance au final de rejoindre un peu tout le monde, les 45 heures devraient être découpées en 7 ou 8 thèmes facilement abordables. Il est peu probable qu’un même enseignant puisse tout traiter avec un égal bonheur. Peu probable, également, une véritable collaboration entre enseignants, étant données la nature problématique et controversée du sujet et la territorialité « scientifique » ou « humaniste » des uns et des autres. Dans ce contexte, par une sorte de mariage de raison, deux ou trois enseignants pourraient se partager le boulot.
Il y a dix-sept ans presque jour pour jour (20 novembre 1995), j’ai développé un argumentaire assez similaire au vôtre dans le journal Le Soleil (« Un cours de culture scientifique et technique s’impose au collégial »). Étant retourné depuis ce temps à l’enseignement à l’Éducation des adultes, je n’ai pas suivi ce dossier de près. Je crois savoir que quelques cégeps offrent un tel cours sur une base optionnelle. Il ne rejoint donc qu’un effectif réduit et déjà sensibilisé. S’agissant de l’offrir à une plus large clientèle, un problème majeur est le bagage hétéroclite et souvent minimal de connaissances sur les sciences, leur histoire et leur fonctionnement. Tant chez les enseignants que les étudiants !
Pour qu’un tel cours ait une chance de rejoindre un peu tout le monde, il faudrait le diviser en sept ou huit thèmes facilement abordables (ce qui n’est pas simple). Il est peu probable qu’un même enseignant puisse les traiter tous avec un égal bonheur, étant donné la diversité des perspectives et des approches (intellectuelle, sociologique, anthropologique…) et la provenance « scientifique » ou « humaniste » des enseignants. Deux ou trois enseignants pourraient alors se partager le boulot.
« un cours de culture scientifique au collégial » ?
oui! et le matin des magiciens parmi les œuvres obligatoires.
Excellente proposition Monsieur Baillargeon.
Mon cheminement personnel marginal m’aura conduit à évoluer dans les département de sciences sociales universitaire (anthropologie sociale et ethnologie) puis dans les science informatiques appliquées au niveau collégial, si bien que suis aujourd’hui considéré comme un programmeur puisque c’est cette formation qui assure ma subsistance.
Durant ce parcours, j’ai observé un très concret mépris (variant selon les disciplines mises en causes) de la part des sciences dites « dures » envers les sciences dites « molles » ET vice versa.
J’associe pourtant le développement de mon sens critique personnel, entre autres bénéfices, au fait que je suis un initié des deux pôles dichotomiques mentionné dans cette chronique.
Sans entrer dans les détails, mentionnons aussi que j’utilise mon savoir « humain » chaque jour dans mes tâches de programmeur.
L’acquisition d’une capacité d’empathie envers les membres des autres domaines scientifiques, dans un monde ou les collaborations multidisciplinaires ont fait leurs preuves, me semble être un argument valant déjà, à lui seul, l’effort de la mise en place de votre riche idée.
F. Tardif
*Au passage, j’aimerai témoigner du grand bonheur que j’éprouve chaque semaine à lire votre texte ainsi que celui de monsieur Jodoin gratuitement dans les autobus de la RTC (et ce même lorsque je suis en désaccord avec les idées qui y sont véhiculés). Merci, donc, à tout les acteurs responsable de ce bonheur hebdomadaire.
L’école, ça nous embrousaille de théories, de règles, de grandes conceptions, etc., sans jamais nous inviter à retourner, démonter, rapiécer une réponse à cette question vitale: comment vivre? On apprend n’importe quoi en nous faisant croire que ce sera utile pour devenir un bon citoyen productif, le système éducatif est dressé par des décideurs utilitaristes, mais on passe à côté d’une pensée plus intime concernant la seule question d’importance…
Une mise à niveau scientifique ou à tout le moins un semblant de methode scientifique serait idéal pour affronter les questions nombreuses qui nous submergent au quotidien. Mais avant d’enseigner les sciences, j’enseignerais plutôt à reconnaître et à analyser un stéréotype ou une idée reçue et ses effets potentiels. La réponse scientifique ira de soi…et l’intérêt pour celle-ci ne pourra que s’accroître d’avantage. Voici la méthode que j’applique depuis la naissance de ma fille et je ne cesse de mesurer le faussé qui sépare les connaissances populaires de mon entourage (et moi-même) et les connaissances scientifiques admises depuis déjà quelques années et qui tardent à arriver aux oreilles du peuple.
Des remarques :
(1)
« Qu’aborderait-on durant les 45 heures que durerait ce cours? Je laisse aux experts le soin de le déterminer. Mais j’insisterais pour qu’on vise deux grands et ambitieux objectifs. »
Je suis d’accord avec vos deux orientations soit la methode et les connaissances (i.e. theorie et donnees experimentales)
» des grands principes et résultats des grandes sciences »
« chacun devrait avoir une idée de ce qu’est la science »
Par contre je plaide pour qu’on fasse une grande place aux connaissances actuelles ce qui pourrait en faire un cours pertinent meme pour ceux en science pures et de la sante.
—-
(2)
Des commentaires alimentent ma reflexion egalement sur ce que ce cours ne doit surtout pas etre …
« Notez, par contre, que le deuxième cours de philosophie peut très bien être utilisé à cette fin. »
(a)
Les cours de philosophie auraient interet bien sur a aborder la philosophie des sciences, l’epistemologie, …
(b)
Par contre …
Culture scientifique n’est pas philosophie, ni philosophie des sciences …
Vulgarisation de la science n’est pas la philosophie …
Et je pense pas que d’integrer un cours de culture scientifique dans le departement de philo soit la bonne approche …
(c)
Mais si vous vouliez dire dans le fond utiliser le deuxieme cours de philo pour degager de l’espace … pas sur que ce serait tres populaire dans les departements de philosophie au collegial ( je peux me tromper ).
Et si on voulait degager de l’espace … bien des endroits ou le faire …
(3)
Pour la physique des idees …
-Modele de la physique des particules sous forme d’un tableau ( tableau qui existe deja ) a la maniere du tableau periodique
-Les 4 forces ( pas banal qu’il y ait 4 forces … )
-Une presentation des grandes theories …
-Cosmologie ( qu’est-ce qu’en 2012 on sait de l’univers et de son evolution, age etc ), astrophysique ( age systeme solaire, age de la terre , d’ou vienne les elements chimique .. les legers vs les lourds )
-Aborder comment la relativite ou meme la mecanique quantique ont des applications pratiques nombreuses (GPS etc …), sans bien sur aller dans le details
-Aborder certaine experiences actuelles et certaines questions importantes
-Encore une fois … focuser sur des elements de synthese, les idees et moins sur les mathematiques …
-Je propose d’obliger gentiment les etudiants a lire 1 de vulgarisation par exemple d’Hubert Reeves en physique … on pourrait faire de meme avec les autres disciplines …
(4)
Les perils :
(a)
Se perdre dans les paradoxes de la relativite , dans la philo ou l’histoire des sciences et dans les heros de la science … se perdre dans les truc du 17e et 18 e siecle … et les Grec …
Sur le fond en avant scene ca doit etre la science elle meme …
(b)
Les pseudo sciences … la meilleur facon de les remettre a leur place c’est justement de leur faire aucun place et de les ignorer.
(c)
Debat et actualite …
La science oui aide a se faire une idee sur bon nombre d’enjeux. Par contre je pense qu’on perdrait une belle occasion que de transformer le cours en cours de debat sur l’actualite.
L’actualite peut alimenter bien sur le cours … mais a nouveau … la science doit prendre le devant de la scene.
(d)
Un exemple de reussite et de faillite en meme temps … le tableau periodique ….
oh combien il est connu … ce qui est un tres beau succes …
oh combien les etudiants saississent mal l’ampleur de la chose …
(e) Reconnaitre que malgre un probleme de litteracie en mathematiques on peut faire bien des choses.
(5)
« D’ailleurs, avez-vous une idée des mathématiques nécessaires à la compréhension des équations de Maxwell? Même les étudiants en sciences pures qui sortent du collégial peinent à en maîtriser tous les aspects. »
(a)
Tres bonne remarque … en fait d’ailleur … il me semble que dans le livre de physique du collegiale on les montres dans leur forme differentielle qu’a la fin ( chapitre 12 ou 13) et c’est un chapitre qui est rarement atteint …
Par contre pour etre franc … au bacc en physique … faire leur etude … c’est l’histoire des cours d’electro 1,2, 3 etc … alors je pense que personne evoque de voir en details le sujet au cegep …
Mais doit – on eviter de les montrer pour autant … ou meme d’ecrire les equations sur un tableau en disant les voici … et discuter des consequences …
(b)
L’idee c’est pas de rien faire … par exemple pour toute la question des particules elementaires …
Impossible d’avoir assez de math pour aborder le sujet avec rigueur … et meme ici … pas evident qu’on jamais assez de math …
Par annee au quebec ou meme au canada tres peu d’etudiants vont suivre un cours de theorie des champs et encore moins un deuxieme … et tres souvent la physique des particules est vu sous l’angle de la phenomenologie
et encore la des mathematiciens vous dirait qu’il y a des problemes nombreux et serieux avec le formalisme de la theorie des champs … les c-algebres ect …
Pour veritablement comprendre le modele standard il faut avoir une connaissance de la theorie des algebres de Lie et des theorie de jauge nonabelienne …
combien de gens au Quebec on de tels acquis ?
Ca dois-tu nous empecher de montrer un tableau qui classerait les differentes particules ? Et dire voici ce que l’on sait du monde par x ou y experience et tel theorie de monsieur un tel ?
(6)
« Culture scientifique sans trop de maths? Désolé, mais il faudrait commencer par apprendre les maths comme il faut aux jeunes au secondaire et retourner à un programme même plus exigeant à ce niveau. »
(a)
Il y a bien sur un probleme aussi de litteracie mathematique …
Mais si on evoque en regard de la physique quelle sont les mathematiques manquantes ….
Le premier coupable serait le calcul differentiel et integral …
Dans la mesure ou meme au cegep avec des etudiants motives et ayant suivi 536 … 50% reussissent ave des degre divers … pas evident comment on peut rendre le programe du secondaire plus exigeant au point de vue de pouvoir aborder les equations de la physique …
Des fois il y a le fantasme et le reel …
(7)
» les étudiants en sciences naturelles et physiques devraient se voir imposer un cours d’introduction
aux sciences humaines et sociales, avec un accent mis sur les débats épistémologiques qui les habitent »
(a)
Je pense que la situation n’est pas symetrique … je pas d’accord a toujours symetriser les questions …
(b)
Et avec mesquinerie je dirais qu’on commence donc a faire des cours au gens des sciences humaines et sociales sur les debats epistemologiques qui les habitent … a commencer par les limites des modeles en economie …
(c)
On completera au besoin de cours d’equation differentielle aux derivee partielles nonlineaires pour les economistes ce que tres peu font et aux etudes graduees …
(8)
« À mon humble avis d’ancienne drop-out, tout cela devrait être enseigné bien avant le cégep. En remplacement des stupides
cours de perte de temps (morale, éthique ou autre religion ou « développement personnel »).
Et j’inclurais aussi la philosophie, dès le primaire. »
Tres bonne remarque …
Quelle perte de temps effectivement …
J’ai deja entendu des ministres dire que pour comprendre « le monde » fallait avoir des connaissances sur les differentes religions …
c’est drole moi je pense que pour comprendre « le monde » il faut des acquis en mathematiques et en science …
Merci, Ian , de ce très riche et très stimulant commentaire. Donne beaucoup à penser…
Je seconde les propos de Ian. Notamment, il touche aux points 5 et 6 à un élément essentiel, celui de l’aspect phénoménologique.
Les sciences sont avant tout une entreprise empirique qui s’acharne à explorer un phénomène sensible afin de le comprendre. Les mathématiques n’arrivent que relativement tard dans le processus, une fois la compréhension du phénomène relativement avancée. Les lois de Maxwell en sont un excellent exemple.
Il ne s’agit pas d’insinuer que les mathématiques sont superflues, loin de là. Le formalisme rigoureux qu’elles apportent permets d’analyser dans les détails les conséquences d’une théorie; c’est une source d’inspiration et d’intuition. Les équations de Maxwell en sont encore là un excellent exemple.
Tout ça pour dire qu’une description phénoménologique serait à privilégier sur une description mathématique quantitative. En plus de faciliter la pédagogie (pas de maths poussées), on se concentre sur l’aspect crucial de la science. Il est en effet faut d’affirmer que « Appréhender le monde, le décrire, le comprendre d’un point de vue scientifique demande une maîtrise minimale des mathématiques qui n’est pas encore acquise après cinq années de secondaire » comme le fait Daniel Savard.
Il faut se concentrer sur l’aspect phénoménologique.
Second commentaire, sans lien avec le premier:
Certain commentaires m’inquiètent quant aux dérives qu’ils suggèrent. Je crois que la proposition de Normand Baillargeon visait à inculcquer une culture scientifique de base dans le but d’aider à la réflexion critique sur différents enjeux. Une chose avant la seconde.
Ainsi, certains résultats scientifiques (plus souvent mathématiques) peuvent être d’une grande importance en épistémologie (Gödel, par exemple), ils n’apportent que très peu à l’objectif visé. Il faut éviter de sombrer dans une dérive philosophique. Un cours tel que proposé ici n’est pas un cours de philosophie des sciences. Au contraire de Luc, par exemple, je crois qu’une culture scientifique de base permetterait d’éliminier l’aura d’autorité des technocrates bien plus sûrement que des cours de sociologie, d’épistémologie ou d’histoire des sciences.
Qui plus est, en présentant à un large public l’importance des grandes théories fondamentales, je suis d’avis qu’un cours de ce genre aiderait à mitiger les effets de la tendance actuelle valorisant la science « utile » de façon démesurée.
Un tel cours devrait donc présenter principalement les grandes théories actuelles en sciences de la nature. On peut inclure une présentation de la méthode scientifique, et terminer le cours avec des réflexions sur l’actualité. Il faut toutefois rester conscient que la liste des théories importantes est plutôt longue, et qu’elle diffère selon le spécialiste en question. Par exemple, il m’est impensable de ne pas enseigner les lois de la thermodynamique, alors que d’autres se concentreraient davantage sur les particules élémentaires, la relativité, la génétique, la mécanique, les écosystèmes, la géologie, l’anatomie…
Avec l’approche phénoménologique, nous ne produisons que des pseudos scientifiques. Les mathématiques font partie intégrante de ce que nous appelons la science. C’est le cadre même du raisonnement scientifique et il faut être ignorant de la science moderne pour croire que les avancées que nous connaissons sont avant tout question de phénoménologie.
La compréhension du monde nécessite l’outil mathématique, c’est le langage par lequel il peut être décrit, même en termes non-quantifiés. Vous démontrez encore votre ignorance en disant que l’usage des mathématiques n’est qu’un support de quantification de la science.
Sans les outils de la logique, des calculs de probabilité, de la statistique, de l’algèbre, du calcul, de la théorie des nombres, le monde est pratiquement impossible à décrire.
C’est comme ça qu’on en arrive en 2012 à avoir 80% du personnel infirmier et 64% des médecins qui croient encore que la lune influence les maladies mentales.
Je ne voulais pas insinuer que les mathématiques se réduisent à la description quantitative. Au contraire, elles sont d’une utilité cruciale quand il s’agit d’exprimer des concepts et des hypothèses, ou de vérifier la compatibilité d’hypothèses entre elles ou avec les résultats expérimentaux. Parfois, elles ouvrent des perspectives inédites (ex: les ondes électromagnétiques prédites par les lois de Maxwell, auxquelles je faisais référence dans mon commentaire précédent). La science moderne ne serait évidemment pas ce qu’elle est sans les mathématiques modernes.
Par contre, le point de départ de ces théories élégantes s’avère presque toujours être une ou des observation phénoménologiques. Les équations de Maxwell sont venues après plus d’un siècle d’observations et d’expériences en électricité et magnétisme. Pour ce qui est de la science moderne, la mécanique quantique, la supraconductivité et la majorité des autres domaines de la physique n’ont pu voir le jour qu’après des observations (donc, de la phénoménologie) incompatibles avec les théories de l’époque.
Il existe des cas dans lesquels la théorie a pris totalement les devants sur l’expérience. Les plus géniaux sont probablement la relativité et la découverte des différentes particules élémentaires. Bien qu’impressionnants, de tels cas sont relativement rares. D’ailleurs leurs prédictions se voient confirmées par l’expérience, qui joue le rôle d’arbitre. La phénoménologie fournit la preuve.
Le lien entre phénoménologie et pseudoscience me semble donc un peu hâtif. Qui plus est, il ne me semble pas que le but d’un cours de culture scientifique soit de former des scientifiques en tant que tel, mais plutôt de donner quelques repères scientifiques aux gens.
Pour finir, M. Savard, vous faites bien de souligner ma propre ignorance. Je n’en serai jamais trop conscient ;).
J’abonde dans votre sens M. Baillargeon. La culture générale de l’honnête homme du XXIè siècle doit absolument intégrer un volet de culture scientifique pour les raisons que vous évoquez: comprendre le monde moderne, se prémunir contre les charlatans qui invoquent la science pour appuyer leurs délires frauduleux.
Je soumets toutefois trois points de désaccord.
1) S’il est vrai que les détenteur de la culture générale humaniste sont trop souvent ignorants de la culture scientifique, l’inverse est plus rare que vous le laissez entendre. J’ai plus souvent rencontrer des scientifiques soucieux d’aborder des questions humanistes que d’humanistes capables de soutenir un dialogue avec des scientifiques. Je n’accorde aucune crédibilité à un politicologue qui se proclame « écologiste » et qui est incapable de trouver le carbone sur le tableau périodique des éléments.
2) On ne peut acquérir de culture scientifique sans posséder un minimum de connaissances en mathématiques, et ce depuis Newton. Vous ne pouvez pas comprendre les équations de Maxwell sans connaissances mathématiques, du moins pas au niveau du concept. Sans mathématiques, vous ne pouvez n’en avoir qu’une idée vague, qu’une image.
2) J’hésiterais à confier ce cours de culture scientifique à des philosophes de collèges en raison même de leur formation généralement déficiente en sciences. L’histoire de la philosophie collégiale au Québec a connu un grand professeur de philosophie capable d’être à la hauteur de votre projet: Laurent-Michel Vacher (1944-2005) qui a écrit en 1998 La passion du réel; la philosophie devant les sciences que trop peu de professeurs de philosophie ont lu. Dans une entrevue qu’il accordait au Voir du 14 octobre 1998 (http://voir.ca/societe/1998/10/14/laurent-michel-vacher-science-et-vie/ , il disant ceci:
« Quelle est l’attitude de la philo face aux sciences? C’est celle que Luc Ferry et André Compte-Sponville mettent de l’avant dans leur bouquin La Sagesse des modernes. Ces deux philosophes clament que «tout est incertain»! Leur attitude consiste à dire que la connaissance est impossible, que tout ce qu’on croit savoir est une illusion, que la science n’est qu’un édifice arbitraire, etc. Or c’est faux! Les sciences nous permettent désormais de connaître l’infiniment grand et l’infiniment petit, l’expansion de l’univers, la composition de l’ADN; enfin, ce n’est pas rien tout ça! En fait, les philosophes ont une attitude aristocratique lorsqu’il est question des sciences. Ils déclarent avoir des réflexions plus subtiles, plus raffinées que les scientifiques; ils disent que la science est terre-à-terre, vulgaire. Ce snobisme philosophique m’énerve. A quels résultats sont arrivés les philosophes qui se prennent la tête à deux mains et qui sont censés réfléchir sur des choses supposément «plus profondes»? Quelles réponses ont-ils apportées? Des grands mots et des exposés aussi creux qu’ambitieux!
Il faudrait donc commencer par changer la mentalité qui prévaut actuellement, et démolir une fois pour toutes cette idée qui condamne la science en disant qu’elle est limitée et relative. Ensuite, il faudrait se mettre à l’école de la science au moins pour une partie de notre formation, en essayant de comprendre ce qu’elle a à nous dire. Je ne veux pas jeter toute la philosophie à la poubelle, mais je trouve que nous ne sommes pas à la hauteur de la pensée scientifique. Or, nous devrions l’être; sinon, nous nous condamnons à l’insignifiance. »
Ce que je lis ici, et constaté par le passé, me confirme une fois de plus qu’il n’y aura jamais d’accord ferme sur ce que doit être un cours de « culture scientifique ». En particulier, sur la part à donner aux contenus de sciences versus ceux d’épistémologie (savoir sur les savoirs).
Ceux qui se targuent de connaître les mathématiques et la physique auront tendance à dire qu’un cours de Culture scientifique n’en est pas un de philosophie, et à mettre l’accent sur des contenus spécifiques de sciences.
Les autres, plus orientés « philo » ou « humanistes », diront à leur tour qu’un tel cours n’est pas un cours de sciences (sinon, à quoi bon ?) et mettront par conséquent l’accent sur la nature des savoirs scientifiques et les conditions de leur production.
De façon encore plus terre à terre, le problème est exacerbé par la territorialité non seulement disciplinaire des enseignants, mais aussi par des aspects tels que le département qui en sera responsable (dépt. de philo ou de sciences ?) et les locaux occupés…
Cela étant, ce n’est pas une raison pour y renoncer ! Déterminer ce que constitue une bonne « culture scientifique » est un enjeu en soi. Je plaide donc pour qu’une grande marge de manoeuvre soit laissée à chaque institution dans la structuration de cet important cours.
Je lis tous ces commentaires et je me dis que je suis le plus heureux des blogueurs d’avoir de lecteurs et lectrices de cette qualité. J’apprends beaucoup et suis très stimulé des neurones par vos propos. Merci.
L’idée est intéressante, mais je crois qu’il serait plus sage, dans cette idée d’améliorer l’enseignement au collégial, d’instaurer rapidement un cours d’histoire nationale au cégep. Je crois que cette question est primordiale pour l’avenir de l’enseignement au Québec. Nous en parlons trop peu et devrions profiter du Sommet sur l’enseignement afin d’aborder le sujet et de remédier à la situation. Les cégeps n’ont-ils pas comme mission de s’occuper d’une éducation citoyenne? En ce sens, un cours d’histoire s’impose, davantage qu’un cours de culture scientifique. (mais l’idée demeure très intéressante)
J’aimerais ajouter (si l’on ne l’a pas déjà écrit) qu’il s’agissait de l’esprit du défunt cours 201 de philo que les libéraux ont aboli en 1993 sous l’odieux régime de la ministre Robillard qui n’en a fait qu’un capital politique pour passer au fédéral … puis s’évanouir dans la brume !
Je suis donc parfaitement d’accord avec cet ajout nécessaire et citoyen ! Ainsi, l’on reviendrait à 4 cours de philo au collégial et les étudiants pourraient tirer profit d’une formation « fondamentale »…
À quand un texte de culture pour nos élus, citoyens et all. ?
ÉRF
Désolé du retard, mais si nous sommes sorti du cadre collégial et que nous voulons nous familiariser avec la culture scientifique, quel ouvrage devrait-on aborder?
Je répond très tardivement à cet article, et plus spécifiquement à un point qui me semble crucial : dans votre description des raisons qui nécessiterait l’introduction d’un cour de culture scientifique, vous restez borné à l’utilitaire. Mais voilà, savoir qu’une étoile vie et meurt, savoir comment la vie a évolué sur la terre, savoir qu’une boule peut-être dédoublée juste en la découpant et en recollant bien les morceau (dans le monde merveilleux des maths bien sur. Jésus aurait bien eu du mal à multiplier des pains en utilisant cette méthode !), savoir que la lumière va toujours à la même vitesse dans tous les référentiels, savoir que le big bang n’était pas une « grosse explosion » (au même titre qu’un ballon entrain de se gonfler n’est pas entrain d’exploser)… Et bien au fond, ça sert à quoi ? On parle pourtant là de résultats profonds qui ont changé notre vision du monde, et le rendent encore plus beau.
Justifier de la nécessité d’un cours de culture scientifique en mettant en avant son aspect « utilitaire », c’est construire son argumentaire sur une différence qui n’a rien de fondamentale : on écoute Rachmaninov parce que c’est beau, et cela suffit. La science sait être belle, et ce n’est pas parce qu’on peut fabriquer des ordinateurs et des voitures grâce à elle qu’on doit l’étudier pour cette raison et sous cet angle : un tel cours devrait s’axer sur la beauté, sur les ouvertures que cela ouvre pour l’esprit. Pas sur les bénéfices concret qu’on peut en retirer… Idem pour les arguments qui le défende.
Mais sinon oui et mille fois oui, il est intolérable de vivre dans un monde où quelqu’un qui peut citer Platon et Proust de mémoire mais qui ne sait rien de Newton est considéré comme cultivé… La science EST un pan de la culture humaine, pas une entité flottant en dehors.