Une petite énigme pour commencer.
Linda a 31 ans. Elle est célibataire, s’exprime avec facilité, est très brillante. Elle a étudié la philosophie à l’université. Durant ses études, elle a milité contre diverses formes de discrimination et pour la justice sociale. Elle a également pris part à plusieurs manifestations contre le nucléaire.
Laquelle des deux propositions suivantes est la plus probable?
a) Linda est caissière dans une banque.
b) Linda est caissière dans une banque et milite activement dans le mouvement féministe.
***
La théorie économique classique pose comme acteurs des Homo œconomicus rationnels et calculateurs cherchant à maximiser leurs préférences: nous.
Ce dernier mot lâché, on sait avec certitude que cette idée est peu plausible, sinon comme simplification et idéalisation théorique! Elle a d’ailleurs récemment reçu de nouvelles et décisives critiques à travers des travaux (de Daniel Kahneman et Amos Tversky, si vous voulez tout savoir) qui montrent à quel point, jusque-là insoupçonné, nous sommes susceptibles de diverses formes d’irrationalité.
La petite énigme au début de ce texte en fournit un exemple – j’y reviens plus loin.
Un autre exemple est que nous sommes enclins à surestimer nos aptitudes – à penser que l’on conduit mieux que les autres ou, en affaires, qu’on peut, mieux que nos concurrents, prédire les fluctuations du marché.
Un certain optimisme est sain, certes; mais poussé trop loin, il est irrationnel et peut devenir dangereux. C’est le cas quand, par exemple, des inventeurs surestiment, jusqu’à y laisser leur chemise, la viabilité de leur invention.
Steve Jobs, lui, est mort de cette forme d’irrationalité – en grande partie du moins. Sa récente biographie montre en effet qu’en s’en remettant à son supposé «champ de distorsion du réel», croyance ultra-optimiste en sa capacité de «plier» le réel à sa volonté, il a, pour guérir de son cancer du pancréas très soignable au moment où il fut détecté, choisi de ne pas se faire opérer et de s’en remettre à diverses thérapies alternatives.
Mais que dire cette fois de cette bombe qui nous vient du Fonds monétaire international, qui faisait cette semaine un étonnant aveu, présenté ensuite dans les grands médias comme une erreur de calcul. Dans une étude signée entre autres par son directeur, l’institution reconnaissait en effet s’être trompée en estimant l’effet de l’austérité budgétaire et des cadeaux fiscaux qu’elle préconisait pour faire face à la crise.
Je vous épargne les données chiffrées. Mais ce serait une simple erreur de calcul, ça? Pas du tout. Plutôt un enfermement dans un modèle de pensée unique et de recettes qu’on ressert inlassablement depuis des décennies et qui ont eu des effets désastreux pour la majorité des malheureux patients qui ont goûté à cette médecine – mais pas pour les banques, pour les corporations transnationales ou pour les mieux nantis. Parlez-en ces jours-ci aux Grecs et aux Espagnols, pour ne nommer qu’eux.
Une autre manière de faire, énormément prônée hors du cercle du triumvirat au service des puissants formé par le FMI, la Banque mondiale et le département du Trésor des États-Unis, est qu’en période de récession, l’État doit investir pour stimuler l’économie: c’est le fameux multiplicateur keynésien (de Keynes, l’économiste qui a sorti le capitalisme de la crise de 1929). On entend par là cette sorte de réaction en chaîne qu’une dépense (ou un investissement) produit dans l’activité économique et qui se répercute ensuite sur le PIB. Voici qui en donnera une idée intuitive, quoiqu’imparfaite.
Vous allez vous acheter des vêtements. Pendant que vous en essayez, un vendeur pique un billet de 100$ dans votre portefeuille. Il se rend aussitôt au bar d’en face le porter à un ami auquel il doit cette somme et prend un verre; son ami règle sa note en souffrance au patron du bar; qui le donne en acompte à l’ouvrier que, par ce montant, il a décidé d’embaucher pour des rénovations; lequel, en sortant du bar, le remet à un fournisseur qu’il croise dans la rue; qui se souvient qu’il doit 100$ au vendeur qui vous a volé; lequel, le recevant, le remet dans votre portefeuille.
Mais cette idée de multiplicateur keynésien, malgré l’évidence de sa validité qui s’accumule de plus en plus, est impensable pour l’imperturbable triumvirat, fétichiste de la lutte au déficit, champion de la privatisation et apôtre inconditionnel des réductions d’impôts.
L’Homo œconomicus n’est certainement pas entièrement rationnel, on le sait, et de bien des manières. Mais comment décrire l’Homo… effemmicus, si je puis dire, avec sa propension à faire sans cesse la même chose qui produit toujours les mêmes effets désastreux, mais en disant s’attendre à un autre résultat? Il me revient que c’est exactement de cette manière qu’Einstein définissait un état mental particulier. Lequel? La folie, qui est justement cela, selon le physicien: faire sans cesse la même chose en s’attendant à obtenir un résultat différent.
Keynes, reviens: ils ne sont plus simplement irrationnels, ils sont devenus fous!
Et Linda? Elle est, logiquement, plus probablement caissière dans une banque: cela comprend en effet tous les autres cas de figure de la deuxième réponse, et d’autres encore.
Si vous vous êtes trompé, rassurez-vous: vous êtes comme quelque 90% des gens, qui succombent à ce sophisme de la conjonction des probabilités. Un peu irrationnel, peut-être, mais pas fou…
Joseph E. Stiglitz, dans son livre « Le triomphe de la cupidité », mentionne que l’idéologie néolibérale relève davantage du fondamentalisme que de n’importe quoi d’autre. Ce prix Nobel d’économie nous dit que ladite science économique devrait revoir entièrement ses bases, que c’est une science plus molle qu’on le pense.
Dans les derniers chapitres de son livre, il déconstruit complètement le discours des néolibéraux.
Il propose de nombreuses pistes et solutions aux maux économiques contemporains. Hélas, de trop nombreux gouvernements n’ont pas encore compris l’urgence d’agir tout autrement, dans le sens des politiques sociales.
Je n’ai pas lu ce livre, même si je connais son auteur; le propos semble intéressant.
Stieglitz urge les administrations nationales à prendre leurs responsabilités et à songer aux répercussions sur le tissue social de leurs décisions. Il les met en garde contre l’idéologie qui submerge les prescriptions des instances supranationales. Il dénonce les excès du capitalisme et les économistes qui refusent d’en faire autant mais il n’a jamais été jusqu’à le condamner dans son ensemble.
Avec l’age je me rends compte que la société est juste et que l’emploi que tu occupes correspond à tes qualifications, sauf rares exceptions. Ton salaire correspond a ce que tu apportes au groupe. Comme disaient les stoiciens : Tout ce qui nous arrive, nous arrive justement. C’est le cas de Linda.
Aussi avec l’âge en vient-on à rationaliser, à légitimer ce que l’on n’a plus l’énergie de changer. C’est là un phénomène naturel (mais non inévitable) ; en prendre conscience incite à un effort de réflexivité parfois salutaire…
Le FMI est un instrument de pouvoir au main d’une idéologie particulièrement dévastatrice sur le plan économique et social. Ses politiques n’ont jamais eu pour but de secourir les pays dans lesquels il est intervenu mais de profiter de leur situation d’extrême faiblesse (bien souvent provoquée par ces mêmes principes économiques qui font de l’appât du gain une vertue: http://www.monde-diplomatique.fr/2011/08/RIMBERT/20857, http://www.atterres.org/sites/default/files/L%27Espagne%2C%20douze%20ann%C3%A9es%20d%27aveuglement.pdf , http://www.atterres.org/sites/default/files/L%27imbroglio%20grec.pdf) pour ouvrir leurs marchés, notamment des capitaux, à divers intérêts étrangers tout en imposant de facto l’ultra-libéralisme et l’austérité à leurs institutions et leurs populations.
À lire à ce sujet:
http://www.monde-diplomatique.fr/2011/08/RIMBERT/20857
« La capacité du FMI à détecter convenablement les risques qui prenaient de l’ampleur a été freinée par un degré élevé de pensée doctrinaire, un a priori intellectuel », pouvait-on lire. « L’opinion dominante au sein des services du FMI — groupe cohésif de macroéconomistes — était que la discipline et l’autorégulation du marché suffiraient à écarter tout problème majeur des institutions financières. »
L’économie n’est pas une science formelle et qu’elle cherche si désespéramment à prétendre l’être sans pour autant être en mesure de se prévaloir de la méthode scientifique en dit long sur ses intentions: imposer comme vérité absolue ce qui relèverait presque de la croyance. À ce sujet: http://www.alternatives-economiques.fr/l-economie-n-est-pas-une-science_fr_art_101_9945.html
Merci, Marie, de ces liens et suggestions de lecture.
Marie, on en trouve aussi un résumé dans le dernier essai de Jean-Jacques Pelletier aux éditions Hurtubise, La fabrique de l’extrême.
http://www.editionshurtubise.com/catalogue/2104.html
Merci à vous!
Voici pourquoi l’idéologie keynésienne est irrationnelle et inapplicable:
http://www.youtube.com/watch?v=d0nERTFo-Sk
et
http://www.youtube.com/watch?v=GTQnarzmTOc
« In the long run we are all dead. » -John Maynard Keynes (dit le rationnel)
« In the long run we are all dead. »
Je vois plutôt que certains ne comprennent pas l’humour britannique! (Et les démagogue ne comprennent pas l’humour tout court!!!)
Le Keynianisme fonctionne ? C’est du gros n’importe quoi… http://mises.org/daily/1889
À gauche ou à droite, Keynes ou Friedman, socialisme ou capitalisme, c’est bonnet blanc, blanc bonnet. Le problème urgent à régler, c’est la croissance exponentielle. Le reste n’est qu’aveuglement.
Le rapport du MIT, The Limits to Growth (1972), nous avait pourtant mis en garde il y a 40 ans. Ce qu’il disait, c’était que la croissance exponentielle atteindrait un maximum avant le milieu du 21e siècle, suivi d’un effondrement des ressources, de l’économie et de la population. Cela se confirme après avoir refait ce rapport 2 fois (1992, 2004) en comparant les calculs avec les données historiques. Bref, nous y sommes presque. (The Limits to Growth Revisited, Ugo Bardi, 2011, http://preview.tinyurl.com/bfd2p2p).
Que les gouvernements investissent dans l’économie ou qu’on laisse faire le marché, cela ne changera rien à la reprise. Les limites des ressources énergétiques et de l’endettement sont atteintes ou sur le point de l’être et ni la technologie, ni les énergies vertes ne pourront y changer quoi que ce soit (The End of Growth, Heinberg, 2011)
Nous ne voulons pas imaginer les conséquences de ce qui précède. Collectivement, on préfère croire en une croissance dématérialisée, c’est-à-dire indépendante du monde physique, ce qui est une vue de l’esprit (http://www.manicore.com/documentation/decroissance.html).
La croissance exponentielle est insidieuse. Pour illustrer ce que j’avance, voici une petite énigme, adaptée du Crash Course de Chris Martenson (http://jcbonsai.free.fr/cc/CH4.html) :
Supposons que nous emmenions un compte-gouttes magique au Fenway Park (un stade de 37 milles places) et à midi pile nous y déposions une goutte par minute sur le terrain.
Pour que ce soit vraiment intéressant, supposons que le stade est étanche à l’eau et que vous êtes menotté à l’un des plus hauts gradins. Combien de temps vous reste-t-il pour détacher les menottes et vous enfuir?
Vous avez jusqu’à 12 h 49 du même jour pour vous détacher. Et à quelle heure le Fenway Park est-il encore vide à 93%?
La réponse: 12 h 45. À partir du moment où le terrain n’est recouvert que de moins de 1 mètre 50 d’eau, il vous reste alors moins de 4 minutes pour vous libérer.
La seule leçon à retenir de la croissance exponentielle est que l’action ne paraît urgente que dans les tous derniers instants.
1 – « Le problème à régler c’est la croissance exponentielle ».
Qui est-ce qui veut toujours relancer l’économie pour continuer à augmenter ses revenus? C’est le gouvernement, la gauche, etc, donc les défendeurs de politiques keynésiennes. Les pro libre-marché étaient en faveur de laisser l’économie revenir à un équilibre normal et de rayer tous les mauvais investissements qui ont été faits dans l’illusion de la bulle immobilière et ainsi éviter qu’on continue à être dans une bulle artificielle qui envoie de mauvais signaux aux agents du marché. Une des règles les plus basique de l’économie: l’offre et la demande. Si la demande est exponentielle l’offre tentera de s’ajuster. Si l’offre ne peut s’ajuster, alors le prix augmentera et la quantité demandée diminuera. Qui parle de croissance exponentielle?
Voici un PowerPoint d’introduction à l’économie, vous remarquerez que la RARETÉ des ressources est au centre de la discipline: http://www.google.ca/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CDIQFjAA&url=http%3A%2F%2Fzonecours.hec.ca%2Fdocuments%2FA2010-1-2494334.economie_Quelquesdefinitions.pptx&ei=9RT_UOXrH6250AG_-IHwAg&usg=AFQjCNHvimmjZaoBF1Dnq7IuGIN10LGsVw&bvm=bv.41248874,d.dmQ
2- « Les limites des ressources énergétiques et de l’endettement sont atteintes ou sur le point de l’être et ni la technologie, ni les énergies vertes ne pourront y changer quoi que ce soit »
2.1: Ressources: Ça, ça m’étonnerait. Les producteurs pétroliers prévoient une production record en 2013. Il y a toujours des réserves de pétrole, du charbon, des biocarburants, du gaz de schiste en quantité phénoménale, simplement les écologistes refusent de les exploiter. Quant aux technologies ça ne me semble pas si mal, peut-être que ça coutera plus cher, mais ça forcera le marché à réduire sa consommation et les producteurs à augmenter leur production et à innover, car il y aura du profit à faire: http://minarchiste.wordpress.com/2012/12/12/petrole-dalgues-les-avancees-de-bfs/
2.2: Les gens ne seraient pas aussi endettés si les banques centrales ne mettaient pas leurs taux aussi bas pour tenter de créer une nouvelle bulle. Encore une fois une politique d’inspiration keynésienne. Avec des taux plus élevés, les gens seraient incités à épargner et à investir et nous aurions une économie beaucoup plus saine, avec des soubresauts moins grands en période de crise due au désenttement/destruction de monnaie moins importante. Les keynésiens et les gouvernements encouragent la consommation et l’endettement à outrance, alors que les pro libre-marché savent que seuls la production, l’épargne et l’investissement peuvent mener à une croissance saine. De l’autre côté les cycles d’endettement/création monétaire et désendettement/destruction monétaire des keynésiens amplifient de façon exponentielle les cycles économiques.
N’empêche que pour un « socialiste », Keynes a fait sa fortune à la bourse et qui plus est, il avait en horreur des spéculateurs!
Le monde est plein de paradoxe….
Un anarchiste qui défend l’intervention de l’État dans l’économie (le keynésianisme), ça ne fait pas très cohérent.
Quelle austérité? L’endettement des état est toujours en augmentation à ce que je sache et la part de l’état dans l’économie est en augmentation, alors rien n’a été coupé. Si un jour, des coupures drastiques doivent arriver, c’est qu’on aura vécu au dessus de nos moyens pendant toutes ces années et ce sera la faute de la sociale-démocratie et des politiciens qui veulent tout offrir à tout le monde (y compris eux-même) et non du capitalisme, car je ne sais pas si vous aviez remarqué, mais nous ne vivons pas dans un monde capitaliste (dans le sens de libre-marché), le marché n’est pas libre, c’est une économie mixte.
http://www.antagoniste.net/2011/08/10/arguing-with-idiots-lagace-dutrizac-marissal-etc/
http://www.antagoniste.net/2011/11/20/laustrite/
Matlin,
La Grèce, l’Espagne, l’Irlande et le Portugal, pour ne nommer que ces pays, se sont bel et bien faits imposer un régime minceur, une cure d’austérité qui consiste en la réduction des dépenses de l’État afin de rembourser une dette « morbide ». C’est notamment de cette « austérité » là qu’il est question. Celle-ci, faut-il le mentionner, n’implique pas l’inexistence de la dette publique, elle implique plutôt un processus, supposément efficace, pour y parvenir. Or, l’article en question dont parle Normand Baillargeon fait état d’un « effet pervers » généré par les mesures d’austérité en période de crise : cela affecte directement la croissance et, par voie de conséquence, les revenus de l’État. Bref, on diminue les dépenses dans l’espoir de rembourser plus rapidement la dette, mais on constate rapidement que les revenus ont également diminué, et ce, encore plus sévèrement que les revenus. Bref, on se retrouve « Gros-Jean comme devant », sinon pire encore!
D’autres économistes ont affirmé que ce recul de la croissance n’est que temporaire, la spirale dépressionnaire atteignant, après quelques années, un fond à partir duquel la croissance redeviendrait possible.
Cette prévision, si elle est théoriquement possible, occulte toutefois un aspect très important de la réalité : les facteurs nouveaux qui peuvent émerger entre temps et infléchir significativement le cours du processus. Exemple typique : la monter des extrémismes.
Une grille de lecture qui postule l’humain rationnel et qui déduit ses comportements à partir des seules conditions du marché peut difficilement admettre cette possibilité de même que son impact éventuel sur le cours du processus. Le bon sens est ici probablement supérieur à une telle analyse économique.
Vous dites : « Si un jour, des coupures drastiques doivent arriver, c’est qu’on aura vécu au dessus de nos moyens pendant toutes ces années ».
Effectivement, on peut dire qu’on aura vécu au dessus de nos moyens. Or, il y a une raison à ça, laquelle découle de l’impératif de croissance économique inhérent à un système économique où la propriété privée est généralisée. Dans un tel système, tant que les revenus des agents économiques permettent de consommer les marchandises produites et les services offerts, l’endettement n’est pas nécessaire. Toutefois, comme la majorité des agents sont des salariés dont les revenus sont presque entièrement dépendants du travail, il faut que les salaires suivent la courbe des marchandises produites, sans quoi on débouche sur un phénomène de surproduction générateur de crise. Or, quand on analyse l’évolution de l’endettement en rapport avec l’évolution des salaires au cours dans 30 dernières années, on réalise que les salaires n’ont pas du tout suivi la courbe de la productivité. Il y a donc davantage de marchandises produites mais les salaires ne suivent pas le rythme : c’est précisément dans ce contexte que le crédit s’est présenté comme une alternative pour ceux qui détenaient de l’argent en trop (entendre, qui ne pouvait plus servir à la consommation de produits de luxe, non plus qu’être investie dans les activités industrielles). Votre commentaire donne à penser que vous négliger, d’une part, le fait que l’endettement est une façon d’assurer la consommation quand les salaires ne suivent plus la courbe de la productivité, et d’autre part, le fait que l’endettement permet aux créanciers d’engranger des profits souvent faramineux. Bien sûr, on s’entendra pour dire qu’à plus ou moins long terme, ce n’est qu’un palliatif qui fragilise l’ensemble de l’activité économique.
C’est aussi dans le cadre général de la propriété privée et du prêt avec intérêt qu’il faudra questionner la notion de croissance.
Si vous soutenez l’intervention de l’État dans l’économie, alors en quoi les plans de sauvetages des grandes banques sont une bonne chose pour le bien commun? et en quoi les politiques inflationnistes/expansionnistes des banques centrales favorisent la population?
Déconstruction du keynésianisme:
http://www.youtube.com/watch?v=d0nERTFo-Sk
et
http://www.youtube.com/watch?v=GTQnarzmTOc
» In the long run we are all dead » -John Maynard Keynes (pour la rationalité on repassera)
« Un peu irrationnel, peut-être, mais pas fou… « , écrivez-vous M. Baillargeon. À ce sujet, un peu d’humour me vient à l’esprit. En effet j’ai acheté il y a quelques années les trois derniers bibelots (3$ chacun) qu’un motel en Nouvelle-Écosse exposait sur le comptoir au moment de payer notre facture. J’en ai donné un à ma nièce lors de son mariage, et mon ex s’est sauvée avec un des deux autres lors de notre séparation. La particularité de ce bibelot consiste en ce qu’une phrase en anglais est inscrite sur une des faces de sa base qui supporte, collées debout sur celle-ci, quatre noix brunes de grosseurs et types différents et chacune ayant deux yeux noirs mobiles sous une membrane de plastique transparente. Cette phrase, émanant des noix, est d’une vérité incontestable (mais seulement en anglais!) et se lit comme suite : « WE ARE ALL NUTS ». Évidemment quiconque se fait présenter le bibelot ne peut que lire cette vérité. Ceci étant, j’en arriverais à la conclusion suivante : à mon humble avis, lues par un humain, vos deux assertions seraient complètes en terminant chacune avec une nuance importante: « but not always » quant à celle en anglais, « la plupart du temps » quant à la vôtre. Je suis un pholisophe amateur (o: Merci pour vos articles, sincèrement.
Je me permet de suggérer une dernière lecture sur le sujet qui me semble fort pertinente dans son interprétation:
http://www.liberation.fr/economie/2013/01/15/la-fausse-autocritique-des-economistes-satisfaits_874229
« Le changement récent de position des grandes institutions est alors à interpréter comme une simple manœuvre pour conserver un minimum de crédibilité. Il est devenu impossible aujourd’hui de nier que l’austérité tue la croissance et appelle encore plus d’austérité. Le discours évolue donc, on reconnaît qu’on a été un peu trop brutal, que l’austérité demeure certes incontournable mais à des doses un peu plus faibles. L’objectif essentiel ne change pas : il faut toujours plus de flexibilité sur le marché du travail et moins d’Etat social. Cette «autocritique» permet aux économistes en chef de conserver leurs postes alors qu’ils sont coresponsables de millions de chômeurs et de pauvres et ont contribué au retour en force de l’extrême droite dans certains pays. »
Voici pourquoi le keynésianisme est une idéologie qui a échoué le test de la réalité:
http://www.youtube.com/watch?v=d0nERTFo-Sk
et
http://www.youtube.com/watch?v=GTQnarzmTOc
Un lecteur recommande:
http://bit.ly/Vffy3z
Et
http://youtu.be/GTQnarzmTOc
« un « effet pervers » généré par les mesures d’austérité en période de crise : cela affecte directement la croissance et, par voie de conséquence, les revenus de l’État. »
Les États qui s’en tirent le mieux sont ceux qui appliquent ET des diminutions de dépenses ET de des diminutions de taxes. Pourquoi? Parce que ce qui amène la croissance économique c’est l’épargne et l’investissement et non l’endettement et la consommation.
Voir ce lien que j’ai mis plus tôt: http://www.antagoniste.net/2011/08/10/arguing-with-idiots-lagace-dutrizac-marissal-etc/
La recette du succès de la Suède
http://www.spectator.co.uk/features/7779228/swedens-secret-recipe/
Par rapport à « L’austérité » des pays d’Europe, ils ont seulement réduit un peu leur déficit. C’est comme un drogué sur le speed qui passe de 10 pilules à 9 pilules, ça ne règle pas son problème, l’idéal serait qu’il arrête de consommer de pilules (de la dette).
La surproduction n’est pas génératrice de crise systématique. Premièrement l’abondance ne peut être que bonne pour les consommateurs, c.à.d tout le monde. L’augmentation de l’offre ne fait que diminuer le prix des biens et rendre ceux-ci plus abordables. Les produits électroniques en sont le meilleur exemple. S’il y a surproduction l’entreprise cessera ou diminuera sa production, mais cela est problématique seulement quand la production est basée sur une bulle de demande artificielle crée par les mesures interventionniste de l’État et de la banque centrale. Par exemple, pour la crise de 2008, le problème n’est pas le surplus d’offre de maisons, mais l’expansion monétaire, menant à la mauvaise allocation du capital causée par les mesures incitatives d’accès à la propriété, en plus de la subvention du risque des subprimes par les organismes para-gouvernementaux tels que Freddie Mac et Fannie Mae qui ont stimulés artificiellement la demande en distordant le marché.
La grande majorité des cycles économiques sont causées par le phénomène, expansion monétaire (taux d’intérêts bas, impression de monnaie, augmentation de l’endettement) –>bulle
Vs Contraction monétaire (remboursement ou élimination des dettes, hausse des taux d’intérêts)–>récession.
Le problème il est donc dans les plans de stimulus qui produisent des bulles insoutenables qui doivent un jour ou l’autre exploser.
Le fait que la consommation amène la croissance économique est une fausseté véhiculé par les keynésiens. C’est la production qui crée de la richesse. Si je cultive des pommes, je crée de la richesse, mais si je consomme mes pommes, je ne crée pas de richesse.
« on réalise que les salaires n’ont pas du tout suivi la courbe de la productivité » C’est parce que l’inflation causée par l’expansion monétaire des banques centrales appauvrie le peuple. Autrement notre pouvoir d’achat augmenterait puisque le prix des biens diminuerait à mesure que la productivité augmente. Malheureusement les keynésiens craignent la déflation, mais cette crainte n’est pas fondée.
http://blog.turgot.org/index.php?post/Hulsmann-d%C3%A9flation
Merci du commentaire. Je n’ai malheureusement pas le temps d’écrire une réponse étoffée, les enjeux théoriques sont trop nombreux; je me contenterai donc de mentionner quelques points de désaccord.
1. Il m’apparaît évident que la production d’un bien engendre d’abord et avant tout des coûts. Elle ne constitue une véritable création de richesse que lorsqu’elle trouve preneur sur le marché à un prix supérieur au coût de production. Produire des pommes vous coûtera du temps et de l’argent, et si vous ne trouvez pas preneur, elles risquent fort de pourrir.
2. Vous semblez attribuer tous les maux du capitalisme au pauvre Keynes. Il a le dos large! Quand est-il des multiples crises qui ont précédé le célèbre dandy? Les cycles de croissance et de décroissance sont aussi vieux que le capitalisme.
3. Dans nombre de vos raisonnements, il me semble, transparaît une foi inébranlable dans le principe de « l’offre et la demande ». Ce n’est pourtant pas une notion qui suscite un consensus général. Il faut sortir notamment du cadre de l’économique néoclassique pour s’en apercevoir.
4. Dans vos commentaires précédents, vous n’abordez pas la question de la rationalité, qui est d’une importance pourtant fondamentale à l’égard des équilibres supposés de l’offre et la demande.
5. En ayant foi dans les vertus du libre-marché, vous négligez le fait qu’un acteur peut devenir si puissant qu’il est à même de complètement distordre les supposés mécanismes du marché : tué dans l’œuf toute concurrence, influencer les décisions politiques, faire pression sur le système de justice, etc. J’indique par là que la richesse économique est intimement liée à un rapport de force essentiellement politique, et que c’est une des raisons pour lesquelles les marchés se comportent rarement – surtout en période de crise – comme le prédisent les modèles économiques. Bref, le marché est pratiquement toujours distordu par des jeux de contraintes, par des rapports de force typiquement politiques.
6. Vous avez complètement passé sous silence le fait qu’entre deux états prévus par un modèle économique (entre deux moments du « cycle »), il se passe du temps, et qu’entre temps, justement, il est possible, voire probable selon les cas, que des phénomènes d’ordre politique comme le fascisme ou le totalitarisme puissent survenir, influençant de manière irrémédiable le cours du processus.
8. Comprenez-vous pourquoi la croissance est un effet de la généralisation de la propriété privée et du prêt sur intérêt? Si je vous prête un certain montant d’argent, j’exigerai bien entendu en retour une somme supérieure, ne serait-ce que pour le risque encouru de ne plus revoir mon argent. Pour que vous puissiez rembourser non seulement le montant du prêt, mais également les intérêts, il vous faudra créer une richesse supplémentaire (la produire ET la vendre). Si évidemment vous ne créez pas cette richesse supplémentaire, vous risquez bien de faire faillite. C’est là une des premières causes de la croissance, beaucoup plus fondamentale que les politiques monétaires des grandes banques.
Dans un ordre différent, je conclurai en rappelant l’importance de se dégager de toute forme de dogmatisme, à gauche comme à droite. La « science » économique ne nous permet pas d’affirmer péremptoirement et avec certitude que telle action engendrera nécessairement telle conséquence. Prudence, donc! Pour ma part, il y a toutefois ce fait massif, incontournable, d’une population qui atteindra d’ici 2050 10 milliards d’êtres humains, lesquels vivront dans un climat qu’aucune civilisation n’a jamais connu, avec des problèmes de pénurie d’eau potable et de pollution atmosphérique généralisée. C’est un défi immense qu’on ne peut minimiser.
p.s. 1. La productivité (production/unité de temps) n’équivaut pas à la production totale.
p.s. 2. J’ai consulté le lien sur antagoniste.net. C’est effectivement révélateur, mais il faut bien vérifier dans quel contexte économique et social ont été effectuées ces réformes. Les conclusions sont-elles valables si ces réformes n’ont pas été conduites en période de crise sévère? Il est permis d’en douter.
Retour sur p.s. 2. : par « valables », je veux dire : sont-elles nécessairement applicables au contexte actuel?
Correction point 2. : « Qu’en est-il » et non « Quand est-il »
@Charles-Olivier
« Elle ne constitue une véritable création de richesse que lorsqu’elle trouve preneur sur le marché à un prix supérieur au coût de production. »
En effet, mais les entreprises qui ne trouvent pas de preneur pour leurs produits ne créent pas ou détruisent de la richesse et font faillite. Le marché n’est qu’un nombre incessant d’essai-erreur, car nous ne sommes jamais sûr à 100% de ce qui va fonctionner ou non. C’est aussi ça le progrès, prendre des risques pour innover, créer de nouvelles choses. Pour qu’il y ait consommation, il doit d’abord il y avoir production et si il n’y a pas de consommateurs qui désirent le produit, on passe à autre chose, car il y a toujours du travail à effectuer et quelqu’un qui aura un besoin à combler quelque part, la population mondiale n’a pas encore résolue tous ses problèmes, dont la pauvreté. Il peut arriver à un point où les économies arrivent à maturité et la croissance à venir ralentit, mais ce n’est pas avec des packages de stimulus économique qu’on retrouve le chemin de la croissance.
Pour répondre à votre point #5, oui j’y ai penser, puisque quand j’analyse du point de vue d’un économiste, je pense toujours à la façon dont chaque acteur réagira dans son propre intérêt. Et pour les extrémstes, ceux-ci sont souvent près à utiliser des moyens criminels pour arriver à leur fin, il est donc du rôle de la police et des citoyens modérés d’y mettre un frein.
« Bref, le marché est pratiquement toujours distordu par des jeux de contraintes, par des rapports de force typiquement politiques. »
En effet, c’est pourquoi les politiciens ne devraient jamais intervenir dans l’économie. Ils sont trop vulnérables à la corruption, aux lobbys et ne pensent qu’aux élections futures. L’état étant un monopole, il est bien dangereux de lui donner autant de pouvoir puisqu’il pourrait être saisit par des gens aux intentions mauvaises, ou simplement par des incompétents qui engendrent des conséquences désastreuses, tandis que dans le libre-marché la compétition rend impossible la conservation d’un monopole ayant un contrôle significatif si celui-ci n’est pas efficace. Dans le marché libre, les monopoles sont souvent tenus par celui qui offre meilleur produit au prix le plus bas, ce qui n’est pas mauvais pour la société, et s’il échoue, il peut être remplacé rapidement par d’autres compétiteurs.
Je vais terminer en disant que je pense que vous comprenez bien mal le comportement des investisseurs. J’estime que le plus grand risque auquel fait face un investisseur est le risque politique. Bien peu de pays dans le monde ont réussit à maintenir la confiance des investisseurs et se retrouvent en difficulté à cause de cela. Toute volonté d’ « ingénierie » du marché ne peut qu’être voué à un échec, car le marché (c.à.d. les individus qui le compose) sont constamment en changement, modifient leur façon de vivre, changent d’intérêts, etc. De plus, personne n’est assez intelligent et n’a assez de connaissance sur tout les aspects sociaux et technologiques pour contrôler tout les facteurs et les conséquence souvent imprévues liées aux décisions politiques. Exemple simple, le gouvernement a récemment adopté des politiques de protection de l’environnement exigeant que les moteurs de machinerie lourde ne produisent pas plus qu’une certaine quantité de particules polluantes, hors pour respecter cette réglementation les manufacturiers se voient obliger de construire des brûleurs de particules polluantes sur les moteurs (la seule solution qu’ils ont trouvé), donc plus coûteux et les moteurs consomment plus d’essence puisqu’il faut alimenter les brûleurs…
Je fais référence à Keynes parce qu’on se réfère souvent à lui de nos jour pour justifier une intervention de l’État dans l’économie, mais bien évidemment les crises avant lui n’ont pas été causées par lui. Cependant, toutes les crises économiques semblaient avoir des causes communes dont certaines qui sont défendues par les keynésiens : Des interventions étatiques distorsionnant le marché, des expansions monétaires (bulles) suivis d’une contraction monétaire (crash), ou un système frauduleux du type du système bancaire à réserves fractionnaires (non respect du droit de propriété des déposant) et des banques centrales et de la « fiat money ».
Et pouvez-vous me donner des sources ou des ouvrages qui démontrent que la loi de l’offre et la demande n’est pas toujours valide SVP? Merci
#8. Oui je comprends, mais je ne vois pas où vous voulez en venir avec cela. Il est démontré que la bonne définition et le maintien des droits de propriété privé est un élément fondamental pour la richesse d’une société. Aussi, je ne veux pas dire que les politiques monétaires causent de la croissance, bien au contraire, mais qu’elles causent des bulles et de l’inflation et qu’elle sont par conséquent dommageable pour la société.
Bonjour Matlin,
Sur la question de l' »équilibre » des prix en fonction de l’offre et la demande, je trouve particulièrement intéressants les ouvrages de Bernard Guerrien, mathématicien et économiste français. Ses livres sont, à mon avis, très éclairants. Je viens de tomber sur ce site, http://bernardguerrien.com/index.htm/id18.htm, où l’on trouve quelques articles « grand public ». Le texte « Concurrence et profit nul » pourra vous intéresser.
Merci pour ce texte Charles-Olivier, voici mes commentaires suite à ma lecture rapide. Si vous voulez ajouter quelque chose, n’hésitez pas.
« à l’état d’équilibre de la production, les entrepreneurs ne font ni gain,
ni perte » (Walras, 1874, p 284).3 Mais alors, sachant cela, pourquoi les entrepreneurs se
lanceraient-ils dans la production ? »
Même s’il n’y a plus de « profit », leur travail (salaire) et leur capital sont encore rémunérés. L’innovation leur permet de se distinguer de leur concurrents et de maintenir une marge de profit.
« On est en présence d’un processus totalement instable,
fait d’entrées et de sorties incessantes, et d’un prix qui fait des bonds».
Il vient un moment où à moins de posséder un vrai avantage concurrentiel, ça ne vaut plus la peine d’entrer dans le marché. Pour un profit de seulement 1% par exemple, on va investir notre argent et nos efforts ailleurs. L’équilibre sera alors à un profit de 1% et non à 0%, mais le travail et le capital sont toujours rémunérés ce qui maintient la production.
« l’équilibre à long terme avec profit nul n’en est pas une : elle n’est jamais atteinte, ni même
logiquement possible »
En effet, je suis au courant de cela depuis que j’ai appris la loi de l’offre et de la demande en secondaire 5. Ça ne prend pas un texte de 14 pages pour le comprendre. Le profit nul n’est qu’un optimum vers lequel le marché tend, mais qu’il n’atteindra probablement jamais en pratique. Toutefois, cela n’enlève rien à l’utilisation de la loi de l’offre et de la demande pour l’interprétation de phénomènes réels. Même si la courbe n’est pas parfaitement linéaire, les grands principes restent valides et ce sont surtout ceux-ci qui nous sont utiles à la compréhension du monde. La rareté fait augmenter les prix, la possibilité de profit attire les entrepreneurs et les travailleurs, une augmentation de l’offre baisse les prix, une baisse des prix stimule la demande. Le marché est en constante rééquilibration et c’est ce qui fait sa force, cela permet d’éviter des pénuries et des surplus trop importants, ainsi il procure une très bonne allocation des ressources.
Sincèrement désolé Matlin, je ne sais pas où j’avais la tête, mais je vous ai fait lire le mauvais texte : il s’agissait plutôt de celui intitulé « L’économie entre science, empirisme et idéologie ».
Je vais toutefois résumer très brièvement le propos de Guerrien, au cas où vous n’auriez pas le temps de le lire.
Pour démontrer mathématiquement l’équilibre (partiel ou général) de l’offre et la demande, il faut formuler certaines hypothèses. L’une d’elles est celle du « commissaire priseur » : celui-ci propose d’abord les prix, puis comptabilise les offres et les demandes reçues pour chacun d’eux. Selon l’écart entre ces deux composantes, il y aura « tâtonnement » jusqu’à ce qu’un équilibre soit atteint, c’est-à-dire jusqu’à ce que les deux courbes se croisent.
Vous connaissez sans doute tout cela. Le problème, souvent oublié ou minimisé par les économistes, c’est que ce modèle suppose une organisation extrêmement centralisée : personne ne doit échanger sans avoir préalablement formulé ses préférences au commissaire-priseur, qui comptabilise les réponses et renvoie l’information. En outre et surtout, c’est lui qui donne les prix, pour tout le monde et en tout temps. Personne ne peut donc clamer publiquement son prix.
Si on laisse tomber une seule des hypothèses du modèle, on en arrive à un marché non-équilibré, où il peut y avoir, selon les cas, des pertes significatives. Évidemment, aucun marché « réel » n’est organisé comme le suppose la théorie qui cherche à en montrer la supériorité définitive. Ce qui revient à dire que dans les faits, un marché qui fonctionne véritablement selon l’offre et la demande, sans commissaire-priseur qui centralise tout le processus, n’est pas fondamentalement équilibré. Il ne « tend » pas forcément vers un optimum. Aucune démonstration mathématique ne l’a prouvé, au contraire. Il faut toutefois souligner que, selon les cas, il peut l’être « plus ou moins ».
Selon Guerrien, les recherches de Shapley et Roth, récipiendaires du prix « Nobel » de la Banque Royale de Suède de 2012, corroborent cette conception. Un exemple : des hommes et des femmes désirant se marier. Supposons qu’on créer un site web où chacun peut afficher ses caractéristiques et préférences. Si on laisse faire le processus, « le nombre de couples formé est restreint, avec beaucoup de personnes frustrées alors qu’il serait possible de faire mieux. » Pour arriver à un appariement optimal (le critère retenu est celui de la stabilité : « un appariement est stable s’il n’existe pas, parmi tous les couples formés, deux personnes appartenant à des couples différents et qui auraient préféré être appareillées – plutôt que d’être dans leur couple « actuel » ») les auteurs ont développé un algorithme qui fonctionne dans plusieurs situations. Or, encore une fois, pour que cet algorithme soit applicable, il faut préalablement créer une « clearing house » qui centralise toutes les préférences et caractéristiques de chacun. On notera au passage qu’on trouve des cas où il n’existe aucune solution (stabilité globale); on retiendra surtout, cependant, que la centralisation des données constitue une condition sine qua non à l’optimisation du processus.
Enfin, sur la question de la masse monétaire et de l’influence qu’elle exercerait sur les prix (un argument que vous avez évoquez plus haut) il ne semble pas y avoir de consensus. D’une part, l’évaluation même de la masse monétaire apparaît problématique (plusieurs indicateurs possibles) ; d’autre part, le lien de causalité entre masse monétaire et prix, n’en déplaise à monsieur Friedman, ne semble jamais avoir été clairement établi.
Bref, c’est pourquoi je crois qu’un certain scepticisme à l’égard de l’efficacité des marchés s’avère bien avisé.
Merci, Charles-Olivier de m’avoir résumé le texte.
Le modèle est possible sans centralisation. On peut avoir plusieurs commissaires-priseurs en compétition. C’est le cas de tous les marchés publics et de toutes les bourses de valeurs. La bourse de New-York compétitionne avec la bourse de Londres, Paris, Toronto, etc. Malgré la non-centralisation, il n’y a pas d’écarts majeurs de prix entre les différents marchés. La différence de prix étant souvent attribuable aux coûts supplémentaires de transport de la marchandise/taxes/douanes/temps perdu, etc.
Lorsqu’il y a des imperfections du marché, il y a une opportunité et le phénomène d’arbitrage permet d’autoréguler le marché et les spéculateurs contribuent aussi à ramener le marché vers son équilibre. Encore faut-il que les autorités les laissent faire leur travail (avec l’éclatement de la bulle immobilière, ce n’est pas en interdisant la vente à découvert qu’on aura permis au marché de retrouver son équilibre). Les traders et les entrepreneurs sont constamment à la recherche de ces opportunités d’arbitrage. Avec le temps et l’expérience les agents finissent par connaître la valeur approximative des choses ce qui explique aussi que nous ne verrons jamais des écarts disproportionnés. Le marché de l’emploi n’est pas du tout centralisé, mais les employeurs savent combien ils devraient payer pour avoir tel type d’employé et les chercheurs d’emploi savent à peu près combien ils pourraient obtenir en fonction de leur qualification et du type d’emploi qu’ils recherchent. Même si l’équilibre n’est pas parfait et qu’il est peut être constamment en mouvement, tout raisonnement logique lié de l’interprétation de la loi de l’offre et de la demande reste valable.
Je ne sais pas combien de crises encore ça vous prendra pour réaliser que l’augmentation de quantité de monnaie cause l’inflation, mais si vous niez la validité de l’offre et la demande, vous ne pouvez pas réaliser que l’augmentation de l’offre de monnaie, crée une diminution de la valeur du dollar et donc une augmentation des prix. http://en.wikipedia.org/wiki/Hyperinflation
« Bref, c’est pourquoi je crois qu’un certain scepticisme à l’égard de l’efficacité des marchés s’avère bien avisé. »
Chose certaine, ils sont bien plus efficaces que toute planification centrale.
http://www.nytimes.com/2012/04/21/world/americas/venezuela-faces-shortages-in-grocery-staples.html?pagewanted=all&_r=0