Au cours des dernières semaines, j’ai à de nombreuses reprises fait de périlleux voyages au pays des Ixiens.
Voici quelques-unes des notes de terrain que j’ai rapportées de mes excursions.
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Je n’ai pas été en mesure d’estimer la population des Ixiens. Mais je pense que même si leur nombre augmente, ils constituent une petite minorité au sein de la forêt où ils habitent.
J’emploie le mot «ils» à dessein. Les Ixiens semblent en effet, et c’est singulier, être une tribu constituée de manière très massivement prévalente de mâles, et même de mâles relativement jeunes.
Les Ixiens paraissent animés d’une grande colère, que leurs grands prêtres attisent par des rituels de diabolisation de certains autres habitants de la forêt. Un poison appelé ressentiment est utilisé dans ces rituels que l’on pourrait désigner par le mot-valise infotainment.
Que les Ixiens dirigent cette colère vers ces habitants que leurs prêtres leur indiquent comme leurs ennemis et non contre ceux et celles qui possèdent et contrôlent à leur profit les ressources de la forêt et qui sont la principale cause de leurs malheurs, cela est bien étrange. Mais ce comportement s’explique sans doute en partie par le fait que ces prêtres ixiens rendent, par leurs rituels, de grands services aux propriétaires de la forêt. Ils sont, en somme, des armes de diversion massive.
Pour comprendre le ton très particulier sur lequel parlent les Ixiens, il faut se rappeler qu’ils sont persuadés que toutes les questions sont simples à trancher, que les autres habitants de la forêt le savent parfaitement bien eux aussi, mais refusent de l’admettre pour des raisons de calcul égoïste et afin de préserver des privilèges que les prêtres ixiens décrivent comme excessifs, inabordables et insensés.
Un Ixien appelle débattre le fait de converser avec un autre Ixien qui pense comme lui. Il appelle aussi raisonner le fait de donner la conclusion avant les prémisses, et cela même si les prémisses n’ont guère de rapport avec la conclusion.
Les Ixiens ont l’insulte facile, et celles qu’ils profèrent sont toujours dirigées vers certains des autres habitants de la forêt, toujours les mêmes. L’insulte semble d’ailleurs compter au nombre des choses qu’on appelle là-bas des arguments.
Les Ixiens aiment se livrer en duo à leurs rituels du ressentiment, l’un parlant fort, l’autre lui servant de faire-valoir: comme les personnages de BD, en somme, avec lesquels ils ont tant de points communs.
Les Ixiens entretiennent un curieux mélange de haine de soi et de prophétisme catastrophique. Nous serions ainsi au bord du gouffre de la dette et des finances publiques (jamais il n’est question chez eux de dangers autrement graves et réels comme le réchauffement climatique ou le recours à l’arme atomique): mais cela, les autres habitants de la forêt sont trop hypocrites et trop idiots pour le reconnaître. Le problème est pourtant fort simple à comprendre et les solutions pour le résoudre, on l’a vu, sont elles aussi fort simples.
Les Ixiens, même s’ils ne paient pas d’impôts ou fort peu – et je soupçonne que le cas est fréquent –, se décrivent toujours comme s’arrachant le cœur à payer des impôts pour lesquels ils sont en outre persuadés, par leurs prêtres, qu’ils ne reçoivent rien en retour.
J’ai vu à de nombreuses reprises les Ixiens faire des sacrifices à une idole appelée libre marché, mais n’ai jamais réussi à me faire expliquer ce qu’elle est vraiment, tant leur usage de ce terme est étrange et contradictoire. J’ai seulement compris que l’idole réclame sans cesse de nouveaux sacrifices.
Les Ixiens font peu de cas du politique, et tout donne à penser qu’ils estiment qu’on peut le dissoudre dans l’économique. L’économique lui-même semble en outre se réduire à la possibilité pour chacun de consommer: cette consommation est quant à elle l’horizon et la fin de la liberté ixienne.
À quelques reprises, je l’avoue, devant l’étendue des sujets dont ils ne parlent pas, devant la quantité d’informations importantes qu’ils taisent, peut-être par ignorance de ce que sont réellement la forêt où ils habitent et les institutions qui la font être ce qu’elle est, je me suis demandé sur quelle planète les Ixiens avaient bien pu passer les quatre ou cinq dernières décennies.
J’en suis venu à la conclusion que les Ixiens souffrent de nombreuses illusions cognitives et ce sera le thème de mon rapport d’observation.
Je mets à présent un terme définitif à ces excursions et ne retournerai plus au pays des Ixiens. Mais j’échangerai volontiers avec eux si je les croise.
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Vous voulez vous aussi visiter les Ixiens? Syntonisez le 91,9 FM à Montréal.
Vous voilà sur une radio parlée appelée Radio X; et si vous êtes habitué à d’autres stations, préparez-vous à vivre une troublante expérience.
Forme et fond, niveau de langage, blagues, ton, sujets abordés ou tus, références et repères, conventions narratives et argumentatives: tout vous rappellera que vous venez de passer de l’autre côté du miroir et d’accéder à un territoire inconnu où vit une tribu dont vous ignorez presque tout, mais aux mœurs étranges et fascinantes.
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D’aucuns réclament la fermeture de cette station, pour ses divers et nombreux excès.
Je me suis opposé autrefois à cette possibilité, au nom de la liberté d’expression, et m’y opposerai encore. Je n’aime ni ce qu’ils disent ni la manière dont ils le disent: mais je me battrai pour leur droit de le dire, comme le veut la célèbre formule…
Quand Télé Métropole est apparu en onde vers 1964 ? plusieurs voulaient faire fermer cette nouvelle chaine de TV. Les temps changent ils ? TM nous a donné un des plus grands québécois avec Elvis Gratton, le Capitaine Bonhomme et son fameux : »Les septiques seront confondus, du, du, du, … »
Elvis Gratton & Télé Métropole ???
Le film (ainsi que les courts-métrages d’origine) ont été produit par l’ACPAV (Association coopérative des productions audio-visuelles).
TVA a peut-être, mais très légèrement, participé à la production des 2 mauvaises suites (évidemment, ça « bashait » la SRC…), ce n’est qu’en échange des droits de diffusion TV…
Pour ce qui est du capitaine bonhomme en tant que « grand québécois »… je suis sans mots. Peut-être que ça peut se défendre. Mais là, on s’éloigne…
La description que tu fais pourrait aussi s’appliquer à la planète d’Ix dans l’univers de Dune. :p
C’est drole que ce qui derange fait parler comme ca. Peut-etre ne sont-ils pas toujours parfait mais au moins ils pronent la remise en question sur de nombreux points! Ca derange la gauche!!
Un intellectuel de l’UQAM qui méprise avec élégance une idéologie qui le décontenance.
Si j’avais le temps, Ixienne que je suis, je lui referais ce texte pour lui présenter l’autre côté du miroir. Celui d’une gauche qui se croit bien pensante et qui dégouline de « bons sentiments » préfabriqués…comme son « désir » à la fin de laisser le droit de s’exprimer à cette tribu. Onnnn mais c’est donc gentil ça M. Baillargeon!! Un chausson avec ça?
Et puis, je m’en voudrais de ne pas souligner à gros traits ce passage qui m’a troublé : »Les Ixiens, même s’ils ne paient pas d’impôts ou fort peu – et je soupçonne que le cas est fréquent –, … » PARDON??? D’où détenez vous donc cette certitude M. Baillargeon? Ah mais c’est vrai quand on est infiniment bon et infiniment sage…on à l’omniscience qui vient avec…. Petit prétentieux va…
Après lecture de votre propos, il est intéressant de constater que vous semblez tenir des Ixiens, l’insulte comme argument. Prenez donc le temps, et refaites-nous le texte, plutôt que de dire, simplement, qu’il serait simple pour vous de le réécrire.
Oh, et avant que vous me classiez du nombre des non-ixiens, de la gauche, j’aimerais vous faire valoir qu’il existe plus de deux catégories de personnes, et que tout ne se catalogue pas sur des pôles manichéens. Bien que ça serait plus simple, n’est-ce pas?
Pardonnez moi Mme. Robillard, mais même si dans son ensemble le texte de M. Baillargeon est un jugement personnel, le dernier point de votre intervention m’a fait réagir: il n’y a aucun cas dans cette phrase de certitude! Je note: « Les Ixiens, même s’ils ne paient pas d’impôts ou fort peu – et je soupçonne que le cas est fréquent (…) »
De quelle certitude parlez-vous? J’aurais compris s’il avait été dit » Les Ixiens, qui ne paient d’ailleurs pas d’impôts ou fort peu » que vous parliez de cette certitude, celle qu’ils ne paient pas d’impôts, mais ce n’est pas le cas!
Ixienne que vous êtes, dites-vous… mais vous n’avez pas le temps. C’est bien dommage.
Entre cette « gauche qui se croit bien pensante et qui dégouline de bons sentiments… » (Selon vous, bien sûr) et l’option (au singulier) que l’ixien moyen propose (c’est-à-dire : cracher à tout vent avec l’idée de blesser soit : les sales gauchistes, les osties de carré rouge, les intellectuels (parce qu’évidemment, intellectuels & ixiens ne peuvent aller de pair – ça c’est moi qui le dit), Montréalais en général, etc.). Je me demande bien que choisir ?..
Sans cette « gauche… dégoulinante » il n’y aurait pas de congé de maternité, pas de syndicats, pas de garderies à 7$, pas d’assurance-maladie, pas de CSST, pas de SAAQ, pas de recyclage… Etc. Mais bon, étant de droite (et surtout en tant que ixienne) vous n’avez évidemment pas recours à ces services d’hosties de communistes, non? (de toute façon hein, le recyclage c’est même pas vrai – ça s’en va direct à « dompe »… l’assurance maladie mon cul, pas capable de vouière un docteur… Pis les criss d’unions enh… qu’ossa donne ?)
Bravo, Mme. l’ Ixienne. Y’a de quoi être fière !
La question des impôts (sujet toujours très chaud chez vous – parce que pour vous, il ne faudrait pas en payer, évidemment) est une simple affaire de statistiques : de façon générale… les hommes de moins de 30 ans payent moins d’impôt que la moyenne québécoise. Et cette même tranche d’âge constitue l’essentiel de la peuplade ixienne. Rien de plus. (Je n’ajouterais pas que le Qi de l’ixien moyen est significativement plus bas que la moyenne. Pour Mtl, c’est encore difficile à dire, mais il ya suffisement de preuves provenant de Québec pour oser l’affirmer)
D’autre part, à propos de la conclusion de M. Baillargeon, vous passez à côté de la jolie paraphrase de Voltaire (qui-cé-ça, tabarrrnak ? dit-elle) pour nous amener chez McDo!
Après Duhaime & Martineau, c’est l’un de vos, trop peu nombreux référents culturels, j’imagine ? (vous magasinez chez Wall Mart avec ça – question de poursuivre dans le préjugé facile ?)
Ça résume malheureusement et, grossièrement comme cette « station… » peut l’être (et ici j’utilise des guillemets inappropriés, à votre manière) toute l’idéologie des Ixiens.
Et tout ce qu’ils ont à proposer.
Référence.
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » (Voltaire)
Isabelle, la clientèle de ces radios est une tranche moins instruite de la société, donc moins fortunée. C’est dommage de dire ça comme ça mais c’est connu. Alors, il est normal de penser que ces gens ne paient pas beaucoup d’impôt.
http://www.cem.ulaval.ca/pdf/CHOI-FM.pdf p. 23
Je vais dans les écoles depuis des années… jamais vu cet animal « ixien » décrit par ce zoologue Baillargeon… je me heurte cependant à plein de profs gauchistes anti-capitalistes, anti-Harper, anti Américains , le plus souvent séparatistes, bref anti tout ce qui crée de la richesse, leur soutane verte traîne par terre… leur bréviaire est « Le Devoir » et ils montent dans leur chaire (leur classe) pour prêcher du haut de leur prétention, leur religion verte florissante.
Et vous allez ajouter que vous n’écoutez pas RX, Reynald ?
Vu sur facebook (j’imagine que vous n’avez pas osé le réécrire ici)
Isabelle Robillard: Parce que l’article de M. Baillargeon n’est pas insultant? C’est ça le problème avec ceux qui se gargarise en lisant le Devoir ou en écoutant Radio-Canada. Le beau choix des mots et l’excellente diction les empêche de se rendre compte à quel point ils sont malhonnêtes intellectuellement et capable de proférer les pires vacheries sans que rien n’y paraisse. J’ai écouté pendant assez d’années Radio-Canada pour comprendre leurs procédés hautement discutables.
Vous intégrez, dans les procédés hautement discutables, les beaux choix de mots et l’excellente diction? C’est une blague ou c’est pour défendre le niveau de vocabulaire de choi Radio X, Duhaime et leurs fans?
Les gens comprennent mal le sens de la « liberté d’expression ». L’idée de la liberté d’expression fut née à une époque de monarchies absolues et incompétentes où le fait de critiquer le monarque, même si la critique était modérée et justifiée, constituait un CRIME de lèse-majesté, passible de la peine de mort. La liberté d’expression, c’est le droit d’exprimer ses idées sans craindre l’arrestion et la poursuite criminelle si le monarque n’aime pas ce que vous pensez. Fermer une station de radio n’est donc pas une limite à la liberté d’expression parce que les animateurs peuvent toujours s’exprimer comme le reste du monde: au bar, sur leur blogue, dans la rue. Personne ne peut les arrêter pour cela. Maintenant, une licence de radio, qui sont limitées en nombre due au nombre limité de fréquences radio que l’on peut utiliser, a aussi des RESPONSABILITÉS et doivent, entre autres, respecter le droit à la dignité et le droit à l’information du reste de la population.
Parfaitement d’accord, Ben. On semble oublier que la saga à l’origine des intentions de fermer ces stations remonte au temps où le grand guru, JF (JC) Fillion dénigrait l’un et l’autre avec de fausses allégations. C’est du salissage public, et c’est interdit par la loi. Les grands prêtes du culte auront tôt fait de récupérer l’affaire pour donner de la crédibilité à leurs propos arguant que cette menace de fermeture est la preuve de leur véracité. Qui n’aime pas avoir le privilège de faire partie des initiés qui possèdent la vérité ?
Pourquoi est-ce que c’est si compliqué d’aborder les débats de front au lieu de s’embarquer dans les long discours métaphoriques sur la forêt et les martiens ? C’est pas compliqué ce que nous voulons c’est moins de gouvernements plus de liberté !
Vous semblez trouver les Xiens tellement agressifs et méchants, pourtant avez vous vu des Xiens bloquer des portes d’établissements publiques le visage masqué, avez vous vu des Xiens rentré dans un centre des congrès en lançant des projectiles à l’intérieur ?
Donc nous allons continuez de nous exprimer et de nous indigner sans agresser physiquement le reste de la population comme d’autre groupes.
Le problème, c’est quand des élus tels Danielle St-Amand et autres Steve Lamontagne utilisent le language ordurier des radio-poubelles en commission parlementaire ou ailleurs dans l’exercice de leur fonction. La souillure de leur grossièreté éclabousse le Québec en entier.
Comme d’habitude, la gauche est condescendante envers la droite parce que c’est tout ce qu’elle est capable de faire pour tenter d’enlever de la crédibilité à ceux qui ne pense pas comme elle. Pas étonnant que personne ne lit votre feuille de choux à l’extérieur de l’île de Montréal.
Il est un peu triste de voir que vous reprochez exactement ce que vous faites dans votre commentaire, au lieu de rehausser le discours. Comme tout ce qui sort de ces radios poubelles d’ailleurs, du venin sans contenu.
C’est triste de constater que la droite refuse de reconnaitre, victime de ses préjugés, que la vérité sort de la bouche des gens de gauche, le mensonge de celle des gens de droite. Réveillez vous comme disent les Témoins de Jehovah.
La droite fascisante est pas contente de se faire niaiser. Mais la gogoche a compris et le débat est terminé.
Vive les insultes!
Il me semble pourtant qu’elles (les radios X) commettent des torts irréparables. Elles s’incrustent dans les cervelles des moins vigilants. Elles enseignent la bêtise sournoisement.
Au nom de cette liberté d’expression dont vous parlez et malgré que cette radio semble elle-même la bafouer lorsqu’il lui plaît, je ne demanderai pas qu’elle se taise. Mais je m’acharnerai à la citer en contre-exemple, à la démolir, à la tourner en dérision et à mettre en évidence ses travers… comme vous le faites si bien vous-même. Merci pour ce billet fort imagé!
C’est en cela que ces radios sont utiles , elles lancent des débats sur la place publique (parce qu’on s’entend qu’il n’y en a pas sur leurs ondes) qui permettront de recadrer le discours dans la tête des plus ouverts d’esprit. Pour les autres, irrécupérables, c’est un forme de névrose compensatoire qui rend leurs frustrations quotidiennes vivables, comme le sont les divertissements ou les sports. Et comme le dit M. Baillargeon, ça demeure une minorité. Et il ne pourra jamais en être autrement.
@ Alain A
Une minorité, je n’en suis pas si certaine…
À tout le moins, la bonne nouvelle, et je suis d’accord avec vous sur ce point, c’est que la radio des Ixiens opèrerait, en quelque sorte, une catharsis, et fait en sorte qu’ils ne se mobilisent pas! Ils chiâlent à l’unisson, chacun dans le confort de leur foyer. C’est aussi, en soi, une jolie forme de liberté d’expression… :)
« Ils chiâlent à l’unisson, chacun dans le confort de leur foyer. » C’est exactement ça Geneviève. J’ai choisi névrose compensatoire parce que catharsis supposerait qu’il ont évacué le sentiment alors que c’est tout le contraire : cette radio réactualise sans cesse la frustration de l’auditeur lui laissant croire qu’il s’en est libéré dès qu’il pense à autre chose, par ex, au hockey.
Une autre trait culturel des Ixiens est le recours systématique à l’opposition simpliste de la gauche contre la droite.
Si je ne m’abuse le reproche principal fait à l’endroit de radio X est sa bêtise pas ses positions politiques. Insulter les Amérindiens, les étudiants et tous les autres mouvement sociaux sauf le RRQ entre deux pubs d’un circuit de motoneige à Mascouche ne constitue pas un argumentaire sérieux. Raconter des conneries xénophobes dans un bar entre amis colons est recevable si la musique est forte. Le faire sur une tribune publique qui pourrait servir à stimuler la conversation démocratique, c’est autre chose.
Aussi, la liberté d’expression, au moins telle que défendue par N.B., a beaucoup plus à voir avec John Stuart Mill que la monarchie et la condescendance d’une gauche uqamienne.
J’aime bien cette image « des armes de diversion massive. » Vous visez très juste M. Baillargeon. Pour travailler sur la terre originaire des ixiens, et avoir eu de nombreux contacts avec les fidèles, j’ajouterais que la grossièreté définit leur rapport au monde. L’appeler simplicité est un euphémisme.
On croirait lire un passage des Voyages de Gulliver. Merci! ;)
Alain, j’écoute Radio-X mais rarement le matin. Je n’endosse pas toujours les propos de certains animateurs, reflétant leu ‘inculture comme l’autre matin où leur « critique d’art » Landry « anal- y-sait » une oeuvre du Musée de Joliette en propos méchants, méprisants qui montraient sa totale inculture… et les deux autres derrière gloussaient de plaisir avec la même inculture. Mais je suis chroniqueur au 5 à 7 de Radio x Québec les mercredis à 18h. Il faut leur adresser une bonne fessée comme je l’ai fait avec Landry quand le vase déborde.
Merci Reynald de me répondre. Pourquoi vous reconnaissez l’inculture de ces animateurs en matière d’art et vous ne semblez pas la reconnaître pour ce qui est de la politique ?
je ne leur reconnais ni plus ni moins de culture en politique que j’en reconnais à ceux de Radio-Can… et je les aime bien quand-même car ils sont de droite… comme moi… leurs propos politiques me font rarement bondir, mais je vous avoue que l’autre matin, j’ai servi une bonne fessée culturelle à ce petit garnement qui l’avait bien méritée, car personne ne la lui avait jamais adressée.
Alain, voici la toute dernière critique de ce nouveau maître Landry… notez la subtilité et l’élégance du verbe… l’oeuvre de l’artiste n’aura jamais été décrite avec autant de justesse! Je suis fier de parler dans son micro une fois par semaine.
http://www.radioego.com/ego/listen/12817
La différence, Reynald, se situe, à mon avis, sur le fait que les animateurs de Radio Canada ne font pas l’étalage de leur point de vue mais vont plutôt miser sur des invités compétents ou des acteurs du milieu. Qu’ils soient de gauche ou de droite.
Landry ! eh bien, bravo pour la fessé. Pour ma part, j’en aurais bien servi une à la chroniqueuse culturelle de RC ce matin pour son édifiante critique du film « Zombie malgré lui ». Non mais, elle est allé au cinéma à côté de chez elle pour ne pas dépenser trop d’essence, ou quoi ?
Le problème avec ces stations de radio, c’est la surlégitimation du discours de ses animateurs par leurs auditeurs. La légitimité d’un discours est fondée par l’autorité de celui qui le tient (voir à ce sujet Jean-François Lyotard) . Ainsi, par exemple, un ethnologue réputé, ayant publié des ouvrages qui bénéficient d’un rayonnement international devrait bénéficie d’une légitimité sur les questions concernant l’ethnologie. Les animateurs de ces radios sont pris au sérieux par leurs auditeurs, (en témoigne l’élection d’André Arthur comme député indépendant en 2006) alors qu’ils se prononcent à l’emporte-pièce sur à peu près tous les sujets inimaginables….
Ils faut les prendre pour ce qu’ils sont: des animateurs de radio, dont l’objectif est d’attirer des cotes d’écoute pour leur émission. Pour se faire, ils capitalisent sur les affects négatifs de leurs auditeurs.
Ma
j’étais un jour invité de Louis Champagne en studio à CJMT à Chicoutimi… il y a plus de 20 ans.. un gars surgit « les BBM sont sortis!.. on est les meilleurs » J’ai rectifié: « vous n’êtes pas nécessairement les meilleurs… vous êtes les plus populaires » . Mais il ne faut pas leur en vouloir, ils carburent aux cotes d’écoute, souci que n’ont pas les gens de Radio-Can
On dirait que les animateurs de Choi lui ont donné le texte. (hahaha) C’est la même chose qu’à la radio, mais écrit… Aimez le blanc ou Aimez le noir, mais l’important : Ne prendre pour aucun des deux camps.
Bonne journée à vous tous!
Continuez à vous « aimer », c’est plus drôle que Piment Fort.
Doux Jésus ! C’est très drôle, à la lecture du début de cet article, je me demandais : Veut-il parler de la génération dîte « X », puis peu après, en me fendant la yeule ( après tout, ceci est les reliquats du Voir, hum…), je crus qu’il parla de ces ineffables carrés rouges !
Ben oui, ca marche pour à peu près tout ! jusqu’à ce que sa ce mette à garrocher ces clichés éculés, qui on le sait, fittent bien avec ces épouvantails de Radio X machins… Comme de quoi que les idéologies bornées finissent par se rejoindre de par leur niaiserie intrinsèque en quelque part, mais bon…
Tout ca pour, en finale nous garrocher l’immense « je vous laisse le droit de dire n’importe quoi au non de la libâââté d’esspression » car, moâ, je sais ce que ca veut dire. Et quand un épas comme Richard Martineau dit la même chose, on trouve tout à fait normal d’aller jouer au Ku Kluk klan devant chez lui, yeah right…
Pfffouah !
Quelle ironie dans ce billet de M. Baillargeon. Je suis tenté de lancer les accusations maintenant classiques d’une certaine classe de gauchistes (Sophismes!, Généralisations gratuites!). De nombreuses personnes « instruites » sentent sans doute un manque de subtilité dans les propos des radios ixiennes (ou l’image qu’il s’en font à travers la lunette d’approche de la presse gauchiste). Mais l’honnêteté doit nous forcer d’assumer qu’une variété de personnes, représentant la gamme complète des taux d’imposition, syntonise ces fréquences dites « poubelles ». Je suis de ces personnes qui aiment occasionnellement entendre ces animateurs et je constate qu’ils offrent souvent des idées intéressantes. Et des arguments convaincants à l’occasion. Selon moi, le billet de M. Baillargeon dont il est question ici n’offre pas d’idées intéressantes, ni quelque argument que ce soit. Pourtant, ce philosophe nous a montré par le passé qu’il est capable à l’occasion d’offrir un argument convaincant. J’ose espérer qu’il ne s’agissait que d’un écart de parcours.
Monsieur Durocher, vous oubliez qu’en plus d’etre un philosophe monsieur Baillargeon est un SCIENTIFIQUE qui enseigne en Sciences de l’éducation. Un peu de respect. Il ne donne pas son opinion comme Monsieur Tout Le Monde, mais décrit la Vraie Vérité.
« Les Ixiens ont l’insulte facile »… drôle cette aphirmation dans ce texte justement rempli d’insultes, de raccourcis et de préjugés tel que « être primitif ». Un autre petit deux-poids deux mesures propre à la gauche… Honnêtement, je suis pour que vous ayez le droit d’écrire votre texte. Nous ne sommes pas dans une dictature communiste donc la liberté d’expression doit être sacré mais ne doit surtout pas être à sens unique comme le veut la gogauche. Je trouve bien triste que de nos jour certaines personnes utilisent leur tribune pour tenter de museler l’opinion contraire. Le plus drôle dans tout ca c’est que ces mêmes personnes remplis de mépris et d’hypocrisie ne reconnaissent jamais leur erreur.
Pour Rad-Can le problème est que c’est une SOCIÉTÉ D’ÉTAT payée par TOUS LES CONTRIBUABLES de TOUTES LES OPINIONS qui se doit de faire de L’INFORMATION NEUTRE ou du moins exprimer les différents points de vue équitablement mais qui dans le fond est une machine à propagande GAUCHISTE tjrs pro-syndicats, tjrs pro-carrés rouges, tjrs séparatiste, tjrs pro-palestinien, tjrs anti-américain, tjrs matriarcale et SURTOUT très centrée sur MTL même si elle doit couvrir le pays au complet. Vous trouvez que je suis paranoïaque, eh bien même l’ancienne ombudsman de Radio-Canada a dit que la société avait un biais très exclusivement à gauche… Aucun problème qu’un média est à gauche mais en autant que je suis pas obligé de le financer
M. Baillargeaon, c’est curieux, je croyais que c’était vous l’auteur du Petit cours… mais non, je me trompe, écoutez, lisez un livre qu’a écrit un type qui s’appelle exactement comme vous. Ça parle d’autodéfense intellectuelle.
Vous verrez que le procédé que vous utilisez pour parler des gens qui écoutent Radio X ne peut être qualifié que de bas et mesquin: vous généralisez, vous extrapolez sans raison, vous ne discutez pas mais vous présentez une condamnation, vous remplissez votre texte de sophismes, vous attaquez les personnes et non pas les idées, vous ne vous fiez qu’aux apparences et à la « bonne manière de penser », vous tombez dans la condescendance et la moquerie etc., etc.
Pour le dire clairement, je me sens insulté. Si je vous dis qu’en plus j’écoute la Radio X de Québec vous allez penser que j’ai été incapable d’écrire tout ça tout seul!
Sachez cependant que je paie des impôts, que j’ai deux diplômes de maitrise en poche et plusieurs articles scientifiques publiés, que je ne suis pas plein de ressentiment, que ma bibliothèque est peut être aussi grande que la vôtre, que je ne me laisse pas manipuler par les animateurs de radio, que je suis capable de réfléchir par moi-même etc.,etc.
M. Ed, Je suis heureux de constater que je suis pas le seul avec une maîtrise à écouter Radio-X… sauf leur critique d’art Landry dont la culture est enfermée dans l’espace Metallica Nordiques. . Il ne faut cependant pas compter sur la condescendance de Radio-Can pour questionner le gouvernemaman et dénoncer les injustices – vous me direz que la notion de justice est définie différemment selon qu’on se situe à droite et à gauche.
Une question : ces ixiens n’ont ils pas été formés par nos spécialistes des Sciences de l’éducation ?
C’est de la généralisation grossière…pire que les Ixiens ou du moins, du même calibre. Très amusant.
« Les Ixiens aiment se livrer en duo à leurs rituels du ressentiment, l’un parlant fort, l’autre lui servant de faire-valoir: comme les personnages de BD, en somme, avec lesquels ils ont tant de points communs. »
Je vous suivais dans votre article, mais ce commentaire m’a passablement fait décrocher. Vous ne devez certainement pas lire de bandes dessinées pour affirmer une généralisation aussi grossière, qui dessert totalement votre propos. La bande dessinée est un médium comme un autre. Vous serait-il venu à l’idée de comparer ces animateurs à des personnages de film ? à des personnages de roman ? Ce préjugé ne démontre que votre inculture.
Si les animateurs de radio-poubelle étaient comparables aux personnages de bandes dessinées, on pourrait aussi dire qu’ils le sont aux chroniqueurs de journaux culturels, partageant la même ignorance, mais s’imaginant tout de même que leur ignorance fait autorité.
M. Bouchard. On se comprend mal et je m’en désole. je suis loin d’être quelqqu,un qui dénigre le genre BD, bien au contraire. Je suis un fan de BD. Ce que j’avais en tête, ce sont ces couples typqiques où on retrouve un héros (Tintin, Astérix) flnqué d,Une sorte de faire valoir, ou de revers amusant (Haddock, Obélix). C’est tout et rien de plus.
Navré pour la dureté de mon propos, mais voilà : il faut nuancer. Nommez précisément les références que vous avez en tête, sinon vous jouez le jeu de ceux qui réduisent, encore aujourd’hui, ce médium (ce n’est pas un genre) dans toute sa diversité à ces caricatures canoniques des années 40-60, et c’est drôlement triste. Surtout que vous êtes loin d’être le seul à opérer ce type de réduction au sein des médias et autres instances dites « culturelles », ce qui a le don de rendre les auteurs et lecteurs de bandes dessinées un peu chatouilleux sur le sujet… Allez, sans rancune.
Si j’en crois M. Baillargeon, la consommation constitue «l’horizon et la fin de la liberté ixienne.» Il s’ensuit qu’on n’a jamais vu un Ixien perdre son temps, placoter, rêvasser, plaisanter, méditer, chanter sous la douche, caresser son chat, faire l’amour, pique-niquer en famille ou cultiver des relations d’amitié, tout occupé qu’il est à faire l’acquisition de biens matériels sans trêve ni répit. Hypothèse peu vraisemblable, à vrai dire. Une interprétation moins désobligeante pour les Ixiens serait d’opposer à leur contradicteur cette observation du sociologue libéral Jean Baechler: «Affirmer que la consommation ne peut représenter une valeur exaltante n’est une nouveauté que pour les imbéciles.»
M. Baillargeon s’offusque aussi de cette scandaleuse théorie ixienne selon laquelle «l’économique se réduit à la possibilité pour chacun de consommer.» Opinion pourtant fort commune si l’on se réfère par exemple au Petit Robert: «Économie. Science qui a pour objet la connaissance des phénomènes concernant la production, la distribution et la consommation des biens matériels.» On ne voit pas très bien, en effet, à quoi l’activité économique pourrait bien servir d’autre. À moins bien sûr qu’on ne lui assigne la tâche de résoudre les Grandes Énigmes de l’Univers, de satisfaire les aspirations humaines à l’infini et, par-dessus le marché, d’étancher la soif d’absolu propre à certains chroniqueurs du Voir. Chose difficile en régime libéral car, comme le dit encore Baechler, «le libéralisme ne promet aucun salut, ne remplace ni la religion, ni la moralité, ni l’éthique, ni la science. Tout homme assoiffé de certitudes et de totalité sera difficilement libéral.» Ainsi des anarchistes.
Le philosophe Clément Rosset a bien décrit les rouages idéologiques de l’anticonsumérisme: «La critique de la société de consommation repose essentiellement sur deux réquisits implicites qui sont la demande de finalité et la demande de nature. Réquisit de finalité: on reproche à la consommation des biens industriels de manquer de «sens» et de priver l’homme qui s’y adonne d’une finalité «authentique» ou d’un destin «valable». À quoi bon tout cela?, demande le consommateur au producteur: en me nourrissant, je m’aboutirai qu’à procréer des enfants qui devront, eux aussi, se nourrir, et ainsi de suite jusqu’à la consommation des siècles. Ce n’est pas là, estime-t-il, la finalité dont on m’avait fait rêver, mais une vilaine histoire dont la responsabilité doit incomber à quelque mystificateur.»
Reste alors à livrer le nom des coupables. L’idéologie contestataire, «s’inspirant ici d’un principe célèbre de l’investigation policière qui recommande de rechercher d’abord à qui le crime profite, a su pointer un index accusateur vers les véritables responsables qui sont, à son gré, les directeurs de circuits commerciaux à la solde des classes dominantes, coupables d’entretenir, depuis les débuts de l’histoire, l’humanité dans une situation de pseudo-finalité.» Fidèle à cette vision policière de l’histoire, M. Baillargeon suggère aux habitants de la forêt de diriger leur colère vers les possédants et les profiteurs «qui sont la principale cause de leurs malheurs». On aura remarqué le coefficient démagogique d’un tel grief. Ça n’empêche pas M. Baillargeon de dénoncer l’usage du ressentiment… par les Ixiens!
Mais poursuivons notre analyse: «Réquisit, d’autre part, de nature, que les formes actuelles de la société sont accusées de détériorer et de tendre à dissoudre: les besoins que la société suscite en l’individu ne sont qu’artifice et vont à l’encontre de ses besoins naturels. La liberté dont dispose l’individu pour satisfaire ses désirs dont l’apparent besoin n’est rendu pressant que par l’artifice de la société (et de ses dirigeants) est synonyme d’aliénation, et signifie la perdition de son essence, de sa nature authentique, lesquelles n’ont dû de ne pas s’exprimer directement qu’à la pression artificiellement exercée sur elles par les intérêts de certaines groupes sociaux.»
Comme il fallait s’y attendre, nous retrouvons chez M. Baillargeon ce même fantasme naturaliste hérité du moralisme épicurien et du rousseauisme, dans une page de son recueil «Les chiens ont soif» portant sur la «surconsommation» et «son caractère décidément artificiel, qui conduit à dénoncer les mécanismes aliénants permettant d’induire de tels besoins artificiels. Au premier rang de l’artificiel, la publicité figure en bonne place.» Cette tirade me rappelle un inénarrable vidéo où l’on voit Hugo Chavez proclamer que «le capitalisme, grâce surtout à la télévision, fabrique aux peuples des besoins qui ne sont pas réels» ni «nécessaires», qui ne sont pas des «vrais besoins», et que cette incitation au consumérisme «finit par ronger l’essence de l’homme.» (http://www.dailymotion.com/video/x8mrrr_chavez-vs-capitalisme-en-fr_news). On aimerait seulement savoir si Mm. Baillargeon et Chavez disposent d’un critère qui leur permet de distinguer le naturel de l’artificiel, le vrai du faux, le nécessaire du superflu. Par exemple, «à partir de quel nombre de robes et de quelle cadence d’achat le besoin de changer de vêtements est-il faux et entièrement l’œuvre des couturiers et des confectionneurs?» (André Stéphane, «L’univers contestationnaire»).
Selon M. Baillargeon, les Ixiens, dans leur candeur, sont convaincus que tous les problèmes sont simples à comprendre de même que les solutions pour les résoudre. Je ne sais toutefois s’il est bien placé pour leur faire la leçon, lui qui déclarait au défunt hebdo «Ici» en 2000: «Supprimez les institutions en place et la plupart des problèmes que vous pensez avoir trouvés disparaissent.» Autrement dit: Nous allons tout fiche en l’air et après tout ira bien! Simple comme bonjour! Même mot d’ordre chez le théoricien anarchiste Bakounine: «L’esprit de destruction est le même que l’esprit de création». Ce spontanéisme est parfaitement conforme aux présupposés naturalistes évoqués plus haut. En effet, ajoute Rosset, «la révolution ne se propose que de remettre les choses dans l’ordre, en brisant une résistance qui fait artificiellement obstacle au développement naturel de l’humanité: non instauration d’un ordre nouveau, mais reconnaissance tardive de l’ordre vrai depuis toujours.» D’où cette formule d’un autre anarchiste cité par M. Baillargeon, Élisée Reclus: «L’anarchie est la plus haute expression de l’ordre.» Ou celle de M. Baillargeon lui-même: «L’ordre moins le pouvoir». Il serait aisé de répliquer ici, avec Hobbes, que tout ordre trouve nécessairement sa source dans l’artifice d’un pouvoir instituant et que, par conséquent, l’hypothèse d’un ordre «naturel» préexistant à cette institution est absurde et contradictoire, puisqu’elle revient à faire dépendre la cause (l’institution) de son effet (l’ordre institué). Croire le contraire, c’est faire de la métaphysique.
M. Baillargeon reproche enfin aux Ixiens leur «prophétisme catastrophique». Le même homme ne craignait pourtant pas d’affirmer à Bazzo.tv, le 6 octobre 2011: «Je pense sérieusement que l’humanité est menacée. On est vraiment dans une période historique dramatique et j’aimerais que les leaders aient le sentiment de l’urgence de la situation. L’humanité est menacée, il faut prendre conscience de ça.» L’épistémologue Dominique Lecourt caractérise fort justement ce style hyperbolique comme un catastrophisme apocalyptique et pose la question: «Mais que signifie le terme «survie de l’humanité»? C’est un rêve! Ce qui pose problème, c’est l’usage que l’on fait constamment de ces expressions: la Terre, l’Humanité, la Planète, le Tout. Ce moment abyssal où l’humanité serait avalée tout entière est mythologique. Il s’agit d’une extrapolation présentée sur un mode prophétique. C’est un discours de facture religieuse.»
M. Baillargeon, on le sait, se réclame du rationalisme. Mais on sait aussi qu’il ne suffit pas de vouer un culte à la Raison pour énoncer à tout coup des propositions raisonnables. C’est même régulièrement tout juste le contraire qui se produit.
Ce qui est tres intéressant des textes de Normand Baillargeon c’est qu’ils invitent à la discussion. Que de beaux arguments apparaissent.
Addenda à mon commentaire du 12 février:
1) Les Ixiens, soutient M. Baillargeon, sont des esprits faibles pour qui tout problème est simple à comprendre et toute question simple à trancher. Admettons. Maintenant, quel antidote notre chroniqueur propose-t-il contre ce simplisme affligeant? Voici. La société se compose de deux catégories antagonistes: le Peuple et les Gros, poétiquement rebaptisés «habitants de la forêt» (tous groupes sociaux confondus) et «propriétaires de la forêt», ceux-ci écrasant ceux-là de connivence avec leurs agents ixiens. Cette mythologie dualiste inspirée de la vulgate marxienne la plus sommaire implique naturellement que tous les malheurs des habitants sont dus à un complot des propriétaires manipulant des masses aveugles. Il suffirait donc de mettre les puissants hors d’état de nuire pour que tous les hommes soient heureux, tous les enfants intelligents, tous les amants comblés – peut-être même, qui sait, pour triompher du cancer et de la mort. Ce schéma explicatif permet en outre de légitimer le rôle de l’Intellectuel-guide-du-Peuple, catégorie dont M. Baillargeon fait sans nul doute partie. Chacun jugera, entre la théorie ixienne et la théorie baillargeonne, laquelle s’accorde le mieux avec ces couplets d’une célèbre chanson de Bertolt Brecht et Hanns Eisler intitulée Louange du communisme: «Er ist einfach / Jeder versteht ihn» («Il est simple / Chacun le comprend»).
2) M. Baillargeon, de son propre aveu, n’a jamais réussi à comprendre ce qu’est le libre marché. Voyons cela. Prenons par exemple l’anarchisme. Il existe deux moyens bien différents de mettre cette théorie politique antiautoritaire sur le marché des idées. On peut d’abord confier cette tâche à un chef d’État autoritaire qui se pique de faire lire des livres aux masses, comme il advint par exemple le 20 septembre 2006. Ce jour-là, l’homme fort vénézuélien Hugo Chavez brandissait devant l’Assemblée générale de l’ONU l’énième pamphlet (encore un!) de Noam Chomsky intitulé cette fois «America’s quest for global dominance», propulsant le livre en tête des ventes sur Amazon et décidant son éditeur à imprimer 25 000 exemplaires supplémentaires. Plus efficace que le show d’Oprah Winfrey! On s’est souvent demandé avec perplexité à quoi servent les Nations unies. Réponse possible: à véhiculer la propagande d’un démagogue sud-américain et enrichir un distingué linguiste du MIT… à défaut d’arrêter le massacre au Darfour ou en Syrie.
L’autre stratégie consiste à faire confiance aux circuits commerciaux ordinaires, c’est-à-dire aux seuls mécanismes du marché, sans l’intercession d’un président mégalomane ou d’une organisation internationale. C’est apparemment de cette façon qu’a procédé la maison Lux éditeur pour diffuser avec un succès enviable divers ouvrages de M. Baillargeon dont «L’ordre moins le pouvoir». Entreprise au demeurant tout à fait respectable: l’anticapitalisme est un marché que l’on peut se donner pour projet d’exploiter et qui peut s’avérer rentable dès lors que cette offre idéologique répond à une demande du public. Avec un peu de chance, M. Baillargeon pourrait même devenir aussi riche que Michael Moore! Quel réjouissant spectacle que ces anars occupés à rendre involontairement hommage à l’économie de marché, autrement dit à «reconnaître sans l’avouer que le libéralisme est pour eux le pire des systèmes à l’exception de tous les autres» (Raymond Boudon, «Pourquoi les intellectuels n’aiment pas le libéralisme»).
Cette posture typique du capitaliste-malgré-lui n’est cependant pas dépourvue d’ambiguïté. En effet, Lux a beau se présenter sur son site Web comme «une maison d’édition indépendante d’inspiration libertaire» désireuse d’«inspirer les révoltes qui rendent libre», ça ne l’empêche tout de même pas de remercier quelques lignes plus bas le Conseil des arts du Canada, la SODEC, le Gouvernement du Québec et le Gouvernement du Canada pour leur aide accordée à ses activités d’édition. Ces libertaires aspirent donc à la fois à supprimer l’État et à disposer librement des subventions consenties par ce même État qu’ils exècrent. Cela me remet en mémoire un certain «Portrait de l’avant-gardiste» brossé par Philippe Muray: «Comment le baptiser, ce personnage? Cet Anarchiste couronné qui se raccroche à sa couronne? Ce Pensionné de la société? Ce Transgresseur décoré? Ce Non-conformiste subventionné et qui entend le rester? Cet Avant-gardiste cramponné? Ce Novateur à perpétuité et à subsides d’État?»
3) Dans sa chronique du 18 octobre dernier, M. Baillargeon s’avouait inconsolable à l’idée que tous ses compatriotes ne lisent pas le même journal que lui, preuve à ses yeux que le marché est l’ennemi de la démocratie. La chose le rendait «triste et inquiet», ajoutait-il (http://voir.ca/chroniques/prise-de-tete/2012/10/17/conversation-democratique-en-loques/). Comme palliatif à cet accès de mélancolie et au grave déficit démocratique qui en est la cause, nous pourrions demander à Françoise David d’intervenir à l’Assemblée nationale pour inciter les Québécois à s’abonner au Devoir plutôt qu’à La Presse, au Journal de Montréal ou, pire encore, au National Post. Sait-on jamais, la députée de QS pourrait se révéler aussi convaincante en agent de marketing qu’un Hugo Chavez invitant les Américains à «lire Chomsky plutôt que de regarder Superman.» En désespoir de cause, Mme David pourrait toujours déposer une motion visant à rendre la lecture du Devoir obligatoire, comme autrefois la messe et les sacrements.
J’ironise, bien sûr: M. Baillargeon n’entend pas user d’un remède aussi drastique contre ce qu’il perçoit visiblement comme une pathologie sociale. Et c’est bien là tout le problème. Ou bien M. Baillargeon exige de l’État québécois qu’il agisse pour protéger Le Devoir contre ses compétiteurs par la censure et le bourrage de crâne, ou bien son propos ne rime à rien. À moins d’y voir une simple manifestation de mauvaise humeur de la part d’un universitaire soucieux d’affirmer sa supériorité sur la foule dont il dédaigne les goûts sans faire beaucoup d’efforts pour les comprendre. Comme disait Pierre Bourdieu: «Le bon goût s’identifie autant par ce qu’il n’est pas que par ce qu’il est. Le bon goût confère un sentiment de supériorité inattaquable.» Rien de mal à cela, à condition que l’on sache résister à «la volupté d’imposer aux autres ses goûts, en oubliant que ces autres sont candidats à vous imposer les leurs.» (Raymond Ruyer, «Éloge de la société de consommation»). On ne fera pas ce reproche à M. Baillargeon, trop respectueux de la liberté d’expression pour réclamer la fermeture de Radio X. Avec cette conséquence inévitable que son discours se condamne au seul registre de la déploration. R. Boudon nous explique pourquoi il en est ainsi: «Il n’est plus guère possible de se déclarer hostile à l’économie de marché. Tout au plus peut-on encore fulminer contre «la société de marché». Mais il ne peut s’agir que d’incantations.» Incantations dont Nietsche avait bien saisi par avance la fonction: «Déjà la plainte, rien que le fait de se plaindre peut donner à la vie un attrait qui la rend supportable» («Crépuscule des idoles»).
Curieux, tout de même, cette hostilité des militants libertaires à un système fondé sur la liberté de choisir, telle qu’elle s’exprime en parts de marché. (Dans son recueil «Les chiens ont soif», M. Baillargeon va même jusqu’à qualifier de «terrifiante» l’abondance de biens dont nous gratifie, pour notre plus grand malheur, la société de consommation.) Mais à qui la faute si Le Devoir, au contraire de Radio X, peine à trouver un marché solvable, c’est-à-dire un auditoire lui garantissant sa survie ou, à défaut, un mécène suffisamment généreux?
Le libéralisme, c’est un fait, est incompatible avec l’idée voulant que les intellectuels de gauche – ces nouveaux clercs – connaissent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui. Nous avons pu voir M. Baillargeon défendre cette idée discutable quoique flatteuse à Bazzo.tv, le 6 octobre 2011, en invoquant le fantasme platonicien du philosophe-roi: «Les gens qui ont les qualités qui feraient qu’on aimerait qu’ils soient au pouvoir, en raison de ces qualités-là, ne veulent pas aller au pouvoir. Platon avait vu ce paradoxe-là, je pense qu’il est réel.» (http://video.telequebec.tv/video/8489). En clair, et pour citer directement «La République» de Platon: «Le genre humain ne mettra pas fin à ses maux avant que la race de ceux qui, dans la rectitude et la vérité, s’adonnent à la philosophie n’ait accédé à l’autorité politique en vertu de quelque dispensation divine.» Le malheur veut que les aspirants à cette fonction sacerdotale soient incomparablement plus nombreux de nos jours qu’à l’époque de Platon. En effet, le développement de l’université de masse «a produit massivement un prolétariat intellectuel dont l’insatisfaction congénitale se nourrit de ce qu’il n’a ni pouvoir, ni richesse, ni prestige.» (J. Baechler). Position d’autant plus inconfortable qu’elle surgit dans le contexte d’une société de masse réfractaire à toute hiérarchisation des valeurs culturelles ainsi qu’à toute norme défendue par une intelligentsia qui prétendrait se faire l’arbitre du vrai, du bien et du beau.
N’empêche, un anarchiste qui flirte avec le mandarinat se met en contradiction avec lui-même car, en tant qu’anarchiste, il prône normalement le rejet de toute forme d’autorité. Mais le paradoxe n’est peut-être qu’apparent si l’on veut bien admettre que ce même anarchiste s’estime seul capable d’échapper au mur de la caverne platonicienne. Cette prétention, toutefois, ne changera rien à la nature du «système» dont il s’est fait l’implacable ennemi. «La culture de masse, démocratique et souvent vulgaire, ne sera pas vaincue par les cris d’indignation de quelques happy few à l’érudition élégante.» (Alfredo G.A. Valladao, «Le XXIe siècle sera américain»). Qu’on se le dise.
Chomsky…c’est le principe contre les idées. L’idée de la Shoah ne vous plaît guère? Allons vite chercher Chomsky qui défendra le négationiste Faurisson contre cette idée-là, d’autant plus mauvaise qu’elle s’est incarnée sur un territoire géographique identifiable. Le négationiste vous répondra qu’il n’a rien lu, qu’il ne sait rien des idées de Faurisson, car lui, le juif de la diaspora insaisissable, c’est le principe qui l’intéresse. Quel principe? Celui de l’absolue liberté de pensée,sans loi, ni preuve, ni corps ni âme, ni sang ni sueur, qui n’a ni pays ni frontière, ni nom ni limite, ni fin ni commencement.
Tel est le principe de monsieur Baillargeon, un athée qui fait venter de joie tous les Bons Dieux de l’Îlot Voyageur……
Comme le notait si bien San Antonio: Le gros bon sens, c’est l’intelligence du Con.
Oui, Radio X et une radio d’opinion, et c’est très clair pour tous. Par contre, à Rad-Can, on se targue d’être objectif (et les auditeurs croient aussi, en général, avoir droit à la « vérité »), alors qu’en fait, on est tout autant dans l’opinion et la manipulation de l’information, c’est seulement que le format permet de faire croire aux naïfs qu’ils reçoivent strictement de l’information.
De toute façon, toute personne qui se contente de l’une ou l’autre de ces sources sera tarée.