Ce thème: les conservateurs et les arts, cache des difficultés insoupçonnées qui tiennent notamment à ce que les deux termes de l’équation sont susceptibles de conceptions variées, voire opposées les unes aux autres.
Prenez le mot «conservateur». On pense savoir ce qu’il signifie, et pourtant, comme on va le voir, il y a bien des manières d’être conservateur. En les rappelant, on verra mieux en quel sens le gouvernement Harper l’est et ce qui, partant, caractérise son rapport si particulier aux arts et à la culture.
Le point de départ du conservatisme se trouve dans une certaine attitude de déférence envers des valeurs, pratiques et institutions héritées du passé, chéries car présumées être l’expression d’une sagesse précieuse parce que sanctionnée par le temps.
C’est pourquoi, s’il n’est pas a priori ennemi de tout changement, le conservateur s’en méfie et, plus encore, se méfie du changement radical et des promesses de lendemains qui chantent. Il (ou elle) pense plutôt que la transformation de la société devrait être lente et progressive, soucieuse de garantir sa continuité en préservant ce qui a été mis à l’épreuve dans la durée. Le mot de Lucius Cary (1610-1643) résume fort bien cette posture: «Si un changement n’est pas nécessaire, alors il est nécessaire de ne pas changer.»
Appelons cette attitude le conservatisme politique classique. Une de ses incarnations notables, et prévisibles, apparaît quand on insiste sur le fait que c’est au sein de notre culture, de notre passé et de notre nation que les traditions qui sont pour nous à préserver ont été développées. Le conservatisme qui en résulte est nationaliste. Il peut être plus ou moins frileux…
Mais le conservatisme, depuis, disons, Thatcher et Reagan, est aussi lié à une vision économique et fiscale ultralibérale. C’est cette union qui a donné naissance à ce qu’on appelle parfois le néoconservatisme, un mot aussi étrange que ce qu’il désigne. Il est en effet frappant de constater que ce néoconservatisme, tout empressé qu’il est de révolutionner la société, est en fait, sur tant de plans, totalement aux antipodes du conservatisme politique traditionnel.
Le gouvernement Harper, selon moi, est surtout un exemple de conservatisme fiscal et économique, auquel il adjoint, et ce n’est pas un élément mineur de sa vision du monde, un conservatisme moral et surtout religieux. Sur tous ces plans, les conservateurs politiques classiques ne sauraient s’y retrouver.
Sur le plan culturel, qui nous intéresse particulièrement, les choses se compliquent encore. Considérez ceci, par exemple.
L’attitude conservatrice de préservation et de révérence s’est avérée particulièrement utile pour penser l’éducation, qu’elle conçoit comme le lieu privilégié de la conservation et de la transmission de l’héritage culturel. Les conceptions conservatrices en éducation ont ainsi joué un important rôle pour nous prémunir contre les excès du pathos de la nouveauté affligeant trop souvent le monde scolaire. On a d’ailleurs pu voir, savoureux paradoxe, des penseurs sur certains plans radicaux, comme Hannah Arendt, assurer qu’un conservatisme pédagogique était l’indispensable condition de la possibilité de transformation du monde et soutenir qu’à défaut d’être conservateur en éducation, on est condamné à être réactionnaire!
Mais hors de l’école, quand ce n’est plus d’enfants qu’il faut initier au monde qu’il s’agit, le conservatisme culturel est problématique. Il entre en fait profondément en conflit avec certaines dimensions essentielles de l’art et de la culture – ou du moins des conceptions très répandues de l’art et de la culture.
C’est que là où le conservatisme… conserve, l’art vit de son renouvellement perpétuel. L’artiste, s’emparant d’un état donné du problème de l’expression artistique, entreprend d’aller au-delà. Loin de conserver, il détruit – pour reconstruire du nouveau. L’artiste dérange, choque parfois, et même quand il obtient du succès populaire (ce qui arrive), il est typiquement, en un sens ou l’autre, un innovateur.
Le conservatisme fiscal et économique du gouvernement Harper est également, pour cette même raison, en profond conflit avec le monde de l’art. Le nœud de l’affaire est probablement ici que l’art se situe dans une logique de proposition d’une offre, bien plus que dans une logique de réponse à une demande. Le public de l’art ne peut donc entièrement se penser sur un modèle consumériste; il ne sait pas d’emblée ce qu’il aime; il le découvre et se transforme en l’apprenant; il faut l’approcher, le séduire, surtout l’éduquer. Tout cela heurte de plein fouet la logique économique conservatrice, qui ne peut saisir cet étrange objet, irréductible à une vision purement marchande.
Ajoutez à cela que par leur activité même qui les met en contact avec des idéaux, avec des absolus si j’ose dire, les artistes et les intellectuels tendent à être très sensibles aux imperfections de ce monde, et donc à en être critiques. Il arrive même que le brasier de l’art nourrisse le feu de la révolte, que des choses aussi anodines en apparence que la poésie fassent des anarchistes, ça s’est vu! Et vous avez là une autre pièce importante du dossier art et conservatisme.
Il y a enfin dans tout cela, me semble-t-il, de la part du gouvernement Harper, un exaspérant philistinisme doublé de mépris, par lequel on pense que le bon peuple, de toute façon, ne s’intéresse pas aux arts. Quel mensonge! Et quelle triste prophétie autoréalisatrice.
Et vous avez, bien entendu, deviné que ce que j’ai dit des arts et de la culture vaut aussi pour la science, pour laquelle nos conservateurs ont le même mépris et la même incompréhension. N’a-t-on pas eu chez nous un ministre des Sciences et Technologie flirtant avec le créationnisme?
Je suis très déçu de M. Baillargeon.
Je pensais que sa formation et l’aura scientifique qui l’entourent, donneraient à ses chroniques une certaine objectivité. En fin de comptes, cette chronique n’est qu’une chronique d’opinion de plus. Il n’y a que des points de vue personnels et aucun argument ne semble être appuyé que par des perceptions et des impressions subjectives. Dommage, j’attendais trop…
Allez sur le site du Ministère du patrimoine canadien pour vous faire votre propre idée
Par votre commentaire, on connaît votre employeur…
D’une part nous pourrions vous prendre peut-être au sérieux en vous identifiant vous-même clairement à la place d’utiliser un pseudo ED. D’autre part vous n’irez nulle part ici avec des arguments génériques très faibles, sans développer le fond véritable de votre propre pensée.
En ce qui a trait à l’objectivité, l’épistémologie de la connaissance démontre sans ambiguïté que nul ne peut être entièrement neutre, nous avons tous des filtres. Les conservateurs affichent des valeurs auxquelles je m’oppose en très grande partie, et ici, pas vraiment besoin de rechercher une objectivité absolue, car les valeurs conservatrices sont très bien documentées ou caractérisées, facilitant l’analyse et la rigueur dont est parfaitement capable Monsieur Baillargeon.
À visage découvert, on doit bien pouvoir reconnaître qu’il s’agit bel et bien d’un visage, celui trop bien documenté du néoconservatisme ou de l’ultra libéralisme, entre les deux la ligne est très mince.
Si je vous comprends bien Sylvain, vous trouvez inutile d’aller regarder le site du ministère du patrimoine, c’est ça? Vous concluez que si je regarde ce site c’est parce que je suis payé par le gouvernement canadien, n’est-ce pas? Vous ne trouvez pas nécessaire de remonter à la source. Donc, vous vous fiez à ce que M. Baillargeon écrit pour pouvoir avoir une opinion. Ce n’est pas une attitude très intelligente mais ça économise de l’énergie. Il y a des gens qui vivent des expériences par procuration, il y a d’autres qui ont des opinions par procuration.
M. Bellefeuille, l’objectivité est possible. Est-ce que vous vous avez écouté parler d’un truc qui s’appelle Science ou méthode scientifique? La science communiste ou la science juive n’existent pas : il n’y a que la Science. Et la Science est basée sur quelques prémisses fondamentales : le monde existe (il n’est pas une illusion de mes sens) et il est intelligible.
Dans ce sens, je m’attendais à ce que les chroniques de M. Baillargeon soient objectives : je ne discute pas la justesse de ses opinions à propos de la relation entre les conservateurs et l’Art ou à propos de Radio X, mais j’attendais de lui autre chose que des opinions. Je n’ai lu aucun fait, aucun phénomène n’a été décrit, aucune preuve n’a été présentée (allez accusez moi de positiviste tout de suite). Juste des impressions et des perceptions. De la subjectivité pure. C’est moi qui attendais autre chose.
(désolé, mon nom engage mon organisation, je dois garder l’anonymat).
L’objectivité pure en science n’existe pas non plus. Certes, la méthode scientifique donne de la rigueur à l’intérieur d’une marge d’erreur bien précisée dans toute méthodologie scientifique honnête. Les liens plus bas à propos de la méthode scientifique et de l’épistémologie montrent bien la diversité et la richesse du sujet.
En méthodologie on retrouve souvent les étapes suivantes :
– Hypothèse ou Postulat
– Expériences et cueillette de données
– Système de tri ou de classement
– Analyse des données, selon une méthodologie qu’on peut clairement expliquer
– Résultat validant ou invalidant l’hypothèse de base.
Dans le domaine des sciences sociales, on a l’analyse qualitative et l’analyse quantitative. Le quantitatif ne saurait à lui seul tout expliquer.
Épistémologie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Épistémologie
Méthode scientifique :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Méthode_scientifique
Ici, l’article de Monsieur Baillargeon n’a pas nécessairment à se situer par rapport à l’analyse qualitative ni quantitative, le but n’est évidemment pas là!
Tout n’est pas purement quantifiable, et ceux qui pensent le contraire rencontrent sur leur chemin la quantophrénie : « Pathologie qui consiste à vouloir traduire systématiquement les phénomènes sociaux et humains en langage mathématique. » Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-frasca/160210/quantophrenie
Cette méprise est très fréquente: confondre Science et scientifiques. Le ou la scientifique sera toujours subjectif, dès le choix du sujet de recherche. Mais l’objectivité de la Science non seulement elle existe mais en plus, elle est indispensable à la démarche scientifique. Sinon ce n’est plus de la Science. C’est à cause de ça que les expériences scientifiques doivent être reproductibles et vérifiables, indépendamment du chercheur qui les réalise.
L’objectivité porte sur les faits, une science des valeurs n’existe pas: la Terre tourne autour du Soleil, que vous soyez bouddhiste ou chrétien, que vous le vouliez ou pas (il y a cependant une valeur sous-jacente, justement cette contrainte d’objectivité et de neutralité, une éthique de la connaissance selon Monod).
Dans le cas des chroniques de M. Baillargeon, mon constat est simple. Sa réputation m’avait fait croire qu’il traiterait ses sujets sans parti pris et de manière objective (comme il l’a fait en parlant d’Israël, par exemple). On peut être objectif sans avoir besoin de tout réduire aux chiffres, les faits seuls peuvent suffire. Mais ce n’est pas le cas. D’où ma déception et ma conclusion que cette chronique n’est qu’une colonne d’opinion de plus.
Monsieur ED, je vous invite à lire mon commentaire un peu plus bas, car je l’ai malheureusement publié à la suite des autres commentaires, alors qu’il aurait dû l’être suivant votre dernier commentaire.
Pouvez-vous rationaliser le chiffre 10e500?
Faisons si vous le voulez bien l’exercice suivant :
– une personne vivant 95 ans comptera environ 3 milliards de secondes de vie (10e9 x 3).
– Supposons 7 milliards de personnes (10e9 x 7), si chacune de ces personnes découvrait une constante et une loi de la physique toutes les secondes pendant 95 ans, nous aurions trouvé (21 x 10e9) espaces sur les 10e500 possibilités mentionnées par Hawking. Si ces mêmes 7 milliards de personnes vivaient 7 milliards d’années, une année de 364 jours si vous voulez, compte 31449600 secondes, dans ces conditions, on obtiendrait 7e9 x 7e9 x 314496600 = 1,5410304e27. Toujours bien loin de 10e500 possibles espaces mentionnés par Hawking. — Dans 4 milliards d’années (4 x 10e9) notre soleil se sera éteint, et nous l’espèce humaine, on sera fort probablement disparu bien avant! Hélas!
10e21 = 10 suivis de 000000000000000000000
10e500 = 10 suivis de 00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 (vous pouvez les compter, il y en a 500).
La science n’a pas encore révélé tous ses secrets! En attendant, il n’y a pas de complexe a avoir des opinions bien documentées! :)
Oup! 500 « 0 », sur une seule ligne ça ne passe pas dans une colonne de voir.ca :
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Voilà c’est mieux!
Bon matin ED! La nuit porte conseil! Les bonnes lectures aussi!
Je préciserai dans mes derniers paragraphes pourquoi j’amène ici la référence au livre que je mentionne ici. Au réveil, je lisais « Haine froide », À quoi pense la droite américaine ? », écrit par Nicole Morgan et publié chez Seuil. Une lecture très éclairante. Dans son livre, on mentionne entre autres, l’influence des écrits d’Ayn Rand, plus particulièrement le livre « La révolte d’Atlas ». La pensée d’Ayn Rand a été très largement diffusée à l’aide du financement privé des grandes banques, dont BB&T (Branch Banking and Trust) et Koch, à coup de millions de dollars.
Ayn Rand est la plus lue après la Bible aux États-Unis. « Et au cas où l’on douterait encore de l’importance toujours actuelle d’Ayn Rand, on peut consulter le site de l’ARI (Ayn Rand Institute). La lecture en vaut la peine : “L’ARI se veut le fer de lance d’une renaissance culturelle qui renversera les tendances anti-individualistes, antiliberté et anticapitalistes qui ont envahi notre culture d’aujourd’hui. Le champ de bataille principal de cette lutte au nom de la raison et du capitalisme sont les institutions éducatives — les collèges et, encore plus, les universités où les étudiants apprennent les idées qui donnent forme à leur existence… À cette date, plus de 1,4 million d’exemplaires des romans d’Ayn Rand on été distribués à 30 000 professeurs dans 40 000 salles de classe aux États-Unis et au Canada.
La vie en rayon d’un livre étant de cinq ans, nous estimons que, grâce à nos programmes, plus de 3 millions de jeunes gens ont été introduits à la lecture et aux idées d’Ayn Rand… Nous avons établi un partenariat avec les communautés d’affaires afin de promouvoir la pensée d’Ayn Rand dans les universités.
Grâce à l’assistance de l’ARI, les idées d’Ayn Rand sont enseignées et étudiées dans plus de cinquante des institutions les plus influentes du haut savoir : Clemson University, Duke University, University of Virginia, University of Texas à Austin, University of Pittsburgh, University of North Carolina à Chapel Hill, Brown University, University of Kentuky, University of South Carolina, University of Florida, University of West Virginia et Wake Forest University. »
— Source : Morgan, Nicole. Haine Froide, À quoi pense la droite américaine, Seuil, 2012, p.37-38
Ayn Rand n’était pas synonyme d’humilité, elle aimait bien se décrire de la manière suivante : « Je veux être connue comme étant la plus grande championne de la raison et l’ennemi la plus mortelle de la religion ». Avec l’aide des grandes et très riches fondations, on aura réussi à greffer de force sa pensée dans la tête de millions d’Américains, le nouveau fondamentalisme du marché libre entièrement dérégulé. Et la raison là-dedans! Bien sûr il s’agit de la raison du plus fort dans le contexte d’un darwinisme social appliqué à l’économie, allant jusqu’à affirmer cette raison comme étant pure et objective, une autre dérive de l’intelligence autorisant tous les abus de pouvoir, relevant davantage du fondamentalisme que n’importe quoi d’autre.
À mon sens, Ayn Rand aimait le pouvoir et l’argent plus que tout. Elle s’est donné les moyens de ses ambitions. Depuis les 40 dernières années, les courants ultras libéraux et conservateurs se sont amalgamés avec la droite religieuse puissante jouissant d’une grande popularité, les uns les autres profitant des effets de levier de la représentativité populaire de chacun.
Alors, Monsieur ED, si on ne peut pas critiquer les conservateurs, car selon vous on aurait laissé de côté l’objectivité, on doit savoir que le courant conservateur aime bien se percevoir de l’intérieur comme celui ayant raison objectivement, bien faussement évidemment.
Le mouvement conservateur est vivement critiqué, car il vient assurément heurter de plein fouet des valeurs où on recherche davantage la transparence, la justice et l’équité sociale. Et en ce qui a trait à la raison objective, la transparence des énoncés et des choix méthodologiques sont essentiels à la définition des limites rattachées à une recherche donnée. La raison d’être des conservateurs n’est pas la recherche scientifique, ni la quête d’une objectivité rationnelle, mais plutôt la mise en place d’hommes et de femmes au service d’un fondamentalisme économique et politique où l’État est réduit à sa plus simple expression, où l’État devient effectivement une extension fonctionnelle du secteur privé désirant le monopole sur tout : ressources naturelles, législation, éducation, santé, etc., et à ce niveau on n’a que des gagnants et des perdants. Et comme le privé s’est substitué à la gouvernance politique, on se retrouve le nez face à l’iniquité sociale en permanence, car la redistribution de la richesse est déviée de ses fonctions premières : assurer l’efficacité de l’économie dans son ensemble, assurer que les plus pauvres aient l’essentiel pour vivre.
Cinq livres peuvent aider à comprendre mieux que n’importe quelles autres lectures la montée du conservatisme depuis les 40 dernières années, et ses effets pervers sur l’ensemble de notre monde :
– Haine Froide, À quoi pense la droite américaine ?, par Nicole Morgan ;
– La face cachée des banques, Éric Laurent ;
– Le monde secret des Bush, Éric Laurent ;
– Le triomphe de la cupidité, Joseph E. Stiglitz ;
– la stratégie du choc, Naomi Klein.
Ce ne sont pas des lectures de tout repos, mais à la fin elles donnent tous les arguments nécessaires pour déconstruire le fondamentalisme de droite économique et politique étant une véritable insulte à l’intelligence.
Monsieur ED, les conservateurs maîtrise l’art du « Wedge Politic », la politique à la pièce, ils savent faire plaisirs à des groupuscules, donnant un semblant de véracité de représentativité publique à leurs politiques, mais ils ne travaillent pas pour le bien commun. Tout comme les Bush, ils fonctionnent dans le cadre imposé par le complexe militaro-industriel composé de la haute finance spéculative, du militaire, du pharmaceutique, du pétrole et du charbon. Et plus que quiconque, les conservateurs maîtrisent l’art de la dialectique éristique, avoir raison même lorsqu’on a tors, par la force de la ruse et de l’usure, par procédés de lessivage de cerveau : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dialectique_éristique
Je me tiendrai toujours debout contre le fondamentalisme politique furieux des conservateurs, furieux, car on s’approche dangereusement d’une forme de néo-fascisme autoritaire, la ligne devient vraiment mince, lorsqu’on a autant de pouvoir que celui que possède Stephen Harper en ce moment.
“« La dialectique éristique est l’art de la controverse. » Cet art repose sur la distinction entre la vérité objective d’une proposition et l’apparence de vérité que cette proposition peut prendre aux yeux des disputeurs et des auditeurs. La finalité de cet art est de fournir des moyens pour parvenir à cette dernière apparence, afin de convaincre les auditeurs que l’on a raison, même si l’on a objectivement tort.” Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dialectique_éristique
Comme l’observait Frank Zappa, la droite conservatrice est par essence anti-art, et la gauche est la plus grande manipulatrice des artistes…il faut se tenir loin des deux.
Mais il faut dire que Zappa était fier de ne pas demander de subventions et d’être son propre patron-entrepreneur qui signait ses contrats, payait bien ses musiciens… même si il n’était pas une riche star ayant eu des hits, mais un artiste « marginal ».
Il est vrai qu’il ne consommait pas de drogues (sauf café et cigarettes) et il travaillait au moins 12 heures par jour sur sa musique (même quelques semaines avant sa mort) , et il était très pragmatique et logique ce qui est très rare chez les artistes…
Intéressant!
J’ai de la difficulté à concevoir l’art comme l’anti-thèse du conservatisme. Il me semble au contraire que dans le domaine de la culture, l’innovation, plutôt que de détruire, valorise l’histoire. Je dirais que l’innovation en culture est une forme de «trans-conservatisme»!
Il me semble qu’une oeuvre ne peut s’imprimer dans l’imaginaire culturel collectif sans faire référence à un élément de culture déjà existant d’une manière ou d’une autre. C’est peut-être un peu tiré par les cheveux, mais je vais tenter d’illustrer mon point par un exemple en peinture.
On a en peinture le constructivisme, qui est un courant né dans les années ~1910 en Russie et qui marque une coupure radicale en peinture. Le constructivisme s’intéresse à la forme, le médium, la peinture, la technique, par opposition à la peinture qui précédait ce courant et qui s’intéressait plus au sujet, à une forme de narration. Le constructivisme fut innovateur et fut à ma connaissance une des première formes d’abstraction de la peinture: maintenant, la peinture ne parlait plus d’histoires, mais d’elle-même.
Si il n’y avait pas eu cette riche histoire de peinture narrative avant le constructivisme, le constructivisme n’aurait eu, à mon avis, aucun sens ni intérêt particulier puisqu’il n’aurait fait référence à rien de connu.
Mon point est que sans la connaissance et une forme d’entretien du passé, on ne peut apprécier l’innovation, même qu’elle devient inexistante si elle ne fait pas référence à quelque chose, en culture du moins. Mais peut-être que je m’éloigne de la définition consensuelle du conservatisme!
Un autre point qui me vient à l’esprit est que le constructivisme reste malgré son innovation une forme d’expression traditionnelle, une peinture sur un canvas, et que dans ce sens il fait référence aussi à quelque chose du passé et le renforce.
Vous confondez scientisme et scientifique, il ne s’agit pas du tout de la même chose!
Mais, que sont les faits. Ils ne sont pas statiques, ils changent et se transforment constamment au niveau de l’infiniment petit, le fait qu’on pense tenir n’est plus le fait lui-même dans certaines conditions. Plus précisément, en physique quantique, lorsqu’on tente de procéder à des observations, disons directes, on se heurte à un monde mouvant où il est presque impossible de situer statistiquement la position des particules. Il faut lire « The Grand Design » écrit par Stephen Hawking. À ce jour, la science n’a pas encore réussi à réconcilier la physique mécanique et la physique quantique. On a 4 grandes forces en physique : les forces nucléaires fortes et faibles, la gravitation et l’électromagnétisme.
Monsieur Hawking mentionne, qu’il est possible que l’Univers puisse contenir jusqu’à 10 exposants 500 espaces, chacun avec ses propres constantes et lois de la physique. Ahurissant, si ça s’avère!
Mais, le nombre 10 exposant 500 est tellement grand qu’il nous sera à jamais impossible de valider toutes les hypothèses ou encore d’en nommer ou découvrir toutes les variations, constantes et lois. Alors, face à l’infini, car c’est de cela qu’il s’agit, où cet Univers se recréé chaque seconde ou milliardième de seconde dans l’infiniment petit, certains pourraient y voir le chaos et le purement aléatoire constant! On peut se demander comment se structure tout ça. Car, après tout, à mon sens, tout ne semble pas probable, on doit donc éliminer des variables dans un Univers somme toute aléatoire, mais organisé, d’où l’idée des calculs d’improbabilités stochastiques (aléatoires) statistiques sur les espaces à n dimension, où finalement il y aurait plus d’improbabilité, réduisant du même coup le nombre de variables et la nature complexe de l’équation à résoudre. Reste à définir les critères d’improbabilité, ce qui n’est pas un mince problème en soi, et nous ramènera tout comme en sciences sociales dans les questions d’épistémologie et d’ontologie, les déterminants de la connaissance.
Les équations de la physique mécanique cernent bien les forces nucléaires fortes, mais lorsqu’on se retrouve face à l’infiniment petit, toute excitation magnifique du champ d’observation fait tout bouger, et les équations de la physique mécanique n’arrivent pas à complètement résoudre les problèmes que pose la physique quantique de l’infiniment petit. La grande équation unificatrice reste à trouver, le Graal de la physique. Feynman a mis en place des schémas aidant à mieux expliquer ce qu’on ne pouvait décrire avec les anciennes méthodes.
Voyez-vous monsieur ED, les critères influencent notre relation aux faits qu’on tente de décrire.
Mais, monsieur ED, la science, c’est une affaire d’hommes et de femmes, elle n’existe pas en dehors de nous, en fonction des codes qu’on y a inscrits, cette science permet une certaine lecture du monde qui nous entoure. Parfois la science se trouve devant un mûr, jusqu’au jour où un nouveau chercheur découvre de nouvelles équations, forçant à revoir les anciens modèles.
Pour l’opinion de Monsieur Baillargeon, je préfère la sienne à celle de Richard Martineau.
Oup! On devait lire de cinquième paragraphe plus haut « excitation magnétique » à la place « d’excitation magnifique! » Bien franchement, je me demande d’où ça sort ce mot magnifique dans ce contexte ! : )
M. Bellefeuille, soit j’écris mal, soit me vous me comprenez mal. Bien sur qu’on peut critiquer les conservateurs! Je dirais même plus, on doit les critiquer! Les libéraux, le NPD, le Bloc, la CAQ ou le PQ, c’est notre devoir de juger leurs actions (le mot clé c’est »actions », autrement dit, ce qu’ils font, et non pas ce que nous croyons qu’ils font). Il faut donc apporter des arguments, non pas des généralisations et des relations fumeuses.
À part ça, savez vous ce qu’il y a de extraordinaire dans la Science? Qu’il n’y a pas de dogmes. Ce n’est pas une religion, la Science. Vous pouvez croire pendant trois siècles que le temps est absolu et qu’il s’écoule de manière uniforme dans tout l’Univers, jusqu’à ce qu’un jeune de 25 ans vous démontre qu’en fait, dans le fond et en fin de compte, le temps il est plutôt farceur. Sa vitesse d’écoulement dépend de votre vitesse de déplacement. Ou de la gravité à laquelle vous êtes soumis. Ou de votre accélération, ce qui revient au même.
Faites attention M. Bellefeuille. L’infiniment petit n’existe pas: il y a une limite à notre connaissance, la limite de Planck. Et ce qui est vrai pour une particule n’est pas vrai pour un être macroscopique, par exemple, vous. Le principe d’incertitude dit qu’il est impossible de déterminer en même temps la vitesse et la position d’une particule (l’observation a un effet soit sur la position, soit sur la vitesse de la particule). Mais la mécanique classique, celle de Newton et sa pomme, peut déterminer exactement votre position et votre vitesse à vous par rapport à un référentiel donné. Conclusion: vous n’êtes pas une particule.
Donc la physique quantique ne s’applique pas à M. Bellefeuille.
Il est illusoire de tirer des conclusions sur notre monde à partir du monde quantique. En gros, nous sommes régis par la gravité et électromagnétisme, tandis que les électrons, les leptons et compagnie adhèrent au syndicat des autres forces. Je vous prie de ne pas faire des extrapolations entre ces deux mondes. Vous tomberiez vite dans les illusions de la kabbale et de la perception extrasensorielle.
Lorsque vous posez la question »que sont les faits? » vous êtes en train de mettre en doute le fait que la Terre tourne autour du Soleil. Les faits sont là. Le reste c’est de la littérature.
Vous avez raison sur quelque chose: le monde est ahurissant. Et ce qu’il y a de plus ahurissant encore c’est que nous soyons capables de le comprendre!
Si vous me permettez, je reviens au sujet de base: je crois que la méthode scientifique a fait ses preuves et qu’elle peut être appliquée un peu partout. Si je veux parler des relations entre les conservateurs d’Ottawa et l’art, je suivrais un chemin rigoureux. Je poserais une hypothèse: Harper déteste les arts. Je commencerais par une revue de littérature générale sur le conservatisme, je m’attaquerai ensuite à définir l’art . Après, j’essaierais de démontrer que la relation entre ces deux facteurs (les conservateurs et les arts) démontrent mon hypothèse, ou qu’ils l’infirment. J’en présenterais des faits et j’éviterais les généralisations (je fuirais comme la peste les expressions de M. Baillargeon telles que »le conservateur pense… » car mon hypothèse ne concerne pas Tatcher ni Reagan mais Harper).
Le chroniqueur n’a pas fait ça, je suis deçu (ça c’est subjectif) car ça demontre que même le plus fort des sceptiques n’échappe pas aux pièges les plus évidents…
(que vous preferiez Baillargeon à Martineau ne démontre rien. Ce n’est pas un argument. Ce n’est qu’une opinion… à moins que vous demontriez que Baillargeon est plus fiable que Martineau. Bonne chance.)
Le conservatisme lorsqu’il décrit une volonté de conservation et de transmission du savoir peut aussi s’appliquer au monde littéraire notamment par la préservation des bibliothèques, et autres lieux de connaissance, mais aussi par la valorisation de la culture générale et de l’héritage artistique, philosophique, historique, scientifique (etc.) passé. Un moyen en somme de ne pas réinventer la roue à chaque génération et de s’appuyer fermement sur nos bases communes. Ce qui n’empêche nullement, et c’est souhaitable, l’évolution des idées, l’apparition de nouveaux concepts et toutes ses merveilleuses choses dont l’humanité s’est rendue capable. Il permet seulement d’éviter une destruction systématique de ce qui nous a précédé et la perte de sens qui l’accompagne.
Le conservatisme économique et séculier dont fait preuve le PC n’entre pas dans cette veine. Il prône plutôt le maintient d’un ordre social établi en sa faveur et rendu possible entre autres choses par un obscurantisme de bon aloi. Il n’est pas question ici d’éviter un changement qui ne serait pas souhaitable mais d’imposer un monde essentiellement tourné vers la réalisation des désirs égoïstes, utilitaristes et mercantiles de quelques uns.