J’écris ceci au lendemain des terribles événements de Boston et j’offre mes plus profondes sympathies à toutes les malheureuses et innocentes victimes.
On ne sait toujours pas qui a fait exploser les deux bombes, mais cela n’a pas empêché certains commentateurs d’accuser plus ou moins directement les musulmans: un commentateur de Fox News a été jusqu’à suggérer qu’il faudrait tous les tuer! D’autres pointent vers des groupes d’extrême droite, tandis que des conspirationnistes sont déjà à l’œuvre et accumulent les indices qui démontreraient que c’est, cette fois encore, un coup du Gouvernement.
Les plus sages attendent comme il se doit que les faits pertinents soient soigneusement établis avant de commenter l’événement. Mais puisque nous sommes devant ce qui a toutes les apparences d’un acte terroriste, je voudrais vous présenter deux graves questions philosophiques que le terrorisme invite à soulever.
La première est de savoir ce qu’on désigne par ce mot: à quelles conditions, idéalement nécessaires et suffisantes, peut-on parler de terrorisme, et comment le distingue-t-on, par exemple, de la guerre ou de la violence criminelle?
Un enjeu crucial ici est qu’il ne faut surtout pas adopter une (pseudo) définition opportuniste et complaisante du terrorisme, selon laquelle ce que font nos ennemis serait du terrorisme tandis que lorsque nous faisons exactement la même chose, ce n’en est plus. Cette inconsistante a été observée d’innombrables fois: les résistants à l’occupation nazie étaient des terroristes pour l’occupant, mais des combattants de la liberté et des héros pour bien des Français.
La deuxième immense question que nous pose le terrorisme demande s’il peut être justifié et, si oui, à quelles conditions?
Sur la première question, il faut rappeler qu’il n’y a pas de définition du terrorisme qui ne fasse consensus, ni au niveau académique ni dans le droit international. En fait, la question est si complexe qu’un auteur a récemment écrit que le terrorisme, c’est une boîte, mais sans fond!
Les difficultés rencontrées sont nombreuses. Elles tiennent par exemple à ce que le terme est, avec raison, très négativement chargé et que son emploi est lourd de conséquences, notamment sur le plan géopolitique.
Et puis, et c’est là un immense nœud de conflits, il faut décider si les États peuvent, ou non, poser des actes terroristes. Plusieurs pensent que l’État, qui détient le monopole de la violence légitime, ne peut typiquement être terroriste — même si le mot «terreur», historiquement, fut d’abord appliqué à l’État, pendant la Révolution française.
Pour ma part, je proposerais d’appeler terroriste une action violente, ou la menace d’une action violente, menée par un individu, un groupe ou un État qui prend pour cible des civils avec l’intention de terroriser une population dans le but de faire avancer une cause politique.
Cette définition est imparfaite, je le sais et on peut la contester. Elle reste sur certains plans imprécise. Mais, par elle, je donne en général des réponses qui me satisfont assez, moralement et intellectuellement, quand on me demande de dire si une action donnée est ou non terroriste. Par elle, ce qui s’est passé à Boston peut, au moment où j’écris, être décrit comme un acte terroriste.
Des horreurs qui se produisent avec une terrifiante régularité en Irak, en Afghanistan et ailleurs dans le monde, sont aussi, par la même définition, des actes terroristes. Les États-Unis en sont parfois les auteurs. Par le nombre de leurs victimes, ils sont typiquement d’une ampleur sans commune mesure avec ce qui s’est passé à Boston.
La deuxième question est plus délicate encore — si cela est possible — et chaudement débattue: est-il justifiable, en certaines circonstances, de recourir au terrorisme?
Des pacifistes, personnes admirables, pensent que la réponse à cette question est partout et toujours non.
D’autres pensent que la réponse peut, en certaines circonstances, être oui. En voici un exemple.
Maintenir sur un pays, l’Irak, une pression économique et des sanctions réputées y avoir tué un demi-million d’enfants est bien une action violente qui prend pour cible des civils avec l’intention de terroriser une population dans le but de faire avancer une cause politique. C’est donc du terrorisme d’État puisqu’un État en était l’agent. Madeleine Albright, alors secrétaire d’État des États-Unis, le considérait comme toutefois justifié, arguant que son gouvernement pensait que ces enfants morts étaient un prix correct à payer pour ce qu’il en retirait. («I think this is a very hard choice, but we think the price is worth it.») Mme Albright n’offrait, hélas, aucun argument pour justifier un terrorisme d’une telle envergure.
Certains auteurs soutiennent de leur côté qu’un argumentaire, quelque peu semblable à celui qui permet de conclure qu’une guerre peut être juste, pourra être avancé pour justifier le terrorisme — sans toutefois le rendre moralement acceptable. On se trouverait alors dans ce que Michael Walzer appelle des circonstances de «suprême urgence»: ce serait le cas de peuples faisant face à un génocide, par exemple, ou à une extraordinaire oppression.
Considérez le cas de l’ANC, en Afrique du Sud, et de son aile militaire, le MK, faisant usage en dernier recours du terrorisme pour abolir l’Apartheid. Margaret Thatcher tenait Mandela pour un terroriste; et les États-Unis ont maintenu l’ANC sur la liste des organisations terroristes jusqu’en… 2008!
Peu de gens, il me semble, à part bien entendu des pacifistes, contesteront que dans ce cas les actions entreprises étaient justifiées, invoquant peut-être pour ce faire un contexte de suprême urgence.
Je vous entends mal? Vous rouspétez? Vous voici avec plus de questions que de réponses?
Je l’espère bien! Et c’est mon cas, à moi aussi.
Qu’est-ce que le terrorisme? Sous votre inspiration, je dirais que le terrorisme est l’utilisation politique de la peur. On sait au moins depuis Machiavel que c’est un moyen efficace de gouverner. Est-ce juste? Il me semble que rien de bon ne peut venir de la peur. Dans un monde qui souhaite être libre, la peur ne peut être qu’un poison.
Je suis plutôt en accord avec la définition que vous proposez, parce que le terrorisme est selon moi nécessairement une violence dirigée contre des civils. La frappe aveugle est une caractéristique fondamentale du terrorisme. Mais je questionne le fait que vous intégriez la nécessité que cela soit fait «dans un but politique»… Une forme de terrorisme nihiliste, qui a pour seul but de tuer et de médiatiser son acte est aussi en progression… Il n’a pas de but autre que la médiatisation de la violence et de son auteur…
Bonjour,
Selon votre définition, contrairement à ce que vous écrivez, rien, au moment où j’écris, ne peut justifier l’appellation des évènements de Boston comme étant terroristes.
Premièrement, on peut encore supposer que l’intention derrière l’attentat n’était pas de terroriser la population, mais plutôt de tuer, tout simplement. Deuxièmement, nous n’avons aucune idée du but qu’avait le ou les auteurE(s). Luke Helder, le Midwest Pipe Bomber, voulait faire réaliser à la population que la mort n’existait pas, ce qui n’est pas une cause politique et, peut-être comme vous, je ne considèrerais pas ses gestes comme étant terroristes.
Bonne journée.
Triste et malheureux évènement, il n’y a pas à en douter. Malheureusement, le jeu par excellence des empires médiatiques de masse est en train de se jouer. Une atrocité aurait-elle une gravité variable dépendant de qui la commet et pourquoi ? Une vie humaine semble ne pas avoir la même valeur dépendant si elle est américaine, occidentale ou musulmane. Autrement, on s’indignerait chaque jour autant, des actes barbares commis régulièrement un peu partout dans le monde.
Dans Sahara Lumber, Richard Desjardins disait :
« Y a une erreur dans le dictionnaire. Car le mot terre vient de terreur. »
Tel que vous le soulignez, si les états sont à court d’arguments afin de justifier des actes de violence, dits terroristes, c’est probablement, dans la majorité des cas, que l’argumentaire en question, soit n’existe tout simplement pas, soit il a été décidé qu’il était préférable de l’enterrer, de le voiler par toutes sortes de procédés, et que soit bien cachée la vérité.
L’histoire nous montre que cette vérité est rarement si compliquée et dangereuse qu’on voudrait bien nous le faire croire. Vous donnez l’exemple de l’Iraq, c’en est un parmi d’autres. Nous savons aujourd’hui que l’Iraq n’avait pas d’armes de destructions massives, ce qui n’est pas peu dire alors que les USA ont justifié leurs actions militaires sur ce supposé fait, à savoir qu’il y avait des ADM. Évidemment, on nous assène alors la réplique tout à fait pratique de la « sécurité nationale » à la rescousse, comme raison de garder ainsi le secret. Pour certains, faire la guerre, c’est immensément payant.
Avec l’accès à Internet qui se répand depuis une quinzaine d’années, on revient sur le sujet, il est beaucoup plus difficile aujourd’hui pour une entité du pouvoir; états, corporations etc. de conserver secrètes les réelles justifications de leurs actes et il est beaucoup plus facile pour qui que ce soit de dénoncer une action considérée condamnable.
Considérant l’égoïsme et la cupidité dont font trop souvent preuve les hommes en position de pouvoir, il y a alors présence d’un parfait cocktail pour une escalade de la violence, la population civile prise entre des blocs de pouvoir. C’est d’ailleurs ce que nous vivons, particulièrement ces dernières années, tant au niveau des états que des individus.
Ceci me fait penser aux écrits de Stig Dagerman :
http://1libertaire.free.fr/dagerman.html
« Or, ce qu’il y a de tragique dans notre situation c’est que, tout en étant convaincu de l’existence des vertus humaines, je puis néanmoins nourrir des doutes quant à l’aptitude de l’homme à empêcher l’anéantissement du monde que nous redoutons tous. Et ce scepticisme s’explique par le fait que ce n’est pas l’homme qui décide, en définitive, du sort du monde, mais des blocs, des constellations de puissances, des groupes d’États, qui parlent tous une langue différente de celle de l’homme, à savoir celle du pouvoir. »
Un peu de culture. Il est intéressant de faire ici un rapprochement au temps de Rome, avec Marc Aurèle, qui a établi la Pax Romana. Héritant d’un empire à feu et à sang, Rome se mourrait de conflits entre chefs rivaux, sur tous les fronts, il lui faudra 25 ans pour rétablir la paix ? Car s’il y a plus de questions que de réponses, des réponses existent bel et bien, c’est à nous qu’il appartient de les faire sortir du monde des idées et de les matérialiser. À quand des dirigeants philosophes ?
Très bonne réflexion Simon. Les états sont à l’image de l’homme : égoïste et cupide. Volontairement aveugle des torts qu’ils peuvent causer à autrui.
Ces actes de violence, pour la plupart d’entre nous, rien ne saurait les justifier! À mon sens, ils sont toujours désolants! Mais, on peut tout de même tenter de comprendre autrement les choses dans un contexte d’analyse sociologique plus large.
Je n’ai pas toutes les réponses aux questions méthodologiques de base : quoi, quand, où, comment, pourquoi, qui?
On peut tenter une brève réponse au niveau du pourquoi, sans toutefois justifier ici de tels actes de violence. On sait que ça va assez mal sur le plan de l’économie aux États-Unis, des millions de gens ont perdu leur emploi et se sont retrouvés à la rue. Il y a certainement une bonne quantité de gens désespérés ou fous de rage. Allez savoir ce qui ce passe dans la tête des gens grossissant invariablement la liste des victimes du néolibéralisme sauvage?
Il y a les autres, ceux pour qui l’industrie de la peur est une manne et pour qui des coupes budgétaires dans la sécurité et l’armement ne sont pas de bonnes nouvelles. On doit poser la question, est-ce que des gens profiteraient de la création permanente d’un état de peur, afin de forcer le gouvernement à conserver intact voir augmenter son budget alloué à la défense ou la sécurité? Si je ne m’abuse, le gouvernement Obama annonçait il y a environ une semaine que des compressions budgétaires seraient appliquées au domaine de la sécurité, dans ce contexte l’attentat à Boston pourrait être opportuniste!
Et que dire de tous ces peuples ayant été systématiquement bombardés et attaqués depuis plusieurs décennies par l’ordre néo impérial américain?
Ou, s’agit-il du geste d’une personne souffrant d’un problème de santé mentale?
Quoi qu’il en soit, le contexte politique aux États-Unis, ainsi que leurs politiques étrangères ont probablement créé autant d’ennemis à l’étranger qu’à l’intérieur même des États-Unis.
Dans tous les cas, je ne saurais faire autrement qu’offrir mes condoléances aux familles ou aux proches ayant perdu un être cher dans ce dernier attentat à Boston.
« Quoi qu’il en soit, le contexte politique aux États-Unis, ainsi que leurs politiques étrangères ont probablement créé autant d’ennemis à l’étranger qu’à l’intérieur même des États-Unis. » (sic)
Dites Monsieur Bellefeuille, qu’a fait le Québec en politique extérieure ou intérieure pour mériter Dawson ou la Polytechnique?
Il y a quand même une limite à blâmer les gouvernements pour tout ce qui se passe sur leur territoire, surtout si ce blâme coïncide étrangement avec sa ligne de pensée d’américanophobe primaire…
« Par le nombre de leurs victimes, ils sont typiquement d’une ampleur sans commune mesure avec ce qui s’est passé à Boston. »
Quantifier l’horreur, quelle horreur! La prochaine fois, peut-être que ce sera mieux !&*?%&?%$
»- M. Arafat, vous êtes un terroriste.
– …..
– Pourquoi posez-vous de bombes?
– Parce que je ne possède pas de tanks de guerre ».
Cet argument est applicable à la resistance française, l’IRA, ETA, FLQ, Al qaida, Brigades Rouges et autres »armées » irrégulières. Les actions dites terroristes d’un État ne sont que des actions de guerre, un peu plus dégueulasses que la norme.
Si la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, le terrorisme est la continuation de la guerre pour ce qui n’ont pas les moyens.
lire »ceux qui n’ont pas les moyens », évidemment.
Reste qu’il y a une nuance a apporter.
S’attaquer à des cibles gouvernementaux ou militaire, c’est différent que s’attaquer à des cibles civiles….
Juste une petite remarque, même si l’article à déjà été publié : « il faut rappeler qu’il n’y a pas de définition du terrorisme qui ne fasse consensus » se lit « toutes les définitions font consensus ». Le « ne » est superflu, me semble-t-il…
Bien vu. Merci.
Peut-on ramener tout acte terroriste à des fins politiques ? Le Larousse prend soin de mentionner que le terrorisme peut viser à « satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays ou d’un système. » On pourrait aussi ajouter à cette haine le désir de vengeance (fortement présent chez nos voisins du sud et, en grande partie, celle-là même qui a mobilisé la population dans la guerre contre l’Irak et l’Afghanistan. Alors que les dirigeants et les corporations y voyaient certainement d’autres intérêts).
De plus, terroriser ne veut pas nécessairement dire agresser ou tuer. Un terrorisme minutieux pourrait viser à apeurer les populations sans avoir l’intention de causer de préjudices physiques. Alors qu’un attentat viserait à ébranler fortement les structures du pouvoir.
J’ai l’impression que les dirigeants occidentaux utilisent le mot terrorisme plutôt qu’attentat parce qu’il paraît, justement, dénué de raison alors qu’attentat porte une connotation beaucoup plus revendicatrice. En effet, dans la tête de l’américain moyen, qui pourrait avoir quelque chose à reprocher à notre beau modèle américain? Un acte terroriste sera toujours perçu comme insensé alors qu’une guerre doit être légitimée, même avec de faux motifs.
À propos de l’embargo contre l’Irak, vous écrivez : « C’est donc du terrorisme d’État puisqu’un État en était l’agent. » Un État? Vous voulez dire les États-Unis, j’imagine? Cet embargo criminel a été adopté par le conseil de sécurité de l’ONU et des pays comme, disons, le Canada n’a jamais été foutu de le remettre en question. N’oublions pas de nous battre la coulpe, tout de même. Sinon on a l’air de ce que l’on est : petit et mesquin…
Ce que je comprends est que le terrorisme politique définissant l’Autre comme étant « LE » terroriste est devenu trop facile, trop identifiable. N’oublions jamais que c’est un ou des individu qui véhiculent cette fièvre dualiste (moi contre les autres).
Tout ça pour dire que les liens que vous apportez entre différentes notions du terrorisme se rejoignent.
J’ai l’impression que le rôle du Président des USA se résumera bientôt à faire, à l’année, le tour des multiples cérémonies religieuses suite aux attaques, bombes, tireurs fous, accidents naturels ou non, etc., aux États-Unis.
Vérité de La Palice : jamais par la haine, la haine ne s’éteint.
J’ai beaucoup aimé votre définition du terrorisme. Il me semble qu’elle est la plus juste à mon avis parmi toutes celles qui m’ont été possibles de lire.
Néanmoins, ce que j’ai préféré dans votre article est votre interrogation de la justification d’un acte terroriste. Cela est très pertinent, car il peut, à mon avis (et sentez-vous bien libres de réfuter mon point de vue s’il ne vous convainc pas), dans des situations très particulières, advenir qu’un acte terroriste soit justifiable. Comprenez-bien : je ne suis pas en train de dire qu’il est bien que des victimes innocentes y laissent leur vie, mais, parfois, lorsques les moyens et les choix nous manquent, force est pour nous de se rabattre sur le dernier et, sûrement le moins souhaitable possible, moyen qui est à notre dispostion : la violence.
Laissez-moi vous donner un exemple. Vous êtes le président d’un pays. Un pays voisin volent vos richesses naturelles sans votre permission et sans rien payer. Vous tentez une approche. Vous souhaitez en discuter avec le président de cet autre pays. Il ne veut rien entendre et continue joyeusement de vous voler sans scrupule. Vous tentez d’autres moyens divers afin de régler la situation et, peut-être, arriver à un compromis. Rien à faire. Alors que vous tentez du mieux que vous le pouvez, vos richesses naturelles s’envolent rapidement. Que faire lorsque l’autre acteur d’une situation ne veut faire preuve de bonne foi ? Je vous laisse deviner la suite.
Par conséquent, je pourrais très bien faire une analogie de cet exemple avec les évènements de Boston. Peut-être était-ce un acte terroriste jusitifé , car les acteurs n’avaient d’autres moyens pour se faire voir et se faire entendre. Je ne le sais pas, mais j’ai parfois l’impression que c’est le triste cas.
N’oublions pas, en dernier lieu, qu’il y, chaque jour, des attentats partout (précisément au Moyen-Orient) qui amènent nombreux blessés et décès qui sont tout aussi malheureux. Avant de créer une montagne avec un attendat qui touche une puissance mondiale effrayée de perdre son titre, pourquoi ne pas tourner le regard vers d’autres qui saignent en silence ?
Le terrorisme n’est jamais justifiable et est l’oeuvre de lâches.
Je fais le rapprochement entre les malheureux attentats de Boston et ceux de notre crise d’Octobre ’70: mêmes illuminés sanguinaires se croyant imbus d’une mission quelconque, mêmes innocentes victimes (Québécoises pure-laine!!!) assassinées lâchement par ces fanatiques (dont, ici, un ministre québécois je vous le souligne!), et tout le tralala.
À un détail près: aux USA et partout dans le monde, on se félicite grandement aujourd’hui de la collaboration entre la population, les forces militaires, la police fédérale et la force constabulaire de l’état, collaboration qui a résulté en l’arrestation rapide de l’un des massacreurs, l’autre étant décédé dans l’accomplissement de ce qu’il croyait être une entreprise grandiose. Ici, au Québec, certains vieux croûtons critiquent acerbement encore la même collaboration qui a permis, à l’époque, de mettre fin au terrorisme felquiste au grand soulagement du peuple québécois.
Allo???
Est-ce qu’on peut parler de terroriste économique ? Elle serait la plus subtile et la plus violente quotidiennement. Le Tibet serait un exemple comme Cuba le fut à un époque …quand un pays maintient une dépendance alimentaire envers sa population comme la Corée du nord , l ancien URSS…serait du terroriste économique ?
Pour continuer la réflexion sur les définitions (avec un peu de retard sur la publication de cette chronique).
Dzhokhar Tsarnaev a été accusé d’utilisation d’une arme de destruction massive (reproduction de l’audition par le Juge Bowler reproduite par la New-York Times ; voir lignes 6-7 page 3 : http://www.nytimes.com/interactive/2013/04/22/us/tsarnaev-court-appearance.html?_r=0)
J’imagine qu’il doit exister une définition légale de ce qui constitue une arme de destruction massive…
En attendant de la connaître, que pourrait-on suggérer ? Arme pouvant potentiellement tuer ou blesser un grand nombre de personnes (dans un temps très court) ?
1) On voit bien qu’il faudrait encore préciser ce qui pourra être considéré comme est une arme, avec sans doute une notion d’intention à introduire, pour distinguer par exemple entre ce qui peut se révéler mortel par accident et ce qui est utilisé pour combattre : un pesticide, un herbicide est-il une arme ? Non à Bhopal ; et au Viêt Nam ? D’où probablement le constat que la classe des armes en soi n’est pas si simple à concevoir.
2) Un grand nombre, c’est-à-dire ? Est-ce que par exemple les fusils/pistolets mitrailleurs qui font régulièrement l’actualité aux E.U. ont un potentiel de destruction « suffisant » pour les qualifier d’armes de destruction massive ?
On lit/entend maintenant couramment que l’Irak de Saddam Hussein ne possédait pas d’armes de destruction massive (je ne sais pas toutefois si cette position est officiellement validée par le gouvernement américain). Dans ce cas, faudrait-il donc comprendre que les bombes artisanales utilisées à Boston représentent une arme plus puissante qu’aucune arme possédée par l’Irak des années 1990 ?
Avec beaucoup de retard (sérieux problèmes de santé) je me permets d’intervenir sur la question du terrorisme tout en tenant compte du fait que le mot est ambigu et énigmatique.
On me permettra, je l’espère, de présenter un texte sur octobre70, texte que j’ai commis dans VOIR il y a quelques années:
***Le choc «titanesque» et fracassant de deux terrorismes***
***********6 octobre 2010 13h33 · Jean-Serge Baribeau*****
En octobre 70, je venais tout juste d’avoir 27 ans. J’étais un jeune sociologue et j’enseignais la sociologie depuis 1966, d’abord dans un collège classique, ensuite dans un cégep. J’étais engagé dans une brochette de mouvements sociaux (et nationalistes) dont le FRAP et une clinique médicale populaire. Mon souvenir le plus intime, c’est que les ennuis «policiers» provoqués par la crise ont alors entraîné une pathétique rupture amoureuse qui m’a laissé K.-O. Mais cela, aujourd’hui (et même hier), est bien secondaire si je tiens compte de tous les événements (et drames) qui ont été provoqués par la fameuse crise d’octobre 1970 et par l’époustouflante LOI DES MESURES DE GUERRE.
Mais en ce qui concerne l’aspect plus sociopolitique et davantage culturel, la crise d’Octobre restera toujours pour moi la «jonction» étourdissante et fracassante de deux terrorismes de géométrie très variable. D’un côté, il y avait le «vieux» terrorisme un peu ringard et stupidement assassin du FLQ, lequel sévissait depuis 1963. J’étais alors radicalement opposé au terrorisme et dégoûté de constater que certains activistes simplistes pensaient être à Cuba, en Algérie, en Uruguay ou au Congo. Ce terrorisme décrépit, sénile et rococo a fini par passer de la bombe au kidnapping, provoquant ainsi un affrontement majeur et une crise d’une profondeur sociologique qu’on ne souligne pas assez souvent.
Il est possible et probable que les forces policières et dites de l’ordre au sens le plus large (je pense entre autres à l’infâme clique à Drapeau) avaient infiltré partiellement (ou plus complètement) ce mouvement stagnant, puéril, infantile et régressif, mais sincère et naïf.
Mais ce qui a été absolument inédit ici au Québec (sauf erreur), c’est qu’un deuxième terrorisme, puissant, imperturbable, sans coeur et impitoyable s’est alors mis en branle. Ce terrorisme cauchemardesque, c’était le terrorisme de l’État, de l’État à trois têtes: fédéral, provincial et municipal.
Je ne suis pas un partisan des théories du complot, théories qui mutilent les tentatives d’explications tentant d’aller plus en profondeur. Mais il est certain, en ce qui me concerne, que l’État « tricéphalique» a profité de l’occasion offerte par les gamins du FLQ pour massacrer le mouvement nationaliste et divers autres mouvements davantage orientés vers le social et vers les luttes citoyennes.
Le monstrueux terrorisme étatique a fini par gagner, du moins en apparence. Mais six ans plus tard, le PQ était élu, souverainiste et un tantinet socialiste, ce qui aujourd’hui encore reste émouvant et jouissif. Le peuple n’est pas bête et quoi que certains puissent en dire, il n’est pas amnésique.
L’État est essentiel, mais en démocratie il importe de se méfier des politiciens et des grandes entreprises. La bête immonde du terrorisme étatique n’est jamais complètement neutralisée. Alors, soyons vigilants! Dans des sociétés comme les nôtres il y a trois grandes forces: les petites, moyennes et grandes entreprises du secteur privé; l’État, monocéphale, bicéphale ou tricéphale (comme dans la situation canadienne, québécoise et montréalaise); les citoyens et citoyennes, plus ou moins organisés selon les contextes.
Alors, ne soyons pas naïfs! La crise d’octobre 1970 ne reviendra pas de la même manière qu’en 1970. Mais nous ne pouvons jamais prévoir totalement ce qui pourrait se passer. N’oublions pas le comportement récent des pigs de la police de Toronto et n’oublions pas l’attitude répressive et presque jouissive du gouvernement libéral ontarien.
Donc, méfions-nous sans pour autant sombrer dans la paranoïa paralysante!
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias
P.-S. Je suis certain que Normand n’a jamais oublié les remarques de Chomsky qui dit que les plus grandes opérations terroristes, depuis 1945 (et même avant), ont été organisées par les États-Unis. Est-ce vrai? Grosse question!
Chomsky va aussi un peu plus loin. Il prétend que si l’on avait jugé les présidents états-uniens, depuis 1945 (et même avant), en se basant sur les règles du TRIBUNAL DE NUREMBERG, ils auraient tous été considérés comme étant des criminels. Il va très loin! Mais a-t-il raison? Là est encore la question.
Autre remarque linguistique présentée sans prétention: le mot TERRE et le mot TERREUR n’ont pas les mêmes origines linguistiques. TERRE vient de TERRA et TERREUR vient de TERROR.
J’aime beaucoup les nombreux commentaires qui mettent en valeur les idées de Normand, tout en conservant un essentiel sens critique.
JSB’ sociologue et sceptique
1-La définition d’un gouvernement :
Une entité ayant le monopole absolue de la violence sur un territoire donnée.
2- Nous avons 6000 ans d’histoire écrite de l’homme. Ce n’est qu’une longue succession sans fin de génocides.
Conclusion : L’humain est violence car tout ce qui est vivant cherche son intérêt, son profit, pour trouver les ressources nécessaires pour se reproduire. C’est le seul but du vivant, et ainsi, tout nos pousse a la recherche du profit ; à la recherche de la violence.
La société humaine est hiérarchisé de façon a ce que les hyper-violents dominent et les pacifistes subissent. Si ce ne serait pas le cas, il n’y aurait tout simplement pas de société humaine. Nous serions tous des psychopathes comme les dirigeants en place.
Ce que la population doit apprendre, c’est l’utilisation de la violence de façon responsable. La violence est un OUTIL de dernier recours contre des gens qui l’utilisent sans cesse.