Il m’est impossible de ne pas parler de la tragédie survenue à Lac-Mégantic. Et pour commencer de ne pas offrir mes plus vives sympathies aux gens de ce village, où je suis souvent allé.
On ne parle bien entendu que de cela depuis des jours et nous sommes (et serons encore pour longtemps) bombardés d’informations et d’opinions variées. À l’heure qu’il est, des armées d’avocats et de conseillers en relations publiques sont déjà à l’œuvre pour travailler l’opinion et les décideurs, et pour faire valoir la version des événements la plus favorable à leurs clients.
L’heure est désormais aux réponses et quelques-unes au moins, peu à peu, vont nous être fournies: Qui? Quoi? Quand? Avec quel effet? Nous ne savons pas grand-chose au moment où j’écris pour répondre avec assurance à ces questions. Mais nous en saurons progressivement de plus en plus.
Je voudrais de mon côté vous suggérer ici quelques préoccupations et quelques cadres d’analyse qui pourraient bien vous être utiles pour juger si les réponses proposées sont pertinentes et vont, ou non, au fond des choses.
1. Accident et risque. Il s’agit d’un accident, nous dit-on. Sans doute. Mais il y a accident et accident.
Un accident peut être un événement imprévisible et inattendu qui se produit contre toute attente, et malgré que toutes les précautions devant être prises l’aient été. Ce qui ne signifie pas qu’il soit sans cause ou que l’activité soit absolument sans risque: un accident de la route est parfois, en ce sens, un accident.
Et puis il y a accident quand survient quelque chose dont on savait parfaitement qu’il pouvait survenir, malgré les précautions prises et compte tenu du fait qu’un risque associé à une pratique est connu, réel, mais a été consenti. C’est manifestement plutôt de ce genre d’accident qu’il est question ici.
Dans ces cas de figure, on ne prend pas le risque à la légère: si on est sérieux, de nombreux experts en décident et, littéralement, calculent ce risque. Par exemple, le risque de développer un cancer par exposition durant toute sa vie au solvant dichlorométhane est évalué à 4.1 x 10 – 6. Le risque est faible et ce solvant est autorisé. Ici, le risque était celui de faire transporter des quantités X de matières dangereuses sur des quantités Y de kilomètres de rails traversant tant de villages et de villes, dont Montréal. Quels calculs ont été faits? Sur quelles bases?
Ces experts utilisent divers outils pour apprécier le risque, dont celui de la valeur statistique d’une vie humaine. Si une mesure qui sauverait une vie coûte moins que la vie sauvée, elle est candidate sérieuse à être implantée, voire doit l’être. Sinon… que vaut une vie humaine? 1,4 million de livres estime-t-on en Grande-Bretagne. 6 millions $ aux États-Unis. Ici?
De tels calculs, appelés risques-coûts-bénéfices ont-ils été faits? Sur quelle base? Mais aussi par qui? Et qui a décidé des mesures de sécurité à prendre et s’est assuré de leur correcte et complète mise en œuvre? Des fonctionnaires? L’entreprise en cause (Montreal, Maine & Atlantic Railway)? Les deux conjointement? Dans quelles proportions, alors?
Le risque doit en outre, au moins en certains cas, être consenti. Devait-il l’être, ici, ou les citoyens sont-ils les involontaires cobayes sur lesquels on tente une expérience probabiliste? L’a-t-il été? Par qui? Les citoyens concernés ont-ils été réellement informés? Le cas échéant, pouvaient-ils réellement refuser de prendre le risque qu’ils comprenaient prendre? Le gouvernement a-t-il réellement, comme il le doit en théorie, défendu leurs intérêts et leurs droits?
2. Contexte et imputabilité. Toutes ces questions ne sont pas anodines et les réponses devront être interprétées à la lumière de certaines données possiblement cruciales. Rappel.
Nous vivons en effet dans un monde où la tendance lourde, depuis trois décennies au moins, est la montée en puissance fulgurante de l’entreprise. Cela se traduit par des phénomènes bien connus et documentés: la privatisation; la dérégulation; la restructuration. En termes clairs, la recherche du profit a préséance sur tout et les entreprises se comportent de plus en plus comme elles sont faites pour le faire, c’est-à-dire en suivant la maxime de Milton Friedman qui assure que leur seule responsabilité sociale est de faire des profits pour leurs actionnaires. Leur seule responsabilité sociale…
En outre l’État, de plus en plus, se met entièrement à son service. Sa mission de défense du bien commun (et des biens communs) est de moins en moins remplie (si tant est qu’elle l’a déjà été), de sorte qu’une espèce de contrat social entre l’entreprise et son milieu tend à ne plus exister. C’est dans ce contexte qu’il est raisonnable de penser qu’il faudra interpréter ce qui s’est passé: et si ce n’est pas le cas, qu’on nous le démontre clairement.
3. Réparation. Les responsables doivent être identifiés et, quand ils le seront, devront assumer leur responsabilité et payer ce qu’ils doivent payer. Mais l’expérience, par exemple celle de Bhopal (Inde, 1984: une explosion de la Union Carbide tue des milliers de personnes; le président de la compagnie coule des jours heureux aux États-Unis et les compensations versées ont été dérisoires), montre que les démarches peuvent être longues et les résultats très insatisfaisants. Nous devrons donc collectivement tout mettre en œuvre pour nous assurer que ce qui s’annonce ne sera pas Bhopal en Québec.
Je voudrais terminer sur une note positive, si du moins la chose est possible. Si une bonne chose, une seule, pouvait sortir de ce terrible drame, ce serait une prise de conscience collective qui ferait en sorte que la tragédie du Lac-Mégantic, jamais oubliée, signalerait, dans un siècle, le début de l’entrée du Québec dans l’ère post-pétrole.
Le nœud de toute cette catastrophe se situe au village Nantes situé 165 mètres plus haut que la municipalité de Lac-Mégantic.
Quelques informations en vrac!
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382609/lac-megantic-la-lumiere-se-fait-lentement
En réponse dans Le Devoir :
« Une grave erreur de jugement!
Le seul fait qu’il y ait eu un incendie dans le convoi à Nantes, étant en présence de produits pétroliers, cela aurait suffi à prendre plus de précautions qu’à l’habitude. On aurait dû déplacer le train sur une voie plus sécuritaire, le temps d’aller au fond des choses, et surtout ne laisser aucune locomotive en mode de fonctionnement. Dans ce genre de situation, on ne doit courir aucun risque, on éteint tout et on sécurise au maximum. Mais, selon certaines informations circulant à propos de MMA, il semblerait qu’on rachète au rabais des entreprises ferroviaires et qu’on fait le minimum pour l’entretien des équipements! Comment se contenter du minimum lorsqu’il s’agit de matières dangereuses? Le minimum dans ce contexte est en soi criminel et condamnable!
De plus, les gens conduisant ces trains sur ce parcours savent parfaitement qu’il y a un dénivelé de 165 mètres entre Nantes et Lac-Mégantic, ils font assez souvent ce parcours pour le savoir et connaître les risques. C’est une raison de plus pour prendre plus de précautions et s’assurer de la sécurité de la population environnante.
Étant donné l’incendie dans ce train à Nantes, il me semble évident que les supérieurs auxquels doivent se rapporter les conducteurs ont été informés de cet incendie. Quelle a été la chaîne décisionnelle à ce moment? C’est précisément ici que le sort d’une partie de la population de Lac-Mégantic a été tristement scellé, soit une mauvaise gestion et prise de décision où on n’a certainement pas prévu cette tragédie qui allait se produire peu après, et où le maximum n’a pas été fait pour minimiser tout risque éventuel.
C’est une très grave erreur de jugement de ne pas assurer une gestion adéquate des risques reliés à ce genre de convoi transportant des matières hautement inflammables et polluantes, dans un lieu où le dénivelé pose en soi un risque potentiel supplémentaire. »
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De plus, la dérégulation néolibérale sauvage a permis de plus en plus aux entreprises de se contenter du minimum en matière de sécurisation de l’environnement, toujours dans le but de diminuer les coûts d’entretien ou de développement et s’assurer un maximum de profits.
En effet, les gouvernements ont aussi une responsabilité importante dans ce laxisme inacceptable! Cela se produit hélas, lorsque le néolibéralisme va trop loin et que les gouvernements deviennent l’état providence des grandes entreprises; un contexte ou les gouvernements n’assurent plus une régulation suffisante, où l’idéologie de l’efficacité de l’économie ou encore le rendement des marchés prime sur toute la politique, où finalement l’ensemble de la population est instrumentalisé dans une logique affairiste.
La politique devrait être un instrument au service de la population dans son ensemble, mais lorsque les politiques deviennent les instruments des multinationales, les populations se retrouvent piégées et instrumentalisées, dans un prétendument libre marché où prime la loi du plus fort, n’assurant plus les valeurs d’équité et de justice sociale que tout gouvernement qui se respecte devrait protéger.
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Toujours tiré de l’article dans Le Devoir http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382609/lac-megantic-la-lumiere-se-fait-lentement:
« @Yvan Dutil
La voie d’évitement munie d’un dérailleur était fonctionnelle et libre d’accès. On ne comprend pas comment on a pu laissé un train chargé de plus de 70 wagons remplis de pétrole en haut d’une côte sur la voie principale sans personne à bord du train, quand il aurait suffit de le stationner sur la voie d’évitement munie d’un dispositif dérailleur. Les pompeirs ont confirmés qu’il se trouvait sur la voie principale et non pas sur la voie d’évitement ce qui a pu être validé avec le reportage de TVA nous montrant des traces d’incendies autour de la voie principale à l’endroit ou la locomotive à pris feu. »
“ «le Canada possède des lois et règlements»
MMA est reconnu pour sa compression agressive de personnel. Ils venaient d’obtenir une dérogation, agréée par le gouvernement, de n’avoir qu’un seul conducteur, pratique peu courante, semble-t-il.
Le trafic de pétrole sur rail est passé de 500 à 14000 citernes en 2009. Pour que les feds puissent dire sans mentir qu’il n’y a pas eu coupures chez les inspecteurs, il aurait fallu multiplier leur nombre par 280. Ils ont donc coupé dramatiquement le nombre d’inspecteurs ”
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Et en fin, un peu redondant, mais avec quelques nuances en plus!
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382617/edward-burkhardt-interpelle-par-les-citoyens-en-colere-de-lac-megantic
Toujours en réponse dans Le Devoir :
« Le feu avait pris dans le convoi à Nantes avant que ne se produise cette tragédie 165 mètres plus bas à Lac-Mégantic. Quelle a été la chaîne décisionnelle, à savoir, quels patrons de ce chauffeur de train ont été informés de la situation et quelles décisions ils ont prises à Nantes.
Les pompiers sont intervenus à Nantes, avaient-ils le pouvoir de sécuriser ce convoi en obligeant de la mettre en lieu sûr?
On doit exiger des réponses à ces questions : selon la nature du convoi hautement inflammable, suivant l’incendie à Nantes sur ce train, pourquoi ne l’a-t-on pas déplacé ailleurs que sur la voie principale et pourquoi n’a-t-on pas arrêté les moteurs de toutes les locomotives, le temps de s’assurer complètement de la sécurité? Il m’apparaît assez clair que de mauvaises décisions ont été prises à un très mauvais moment à un très mauvais endroit étant donné le dénivelé séparant Nantes de Lac-Mégantic.
Le chauffeur de train, probablement rapidement dépassé par les événements, seul que pouvait-il faire? Le fédéral a autorisé il n’y a pas si longtemps qu’on n’ait qu’un seul conducteur de train, alors qu’auparavant on devait en avoir deux. S’il y avait eu deux chauffeurs et qu’un des deux était resté aux commandes de la locomotive de tête, aurait-il pu intervenir de manière efficace au moment où apparemment le frein a lâché?
Il y a des limites à ne pas franchir en matière de réduction de personnel dans les cas de convois chargé de matières dangereuses hautement inflammables. Est-ce que le fédéral reconnaîtra sa responsabilité? Forcera-t-on le retour d’un deuxième conducteur? Imaginez un seul conducteur pris d’un malaise cardiaque et transportant un convoi de chlore près d’une zone densément peuplée!
Lorsque le maximum n’est pas fait pour diminuer les risques, que doit-on conclure? Vice de procédure? Vice décisionnel? Économies de bout de chandelle? ».
Plus précisément à Nantes, deux versions assez similaires :
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382464/que-s-est-il-passe-a-nantes
http://quebec.huffingtonpost.ca/2013/07/08/lac-megantic-deraillement_n_3558458.html
Merci pour ce texte… je n’en changerais que la dernière phrase : « Si une bonne chose, une seule, pouvait sortir de ce terrible drame, ce serait une prise de conscience collective qui ferait en sorte que la tragédie du Lac-Mégantic, jamais oubliée, signalerait, dans un siècle, le début de l’entrée du Québec dans l’ère post-COLONIALE. »
«une prise de conscience collective qui ferait en sorte que la tragédie du Lac-Mégantic, jamais oubliée, signalerait, dans un siècle, le début de l’entrée du Québec dans l’ère post-pétrole. »
Oui. Post-pétrole, certes. Mais plus généralement, on l’espère, post-libre-marché-mondialisé. (Le marché n’a pas à être libre; ce sont les humains qui doivent l’être.)
Transporter de telles quantités de produits (en particulier de matières dangereuses, mais le reste aussi) sur de telles distances, c’est un non-sens. La priorité de l’économie ne doit pas être de produire et de distribuer le maximum de merde au coût minimum, mais de produire uniquement ce dont nous avons besoin à un coût qui en reflète la valeur réelle, c’est-à-dire qui prend en compte toutes les «externalités», pour reprendre un mot que M. Baillargeon aime bien.
C’est un non-sens aussi parce que cette immense concentration des flux de marchandises n’a pour seul et unique but que d’épargner des coûts en faisant des «économies d’échelle». Il est donc tout à fait logique que les entreprises à qui appartiennent ces moyens de transport coupent aussi. pour les mêmes raisons, dans les mesures de sécurité. C’est donc le système lui-même qui est à l’origine de ce genre de tragédie.
Je trouve un peu plate le fait de récupérer la mort de dizaines de personnes à des fins politiques ou idéologiques.
Ceci n’est pas une affaire comme une autre, on ne peut pas en profiter pour faire une critique du capitalisme, un accident comme celui-ci serait aussi arrivé dans un pays socialiste. Ce n’est pas en réglementant plus qu’on résout tous les problèmes, toutes les procédures normales ont été suivies, les actionnaires ne gagnaient rien en oubliant de mettre le frein de main, c’était un ACCIDENT, imprévisible par définition. Je trouve ça mesquin et bas d’essayer d’imputer cette catastrophe à la privatisation, la dérégulation ou la restructuration. Il n’y a aucun rapport.
De plus, l’argumentaire à propos du risque est très faible: combien de tonnes de pétrole circulent quotidiennement dans le monde et combien d’accidents similaires sont arrivés? Je suis presque sûr que ce ratio, ce rapport entre les trains bourrés de pétrole et les accidents doit être très bas. Pas assez pour conclure que c’est le début de la fin du pétrole!! Quelle conclusion facile, quelle pouvoir d’illusion! Si ta femme te trompe sur ton sofa, vends ton sofa!
Terriblement triste et très déçu de Normand Baillargeon,
ED
@ED
Avez-vous des preuves à l’effet qu’ « Il n’y a aucun rapport » entre cet accident et « la privatisation, la dérégulation ou la restructuration » du système ferroviaire? Non, bien sûr.
Vous me rétorquerez peut-être que, à votre avis, il n’a pas de preuves en faveur de la sécurité ferroviaire dans un monde réglementé. Si vous vous avancez sur ce point, vous vous tromperiez. À la suite de l’accident de Ladbroke Grove en Grande-Bretagne en 1999, accident qui avait fait 31 morts, la commission d’enquête britannique avait conclu que la dérèglementation et la privatisation du système ferroviaire entreprises par le gouvernement de Margaret Thatcher étaient responsables en très grande partie de la catastrophe (http://www.rail-reg.gov.uk/upload/pdf/incident-ladbrokegrove-lgri2.pdf ) L’absence de règles de sécurité (ou des règles minimales) incite à la négligence du réseau et augmente le risque d’accident.
De plus, il n’y avait très peu de règles de sécurité en Amérique du nord au 19e siècle. Conséquence: les accidents de chemins de fer étaient l’une des principales causes de décès par mort violente.
Quant à moi, je suis plutôt terriblement triste des 50 morts de Lac-Mégantic. À chacun ses peines.
Vous savez Ed, c’est la moindre des choses qu’on peut faire pour des gens, la population du Lac Mégantic, qui n’ont pas le temps, ni l’énergie pour faire cette réflexion et ce débat Ô combien nécessaire qui, pour le moins, apaisera leur colère et les aidera à faire leur deuil. J’espère pour eux que ce ne seront pas des avocats rusés, sans scrupule et grassement payés qui auront le dernier mot dans cette affaire et qu’on pourra obtenir, comme société, la participation concernée et active d’une majorité de citoyens dans ces débats, C’est seulement là qu’ils se sentiront, j’en suis convaincue, vraiment soutenus.
ED, vous racontez n’importe quoi. Vous mentionnez qu’un accident est imprévisible (par définition !), en ajoutant qu’il y a eu un oubli de mettre les freins. Même un jeune enfant vous dira que si on laisse un objet roulant sans frein, dans une pente, celui-ci déboulera.
Comment expliquez-vous que cette compagnie utilise un seul chauffeur, alors que l’usage en demande un second, si ce n’est pour des motifs de profits ?
« …les actionnaires ne gagnaient rien en oubliant de mettre le frein de main » Non mais ils gagnent à embaucher des gens incompétents, ils gagnent à négliger de mettre en place des mesures de sécurité, ils gagnent à ne pas sensibiliser le personnel à la prévention, etc. La liste pourrait être longue. Quant à l’alibi de l’ACCIDENT, ça reste à voir. Votre point de vue n’est pas défendable.
Non mais ils gagnent à embaucher des gens incompétents (à faible salaire, dis-je)
Un défendeur du capitalisme pure et dure me disait récemment que le taux de rendement des profits est proportionnel à la prise de risque. Force d’admettre qu’il a raison!
Donc en partant de ce constat, force que de constater que le risque d’accident est proportionnel au risque qu’une direction d’entreprise prends, augmentation de la marge de profit oblige!
ED, les choses sont beaucoup plus imbriquées que ce que vous laissez entendre dans votre commentaire. Plus bas, vous découvrirez qu’on pourrait bientôt déposer des accusations criminelles, et là ça n’aura plus rien à voir avec un accident soi-disant imprévisible. Votre contre argumentation ne tient pas la route.
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382464/que-s-est-il-passe-a-nantes
D’après ce que j’ai compris du lien internet fourni ici, il semblerait qu’on doit maintenir une locomotive en marche pour assurer en tout temps la pression dans les conduits de freinage, et il semblerait que la seule locomotive en marche ait cessé de fonctionné pour une raison qu’on ne connait pas à ce moment-ci, ce qui en présence du dénivelé n’a pas pu maintenir le système de freinage, et tout le reste à suivi.
Alors, contrairement à ma première intervention ici, on comprend mieux pourquoi dans une pente on doit laisser une locomotive en marche. Sur le plat, c’est une autre histoire. Il est si facile de se fourvoyer sur des sujets qu’on ne connait pas très bien.
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« L’inspecteur Forget dit avoir discuté avec les procureurs de la Couronne de plusieurs aspects qui pourraient mener au dépôt d’accusations criminelles. Cette décision revient toutefois au bureau du directeur des poursuites criminelles et pénales, a-t-il souligné. »
Source : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382631/le-bilan-de-la-tragedie-de-lac-megantic-passe-a-20-morts
Des accusations criminelles possiblement pour bientôt :
Faute d’obtenir plus de transparence de la part de nos gouvernements, les mouvements citoyens, qu’on se le dise, auront beaucoup plus d’impact que toute cette poutine juridique qui ne viendra que prouver l’irresponsabilité de nos élus et l’abêtissement des citoyens qui ne voit dans le feu d’une locomotive tirant des dizaines de wagon-citernes qu’un bon sujet de photo ou de vidéo, en se disant sans doute que le « propriétaire » va s’en occuper. Si les gouvernements ne peuvent le faire eux-mêmes, qu’ils mettent au moins à la disposition des citoyens des endroits où ils peuvent rapporter ce genre d’événement pour qu’il y ait des réactions expertes et efficaces à défaut de prévenir directement les citoyens que ces « propriétaires », à qui l’on accorde tant de latitude au nom de l’économie, peuvent représenter une menace pour la société et l’environnement. Le danger est récupérable, l’accident non.
Et vlan! Cet article dans Le Devoir vient solidement appuyer ce que plusieurs dénoncent ici très clairement :
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/382684/vide-d-expertise
Et puis ceci: http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382696/la-mma-a-beneficie-de-l-aide-des-gouvernements
quand il était allé au congrès du PLQ à Victoriaville, Normand Baillargeon avait commencé sa visite dans le parking d’un Walmart . C’était le départ obligé pour un penseur prisonnier de ses principes. Ce qu’il y a vu repose bien sûr entièrement sur tout ce qui allait le conforter sur la capitalisme, » l’Empire », « le maître », enfin sur tout ce qui ressemble au Grand Satan américain.
Le vrai truc de Baillargeon, c’est la haine des USA, autant dans ses œuvres que dans sa nature, et va bien falloir un jour prochain qu’il nous l’avoue candidement, honnêtement et sans mauvais détour chomskien.
Ici, avec le drame de Lac Mégantic, c’est pareil. Ou plutôt ça continue. Ça dérougit pas avec Baillargeon chez qui le préjugé n’est même pas foutu de nous donner de la bonne fiction. Baillargeon est nul en littérature et n’importe quel philosophe le moindrement doué éviterait de se servir d’une tragédie dont les causes lui échappent pour essayer de nous vendre son monde fini, celui dont il est incapable de s’extirper, l’enfer des Sciences Humaines de l’UQUÀM et son seul chef-d’oeuvre impérissable, l’Îlot Voyageur.
Quel beau cadavre, cet Îlot, surtout quand les grands vents lui donnent de l’air…
« Baillargeon est nul en littérature et n’importe quel philosophe le moindrement doué éviterait de se servir d’une tragédie dont les causes lui échappent pour essayer de nous vendre son monde fini, celui dont il est incapable de s’extirper, l’enfer des Sciences Humaines de l’UQUÀM et son seul chef-d’oeuvre impérissable, l’Îlot Voyageur »
Parce que la qualité argumentative de votre discours basée sur des attaques personnelles (nul en littérature/non doué) et une haine manifeste envers les sciences humaines (comme cela semble être la mode de le faire) est un exemple? Je ne pense pas d’ailleurs que M. Baillargeon se cache de ses orientations davantage socialistes que corporatives. Et dans des cas de tragédies ou d’événèments qui touchent des questions éthiques et idéologiques, je pense qu’il est normal de voir des philosophes proposer des pistes de réflexion.
Enfin, bien que cela ne soit pas directement lié à l’article en question, je ne suis pas sûr de vous suivre lorsque vous dites: « sans mauvais détour chomskien ». Depuis quand Chomsky ferait des détours pour exprimer sa disgrâce envers les systèmes de pouvoir en place dans le monde? Je pense que ses thèses sont assez claires et directes dans ses écrits.
jaloux!
Parfois, M. Bourbonnais, il vaut mieux se taire plutôt que d’épancher sa hargne.
Wow ! Un gros ad nominem lancé à m. Baillargeon. C’est très très fort.
Surtout que la dernière affirmation est fausse : l’îlot voyageur n’est pas une preuve d’incompétence de l’UQAM à construire des édifices, c’est une preuve qu’il n’y avait pas de compétence pour gérer un PPP.
L’UQAM par le passé a réussi par elle-même (pas par des amis riches) à se construire un campus universitaire en plein centre-ville de Montréal. C’est un campus agréable dont les différent édifices ont suivi les goûts et les méthodes de construction de leur temps (Judith-jasmin, Alexandre-de sève et le pavillon des sciences en témoignent).
Pour le reste de la discussion : je suis né à Mégantic et j’y ai de la famille. La voie ferrée y a été construite à l’époque où on transportait du bois, du blé par train… c’est pour ça que, comme partout d’ailleurs, la voie traverse le centre-ville. Mais aujourd’hui les trains servent surtout à faire transiter des matières hautement dangereuses (et pas juste des hydrocarbures, un pipe line ne règlent rien ici) et il est temps (en fait, pour les gens de Mégantic, il est trop tard) de revoir la réglementation et la formation du personnel.
Et les questions de départ pourraient bien être : Est-il raisonnables et de laisser un train défectueux (connu comme tel puisqu’il y a eu un feu) sur la voie principale sans surveillance ? Est-il raisonnable de confier un chargement de produits dangereux à un seul individu ? Est-il raisonnable de confier un tel chargement pour d’aussi longues périodes (12h00 dans le cas qui nous intéresse) à un seul individu ? Est-il raisonnable d’avoir une technologie de frein qui repose sur le bon fonctionnement du moteur ? Comment se fait-il que j’ai installé un réservoir à Mazout double coque chez tandis qu’il est permis à d’aussi grandes quantités de pétrole de se DÉPLACER dans des contenants aussi fragiles ?
@Diogène, merci de m’éclairer, je croyais qu’au XIX siècle les gens mourraient assassinés dans un conflit quelconque, noyées dans un naufrage, asphyxiés lors d’un éboulement dans une mine… et ils mourraient avant tout lors d’accidents de train, même s’ils roulaient à 30 km/h! Et la légende veut que la voie ferrée soit le plus sûr moyen de transport, heureusement vous êtes là pour éclairer le monde avec votre lampe.
C’est très bien que vous alliez chercher vos exemples au XIX siècle et que vous réussissiez à inclure M. Thatcher dans tout ça, comme M. Baillargeon a trouvé le moyen de parler de Friedman. Très habile. En suivant votre logique, pour éviter les accidents, on devrait nationaliser les compagnies aériennes n’est-ce pas? Et tant qu’à y être, tous les moyens de transport!
Pourquoi les gens meurent dans des accidents de la route? Parce que les autos sont privées! Nationalisons les autos! Je dirais même, nationalisons tout, abolissons la propriété privée et le profit et on sera tous heureux! Quoi? Quelqu’un a déjà dit ça au XIXe s. et ça n’a pas marché au XXè? Ah les beaux temps de l’Union Soviétique ou de la Chine de Mao, où il n’y avait pas d’accidents de nulle sorte parce que le Petit Père des Peuples ou Le Grand Timonier veillaient sur tous! (blague à part, je ne trouve pas drôle que vous déformiez mes propos : je peux être triste par la mort des gens au lac Mégantic et en même temps, déçu de M. Baillargeon… que j’imaginais un peu comme un Carl Sagan ou un Asimov).
Pour les autres commentaires et preuves, toutes issues du Devoir, il serait étonnant de lire dans ce journal autre chose que du dogmatisme. Et je répète : que de bassesse que de récupèrera cette tragédie à des fins idéologiques! Les incendies, les accidents, les avalanches, les écrasements, les explosions, les naufrages, les tempêtes et toute autre tragédie continueront d’arriver, même dans votre monde utopique où rien n’est privé et où tout le monde pense pareil.
« …toute autre tragédie continueront d’arriver, même dans votre monde utopique où rien n’est privé et où tout le monde pense pareil. »
le train de la mort aurait explosé à lac-mégantic même s’il y avait eu quelqu’un dedans au moment où il a commencé à glisser?
tu sais ed l’optimisation des profits n’est pas un phénomène naturel comme une avalanche. c’est odieusement irrespectueux pour l’intelligence que d’amalgamer les tempêtes et les bombes artisanales dans ton effort d’endigage de notre indignation.
@ ED
1- » merci de m’éclairer, je croyais qu’au XIX siècle les gens mourraient assassinés dans un conflit quelconque, noyées dans un naufrage, asphyxiés lors d’un éboulement dans une mine… et ils mourraient avant tout lors d’accidents de train, même s’ils roulaient à 30 km/h! »
a- vous ne savez pas lire. J’ai dit que « les accidents de chemins de fer étaient l’une des principales causes de décès par mort violente ». Comme manipulation des propos, c’est champion.
b- ça va de soi que le chemin de fer est l’une des principales causes de décès par mort violente au 19e siècle. C’est le principal moyen de transport emprunté par les individus en Amérique du Nord (l’automobile n’existe pas à cette époque). Comme il y a beaucoup d’accidents, il faut donc remplacer les blessés et les morts sur le marché du travail. Les compagnies d’assurance sont donc créées pour assister les gens dans l’infortune. Ce sont entre autres les compagnies d’assurance qui vont faire pression sur les gouvernements afin d’imposer des règles de sécurité dans le transport ferroviaire, car elles sont tout simplement écoeurées de payer. (voir les études de Martin Petitclerc sur le sujet).
2- « En suivant votre logique, pour éviter les accidents, on devrait nationaliser les compagnies aériennes n’est-ce pas? Et tant qu’à y être, tous les moyens de transport! »
a- vous ne savez toujours pas lire. J’ai dit que « Vous me rétorquerez peut-être qu’il n’a pas de preuves en faveur de la sécurité ferroviaire dans un monde réglementé. Si vous vous avancez sur ce point, vous vous tromperiez. À la suite de l’accident de Ladbroke Grove en Grande-Bretagne en 1999, accident qui avait fait 31 morts, la commission d’enquête britannique avait conclu que la dérèglementation et la privatisation du système ferroviaire entreprises par le gouvernement de Margaret Thatcher étaient responsables en très grande partie de la catastrophe (http://www.rail-reg.gov.uk/upload/pdf/incident-ladbrokegrove-lgri2.pdf ) L’absence de règles de sécurité (ou des règles minimales) incite à la négligence du réseau et augmente le risque d’accident. » Les mots importants sont « dérèglementation » et « absence de règles de sécurité (ou des règles minimales) « . Ai-je parlé de « nationalisation »? Bien sûr que non. Encore une fois, comme manipulation des propos, vous êtes dur à battre.
b- Comme vous vous réfugiez complaisamment sur l’argument fallacieux de la nationalisation, je vais rester sur le terrain de la dérèglementation. Dans le cas du transport routier, il y a le code de la route. Dans le cas du transport aérien ou maritime, il y a les règles de sécurité aérienne ou maritime. Si l’on suit votre logique néo-libérale, nous devrions réduire ou éventuellement abolir ces règles de sécurité et le code de la route. Je n’ose pas imaginer l’hécatombe routière, aérienne ou maritime que ce genre de dérèglementation aurait pour conséquence. Et pourtant, on l’accepte pour le transport ferroviaire. Sans doute pour éviter les excès des « beaux temps de l’Union soviétique ou de la Chine de Mao ». (Blague à part, comme récupération idéologique, c’est aussi champion)
3- « que de bassesse que de récupérer cette tragédie à des fins idéologiques! » Sur ce point, je suis bien d’accord avec vous… si vous ne commettiez pas de récupération vous-même. Je suis même d’accord avec les propos suivants; « Le printemps dernier, j’ai participé à un colloque du Réseau Liberté-Québec. J’ai parlé du ‘reality check’ que la droite économique devrait s’autoriser pour éviter des dérapages du côté de sa frange hystérique. Je suis abasourdie par le nombre de commentaires de la part de personnes qui estiment que toute critique envers une entreprise privée comme MMA constitue une atteinte à la liberté des marchés, du commerce et des affaires. »
Devinez maintenant de quelle gauchiste ces propos proviennent-ils? Un indice: http://blogues.journaldemontreal.com/liseravary/
4- Que vous soyez peiné des morts de Lac-Mégantic comme moi me rassure. J’espère seulement que vous ferez preuve de discernement maintenant. Ces morts n’ont pas besoin que l’on minimise leur décès en ne disant que ce n’est qu’un accident.
@ ED
Je n’ai pas parlé de nationalisation, mais de dérèglementation. À suivre votre logique, nous devrions dérèglementer pour éviter « les beaux temps de l’Union Soviétique ou de la Chine de Mao ».
Très bien: commençons par dérèglementer le transport routier ou le transport aérien. Plus de code de la route ou de règle de sécurité pour le transport aérien. Je n’ose imaginer l’hécatombe sur les routes ou dans les airs. Pourquoi alors dérèglementer le transport ferroviaire alors? Pour faire des profits? Surement pas pour assurer la sécurité des passagers et des gens qui vivent autour des chemins de fer.
Ensuite, cela va de soi que « les accidents de chemins de fer étaient l’une des principales causes de décès par mort violente » au 19e siècle. C’était le principal moyen de transport en Amérique du Nord et le plus utilisé. Le nombre de morts a diminué lorsque les citoyens et les compagnies d’assurance ont fait pression sur les gouvernements afin d’établir des règles de sécurité plus strictes. La « légende » (tu parles d’une référence de votre part. Ça fait très sérieux) voudrait que ce soit le moyen le plus sécuritaire? Voyons donc: les morts ne sont pas de la légende, mais des faits identifiés comme tels dans toute bonne histoire des transports (comme celle de George Glazebrooke, A history of transportation in Canada),
Enfin, qui vient d’écrire les propos sensés suivants et qui pourraient vous inspirer si vous revenez sur terre:
» Le printemps dernier, j’ai participé à un colloque du Réseau Liberté-Québec. J’ai parlé du ‘reality check’ que la droite économique devrait s’autoriser pour éviter des dérapages du côté de sa frange hystérique. Je suis abasourdie par le nombre de commentaires de la part de personnes qui estiment que toute critique envers une entreprise privée comme MMA constitue une atteinte à la liberté des marchés, du commerce et des affaires. »
Un indice: cela ne lui arrive pas souvent d’avoir des propos sensés, surtout actuellement.
Eh non, ce n’est pas dans le méchant Devoir, cet antre du « dogmatisme » selon vous.
La réponse: http://blogues.journaldemontreal.com/liseravary/
Vous voyez: il est possible d’avoir du discernement, surtout en ces temps de deuil. Je souhaite que vous en ayez un peu sur ce sujet, plutôt que de parler de l’Union soviétique et de Mao. Les morts de Lac-Mégantic méritent mieux que cette pitoyable récupération.
Puisqu’on vient de faire une référence aux pressions des compagnies d’assurance, je me demande bien, considérant la feuille de route de MMA, si elle est encore assurable aujourd’hui ?
Diogène:
Quel est votre intérêt dans tout ça? Chercher des responsables pour les punir? Chercher des solutions pour éviter que ça se répète? Profiter de l’occasion pour dénoncer le capitalisme? Ou simplement avoir une relation narcissique en miroir, où vous vous admirez à travers les yeux de correspondants complaisants, les autres lecteurs? Est-ce que vous discutez dans le but d’avoir raison ou dans le but de vous rapprocher de la vérité (je vous arrête, ne dites pas la vérité n’existe pas, ça dévie le débat et je sais que vous comprenez de quoi je parle)?
Rapidement et pour conclure :
Le chemin de fer N’EST PAS la cause principale de mort violente au XIX siècle, n’insistez pas, ça devient ridicule un tel entêtement. Son développement se réalise dans la deuxième moitié du siècle, et même, surtout dans le dernier quart (à partir de 1875). Relisez vos classiques : les gens ne mourraient pas dans des accidents de train, il y avait plus de morts par chute d’un cheval ou écrasés par un fiacre, ou dans un accident de travail (pas de CSST à l’époque) que dans des déraillements de train. Soyez fair-play.
Deuxièmement : qui parle de déréglementer? Vous et le chroniqueur voyez dans cet accident une conséquence de la recherche de profit propre au système dans lequel on vit. C’est à ça que vous vous attaquez, pas au manque de règlements. C’est le capitalisme qui serait à la source de l’incendie sur la locomotive.
Je suis donc votre raisonnement et la conclusion évidente qui surgit c’est que vous pensez que dans une entreprise publique ce genre d’accident ne serait pas arrivé. D’où (est que vous me suivez encore?), la nationalisation complète des chemins de fer éviterait que ça se répète.
Au dernières nouvelles, les freins auraient lâché à cause d’un incendie imprévu et préalable… ou parce que le conducteur a omis les procédures (réglementées) de rigueur. La philosophie économique de propriétaires de l’entreprise (leur représentant est carrément détestable et cynique) n’a rien à voir la dessus.
Finalement, pour discuter intelligemment, il n’est pas nécessaire d’insulter son opposant. Pas besoin d’utiliser de termes tels que manque de discernement, revenir sur terre, pitoyable etc. Discuter signifie «abattre, rompre, briser » non pas son opposant mais le sujet traité. On évalue les propos et les contre. On discute, non pas pour monter qu’on a raison mais pour trouver une réponse ensemble. On ne discute pas si on n’est pas disposé à ce que notre propre opinion évolue. Si vous possédez la vérité infuse Diogène, vous n’avez pas besoin de discuter car vous possédez déjà toutes les réponses.
Mais je doute que ce soit le cas.
@ ED.
Deux choses avant de conclure:
1- Vous ne m’avez apporté aucune preuve ou référence invalidant ce que j’ai écrit depuis le début, soit que « Conséquence: les accidents de chemins de fer étaient l’une des principales causes de décès par mort violente ». (mon post, 10 juillet 2013, 23h41). Pis encore, vous avez déformé mes propos en affirmant que c’était la principale cause. De deux choses l’une:
a- vous ne connaissez rien en histoire. C’est assez évident car vous parlez de « légende » (votre post du 11 juillet à 10h04) et vous ne citez aucune source;
b- vous ne voulez pas admettre que vous avez mal lu et que vous avez tort.
Fin de ce débat.
2-je parle de la dérèglementation constamment (mes post du 10 juillet 2013, 23h41 et du 11 juillet 2013, 16h08). Vous m’attribuez ainsi qu’à Normand Baillargeon des propos que nous n’avons pas tenus ici, soit de plaider en faveur de la nationalisation des chemins de fer. La dérèglementation est identifiée comme l’une des causes de la catastrophe de Ladbroke Glove en 1999. Je ne prononcerai pas sur les résultats de l’enquête sur Lac-Mégantic, mais il est à constater que la dérèglementation actuelle ne sert pas la sécurité du public. Vous déviez constamment le débat sur la nationalisation, sans me répondre sur la dérèglementation. C’est un argument du type « fausse piste » que vous évoquez et réitérer.
Fin du débat sur ce point avec vous en ce qui me concerne.
Maintenant, ma conclusion. J’aime dialoguer avec des gens raisonnables, peu importe leur orientation idéologiques. Évoquer » le Petit Père des Peuples ou Le Grand Timonier » (votre post du 11 juillet, 10h04) est non seulement déplacé, mais constitue une détestable récupération idéologique dans le contexte de la catastrophe de Lac-Mégantic.
Je vous ai référé à un propos sensé de Lise Ravary (que je n’apprécie guère normalement, mais qui a raison ici). Au lieu de vous en inspirer, vous préférez vous entêter en m’attaquant sur mes présumés motifs et en minimisant constamment la catastrophe lorsque vous la qualifiez d' »accident » (au sens d’un ‘Act of God’ comme DavidHume le mentionne). Non seulement cela ne vous grandit guère, mais votre manque de respect (pas à mon égard, car cela n’importe pas) à l’endroit d’une tragédie qui a jusqu’à présent toutes les apparences de la négligence criminelle, vous exclut de la catégorie des gens raisonnables dans ce débat.
Dès lors, il ne sert à rien de discuter avec vous sur ce sujet. Lorsque vous serez revenu sur terre, il sera possible alors de discuter.
Quoique vous pensiez, ne pas être du tout convaincu par vos raisonnements plus émotifs que logiques, ne fait pas de moi quelqu’un de déraisonnable. Et je ne perds plus mon temps à essayer de discuter avec quelqu’un qui préfère le monologue et les arguments boiteux…
@ ED.
J’ai toutefois appris de notre échange.
Vos interventions contiennent:
1-des argumentum ad odium (votre tirade débutant par « Quel est votre intérêt dans tout ça? »)
2-des arguments d’autorité anonyme (la « légende »)
3-des généralisations biaisées (sur la « nationalisation »)
4- du sophisme génétique (Le Devoir « dogmatique », « les beaux temps de l’Union Soviétique ou de la Chine de Mao »)
5- des arguments « fausse piste » (encore une fois, la « nationalisation »)
et 6 – des arguments de l' »homme de paille » (« ar vos raisonnements plus émotifs que logiques »)
http://www.informationisbeautiful.net/visualizations/arguments-rhetologiques-fallacieux/
Bravo pour votre contribution au savoir. Sur ce plan, c’est très instructif.
De plus, ce qui est terrible à la suite de cet évènement du Lac-Mégantic, c’est que TransCanada profite grandement de cette tragédie pour faire construire leur projet d’Oléoduc Énergie Est «soi-disant » plus sécuritaire que le transport ferroviaire. Un projet où des pipelines traverseront du sable bitumineux sur plusieurs territoires, à partir du Nouveau-Brunswick jusqu’en Alberta. Ce projet comporte des risques très élevés de contamination des sols, des lacs et des rivières. Citoyenne de la municipalité du Témiscouata au Bas-Saint-laurent, ( un des territoires qui serait touché par ce projet de pipeline), il y eu hier dans ma municipalité une rencontre entre le porte-parole de TransCanada et les élus de la MRC du Témiscouata. Les élus disent avoir été «satisfait» de cette rencontre, ce qui me paraît très inquiétant…http://www.infodimanche.com/actualites/affaires-et-economie/96967/un-pipeline-pourrait-traverser-le-temiscouata
La compassion pour les victimes ne nous empêche pas d’user ni de jugement ni de prudence pour le futur.
Que ce soit dans n’importe lequel pays, un incident, si tant est qu’il y a un lien avec des réductions des coûts menant à des manoeuvres non-sécuritaires, n’est pas un Act of God. Nous ne sommes plus dans cette époque et les médias, relations publiques et avocats l’ont bien compris. Par ailleurs, c’est au Québec que cet événement s’est passé et non dans un autre pays.
Par compassion pour les victimes attendons la prochaine catastrophe en silence, car les requins du capitalisme sauvage veillent sur nous et notre sécurité.
Jean Émard
Combien d’employer occupait le train cette nuit là?
1 seul.
Est-ce responsable de la part d’une compagnie qu’une seule personne assume le transport du pétrole ou tout autre liquide corrosif pour la santé et l’environnement???
On devrait aussi ramener la notion de bien commun…
Dans les faits qui nous préoccupent tous:
1- Le train a été laissé SANS SURVEILLANCE sur la voie principale.
2- La voie principale entre Nantes et Lac-Mégantic affiche une pente constante de 1,2% sur les quelques 12 kilomètres qui séparent les deux endroits. Dans les Rocheuses, la pente la plus abrupte pour les chemins de fer est de 1,4%…
3- L’incendie de moteur circonscrit dans la locomotive principale a nécessité l’arrêt du moteur de la locomotive, conformément aux directives données aux pompiers par MMA sur la façon de les éteindre. Les employés de MMA ont jugé le tout conforme, et encore une fois, le convoi a été laissé SANS SURVEILLANCE.
Je ne connais rien au fonctionnement des freins d’une locomotive, mais le bon sens le plus élémentaire nous indique que toutes les conditions étaient réunies pour une catastrophe.
Les normes canadiennes permettent de laisser un convoi sans surveillance, ou dans certais cas d’avoir un équipage réduit à un seul membre, ce qui fait qu’en cas de défaillance mécanique, d’erreur humaine, de négligence ou de malfaisance, on peut s’attendre au pire, et les gens de Lac-Mégantic viennent de le vivre. Il n’y a aucune certitude absolue qu’une surveillance constante aurait prévenu cette tragédie, mais on peut croire que c’aurait effectivement été le cas. Mais nous avons une certitude absolue qu’en l’absence de surveillance constante, 50 personnes sont mortes.
La notion de bien commun que je mentionnais au début nous rappelle que le simple fait d’appliquer les normes vise au bien commun, mais qu’en certaines circonstances, il faut aller encore plus loin. C’est le cas ici. Monsieur Burkhardt peut dire qu’il a suivi les normes, mais quand on observe les circonstances de la tragédie, suivre les normes existantes était clairement insuffisant…
Vous avez raison, monsieur Couture!
En ce qui a trait aux normes, le fédéral a autorisé une norme minimale en permettant un seul conducteur par convoi. Imaginons un convoi de plus d’un kilomètre de long transportant des matières dangereuses, si un problème se présente, n’ayant qu’un seul conducteur, on peut comprendre qu’on peut très rapidement être dépassé par les événements. Imaginons maintenant que ce seul conducteur ait un arrêt cardiaque! Je n’ose pas imaginer la suite.
En présence de convois transportant des matières dangereuses, on ne devrait jamais se contenter du minimum en ce qui a trait aux normes, car on met en danger la sécurité des populations. Avec le fédéral, on devrait s’attendre à des normes sécuritaires, mais ce n’est pas le cas. Le fédéral devra répondre de ses actes, car c’est probablement suivant la pression des lobbys qu’on a accepté de diminuer les normes; et lorsqu’on les diminue à ce point, peut-on encore parler de norme? C’est possiblement davantage une non-norme que n’importe quoi d’autre.
Près de Lac-Mégantic, un autre train rempli de diésel, débarré et sans surveillance.
Le jeune habitant de Lac-Mégantic, Mathieu, montre d’abord une situation qu’on peut questionner, ensuite il se vide le cœur, les %$?*!*!& ne manquent pas, on peut le comprendre. Plusieurs critiqueront assurément le ton agressif, mais on doit se mettre à la place de ceux ayant vécu cette situation à Lac-Mégantic. C’est un cri du cœur!
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=N79kGUf-OTI
@Jean-Claude Bourbonnais. Je n’ai probablement pas le quart de la moitié du dixième de l’érudition de monsieur Baillargeon ni probablement de la vôtre mais quelque soit la façon dont on parle de cette tragédie, il faut en parler. J’aurais laissé mon p’tit dans le salon avec la porte patio ouverte sur un balcon du troisième étage pour aller pisser, il se serait jeter en bas et la nouvelle aurait fait le tour du monde. Une imbécilité n’est pas moins imbécile parce qu’il y a des millions de dollars en jeu. Et la pire imbécilité c’est de croire qu’un imbécile va venir s’occuper à 1h15 du matin d’un problème avec son train. J’espère que la société at large deviendra assez consciencieuse et assez responsable pour se faire sa propre idée d’un danger potentiellement mortel et que notre gouvernement mettra à la disposition des citoyens des moyens pour qu’ils puissent les dénoncer ou les rapporter selon l’imminence d’un probable accident. Qui laisserait une voiture qui vient d’être incendiée « parkée » en haut d’une pente sans donner suite? Serait-on plus compréhensif envers un chauffeur dont la voiture a fini par écraser un piéton en bas de la pente parce qu’il n’avait pas d’argent pour faire remorquer sa voiture ou celui qui a choisi de ne pas la faire remorquer parce que ça coûtait trop cher? D’après vous pourquoi n’y avait-il personne pour surveiller ce train après l’incendie? Il y a des gens à qui on ne pourrait donner la garde d’un enfant, et certains ont payé très très cher pour l’apprendre, imaginer maintenant celle d’un train rempli de tonnes de pétrole dont la locomotive vient d’être incendiée. La gestion « sécuritaire » des affaires impliquent que la sécurité des individus passent avant les profits qu’elles génèrent. Et il n’y a pas de demi-mesure quand la vie des gens est concernée. On ne pourrait avoir droit à l’imbécilité qu’une seule fois.
Madame Blaquière. Votre analogie est très suggestive. Je m’y connais un peu en ce qui concerne la sécurité des enfants, mais pas du tout en sécurité ferroviaire. Je ne suis donc pas en mesure d’en apprécier la pertinence. Le jour où des gens du BST utiliseront une telle comparaison pour nous faire comprendre les savantes conclusions auxquelles ils seront arrivés, je l’accepterai sans réserve. En attendant, je préfère réserver mon jugement. Au lieu de conclure un peu rapidement comme tant d’autres que cette tragédie est si évidemment due soit à la négligence, soit à la cupidité, soit à la simple bêtise. Ce n’est pas très confortable, parce que comme tout le monde, j’aimerais pouvoir dire tout de suite que si les choses avaient été bien faites, cela ne serait sûrement pas arrivé. Surtout s’il y a faute et que c’est celle d’un autre. Or les choses ne sont peut-être pas si simples. Vivant heureusement dans une société de droit, je compte que les enquêtes de la SQ et du BST permettront de démêler tout cela, d’établir correctement les causes de cet événement en particulier, de le relier à un contexte général dont il serait la conséquence à un degré mesurable, puis, le cas échéant d’ouvrir à la fois à des recours judiciaires et à des recommandations de modifications de la réglementation. Si une pression populaire doit être en effet exercée, c’est à fin que tout ce processus, si laborieux soit-il, soit conduit avec célérité. Parallèlement, nous ne devons pas manquer l’occasion, comme citoyens, d’alimenter le débat démocratique en développant notre propre réflexion sur ces questions qui ont malheureusement bénéficié d’une indifférence assez généralisée avant la semaine dernière.
Tout le monde croît toujours en connaître un peu en ce qui a trait à la sécurité des enfants mais un peu n’est jamais assez quand nous ne sommes pas là pour « voir », à défaut de « savoir ». C’est un « minimum ». De là vous ferez toutes vos analyses incluant la responsabilité du simple civil qui se croît tellement toujours en sécurité parce qu’on lui dit qu’il l’est et que malgré les « pertes » il ne faut pas trop s’inquiéter, l’économie se porte bien et avec de bons avocats, malgré tout, elle va continuer de bien se porter. Et quelques milliards plus loin finalement, Golliath finira par gagner. C’est partout pareil, pourquoi ce serait différent ici? Dommage que ce non sens n’a pas pu être récupérer « avant » la tragédie mais les gens qui ont vu n’ont pas su et ceux qui devaient voir n’y étaient tout simplement pas. Le « boss » a au moins compris que le train ne devait pas rester sans surveillance fiou, le parent qui aura laisser cuire son enfant dans sa voiture, ira en prison à moins qu’il ne soit bien sûr apparenté à la famille Turcotte, la « justice » pourra peut-être en décider autrement. Le vrai problème c’est ici qu’on le trouve « notre propre réflexion sur ces questions qui ont malheureusement bénéficié d’une indifférence assez généralisée avant la semaine dernière. » Le problème de l' »indifférence » qui va faire enquête là-dessus?
Du train à Golliath à la famille Turcotte, je comprends qu’on ait quelquefois envie de ratisser un peu large. Il se peut bien qu’il y ait un fil conducteur qui les relie et les explique ensemble, mais si je ne prends appui que sur mes intuitions pour l’inférer, c’est de l’amalgame, il me semble. Il y a bien longtemps que j’ai le sentiment que notre pauvre planète est toute déwrenchée parce que son habitation est soumise au diktat du capital, mais une fois les grandes dénonciations et les professions de foi réitérées à chaque occasion qui nous en est offerte, une fois la poussière retombée et les cendres refroidies, que reste-t-il dans la population à part ce prétendu cynisme qui n’est souvent que l’expression plus présentable de notre paresse et de notre indifférence? D’ici quelques jours, bien des gens qui sont rivés aux chaînes d’information continue vont retourner à leur programmation régulière personnelle en présumant sans autre forme de procès que les institutions politiques et judiciaires dont ils ne prennent aucun soin sont aussi pourris que dans leur télésérie préférée. Le lien avec l’idée d’amalgame? Même quand c’est vrai, si c’est pas su, c’est juste du mauvais rêve. Et dans les mauvais rêves, on ne peut rien changer efficacement parce qu’on n’a pas bien départagé nos craintes subjectives et les dangers réels. La stupeur ne conduit qu’à l’impuissance.
J’ajouterai : à leurs télé-réalité en attendant que cet automne Toulemondeenparle…
« D’ici quelques jours, bien des gens qui sont rivés aux chaînes d’information continue vont retourner à leur programmation régulière personnelle en présumant sans autre forme de procès que les institutions politiques et judiciaires dont ils ne prennent aucun soin sont aussi pourris que dans leur télésérie préférée. » Sauf pour ceux dont la situation sera encore débattue pendant des années au sein d’une enquête ou d’une cour de justice, j’y suis depuis près de cinq années. C’est à ça qu’il sert le système, à transposer dans la vie de quelques-uns le fardeau de la preuve de ses défaillances, à l’occasion, pas toujours juste quand on y travaille et que les évidences crèvent les yeux même des plus indifférents et/ou quand on veut prouver que l’on fait son travail parfois sur le dos d’innocentes victimes, il faut bien rentabiliser les cours de justice. Mais l’indifférence vient surtout du fait qu’on le craint et qu’on croît bêtement, comme pour la maladie, que ses défaillances ne pourront jamais nous atteindre.J’ose espérer que la « prévention » finira par prévaloir dans notre société et que les débats se feront « avant » plutôt qu' »après » les tragédies en tout genre. Mais nous sommes bien mal partis pour ça puisque pour l’instant il n’en est presque toujours question qu' »après » et cela dépendant toujours et presque invariablement du nombre de victimes. Deux semaines avant il y avait eu un déversement de pétrole à Frontenac avec la même compagnie…. on attend toujours l’enquête et on va l’attendre encore très longtemps à moins que sous la pression populaire on en fasse un « amalgame » avec la tragédie deux semaines plus tard. J’en doute le système ne considère que les « faits », la « responsabilité » c’est beaucoup trop abstrait pour lui et dans un état de droits ça ne permet pas de condamner qui que ce soit, ça tout le monde le sait. C’est pour ça qu’on finit par se dire bof c’est arrangé avec le gars des vues et souvent ça l’est. On s’habitue à ce genre de théâtre et on finit par en faire d’excellentes téléséries, qui, ma foi, nous renseignent pas mal plus adéquatement parfois qu’un « système défaillant » qui en a plus pour les lois et les règlements que pour les gens qu’il est sensé protéger.
« le système ne considère que les « faits », la « responsabilité » c’est beaucoup trop abstrait pour lui et dans un état de droits ça ne permet pas de condamner qui que ce soit, ça tout le monde le sait.» Il en restait un à ne pas en être sûr ;)
Au plaisir
…qui en a plus pour les lois et les règlements que pour les gens qu’il est sensé protéger…. et servir. » Il en restait un à ne pas en être sûr ;) » ????
Au plaisir
Texte très intéressant dans le journal Le Soleil ce matin qui relate une tragédie très semblable en 2009, sans qu’aucun changement n’ait été apporté depuis… http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201307/12/01-4670350-tout-comme-en-2009.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B22_editorialistes_255150_section_POS1
Le lien vers le rapport fonctionne mieux ainsi: http://www.bst-tsb.gc.ca/fra/rapports-reports/rail/2009/r09t0057/r09t0057.asp
Je suggère la lecture de l’éditiorial du journal Le Soleil ce matin… un « post » précédent devrait apparaître sous peu avec les liens pertinents. Bonne lecture.
Puisque mon autre commentaire n’est toujours pas ressurgi des limbes informatiques, voici le lien vers l’éditorial du Soleil http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201307/12/01-4670350-tout-comme-en-2009.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B22_editorialistes_255150_section_POS1
Merci monsieur,
évidemment l’évocation de cet autre incident contribue à la compréhension de ce qui a pu se passer à Nantes, puis à Lac-Mégantic. L’enquête prendra en compte ces éléments, auxquels s’ajouteront quelques questions plus embarrassantes. La première: comment a-t-on pu accorder un permis d’exploitation à un bar restaurant situé à trente pieds d’une voie ferrée, celle-ci croisant en plus une artère principale tout à côté? Qui a permis que quatre cylindres de gaz propame soient entreposés à proximité ? On me corrigera si je me trompe, mais n’est-il pas curieux qu’on ait fait si peu de place dans les médias à cet article de Morin dans le JdeM de mercredi (http://www.journaldemontreal.com/2013/07/09/il-y-avait-aussi-du-gaz-propane-selon-un-expert), dans lequel on apprenait que même si le convoi avait contenu des liquides non inflammables, les explosions meurtrières auraient été occasionnées par le choc des wagons (qui n’ont pas explosé, même au plus fort de l’incendie). Ce que je dis ne prouve rien… mais ce qu’un journaliste bien intentionné peut inférer sur la base de quelques éléments – je ne dirai pas choisis – ne remplacera pas les conclusions des enquêtes… sauf dans l’opinion, qui par la magie du média « savait » dès 9 heures, samedi dernier, que le conducteur avait relancé le train sans conducteur sur pilote automatique tout simplement parce que le journaliste, dans son anglais déficient, n’avait pas compris les explications du responsable de la compagnie (reprises correctement dans La Presse quelques heures plus tard). Cette information erronée n’a finalement été corrigée qu’en début d’après-midi.
Monsieur Desjardins, en ce qui concerne les réservoirs de propane, c’est une excellente question. Malheureusement je manque d’informations à ce sujet pour vous donner une réponse satisfaisante.
En ce qui a trait à l’incident de Nanticoke et à la tragédie de Lac-Mégantic, deux conclusions me semblent déjà fort claires:
1- Un convoi ferroviaire, encore plus un convoi de matières dangereuses, ne devrait jamais avoir moins de deux personnes dans son équipage.
2- Un tel convoi ne devrait jamais non plus être laissé sans surveillance: erreur humaine, défaillance mécanique, vandalisme, voire terrorisme sont des raisons plus que suffisantes à ce sujet.
Ce qui me choque le plus présentement est que le ministre des transports, Denis Lebel, pourrait très facilement imposer un ordre ministériel qui interdirait ces deux facteurs, en attendant que l’enquête aille au fonds des choses… mais bon, il n’en est rien. Lui et Harper sont bien sagement assis sur leur beigne…
« Denis Lebel, pourrait très facilement imposer un ordre ministériel qui interdirait ces deux facteurs, en attendant que l’enquête aille au fonds des choses ». Tout à fait d’accord, en vertu du principe de précaution, qui aux dires de Christian Rioux (hier à la SRC) aurait en France commandé l’application immédiate d’une telle mesure. Il faudrait bien qu’on nous explique un jour comment le ministère des transports a pu accorder une telle dérogation à une compagnie transportant des matières dangereuses avec des équipements vétustes, en plus! En bon garçon respectueux de l’autorité compétente, je ne demande pas mieux que de penser qu’il y avait des motifs raisonnables de le faire et que cette dérogation ne soit pas la cause principale de l’accident, mais c’est pour le moins… contre intuitif, en effet!
« – ne remplacera pas les conclusions des enquêtes… » moyennant que les souvenirs soient intacts et /ou que toute la vérité soit dite. Ce sont des concepts qui ont tendance à devenir très élastiques avec le temps et le temps et l’enquête aidant, les citoyens ont tendance à retourner à leur inconscience. Pourvu que ces sujets restent ouverts dans les médias moi, personnellement, je me fou du comment ils sont rapportés. Je ne crois pas, et j’espère même, qu’aucun citoyen, au Québec du moins, ne verra un convoi ferroviaire de la même manière, surtout s’il transporte autant de matière dangereuse. La voie du train n’avait pas été conçue pour cela, on connaît l’histoire, il aurait fallu faire d’autres plans pour qu’elle le soit « avant » et que les risques soient connus mais surtout soumis à la « conscience » des citoyens dans tous les détails. Les « détails » sont bien peu de chose « après » coup devant la colère des gens quelque soient les résultats de l’enquête. Ça fera sans doute l’objet d’une bonne télésérie ou d’un film. Les vrais héros seront toujours ceux qui survivront à leur perte humaine devant l’indifférence totale des marchés financiers.
Suggestion de lecture
http://www.ledevoir.com/societe/medias/382836/bestiaire-de-crise
Ferroviaire : on avait déjà donné des avertissements dès 2008!
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382977/le-risque-ferroviaire-l-alarme-avait-ete-donnee-en-2008
Qu’est-ce qu’on a fait depuis ce temps?
En bon parler « québécois »? Fuck-all…
Rapport du BST sur un accident ferroviaire de 2009, où il n’y a pas eu de perte de vies heureusement…
http://www.bst-tsb.gc.ca/fra/rapports-reports/rail/2009/r09t0057/r09t0057.asp
Et quelques extraits à vous glacer le sang…
« Chacune de ces adaptations apportées par la compagnie ou par l’équipe aux pratiques d’exploitation normalisées relatives à l’immobilisation du train a fait augmenter les risques de dérive et a contribué à l’accident.
L’immobilisation d’un train dont le chargement est principalement constitué de marchandises dangereuses et de marchandises dangereuses spéciales à proximité d’une raffinerie importante dans une pente nécessite une vigilance accrue pour l’accomplissement sécuritaire de la tâche. Avec un seul membre de l’équipe pour accomplir les tâches d’immobilisation du train à la fin de la journée de travail, le risque de dérive du matériel est accru puisqu’il est impossible pour un autre membre de l’équipe de repérer et de corriger toute erreur. »
Faits établis quant aux causes et aux facteurs contributifs
1- L’accident est survenu quand l’équipe a laissé le train sans surveillance sur une pente de 1 % sans l’immobiliser adéquatement. Le train est ensuite parti à la dérive et a dévalé la pente sur 1,4 mille, au-delà d’un passage à niveau non protégé et atteignant une vitesse de 20,7 mi/h avant de rencontrer un dérailleur à double attaque, ce qui a provoqué le déraillement des 9 wagons arrières.
2- La valve de commande de frein automatique a été réglée sur la position « isoler » (Cutout) trop tôt, ce qui a verrouillé le gradient de pression dans la conduite de freins aérodynamiques du train. Alors que le gradient de pression s’égalisait, le desserrage rapide des freins aérodynamiques de tous les wagons de marchandises à l’arrière du train a séquentiellement été activé.
3- Comme aucune autre locomotive de la rame n’a été réglée en position de commande, l’alimentation en pression d’air nécessaire pour le maintien des freins indépendants a été coupée, ce qui a permis aux freins indépendants de toutes les locomotives de se décharger et de se desserrer.
4- Les freins aérodynamiques de l’ensemble des wagons à marchandises et des locomotives étant desserrés, le nombre insuffisant de freins à main serré a laissé le train en situation non sécuritaire.
5- L’équipe de train et la compagnie ont dérogé à un certain nombre de pratiques d’exploitation normalisées relatives à l’immobilisation du train; ces dérogations ont toutes contribué à l’augmentation du risque de dérive et, par conséquent, à l’accident.
6- Un seul membre de l’équipe étant présent à la fin de la journée de travail, les autres membres de l’équipe n’ont pas eu l’occasion de vérifier si le train était bien immobilisé.
7- Une supervision insuffisante de la compagnie a permis une dérogation aux pratiques d’exploitation normalisées. »
Relisez les conclusions 1,6 et 7, et comparez-les à la tragédie de Lac-Mégantic… une seule différence: Le convoi de Lac-Mégantic a été laissé sur la voie principale, et non sur une voie de triage, où le système de déraillement aurait peut-être provoqué un déraillement hâtif en-dehors de la ville…
Ceux qui oublient leur histoire sont condamnés à la répéter…
Je sais que certains trolls libertariens vont vouloir me crucifier s’ils se donnent la peine de me lire, mais je n’en ai cure et qu’ils sachent à l’avance que je ne me donnerai pas celle de leur répondre. Je ne renie pas un mot de ce texte écrit à chaud au lendemain du drame; toute l’information qui circule depuis une semaine va dans le même sens — sauf, évidemment, aux yeux de ceux que l’amour du néolibéralisme débridé rend aveugles et sourds à la rumeur du monde.
http://journalmobiles.com/societe/enjeux/le-neoliberalisme-est-un-crime-contre-l-humanite
magnifique
En effet, qu’est-ce qu’on a fait?
Je cherche une explication « charitable » que je pourrais utiliser pour justifier notre peu d’intérêt pour ces mises en garde répétées. En fait je crois bien que nous avons tous une vague idée que la croissance effrénée de l’activité industrielle nous fait quotidiennement courir de graves dangers. Mais nous avons appris à faire confiance aux autorités compétentes, comme on dit. Cette confiance n’est pas entièrement déraisonnable. Quoi qu’on en dise sur la base de froids calculs de risques auxquels les entreprises se livreraient, nous pensons que nul ne fait le mal volontairement, ne serait-ce que pour des motifs purement égoïstes. Il n’esst pas du tout dans l’intérêt de MMA de courir le risque statistique d’occasionner un tel désastre et nous supposons que s’ils transportent des matières dangereuses, ils devent le faire avec grande précaution, d’autant plus que leurs équipements sont vétustes. Un sentiment de sécurité qui repose plus largement sur la présomption qu’il existe un ordre des choses implicite dont la préservation est dans l’intérêt de tous et qui repousse à la marge la négligence et l’erreur dite humaine. Ce sentiment de sécurité est très dangereux. Bien des accidents de la route surviennent ainsi en plein jour, en plein été, par beau temps, en écoutant Marie-Pier Arthur, etc.
Ce que je trouve bien dommage, c’est qu’à cette indifférence, on tende si spontanément à substituer maintenant le sentiment tout aussi… raisonnable que cette tragédie est nécessairement la conséquence inéluctable de la croissance quasi exponentielle de l’exploitation et du transport des gaz de schiste et autres sables bitumineux, le tout orchestré par des capitalistes véreux, etc. . Mais ce cadre de référence alternatif peut être tout aussi déconnecté des réalités auxquelles il prétend donner sens, si raisonnable soit-il . Plus que l’autre quant à moi : qu’une telle conspiration capitaliste existe, sans doute. Mais cette réalité d’ordre général ne permet peut-être pas de comprendre, par exemple, le comportement particulier d’un CEO de compagnie qui avoue d’emblée la responsabilité (au moins partielle) de son entreprise avec une candeur à faire frémir ses propres avocats sans même prendre le soin de s’abriter sous un kit de relations publiques. Utilisée comme véhicule tout-terrain, notre croyance générale et raisonnable nous aura peut-être simplement fait manquer le coche, encore…
C’est ma lecture… elle vaut ce qu’elle vaut. Mais à supposer qu’elle ait quelque valeur, il resterait à expliquer cette urgence de donner un sens à ce qui arrive. Anciennement, c’est dans la foi en Dieu que nous pensions trouver la justification du mal dans le monde. Cette vocation providentielle est maintenant dévolue au dieu raison. Tout le mal (à part la maladie et la mort, et encore!) résulte forcément d’un mauvais usage de celle-ci s’expliquant tantôt par la paresse et la négligence, tantôt par la cupidité. Pauline Marois disait la semaine dernière que cette catastrophe n’aurait jamais dû survenir. Elle avait raison, parfaitement raison. Mais on dirait bien que parfois, le déraisonnable se produit. Shit happens. Ça, c’est vraiment trop insupportable à envisager…
Dois-je insister sur ce point? Mon réflexion ne prétend pas du tout disposer de la question de la responsabilité objective de l’entreprise, du ministère des transports ou des citoyens. Elle cherche juste à comprendre ce qui nous empêche si souvent de faire face efficacement aux réalités. Elle ne prend pas en compte (on ne peut pas tout dire d’un coup) le rôle joué par le conditionnement idéologique de l’opinion, qu’on ne saurait négliger qu’au risque de donner une tournure un peu bêtement psychologisante à ces tentatives d’explication. Qu’en dites-vous?
« (…) nous pensons que nul ne fait le mal volontairement, ne serait-ce que pour des motifs purement égoïstes. » Je suis même tout à fait convaincue que nul ne fait le mal volontairement. Aucun PDG ne se lève le matin en disant : « Aujourd’hui, je vais faire sauter un centre-ville, je vais tuer des gens, je vais polluer un cours d’eau, je vais contaminer la nappe phréatique. » Et pourtant, ils font toutes ces choses et même pire. Pour bien faire — je le dis sans ironie. Pour le bien de leur entreprise. Et le bien, c’est le profit; c’est le cours de l’action en bourse. Ce bien-là prime sur tous les autres; pour un chef d’entreprise, c’est le bien suprême.
En régime capitaliste, il faut croître ou disparaître. Voilà pourquoi un tel régime ne peut pas fonctionner sans un État fort qui impose des règles et des balises strictes, dans l’optique de veiller aux intérêts de la population. Ce n’est pas aux entreprises à le faire; ce n’est ni dans leur nature ni dans leur mandat, ni même dans leur intérêt. Le premier devoir d’un PDG est envers son entreprise, non envers le public.
Le PDG de MMA ne fait pas rouler du matériel obsolète et dangereux sur des rails pourris avec un personnel nettement insuffisant parce qu’il trouve amusant de risquer la vie des gens sur le passage de ses trains. Il le fait parce que son mandat consiste à réduire les coûts afin de maximiser les profits, et parce que son entreprise est en difficulté financière. C’est à l’État qu’il incombe de veiller à ce que la norme ne soit pas fixée uniquement en fonction des priorités de l’entreprise; ultimement, c’est l’État (fédéral, en l’occurrence) qui est le premier responsable du désastre, avec son idéologie néolibérale qui le pousse à déréglementer inconsidérément des secteurs d’activité extrêmement sensibles et potentiellement dangereux.
Je suis toujours perplexe devant les accusations de « récupération politique » ou de « conclusions hâtives » qu’on utilise pour faire taire les voix discordantes qui osent critiquer le régime en place. Comme si nous n’y avions jamais réfléchi avant. Comme si nous n’avions pas observé de longue date que des catastrophes semblables allaient fatalement se produire dans un contexte industriel déréglementé. Comme si d’autres tragédies ne nous pendaient pas au bout du nez, par la faute des rois fainéants qui nous gouvernent sans jouer le rôle de contrepoids qui leur revient, mettant l’appareil d’État au service de l’entreprise privée au détriment de la population. Ainsi, rien ni personne ne s’oppose plus à la course aux profits. Une course qui, inévitablement, à défaut d’être soigneusement encadrée et balisée, n’a pas fini de dérailler.
« En régime capitaliste, il faut croître ou disparaître. Voilà pourquoi un tel régime ne peut pas fonctionner sans un État fort qui impose des règles et des balises strictes, dans l’optique de veiller aux intérêts de la population. » L’État se trouve ainsi dans la situation parfaitement paradoxale de devoir veiller aux intérêts de la population mais dans l’exacte mesure ou cela va aussi et surtout dans l’intérêt du capital, qui ne sait se policer lui-même pour les raisons que vous évoquez fort justement. Au bout du compte, l’État est toujours objectivement au service de la classe dominante, quel que soit le rôle qu’il nous plaît de lui assigner dans nos représentations les plus raisonnables… et surtout tant que nous persistons à camper dans de telles représentations qui nous font oublier que dans nos démocraties, ce que nous choisissons en apparence en toute liberté, ce sont simplement les exécutants de notre assujettissement à la logique du capital. Si le gouvernement fédéral a manqué à ses « responsabilités », ici, c’est bien à l’égard de la préservation de cet ordre des choses, de cette rationalité toute matérielle et objective, qui n’a pas grand-chose à voir hélas avec notre idée de la moralité, avec la raison et le raisonnable tels que nous les concevons. Il n’a simplement pas su tenir le convoi avec le juste minimum de contraintes dont la logique du profit à tout prix pouvait s’accommoder, dont elle avait besoin.
Le capitalisme n’est QUE chiffres. Aucune considération humaine ne peut entrer en ligne de compte. Y a-t-il encore quelqu’un qui en doute?
Pour mémoire, qui se souvient de la Ford Pinto?
« La direction de Ford a eu à résoudre le dilemme suivant : – Ou modifier le prototype de la Pinto aux normes recommandées mais non encore obligatoires à cette époque, retardant de ce fait la production et diminuant la rentabilité du nouveau modèle ; – Ou produire la voiture en sachant qu’il existait un risque relativement élevé que le réservoir prenne feu en cas d’accident. Ce dilemme fut alors résolu par une analyse coûts/bénéfices qui tranchait nettement en faveur de la deuxième option : – Pertes estimés au moment de la décision : 180 morts brûlés (estimés à 200 000 $ par vie humaine), 400 brûlés graves ; – Bénéfices attendus si la correction n’était pas faite : 137 millions de dollars ; – Bénéfices attendus si la correction était faite : 49,5 millions de dollars (coût de l’adaptation : 11 $ par voiture). Vingt-sept personnes sont décédées à cause de ce problème de réservoir. »
(Tiré de Wikipedia; mais ces faits sont bien connus et documentés, j’ai lu cette histoire ailleurs.)
Le moins qu’on puisse dire… c’est l’importance d’en débattre.
Ce qui m’a le plus frappé dans votre article c’est ce calcul du risque, basé, entre autres, sur la valeur d’une vie humaine… soit 6M aux É.-U!
Bien qu’on n’ait pas encore fait toutes les enquêtes nécessaires pour une conclusion aussi juste que possible (mais est-ce possible?), c’est le fondement même de cette logique capitaliste qui me dégoûte déjà : faire et économiser de l’argent sur le dos de vies humaines et de l’environnement (ce qui revient au même).
J’ai juste envie de citer Saint-Exupéry :
«Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais : «Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu’il préfère ? Est-ce qu’il collectionne les papillons ? Elles vous demandent : «Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ? » Alors seulement elles croient le connaître. Si vous dites aux grandes personnes : «J’ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit…», elles ne parviennent pas à s’imaginer cette maison. Il faut leur dire : «J’ai vu une maison de cent mille francs.» Alors elles s’écrient : «Comme c’est joli !»
C’est bien connu, les grandes personnes sont très sérieuses…
Monsieur Desjardins, vous parlez d’amalgame un peu plus haut. Il y en a un autre qui ne saute pas nécessairement directement aux yeux : c’est le fait que le gouvernement du Québec, par l’entremise de la Caisse de dépôt et de placements du Québec, ait des parts de plusieurs millions ($) dans la compagnie MMA impliquée dans le déraillement du train à Lac-Mégantic. Je ne sais pas si le fédéral a aussi des parts.
Le célèbre publicitaire, Claude Cossette, mentionnait dans son livre « La publicité, déchet culturel », que la publicité censure; on peut comprendre facilement qu’un diffuseur ne peut pas afficher des propos allant à l’encontre de ses commanditaires, autrement il perdrait un ou plusieurs annonceurs assurant sa vitalité économique.
Je pose la question ici, sans avoir la réponse : se pourrait-il qu’un ou des paliers de gouvernement ayant des parts dans la MMA n’osent pas être aussi critiques qu’ils devraient l’être par rapport à cette tragédie en raison de la crainte de voir fondre le rendement des placements ($) au sein de la MMA? J’ose espérer que la réponse sera non à cette question.
Je n’ai plus les chiffres exacts en tête, mais MMA avait obtenu un prêt de la Caisse, qu’elle a remboursé, et que le bas de laine avait investi autour de 10 millions en actions dont la valeur a entièrement fondu. Je peux me tromper, mais il me semble qu’Il n’y a pas un enjeu financier pour la Caisse (donc aussi pour vous et moi) tel que des pressions eussent pu être faites pour les protéger.
Deux choses tristement amusantes. Je ne sais plus si c’est l’industrie pétrolière elle-même ou le gouvernement du Canada ou les deux qui roulait ses pubs à LCN la semaine dernière. Ensuite, dans la même édition du Devoir ou David Desjardins fustigeait sans ménagement les mouettes, une belle page de pub payée par… Quebecor.
Votre commentaire me donne l’occasion de revenir sur la notion de classe dominante, que j’ai un peu paresseusement utilisée hier. Non qu’il faille y renoncer comme si la richesse n’était pas contrôlée par quelques big shot, tout comme aux premiers jours de la révolution industrielle, mais que le capital dont il s’agit est beaucoup moins concentré qu’alors. De là à dire que nous serions tous des «capitalistes» au prétexte que nous avons à cœur que nos petits placements en assurances et fonds de pension donnent du «rendement», il y a une marge. Reste pourtant qu’en effet, nous ne pouvons pas nous abstraire de cette logique du capital comme si elle s’était entièrement faite hors de nous, même si au final nous sommes collectivement les victimes d’un système dont le petit profit qu’on peut en tirer pour soi est un facteur très efficace d’aveuglement collectif.
L’information complète avait été relayée par Normand dans un post précédent:
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/382696/la-mma-a-beneficie-de-l-aide-des-gouvernements
Malheureusement, Lisa Raitt vient d’être nommée au Ministère des transports… quand on sait son parti-pris pour « l’économie » on s’imagine qu’il va passer bien de l’eau sous les ponts avant qu’elle ose prendre une décision qui pourrait déplaire aux entreprises…
En aparté, il y a une question qui me trotte toujours en tête quand de tels évènements se produisent : Dans notre société actuelle, l’économie est-elle au service des gens, ou est-ce plutôt le contraire?
P.S. J’aurais dû dire DEUX questions. Et voici la suivante: Dans un monde idéal, qui, de l’économie et des gens, devrait être au service de l’autre?
Une amie m’a dit que les millions ($) en actions que détenait la Caisse ne valaient plus que 1000$ suivant la catastrophe de Lac-Mégantic. Hum!
Monsieur Couture,
J’ai toujours souhaité que des valeurs précises d’équité et de justice sociale déterminent les politiques et qu’en fin ces politiques déterminent les choix économiques.
Hélas! De nos jours, le décloisonnement a inversé le système, l’économie détermine les politiques au profit de grandes entreprises privées où le gouvernement se fait l’état providence de ces entreprises.
Tous les jours, on martèle dans les médias les décisions des (marchés), on parle ici des grands investisseurs privés, suivant de près les cotes et décotes des maisons de notation tout aussi privées, lesquels déplacent des sommes astronomiques chaque jour, sans n’être aucunement concernée par la redistribution équitable de la richesse. De nombreux fonds de pension participent à ce système, y compris des fonds gouvernementaux. Alors, tous ont des intérêts dans à peu près tout; dans ce contexte, comment obtenir des changements profonds de mentalités collectives moins axées sur l’appât du gain?
Aux États-Unis, par exemple, le décloisonnement se pose de manière aigüe là où le gouvernement et le complexe militaro-industriel semblent ne faire qu’un. Le gouvernement engouffre plus de 50 % de son budget à la défense, forçant constamment le rationnement dans le système de santé, par exemple.
Vos questions sont évidemment pertinentes et urgentes. Mais j’ai bien peur qu’en l’état actuel de la société, il n’y ait pas d’interlocuteur à qui elle puisse être adressée ou qui soit en tout cas en état d’y répondre. Quel est en effet ce mauvais «sujet» à qui on pourrait adresser le reproche d’avoir mis les gens au service de l’économie plutôt que le contraire? Le Capital, l’État? Le monde idéal dont vous parlez serait un monde où le destin collectif serait porté par une idée, une vision, un projet fondé sur des valeurs communément partagées. Et tout. Et tout. J’ai l’impression que dans cet enchevêtrement de rails et de routes où le pétrole circule, se consomme et se consume en une mare glissante et visqueuse mise en mouvement par les dollars de la peine et du profit, il n’y a décidément pas de vision, même inversée (monsieur Bellefeuille) de quelconques valeurs d’équité et de justice sociale qui seraient perdues en route. Je tendrais plus à penser, comme certains philosophes marxistes des années soixante, que jusqu’ici l’histoire ne fut qu’un procès sans sujet qui ne tire son unité et son intelligibilité apparentes dans nos représentations a posteriori que relativement aux valeurs dont elle paraît raconter l’aventure temporelle mais qui n’en sont pas du tout l’enjeu réel. Je ne le dis pas par fatalisme, mais peut-être au contraire justement pour suggérer que si jamais une histoire vraiment humaine peut advenir, ce ne sera pas du tout parce qu’il serait dans la nature de cette complexe machinerie de pulsions, de désirs, d’intérêts, de s’organiser selon ces valeurs qui nous semblent pourtant si évidemment désirables. Si risible soit-il devenu de l’évoquer aujourd’hui, les révolutions à venir devront d’abord procéder d’une connaissance scientifique du mouvement réel de… l’habitation matérielle de la terre (pour ne pas parler d’histoire, parce que cela, des histoires, on peut toujours s’en raconter y compris pour annoncer le grand soir) qui nous sorte des vertiges des représentations idéales et indique les voies praticables et utiles du changement.
Monsieur Desjardins,
Je ne cherche pas un idéal, mais un retour plus équilibré des politiques, car ces politiques sont beaucoup trop à droite : il y a des limites à la déréglementation et à la proximité des gouvernements avec le privé. L’inversion est réelle, là où la politique devrait s’assurer de l’efficacité de l’économie dans son ensemble, s’assurer que les plus pauvres aient l’essentiel pour vivre, on retrouve trop souvent des gouvernements devenus «état providence» des grandes entreprises.
Le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz dans son livre « Le triomphe de la cupidité », déconstruit complètement la logique néolibérale ne désirant aucune contrainte ni gouvernement à la limite : dérégulation, privatisation et réduction des dépenses publiques. Hélas! La droite politique est allée trop loin, et assez surprenant, même Jean Charest l’a admis publiquement après sa défaite au Québec dans un court extrait sur les ondes de Radio-Canada. Je fus extrêmement surpris que ces propos viennent de la bouche de Jean Charest, un conservateur dans l’âme.
Se contenter du statu quo, de ce qui est en ce moment, équivaut à adopter une position idéologiquement conservatrice par définition. Ce statu quo repose sur des présupposées ou pseudo lois naturelles où tout s’équilibrerait naturellement, où la politique du non-interventionnisme s’inspire largement du darwinisme social, où seuls les plus forts survivent. Une position naturellement très confortable pour les conservateurs, laquelle est aussi très bien expliquée et déconstruite par Joseph E. Stigiltz.
Le constat qu’un monde idéal n’existera jamais, ne doit pas empêcher la recherche de l’équilibre des rapports de force. Un gouvernement s’il veut être crédible et fonctionnel doit garder ses distances par rapport au privé. Les rapports de force n’existent presque plus tant le monde est trituré par une élite d’exploitants très très à droite sur l’échiquier politique.
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Par ailleurs, revenons plus près de Lac-Mégantic.
J’en déduis qu’il y aurait donc eu beaucoup de gens impliqués au niveau décisionnel au sein de la MMA à Nantes! http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/383126/la-compagnie-ferroviaire-mma-a-mis-a-pied-une-vingtaine-d-employes-au-quebec
Monsieur Bellefeuille, il n’y a rien de ce que vous dites avec quoi je ne sois pas d’accord. Mais chaque fois que j’entends parler en termes de devoir-être, je me demande aussitôt d’où viendra la pression en vue du changement et à quel interlocuteur la revendication sera-t-elle adressée d’une manière telle que le changement ait lieu. Il est bien vrai que le statu quo se justifie à trop bon compte, quelquefois, par un diagnostic excessivement pessimiste ou l’exigence de changements radicaux ou rien. Dans ce sens, la bonne volonté, l’opiniâtreté sont très certainement souhaitables, dans le monde réel… mais si on veut envisager de changer celui-ci pour de bon au lieu de seulement colmater les fissures…
En écoutant les témoignages des gens filmés sur place c’est-à-dire en écoutant les vidéos tournés lors du drame, j’entend des gens raconter que le feu s’était rallumé pendant sa course folle vers Lac-Mégantic… Pouvez-vous confirmer?
Dernières nouvelles…http://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/tragedie-a-lac-megantic/201307/17/01-4671453-ottawa-attend-toujours-la-police-dassurance-de-mma.php
J’ai l’impression qu’on va encore socialiser les pertes et privatiser les profits…
Juste pour documenter le sujet un peu plus :
« En mai 2012 le gouvernement Harper a délivré un permis spécial à la compagnie Montréal, Maine & Atlantic lui permettant de ne pas avoir à placer un deuxième opérateur à bord ses trains de marchandises.
C’était tout un cadeau pour la compagnie, une excellente façon de sauver de l’argent. Elle était seulement la deuxième compagnie ferroviaire à recevoir une telle largesse du gouvernement Harper. Ça faisait suite à une longue bataille entre le Syndicat des métallos et la MMA pour empêcher la réduction du personnel abord les trains.
Pour régler le litige, le syndicat avait finalement accepté de soumettre la question au gouvernement Harper qui a surpris le syndicat en adoptant la position de la compagnie de chemin de fer sur la question. » Richard Cléroux (Extrait)
Passe-droit donné à la compagnie de chemin de fer /Le Canada Français / Richard Cléroux
http://www.canadafrancais.com/Article-de-blogue/b/24630/Passedroit-donne-a-la-compagnie-de-chemin-de-fer
Derrière le désastre de Lac-Mégantic: La déréglementation, le profit et l’industrie ferroviaire canadienne / Mondialisation.ca / Carl Bronski http://www.mondialisation.ca/derriere-le-desastre-de-lac-megantic-la-dereglementation-le-profit-et-lindustrie-ferroviaire-canadienne/5342834
Transports Canada a autorisé la MMA à n’assigner qu’un seul opérateur à ses trains / La Presse / Martin Croteau
http://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/tragedie-a-lac-megantic/201307/08/01-4668959-transports-canada-a-autorise-la-mma-a-nassigner-quun-seul-operateur-a-ses-trains.php
Le gouvernement conservateur est complice de la tragédie, selon l’AFPC / 98,5
http://www.985fm.ca/national/nouvelles/le-gouvernement-conservateur-est-complice-de-la-tr-252904.html
Sécurité ferroviaire: ce que dit la réglementation / Radio-Canada
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2013/07/10/001-reglementation-securite-ferroviaire.shtml
Et petit geste de relations publiques du CP et du CN aujourd’hui… http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2013/07/18/003-mesures-securite-renforcees-cn-cp.shtml
Pourquoi a-t-il fallu 50 morts pour que le bon sens se réveille soudainement?
Et du côté du gouvernement fédéral, « everybody is sleeping at the switch » comme on dit en anglais… Misère.
Au fédéral, on garde le profil bas, parce qu’on sait très bien qu’on a un part de responsabilité : des normes rabaissées en 2012 pour n’autoriser qu’un seul conducteur par train.
« Au cours des derniers jours, il est devenu évident que l’État fédéral a manqué à son devoir d’assurer la sécurité de la population canadienne dans un domaine qui relève entièrement de sa compétence, soit celui du transport ferroviaire.
En effet, selon un bulletin de nouvelles de Radio-Canada du 16 juillet, Transports Canada savait depuis 1995 que les wagons-citernes du type utilisé par la MM&A représentaient « un danger pour la vie lorsqu’ils déraillent ». Et, depuis lors, plusieurs autres rapports remis à Transports Canada ont souligné de graves lacunes dans la sécurité du transport ferroviaire. »
—— Source : http://www.vigile.net/Liberaux-et-Conservateurs
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Aussi, on découvre ici que les conducteurs seuls sur les trains de la MMA travaillent des 12 heures d’affilée :
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/383305/les-geants-prennent-les-devants
Je pense que toute cette histoire pourrait se terminer à la Cours suprême du Canada. Hélas! Je ne pourrai jamais faire confiance au gouvernement conservateur sous Harper.
Se pourrait-il que ce mutisme soit AUSSI commandé par la nécessité (seulement?) formelle de ne pas interférer avec l’enquête du BST et celle de la SQ, de ne pas faire des admissions dont on n’a pas encore les moyens, en principe, mais qui seraient mises à profit aussitôt dans la confection des recours ou de la défense? Toute cette situation a des ramifications qui intéressent désormais au moins autant le judiciaire que le politique. En bon héritier de la charte canadienne, j’aurais plutôt tendance à réclamer la plus grande circonspection aux politiques de tous les étages et de toutes les tendances… même s’il me semble aussi «évident» qu’à bien d’autres que cette tragédie n’est qu’une sale affaire «s’expliquant» parfaitement par le triomphe de la cupidité (je mets à la lecture de Stiglitz dans les prochains jours).
Voilà, tout se confirme ici quant à la gestion irresponsable du fédéral dans le domaine ferroviaire depuis plus de 15 ans : http://www.ledevoir.com/politique/canada/383388/ottawa-connaissait-les-limites-des-freins
Face à ce constat, libéraux et conservateurs à Ottawa sont coupables d’une grave négligence ayant mis en danger la sécurité des populations.
Le début d’automne sera très très chaud à Ottawa, car on exigera de rendre des comptes. Ouf!
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Monsieur Desjardins,
Je pense que la lecture de Stiglitz vous plaira, car ses propos sont d’une part autocritique, il montre que ladite science économique repose sur des bases beaucoup plus molles qu’on le pense et que les bases de celle-ci devraient être entièrement révisées; d’autre part, il a une position équilibrée où il défend l’importance des politiques sociales et reconnait aussi l’importance de l’initiative privée tout en l’encadrant mieux, plus particulièrement la haute finance spéculative. Il a une excellente pensée nuancée et critique. Ce n’est pas pour rien que c’est l’économiste le plus cité au monde. Il ne donne pas dans les pseudo catégorisations et généralisations faciles.
Rappelez-vous à quel point Lisa Raitt était pressée d’intervenir dans les conflits de travail d’Air Canada et de Postes Canada en imposant un retour au travail pour les grévistes, et en imposant des conventions collectives qui favorisaient la partie patronale? « La fragilité de l’économie » nécessitait de telles mesures d’après elle, et les projets de loi étaient presque déposés AVANT le début des grèves (sarcastique, mais dans les deux cas, les projets de loi ont été déposés moins d’une semaine après le début des conflits).
Nous voici maintenant DEUX SEMAINES après le début de la tragédie, et suite aux recommandations du BST, madame Raitt dit qu’elle va faire pression sur Transport Canada pour accélérer le processus… que 47 personnes soient décédées à la suite d’une incurie qui dure depuis plus de 15 ans n’a aucun effet sur sa fibre morale… Tout pour l’économie, et que les morts se taisent.
Finalement, il y aura possiblement du positif du côté d’Ottawa, voyons à quelle hauteur se chiffrera l’aide! Il n’y a pas seulement les compensations qui comptent ici, il faudra des procédures plus sécuritaires appuyées par Ottawa.
http://www.ledevoir.com/politique/canada/383459/lac-megantic-ottawa-s-apprete-a-s-engager-aupres-des-sinistres
On parle de 60 millions, ce qui n’est pas rien quand même. Mais côté réglementation, c’est encore le silence le plus total… Mais s’il s’était avéré que c’était une attaque terroriste, imaginez un instant à quel point les choses bougeraient du côté d’un gouvernement qui veut que les Canadiens soient en sécurité.
Un internaute à publié ça : ce jour « conservateurs et libéraux votent contre la motion de Olivia chow pour étudier la sécurité ferroviaire »
C’est complètement insensé dans les deux cas, c’est leur devoir dans le contexte, de revoir les normes reliées à la sécurité ferroviaire. Beurk aux libéraux et aux conservateurs! Je n’en reviens pas!