Les vacances! On ne trouverait pas meilleur moment pour réfléchir au travail.
Voici donc 20 petites idées (je serais Bernard-Henri Lévy que je les baptiserais des thèses…) qui vous feront peut-être méditer.
1. Paradoxe de Vian: on ne travaille, en fin de compte, que pour le supprimer.
2. Quelle serait, selon vous, la proportion de gens dans notre société qui continueraient de faire ce qu’ils font aujourd’hui pour leur salaire si on leur donnait tout cet argent sans exiger de travail en retour?
3. Existe-t-il un sens de ce mot qui ferait dire qu’il est juste de penser que certains, parmi ceux-là qui continueraient de faire ce qu’ils faisaient auparavant, travaillent vraiment? (Attention ici, car «mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde» — Camus.)
4. Il était assez courant, lors de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis, et pas seulement dans les milieux progressistes, de penser que la prochaine étape devrait être l’abolition du salariat, communément appelé «esclavage salarial». Cette expression et l’idée qu’elle véhicule sont-elles justes? Dans quelle mesure? Pourquoi?
5. Des propriétaires d’esclaves avançaient parfois l’argument suivant: on prend mieux soin de quelque chose qu’on possède que de quelque chose qu’on ne fait que louer. L’esclavage est donc préférable au salariat, même pour les personnes concernées. Votre avis?
6. Dans une société comme la nôtre, le salaire d’un individu est souvent, voire typiquement, inversement proportionnel à son utilité sociale. Votre avis?
7. Corollaire: dans une société comme la nôtre, les tâches socialement nuisibles sont souvent, voire typiquement, les mieux rémunérées. Qu’en pensez-vous?
8. Le mot travail provient de tripalium: «Instrument d’immobilisation et de torture à trois pieux utilisé par les Romains pour punir les esclaves rebelles; instrument servant aussi à ferrer de force les chevaux rétifs.» L’étymologie est-elle éclairante?
9. On devrait rémunérer les gens pour l’effort qu’ils mettent à accomplir des ensembles de tâches qui sont conçus de telle manière qu’ils soient comparables, en terme des satisfactions qu’ils procurent et des déplaisirs qu’ils causent, à tout autre ensemble de tâches accompli par tout autre membre de la société. Qu’en pensez-vous?
10. Il est possible, quand le travail est ainsi conçu, qu’une personne gagne deux, trois, voire quatre fois plus qu’une autre qui travaille aussi. Mais personne, jamais, ne peut gagner des centaines de fois (ou plus encore) plus qu’un autre qui travaille aussi. Votre avis?
11. Le travail devrait être librement consenti. Cet idéal est peut-être inaccessible, mais il serait honteux pour nous de ne pas le viser. Une bonne idée? Ou pas?
12. Qui est l’auteur des lignes suivantes: «Un homme qui passe toute sa vie à remplir un petit nombre d’opérations simples, dont les effets sont aussi peut-être toujours les mêmes ou très approchant les mêmes, n’a pas lieu de développer son intelligence ni d’exercer son imagination à chercher des expédients pour écarter des difficultés qui ne se rencontrent jamais; il perd donc naturellement l’habitude de déployer ou d’exercer ces facultés et devient, en général, aussi stupide et aussi ignorant qu’il soit possible à une créature humaine de le devenir.» (Réponse plus bas.)
13. Qui est l’auteur des lignes suivantes: «Humboldt nous demande de considérer un artiste qui a fabriqué un bel objet. S’il l’a fait sous la contrainte, par exemple pour un salaire, on peut, dit-il, admirer ce qu’il a fait, mais pas ce qu’il est. Mais s’il le fait librement, pour exprimer ce qu’il est, sans la contrainte du salariat, alors on admire aussi ce qu’il est: un être humain. Tout système économique décent sera fondé sur la prémisse que les gens ont la liberté de créer et de comprendre, ce qui est la nature des êtres humains, et cela en s’associant librement aux autres.» (Réponse plus bas.)
14. L’idée que c’est librement qu’un salarié se vend à un employeur est typiquement une triste farce. Mais certains ont un grand intérêt à ce qu’elle soit prise au sérieux. Qui donc?
15. «Avec mon salaire, ils se paient ma tête» (Prévert). Commentez.
16. Des décennies de croissance économique ininterrompue n’ont pas pu améliorer le sort des personnes aux plus petits salaires qui n’ont, honte à nous tous, que deux semaines de vacances par an. Êtes-vous d’accord?
17. Une société saine voudrait que chacun contribue aux tâches ingrates devant être accomplies et qu’on fasse tout en notre pouvoir pour minimiser cette somme de tripalium qui serait toujours équitablement répartie. Est-ce juste?
18. La plus grande entreprise autogérée au monde s’appelle Mondragon. Elle est au Pays basque, est énorme et existe depuis des décennies. Il est extraordinaire et pour tout dire scandaleux qu’elle ne soit pas plus connue. La connaissez-vous?
19. Et si MMA avait été autogérée?
20. Pour une entreprise donnée, estimez le nombre d’heures nécessaires pour effectuer l’ensemble des tâches devant être faites. Déterminez ensuite le nombre d’employés supplémentaires qui devraient être embauchés pour que tout le monde ait cinq semaines de vacances. Donnez trois moyens qui permettraient de réduire le coût de cette mesure.
Là-dessus, je vous laisse: je dois retourner travailler.
Réponses: 12) Adam Smith, père de l’idée du libre marché et de la main invisible. 13) Noam Chomsky.
« Bien courte et bien malheureuse est donc la vie de ceux qui se procurent avec de grands efforts ce qu’ils ne peuvent conserver qu’avec des efforts plus grand encore. Ils acquièrent avec peine ce qu’ils désirent et possèdent avec inquiétude ce qu’ils ont acquis. Mais jamais ils ne tiennent compte d’un temps qui ne reviendra pas: à d’anciennes occupations sont substituées de nouvelles, un espoir accompli fait naitre un autre espoir, l’ambition provoque l’ambition. On ne cherche pas la fin des peines, on en change juste la nature. »
– Sénèque, De la brièveté de la vie.
Parce que c’est l’été et qu’on parle de travail.
Parlant aussi de salariat, de travail et de servitude:
http://regulation.revues.org/9110?lang=en
« Mais il existe une énigme à résoudre. Comment le capitalisme peut-il réussir à « mettre en mouvement » les salariés pour les faire adhérer à des objectifs qui manifestement ne sont pas les leurs et qui, pire, sont ceux-là mêmes qui les plongent dans la servitude ? S’agit-il de la servitude volontaire qui semble caractériser beaucoup de rapports humains, telle que l’avait indiquée La Boétie ? Non, répond Frédéric Lordon : « La servitude volontaire n’existe pas. Il n’y a que la servitude passionnelle. Et elle est universelle. » (p. 35). Cette puissance des désirs et des affects peut s’exercer selon deux modalités principales : par les affects tristes et les affects joyeux. Le premier cas est simple à comprendre : le prolétaire, aiguillé par la faim, menacé à tout moment de chômage, est contraint de se soumettre au capital. Au cours du xxe siècle, le capitalisme fordiste avait amorcé un virage : les affects tristes étaient égayés par les premiers affects joyeux que l’accès à la consommation autorisait.
5Mais, désormais, le projet du capitalisme néolibéral va bien au-delà de procurer des affects joyeux « extrinsèques » comme dans le fordisme. Le néolibéralisme fonctionne sur la base d’affects joyeux « intrinsèques » qui visent à persuader le salarié qu’il va se réaliser dans son travail : réenchanter le travail pour en faire oublier la réalité le plus souvent sordide. « C’est donc l’activité elle-même qu’il faut reconstruire objectivement et imaginairement comme source de joie immédiate. » (p. 76) Ainsi s’instaure une domination bien plus efficace et aussi plus dangereuse car elle est totalitaire, c’est-à-dire vise à posséder de l’intérieur la totalité de l’individu : « subordonner la vie et l’être entiers du salarié comme y prétend l’entreprise néolibérale » (p. 107). Le subsumer entièrement, disait Marx. Il s’agit donc d’enrôler l’individu par ces affects joyeux, le mettre en mouvement pour que le désir de l’autre devienne sien. «
D’une certaine façon, il y a un corrolaire entre le salariat et le « plus vieux métier du monde »!
L’on se vend pour un peu d’argent….
Notre grand Félix Leclerc avait aussi mis son grain de sel : « Non vraiment j’y tiens la meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à ne rien faire. »
Bon, ayant un intérêt bien débutant pour la philosophie économique, je vais me plonger.
1. Arendt fait une distinction intéressante entre le travail (« labour ») et l’oeuvre (« work »). Le premier étant l’accomplissement des tâches dans d’assurer la survie du corps et le second dans le but de modifier les conditions physiques de l’existence (en créant de objets qui sont durable et qui modifient le monde dans lequel nous vivons). Dans une telle perspective, on peut vouloir réduire le travail de chacun tout en cherchant à créer des oeuvres.
2. Trop peu, et c’est problématique.
3. Voir #1. Le concept de « travail » souffre d’homonymie trompeuse.
4. Si l’idée est intéressante, par quels moyens peut-on remplacer le travail rémunéré pour assurer une certaine équité des échanges que font les gens (parce qu’au final, pour Smith comme pour Marx, la valeur de l’argent est celle du travail)?
5. Fausse analogie. Un humain n’est pas une chose. Un esclave a des intérêt qui lui sont propres qui ne correspondent pas à ceux de ses maître. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, selon Smith, l’esclavage est inefficace économiquement.
6. Avec les outils financiers modernes (corporations, actions, dérivés, ventes à découvert), les revenus des plus riches deviennent une question de positionnement dans le marché (par leur avoir) plutôt qu’une question de services rendues au marché (par leur efficacité, leur savoir, leur être). Contrôlant l’offre sur l’investissement, ils peuvent, comme classe sociale, retirer plus que la valeur de ce qu’ils font vraiment comme tâche.
7. Voir #6.
8. Je ne fais jamais confiance à l’étymologie. Et voir #1 et #3.
9. Les salaires sont, grosso-modo, gérés par l’offre et la demande, ce qui comprend le positionnement dans le marché. Si on veut faire autrement, il faut trouver des moyens d’ordre politique. Cependant, jouer avec les prix (les salaires étant les prix du travail) peut souvent avoir des effets pervers.
10. Un revenu maximum prescrit par la loi (disons 100x le salaire minimum). Puisque, passé un certain seuil, la majorité des achats sont du « competitive social spending », beaucoup dans le marché de prestige (où le prix n’a rien à voir avec la valeur réelle des choses), vouloir plus revient vraiment à une forme de maladie mentale.
11. Bonne idée. Quoiqu’encore une fois, selon #1, la condition humaine nécessite quand même de maintenir notre corps. Ça ne se fera pas sans travailler, au moins un peu, jusqu’à l’invention des robots.
12. Smith voterait pour Québec Solidaire.
13. Chomsky aussi!
14. Les intérêts dominants ont effectivement intérêt à faire croire que les dominés ont librement consenti à se faire abuser. La pilule passe mieux quand on la veut.
15. Les employeurs aiment beaucoup la notion du « devoir de loyauté » que l’on retrouve dans le droit du travail.
16. Oui. On doit beaucoup de cette situation aux nouveaux outils financiers qui ont permis de doper la demande sans augmenter les salaires. On laisse les travailleurs (comme classe sociale) emprunter pour acheter la valeur qu’ils produisent réellement. Ainsi, les investisseur peuvent récupérer par-dessus les intérêts. Ça marche pour un temps, mais c’est un cercle vicieux qui finit par s’auto-détruire.
17. Belle idée. Peut-être inefficace cependant. Globalement, on retire beaucoup de la division du travail. Serait-ce vraiment plus efficace de forcer une ingénieur, une médecin et une physicienne quantique à perdre leur temps et leur énergie à laver des toilettes? Il serait peut-être mieux pour le concierge de s’acquitter de cette tâche alors que la médecin à plus de temps pour voir ses patients (dont des concierges). On devrait plutôt s’assurer que le concierge est rémunéré suffisamment pour le travail qu’il fait.
18. Valve, une grande et jeune compagnie informatique, fonctionne aussi de la sorte. Elle est plus productive que Google et Microsoft.
19. 50 personnes de plus en vie.
20. a) Tout le monde travaille un peu moins. Ironiquement, ça pourrait être plus efficace. b) Par une structure efficace et décentralisée, diminuer la gestion. C’est un des seuls domaines où l’augmentation de la main d’oeuvre entraîne une diminution de la productivité. c) Faire dans le pétrole ou les mines et obtenir des subventions des gouvernements. Rien de tel que d’être un gros investisseur pour avoir droit au vrai BS.
Ok.. la dernière est une boutade, mais c’est bien la seule.
Étrangement, ou naturellement, je ne me suis pas beaucoup senti personnellement concerné par votre bel éventail de considérations relatives au travail, Monsieur Baillargeon.
Autre que l’obligation qu’il y a de gagner sa vie, pour arriver à payer ce qu’il faut payer, je n’ai jamais accepté ni voulu m’enchaîner à un quelconque travail. J’ai donc misé sur ce qui m’allume. Des avenues où la créativité permet de se faufiler. Là où sont plus rares celles et ceux capables de me suivre, et donc de parvenir ainsi à me démarquer.
Et surtout, là où la liberté de l’horaire est totale.
Ce n’est pas que l’on fait alors peu. Au contraire, quand on fait ce qui nous allume, on fait toujours beaucoup plus. Avec plaisir.
Et des vacances? On n’y pense même pas. Car, quand on fait dans la vie ce qui nous motive instinctivement, c’est un peu comme si on était perpétuellement en vacances.
Bon, je reconnais néanmoins que cette approche ne saurait convenir à tout le monde. Et je le déplore. N’empêche que plusieurs pourraient briser leurs tristes et encombrantes chaînes et enfin faire ce qu’ils voudraient vraiment faire. Et s’en porter de loin beaucoup mieux. À tous les égards.
Suffit peut-être de s’arrêter et de faire le point…
ne pouvant s’agir d’écriture, claude, quelle fut donc cette activité qui te permit de glaner des tunes en échange des fruits de ta belle créativité?
N’empêche ce qui vous permet de gagner votre pitance, il faut bien quelques personnes soient « enchaînées » a leurs travaux!
Pour ce qui est de la liberté d’horaire totale, c’est l’exception dans ce monde où le client établit l’échéance…
Wow! Il y a de quoi méditer là-dedans.
Un grand merci de cet effort colossal et de ce partage. J’espère que d’autres réagiront ou vous imiteront.
Tel que suggéré, ce sujet de « méditation colossale », le « travail », commande tellement d’efforts de pensée et de connaissances, qu’un citoyen moyen devra se contenter le plus naturellement du monde du » ± peu » qui s’offre à lui dans le milieu où il s’est trouvé à naître (géographique, religieux, familial, social, éducatif, etc) et ce, compte tenu de « ses intelligences ». Alors, on ne peut effectivement que remercier les personnes qui, avec plus ou moins de succès, ont tenté et tentent toujours d’alléger le sort des êtres humains qui se doivent de constamment respirer puis de bouger en raison de la faim qui les tenaillent. L’abolition de l’esclavage et les progrès de la sciences dans tous les domaines, entre autres, ont certes eu l’effet d’augmenter le « capital de bonheur » dont peuvent aujourd’hui disposer certaines sociétés. Aussi, bien des fois, ce sont de « petits riens ou changements » dans les relations de travail qui permettront d’y arriver, petits riens ou changements qui, avouons-le, sont aussi assez souvent le fruit d’un effort de pensée et/ou de compassion. En tous les cas,. M. Baillargeon, félicitations pour les « 20 petites idées » fort intéressantes et souvent justes, en tous les cas pour le soussigné retraité depuis 11 ans après une carrière de juriste (patronal !, ayoye) en « relations de travail » dans la fonction publique québécoise et universitaire. Sincèrement, PP.
Ouff, en effet, que de matière à méditer. Au bout du compte, on ne peut passer outre le phénomène de dominance des uns sur les autres et ses causes sous jacentes.
À ce sujet, je reviens toujours à Laborit…mais aussi tant d’autres qui ont abordé la question sous maint angles…
Dernièrement, Joël de Rosnay publiait un hommage à ce visionnaire polyvalent.
» Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. »
« L’homme entretient de lui une fausse idée qui sous la pelure avantageuse de beaux sentiments et de grandes idées, maintient férocement les dominances » (H-L) »
http://lionel.mesnard.free.fr/le%20site/henri-laborit.html
«
Je vous partage une autre page des plus intéressantes, pour ceux et celles que ça intéresse.
La force de Laborit, pour faire court, est de savoir intégrer en une vision globale les aspects à la fois biopsychosociophilosophiques…
http://biopsychosociology.blogspot.ca/
Encore moi. Comme apéro à cette méditation colossale, bu par le soussigné il y a à peine un mois, le livre tout récent « La mesure de l’homme » de Daniel Jacques, prof de philo à Québec, permet de mieux entrevoir ce qu’est un être humain par l’analyse des pensées des philosophes de l’Antiquité jusqu’à nos jours qui tentaient de répondre à la question existentielle posée par n’importe qui ayant eu l’honneur de vivre assez longtemps à savoir : qu’est-ce qui différencie de façon absolument certaine l’homme de la bête ou, encore, y a-t-il une clôture étanche entre le propre de l’homme et celui de l’animal ? Je ne vous donnerai pas la réponse. Mais, tout au long de la lecture jusqu’à la fin, on constate avec bonheur qu’on progresse vraiment dans notre compréhension de la vie humaine jusqu’à ce qu’on nous explique que la bonne idée du paragraphe ou du chapitre précédent n’était pas une si bonne idée même si un homme de génie l’avait émise ! Curieusement, une conclusion s’est imposée au soussigné (de nature pas très tolérante): une certaine tolérance est certes souvent de mise même envers celles et ceux qu’on a tendance à mépriser pour leur ignorance ou manque de culture car il se peut que des hommes de génie les aient déjà émises. Amen ! P.S. « Devoir de vacances », parlez-moi d’un titre qui fait sourire dans les circonstances: c’est pire qu’une retenue !
Dans le même ordre d’idée, M Pinsonnault, il y a le « petit » dernier de Thomas De Koninck, oeuvre colossale: Questions ultimes
http://www.press.uottawa.ca/questions-ultimes
Tel que vous le mentionnez concernant Daniel Jacques, De Koninck revient également au savoir connu mais oublié de l’humanité. C’est ce que j’entendais par: les réponses existent bel et bien pour qui est habilité à les trouver et les comprendre, en commentaire au sujet de la chronique précédente de Normand.
Dans cette vision ambiante, linéaire et matérialiste athée, est plus souvent qu’autrement rejeté le savoir ancien. Ce qui est récent, nouveau, serait forcément meilleur que ce qui est vieux et passé. Or cette façon de voir est fausse, l’histoire est faite de cycles, les civilisations naissent, vivent et meurent, les cultures aussi. Les archétypes, eux, l’universel, ne change pas. Ce qui était vrai il y a 2500 ans concernant la nature de l’homme, l’est toujours aujourd’hui.
Tout est dans les notions de tradition et de transmission. Pour qu’il y ait évolution possible, il doit y avoir transfert entre les générations. Et bien sûr, il importe de savoir ce qui est transféré et comment…
Ces notions, avec la modernité, nous les avons perdues. Notre éducation centrée sur la technique ne fait rien pour améliorer les choses car nous le voyons bien, la technique utilisée à mauvais escient fait davantage de dommages que l’ignorance. Ou encore, la différence entre connaître et savoir…
Si nous avons améliorer nos connaissances sur la forme des choses, dans le détail, il n’y a qu’à regarder la marche actuelle du monde pour constater combien le manque de vision, de sens, est lourd de conséquences.
Pour finir, quant aux idées de génie…l’on dit souvent que tous les géants sont montés sur les épaules d’autres géants…
Bons sujets de dissertation… mais je fais l’école buissonnière, donc je ne ferai pas mes devoirs.
J’ajouterais plutôt un autre sujet pour les bourreaux de travail: commentez la malédiction biblique « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front« . Est-ce qu’elle implique que le travail est une punition divine? Un Paradis sans travail est-il concevable ou bien, paradis et travail sont-ils des antonymes?
Ce devoir de vacances et sa discussion me ramènent en tête ce passage du Capital : « Le royaume de la liberté se situe là où l’on cesse de travailler par nécessité ou opportunité imposée de l’extérieur. »
Il semble que les vacances vous aient reconnecté à votre conscience! la conscience originelle et non la conscience généralisée!
Les vacances sont faites pour cela puisque c’est une période de vacance où l’on est sensé être vacant donc apte à capter ce qui n’est plus conditionné. Vacant = inoccupé, donc libre.
Nous avons beaucoup aimé la recherche que vous avez eu sur le fait de savoir si le travail est une vérité.
Si chaque couple mettait dons et talents en commun et au service de leurs propres besoins, le travail n’existerait plus puisque leurs occupations deviendraient leur gagne pain tout simplement.
Plus de rivalités, plus de stress, plus de course au fric.
La vie nous a doté (c’est notre dot) chacun d’un don particulier.
La seule condition (sans se conditionner) mais plutôt le seul acte que nous ayons à accomplir, c’est le voyage intérieur, le seul qui nous permette de nous reconnecter avec le vrai soi intérieur pour y trouver le talent que la Vie a déposé en chacun de nous.
À ce moment-là nous pouvons le développer et c’est lui qui nous permettra de combler nos besoins. Nous aurons mis l’Amour devant et l’argent utile à nos besoins suivra.
Nous, nous sous sommes découverts aussi le don commun de la photographie et vous verrez sur notre boutique en ligne http://www.galeriephotospararov ce que nous avons eu la joie de réaliser ensemble (en-sang-bleu, la véritable noblesse de la Vie).
Simpliste ? Non, Vrai.
La Vie est simple
Le bonheur est simple
La vérité est simple
Pour vous, Cher Normand (sans prise de tête)
Réponse à Ed (le cancre) qui sera bien content de la réponse mais qu’il ne faut pas ébruiter car, selon un (ancien) économiste dont je ne me rappelle plus le nom, ça prend 400 pauvres pour faire un riche. Entre ma première lecture de vos deux questions, le hasard me fit écouter Radio Ville-Marie. Un exégète expliquait la prière Notre Père où on Lui demande de nous « donner notre pain quotidien ». J’ai pu comprendre au bout du compte que, quelque soit l’une ou l’autre des quatre interprétations des deux termes grecs qualifiant le « pain » dont il s’agit, il s’agit bien d’un « don » de Dieu. Qui dit « don » dit « gratuit ». Exit alors la nécessité du travail chaque jour pour n’importe qui ! Bref, les Évangiles, plus modernes que la Bible, auraient placé la barre moins haute pour avoir le droit de manger. Tant qu’à y être, en parlant de « don » seulement, il a expliqué que le pardon constitue aussi un don de Dieu. Ce que j’ai mal compris parmi les explications fournies, c’est qui (rabbins, apôtres, exégètes?) a eu l’idée qui voudrait que, côté pardon, nous serions tous « insolvables » (d’où la miséricorde divine). Voilà ! (o:
M. Mercure. Afin d’alimenter (c’est le cas de le dire) la discussion, je soumets à votre appréciation quelques autres chiffres fournis par la source que vous citez au point 10, Jean Ziegler (et non Zigler).
– 31 mars 2012 – JZ à l’émission Ça me dit de prendre le temps : «37 000 personnes meurent de faim par jour» (http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2012/CBV/Cameditdeprendreletemps201203310940.asx, 1:00);
– 8 avril 2012 – JZ à l’émission Tout le monde en parle : «Près de 100 000 personnes meurent de faim chaque jour» (http://www.tagtele.com/videos/voir/82416, 00:57);
– 21 avril 2012 – JZ à l’émission Coup de pouce pour la planète (TV5 Monde) : «57 000 personnes meurent de faim tous les jours» (http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Revoir-nos-emissions/Coup-de-pouce-pour-la-planete/Episodes/p-21141-Jean-Ziegler.htm, 1:45);
– 10 avril 2012 – Citant JZ, Serge Truffaut nous apprend dans Le Devoir que : «Toutes les 15 secondes, un enfant de moins de dix ans succombe» (http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/347027/crise-alimentaire-banalite-du-mal). Dans les trois interventions de JZ précitées, c’était à toutes les 5 secondes.
Bref, choisissez la statistique qui vous convient! Tout cela en l’espace de trois semaines de blitz médiatique. Et Ziegler d’en remettre le 15 juin 2013 à l’émission La Semaine verte : «Toutes les 5 secondes, un enfant en dessous de 10 ans meure de faim, 100 000 personnes meurent de faim tous les jours» (http://www.radio-canada.ca/emissions/la_semaine_verte/2012-2013/chronique.asp?idChronique=298538, 1:55).
Comment expliquer ces brusques oscillations statistiques en rafale, chez un homme qui se dit sociologue? Nous pourrions bien sûr les mettre sur le compte de la sénilité. Ou sur celui de l’incompétence pure et simple, celle qu’avait décelée dès 1974 le grand historien français Jean-Pierre Chrétien, spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs, dans son compte rendu du livre de JZ Le Pouvoir africain, dont voici un extrait :
«Nous pourrions donc nous contenter […] de faire la liste des erreurs en forme de sottisier. Cela dépasse en effet les limites du tolérable : bibliographie lacunaire et malmenée, orthographe fantaisiste des mots africains, dates et statistiques improvisées (d’une page à une autre la date d’un coup d’État change, le nombre de vaches qui est cité devrait être multiplié par 30, etc.), auteurs cités à tort et à travers ou recopiés maladroitement, faux sens de traduction, définitions géographiques voire sociologiques flottantes, récits romancés, parfois comiques (involontairement) comme cette allusion aux tissus en écorce d’eucalyptus (au lieu de ficus) ou cette fête des semailles décrite à peu près comme un baptême villageois du XIXe siècle, mythologies européennes à l’état caricatural (invasions venues du Caucase, princes barundi traités de latifundiaires). Et soudain on passe de ces visions exotiques à la IIIe Internationale.» (http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1974_num_29_2_293471_t1_0304_0000_010).
Nous pourrions enfin nous rappeler ce principe formulé par Joseph Goebbels, ministre de la propagande sous le Troisième Reich : «Nous ne parlons pas pour dire quelque chose, mais pour obtenir un certain effet.» C’est ce que Jean Ziegler appelle pour sa part «contribuer à l’insurrection des consciences»… en disant ce qui lui passe par la tête. C’est sa mission divine, comme en fait foi cette déclaration ingénue tirée du film hagiographique que lui a consacré Élisabeth Jonniaux en 2010, Jean Ziegler contre l’ordre du monde : «Je crois à la Providence. Dans ma vie, il y a des choses… Le bon Dieu m’a donné cette position-là, donc je l’utilise.» (http://www.tagtele.com/videos/voir/72151, 18:21 à 18:37).
Mais de quelle insurrection parlons-nous au juste? Ziegler précise sa pensée sur ce point dans une interview accordée à la Radio télévision suisse en 1980 (http://www.rts.ch/archives/tv/information/a-temoin/3443281-jean-ziegler.html). Nous y voyons l’ancien ami de Che Guevara soutenir tour à tour :
1) que l’URSS a eu raison d’envahir l’Afghanistan pour «aider les forces vives du peuple afghan à se libérer d’un système religieux rétrograde»;
2) que Khomeiny a également eu raison de proclamer la République islamique en Iran car, dans ce cas-ci, voyez-vous, «l’appareil religieux peut avoir une fonction libératrice et progressiste»;
3) qu’on a eu raison de soutenir Pol Pot et son gang génocidaire car, jusqu’en 1975 du moins, «les communistes Khmers rouges incarnaient l’espérance» pour le peuple cambodgien.
Édifiant, non? Trois décennies plus tard, en février 2011, l’incorrigible Ziegler déclare sur les ondes de la Radio suisse romande : «La révolution cubaine est une explosion de lumière (sic).» Faut-il aussi rappeler que cet ami des affamés a servi de conseiller au dictateur marxiste Mengistu Haile Mariam en 1986 pour l’élaboration d’une constitution instituant le pouvoir d’un parti unique, permettant ainsi au «Négus rouge» d’organiser méthodiquement une famine en Éthiopie avant de trouver refuge auprès de Robert Mugabe, l’affameur du Zimbabwe (également soutenu par Ziegler)? Que WikiLeaks a diffusé en 2011 des documents envoyés depuis dix ans par les responsables du Programme alimentaire mondial au Secrétaire général de l’ONU concernant «l’incompétence et les agissements politiques» de Ziegler, dont l’action aurait entravé la lutte de l’ONU contre la faim (http://wikileaks.org/cable/2002/11/02ROME5540.html)? Que Ziegler figure parmi les cofondateurs du prix Mouammar Kadhafi des droits de l’homme (ça ne s’invente pas!), prix dont il fut lui-même lauréat en 2002, aux côtés du philosophe négationniste et islamo-communiste Roger Garaudy? (Voir à ce sujet le reportage de la Télévision suisse http://www.youtube.com/watch?v=N3LksIV0D0o)? Que Ziegler, en 1986, «avait publié deux versions d’un ouvrage écrit avec un apparatchik soviétique, l’une dans la ligne du Kremlin pour les lecteurs russes, l’autre adapté par ses soins pour le public occidental» (http://malkamarcovich.canalblog.com/archives/2008/03/25/8455479.html)? Ou que Ziegler a proposé en 2003, le plus sérieusement du monde, que la Suisse accueille Saddam Hussein en exil (http://www.rts.ch/video/info/journal-12h45/559248-presse-jean-ziegler-et-si-la-suisse-accueillait-saddam-hussein-en-exil.html)?
En conclusion, faut-il considérer Ziegler comme un héros de la Lutte Finale Contre l’Impérialisme et le Capitalisme Sauvage, ou plutôt comme une crapule et un imposteur? Soyons charitables et contentons-nous de dire que Ziegler fait partie de ces intellectuels qui confondent l’esprit critique inspiré par l’éthique scientifique avec l’esprit DE critique guidé par l’éthique de conviction, au sens émotionnel et contestataire du terme. Suis-je réactionnaire de penser ainsi? Peut-être. Ni plus ni moins, cependant, que la militante féministe et laïciste Caroline Fourest, qui a fait paraître dans la revue ProChoix un article intitulé «Jean Ziegler : un rapporteur partiel et partial » (http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2009/03/23/2151-jean-ziegler-un-rapporteur-partiel-et-partial).
Dans mon commentaire du 3 août je rapportais une mention selon laquelle ça prendrait 400 pauvres pour faire un riche. Je viens de lire ceci dans Protégez-vous qui est plus d’actualité au sujet du travail. On y parle d’esclaves.
Combien d’esclaves travaillent pour vous? Ajouter à vos signets
Par Ariane Desrochers
Mise en ligne : 29 août 2013
Comment savoir si vos biens de consommation ont été confectionnés par des travailleurs forcés? Vous pouvez calculer votre empreinte-esclave grâce au site américain slaveryfootprint.org.
À Darjeeling en Inde, de jeunes garçons travaillent comme
porteurs plutôt que d’aller à l’école. Photo: Shutterstock
Sur le même principe que les sites qui calculent votre empreinte écologique, un site Web vous permet dorénavant d’examiner votre mode de vie afin de déterminer combien de travailleurs forcés se cachent derrière vos achats: slaveryfootprint.org.
Slavery Footprint définit le travail forcé par l’absence de rémunération ou l’exploitation économique sans possibilité d’y mettre fin.
L’organisme sans but lucratif californien base notamment ses résultats sur un rapport du département d’État américain portant sur le trafic humain en 2011.
Comment cela fonctionne?
Pour connaître votre empreinte-esclave, vous devez répondre à 11 questions. Qu’est-ce qui se trouve dans votre assiette, dans votre armoire de salle de bain? Quel est le contenu de votre garde-robe? Quels sports pratiquez-vous?
Il existe 27 millions d’esclaves dans le monde, selon le plus récent rapport du département d’État américain (2013).
Également disponible grâce à une application mobile pour iPhone et appareil Androïd, l’interface du questionnaire est simple et interactive. L’exercice se révèle toutefois très approximatif, puisqu’il vous sera difficile de déterminer avec exactitude le pourcentage moyen de votre consommation de poissons et fruits de mer, ou encore le nombre de pantalons que contient votre garde-robe.
Sensibiliser les fabricants
Inutile de vous alarmer si vous arrivez à un résultat de 80 esclaves. L’objectif de Slavery Footprint est avant tout de vous sensibiliser à cet asservissement des temps modernes, puis de vous inviter à passer à l’action par l’entremise de Facebook.
Vous pouvez non seulement partager vos résultats, mais aussi contacter les fabricants de votre choix pour les inviter à embrasser la campagne Made in a Free World, qui les incite à éradiquer le travail forcé de leurs chaînes d’approvisionnement. La campagne comprend aussi un volet terrain pour libérer des enfants ghanéens de l’esclavage, qui pourrait ensuite s’étendre à d’autres pays.
L’esclavage des temps modernes
• Slavery Footprint fait remarquer que les paillettes qu’on trouve dans le maquillage proviennent du mica extrait des mines de l’Inde par des dizaines de milliers d’enfants.
• 21 heures par jour, un mois d’affilée. C’est ce que travaillent les employés des manufactures chinoises de ballons de soccer pendant la haute saison.
• Les champs de coton de l’Ouzbékistan fonctionneraient grâce au travail forcé de 1,4 million d’enfants.
Protégez-Vous visite une usine en Chine
Les 1 300 employés de Guangzhou Hongcheng Shoes, produisent des chaussures pour enfants. Beaucoup de chaussures. Plus de deux millions de paires en 2010.
Café équitable: les vrais de vrais
Vous avez envie d’un café de qualité, équitable de surcroît? Quelques pistes pour vous aider à faire votre choix.