Consternation et beaucoup de points d’interrogation, cette semaine, dans le monde de la physique et de l’astronomie: l’immense Stephen Hawking (oui, oui: le physicien en fauteuil roulant) a en effet publié un bref article dans lequel il semble remettre en question la définition traditionnelle des trous noirs – ou du moins certains aspects de ce qu’on croyait en comprendre.
Je n’entrerai pas dans le détail de cette affaire, notamment parce que je suis trop ignorant de ces choses. Mais disons simplement que ces étranges objets que sont les trous noirs posent depuis toujours de troublantes et difficiles énigmes aux scientifiques et que Hawking a apporté de profondes contributions à la résolution de certaines d’entre elles. Or, dans cet article, il semble remettre en question beaucoup d’idées acceptées depuis longtemps et même certaines de celles qu’il avait lui-même avancées.
En science, ce genre de remise en question est courante. Et bienvenue. En fait, on pourrait même définir la science empirique et expérimentale comme un effort obstiné à toujours proportionner ses convictions aux preuves disponibles, en acceptant donc de les réviser à la lumière de celles-ci.
Sachant cela, comme il était frappant de recevoir, en même temps que cette discussion sur les trous noirs, de la part de quelques journalistes – toujours les mêmes –, les sombres pronostics de certains économistes – eux aussi toujours les mêmes –, sur l’état des finances du Québec et ce qu’ils préconisent de faire.
Oh! Comme il est sombre cet effrayant trou noir de nos discussions sur l’économie. Un vrai festival du sophisme et du martèlement de demi-vérités destiné à faire peur au monde avec les sempiternelles usées ficelles rhétoriques. Let me count (some of) the ways!
Confusion conceptuelle: Une dette, vingt dieux!, cela n’a de sens que lorsqu’elle est rapportée à des actifs et que si l’on considère ce qu’on acquiert par elle. Ici, les actifs sont énormes et ce qu’on se paie, ce sont des services de santé, d’éducation, de protection de l’environnement, de solidarité sociale et j’en passe. Cela doit être dit dans toute discussion sur la dette.
Occultation de données pertinentes: Le saviez-vous? À présent, le FMI lui-même déplore et décourage les politiques d’austérité que l’on nous presse d’instaurer. Et les travaux de Reinhart et Rogoff sur le seuil critique du ratio de la dette par rapport au PIB, utilisés pour promouvoir ces politiques, ont été discrédités.
Occultation de données pertinentes (bis): Comment expliquer qu’on ne parle jamais du fait que l’économie est hors de toute proportion spéculative depuis le démantèlement de Bretton Woods? Un mystérieux trou noir, faut croire…
Occultation de données pertinentes (ter): On ne parle presque jamais de ce que nombre de nos problèmes viennent de la plus récente (2008) de ces crises financières dans lesquelles notre économie financiarisée ne cesse et ne cessera de nous plonger.
Utilisation d’un vocabulaire émotif chargé et trompeur: «C’est à nos petits-enfants qu’on laisse cette terrible dette.» Mais ils la devront à nos petits-enfants! Et si ce n’est pas le cas, c’est le déficit commercial (créé par Bombardier, par exemple, qu’on subventionne et qui fait faire ses bidules ailleurs) qui en sera responsable. Et puis, parlant de dette envers nos petits-enfants, comment comptabilisez-vous celle de leur léguer une planète où il est impossible à des humains de mener une vie décente? Où une société où les inégalités croissantes que nous connaissons s’accentuant encore risquent de causer un climat social qui menace la sécurité de tous et rend impossible l’exercice d’une vraie démocratie?
Appel à la peur: «Cette dette est une véritable bombe si rien n’est fait, etc.»
Recours à des concepts qu’il vaudrait mieux oublier: Comme ce PIB, par exemple. L’IDH (indice de développement humain) d’Amartya Sen et Mahbub ul Haq, vous connaissez? C’est mieux…
Recours à des données impressionnistes: Le PIB moyen. Oui, mais que signifie-t-il? Et que se paie-t-on avec lui? Par exemple, que doit payer en santé et frais de scolarité de ses enfants l’habitant de l’Oregon utilisé comme point de comparaison?
Je continuerais longtemps, mais on l’aura compris: je suis profondément indigné devant la pauvreté de cette pensée économique présente dans le débat public et qui ne sait, semble-t-il, rien faire d’autre que nous proposer d’appliquer encore les mêmes vieilles recettes qui nous ont conduits où nous sommes.
J’ignore si, et le cas échéant jusqu’où, ce mal caractérise l’économie elle-même comme champ disciplinaire. Mais pour ce qui est de l’économie telle qu’elle est utilisée dans la conversation démocratique, je ne crains pas de le dire: elle ressemble plus à une matraque dont on se sert pour frapper sur les plus faibles, à une machine à décerveler les populations et à un outil pour faire en sorte que les politiques publiques vont encore et toujours dans le sens que privilégient ceux et celles qu’elles privilégient.
On a devant tout cela le sentiment d’une discipline en panne d’imagination et on attend, impatients, que se forme une association d’économistes indignés – car il en est – qui auraient autre chose à proposer.
On repense à Keynes, aussi, à un moment où le monde se trouvait dans une situation à certains égards semblable à la nôtre. Le capitalisme, disait-il, «n’est pas un succès. Il n’est pas intelligent, il n’est pas beau, il n’est pas juste, il n’est pas vertueux – et il ne livre même pas la marchandise! Bref, nous ne l’aimons pas et nous commençons même à le mépriser. Mais si nous nous demandons ce que nous pourrions bien mettre à sa place, nous devenons extrêmement perplexes.»
Il a, lui, eu le mérite de reconnaître ce fait et de chercher quelque chose de plus juste, de plus beau et de plus intelligent.
Bon article, mais cette fameuse « science » ferait bien de faire très attention à elle, Normand ! Ce qu’on appelle « la science », au singulier, est, bien souvent, dans les faits, un conglomérat arbitraire, autoproclamé et lui aussi pourri de lobbyisme.
Je prends pour exemple cette infirmière d’Info-Santé (811) — formée, comme il se doit, dans une école de médecine qui brandit bien haut l’étandard de LA science — qui me dit que, pour me guérir d’une pneumonie, je dois aller consulter un médecin qui me prescrira des antibiotiques. Quand je lui demande s’il n’y a pas des produits naturels qui pourraient m’éviter une longue attente, elle me rétorque, sur un ton de mépris : « Vous croyez à ça, vous ! ». Des médecins m’ont déjà fait le même genre de répartie. Qui donc leur met ça dans la tête, sinon le lobby des industries pharmaceutiques qui manipule les écoles de médecine ?
Comme je l’ai trouvé sur internet et expérimenté par moi-même, prendre six gousses d’ail crues par jour et se faire des cataplasmes à la moutarde, eh bien, ça marche ! Et ce n’est pas de la science, toutes ces expérimentations qui se font dans les cuisines depuis des siècles et qui se raffinent avec le temps ? Est-ce seulement qu’on n’a pas de preuves cliniques de l’efficacité de l’ail ? ~Qui~ finance les recherches ? Pas assez payant, de financer une recherche sur l’ail ? On veut vendre de la pilule, faire du cash, mais pas faciliter la vie aux gens ?
Et ces fameux antibiotiques ? On sait très bien qu’ils créent une sélection artificielle qui fait évoluer virus et bactéries à la vitesse grand V, mais on continue de les prescrire allègrement et fort lucrativement. Ah, elle est dans de beaux draps, aujourd’hui, la « science » !! Ces antibiotiques me font d’ailleurs penser aux taux d’intérêts. Ça aide ponctuellement ceux qui ont les moyens de s’en procurer et surtout de se procurer de toujours ~nouveaux~ antibiotiques (parce que les anciens sont rendus inefficaces), mais ça rend la vie plus difficile aux autres, qui ont moins de moyens, et à tout le monde, en fin de compte. En plus, ça tue la flore intestinale.
Et puis, tandis que je suis sur le sujet, je vais te dire bien franchement, Normand, que je trouve que l’adulation que tu as pour « la science » me fait penser, bien souvent, à l’aveuglement volontaire de cetains ecclésiastes, cette adulation qui te fait dire, avec une prétention qui n’est pas digne de toi : « Dieu n’existe pas ! ». Je veux bien croire qu’on n’en ait pas de preuve et je n’aime pas moi-même ce concept qui me semble frauduleux, mais a-t-on la moindre preuve de son inexistence ? Non, et c’est pourquoi, en toute probité intellectuelle, je ne peux qu’être ~anathée~.
J’espère, mon cher Normand, que tu vas bientôt mettre un peu d’eau dans ton vin de messe à la gloire de « LA science » et te repentir de tes péchés en nuançant tes propos et ce, vingt fois plutôt qu’une. (Que penses-tu de la qualité de mon autodéfense intellectuelle, en passant ?^)
Allez, au plaisir de te lire et de te voir, peut-être, remettre toi aussi en question tes convictions !
Il faudra relire l’article!
Que que dit en gros M. Baillargeon, et ce qui fait la beauté de la science, c’est qu’elle se remets continuellement en question… et qu’elle évolue!!!
Ta « pneumonie » auto-diagnostiquée se guérit peut-être avec de l’ail ouais. L’effet placebo tu connais?
Il faudra relire ma réponse !
Je souligne :
« _Ce_qu’on_appelle_« la science » , au singulier, est, _bien_souvent_, _dans_les_faits_, un conglomérat arbitraire, autoproclamé et lui aussi pourri de lobbyisme. »
Que la science se remette continuellement en question et évolue, c’est peut-être vrai, mais je parle de _Ce_qu’on_appelle_«_la_science_»_. Et cette dernière chose est hybride et impure, pour dire le moins. Elle se drape pourtant de toutes les vertus de la méthode scientifique qui, elle, n’a rien de mauvais en soi.
« On veut vendre de la pilule, faire du cash, mais pas faciliter la vie aux gens ? »
— J’aurais dû ajouter : « Pas trouver la vérité ? ».
M. Mir,
Tout d’abord je pense qu’il est important de faire certaines distinctions importantes à la suite de votre commentaire.
Les antibiotiques sont utilisés contre les bactéries seulement. Si votre infection est virale, l’antibiotique n’a aucun effet. D’où l’importance de faire une culture bactérienne avant de commencer un traitement antibiotique. La résistance aux antibiotiques vient d’une trop grande utilisation lorsque cela n’est pas nécessaire mais également à une mauvaise prise du dit traitement.
De plus, plusieurs études ont déjà été faite pour démontrer les ingrédients actifs de l’ail.
Attention de ne pas mélanger «la science» avec la force du lobby pharmaceutique ou de n’importe quel autre lobby. Il y a une différence entre croire n’importe quoi au nom de la «science» et prendre le temps nécessaire de s’informer sur la «science».
Je pense qu’il y a confusion…on mélange ce qui ne se mélange pas. Il ne faut pas confondre ce qu’est l’attitude scientifique, que vivent et ressentent bon nombre de gens et des intérêts qui se forment pour exploiter des acquis de la science à mauvais escient.
C’est mélanger le marteau et le gars qui se cogne sur le pouce, le marteau n’y est pour rien, il est formidable pour cogner des clous…
La science est un outil…
Maintenant, est ce que tous les individus de tous les secteurs qui exploitent la science et ses bienfaits et conséquences agissent de façon éthique et morale ? Éthique en apparence, peut-être…l’éthique, il faut l’appliquer.
Je lisais tout à l’heure…
« Pour libérer la puissance, il faut paradoxalement une très faible quantité d’énergie : l’énergie de commande, ou information. Cette capacité à libérer de grandes quantités d’énergie grâce à la propriété d’amplification de l’information, est appelée communément le pouvoir. Le pouvoir est donc le contrôle de la puissance.
De manière générale, les équations établissent que, dans tous les processus couplés, la puissance maximum est bien obtenue quand le rapport des forces est égal à 1/2. Cela signifie que l’homme (comme d’ailleurs les plantes ou les animaux) préfère sacrifier le rendement à la puissance.
La leçon qu’il convient de tirer de la loi des rendements décroissants est sévère : dans de nombreuses organisations, entreprises, équipes de travail, on a atteint depuis longtemps, et sans s’en apercevoir, la limite des rendements. On continue pourtant dans le but d’améliorer ces rendements à dépenser des prodiges d’ingéniosité, des quantités élevées d’énergies, ou d’importantes ressources en hommes et en matériel, alors que le facteur limitant reste totalement inaperçu. »
De Rosnay, Le Macroscope, 1975
https://fr.wikiquote.org/wiki/Jo%C3%ABl_de_Rosnay
Le discours est philosophique, on y parle de la science dans le sens noble du terme. Comme toute chose sur cette terre, elle peut être corrompu par l’homme, mais ce n’est pas le sens de l’article et vous y prêtez un sens qui d’une certaine façon, tends a « corrompt » l’article!
Bien sûr, je soulève ~un~ point de l’article que je pense important et je bats le buisson, comme dirait Socrate. Je ne prétends pas invalider le message général de cet article, que je trouve plutôt bon.
Krugman appel d’ailleurs les politiques que prônent certains économistes de l’austérité des idées zombies…. les faits ont beaux les tuer jour après jour, elles tiennent encore debout!!!
Krugman ajoute que sûrement, ces zombies leurs ont mangés le cerveau…
Pour les accords Bretton Woods, je suis toujours étonné que l’on en parle si peu. Son démanèlement (D’ailleurs a quelques mois de l’abandon de l’étalon or, abandon qui est une bonne chose, qu’en gros, que la valeur de l’argent soit basée sur la production et non l’or!) a fait passer en 40 ans le transfert de capitaux transnationale de 5% à 95% en spéculation!
L’économiste James Tobin proposa une taxe (appelé taxe Tobin) sur le transfert de capitaux dès 1974 pour tout au moins palier au problème et l’on en débat encore là-dessus 40 ans plus tard! (La majorité des économistes ont pour mais la majorité des financiers sont contre…. l’on voit qui mène l’économie!)
Moi je ne suis pas étonné. Quand on sait à quel point certains intérêts ont profité de ce démantèlement pour créer un conglomérat financier international qui échappe à tout contrôle national.
Qui permet un enrichissement inimaginable pour le commun des mortels (des hausses de revenus moyen de 30% par an étant considérés que le « minimum acceptable ») grâce à une économie spéculative qui forme maintenant plus de 82% de l’ensemble de tous les échanges de « biens et services »).
Et que ce conglomérat (dans lequel les luttes internes n’en sont pas moins féroces) contrôle l’ensemble de presque tous les médias, des lobbys, ses « instituts de recherche économique »* et, bien sûr, des partis politiques qui « engagent » les dits institutions pour qu’elles nous disent ce que les Maîtres veulent qu’on entende (et qui correspond, ô coïncidence incroyable**, à ce que les dits gouvernements nous imposent, sans nous consulter d’ailleurs).
Trop de gens travaillent pour les Maîtres et dans tous les postes de pouvoir pour que ce « tri » de l’information ne soit pas prévisible.
C’est beaucoup plus efficace que la Pravda, parce que les Russes savaient que ce n’était que de la propagande.
*Juste au Québec on a le Conseil du patronat, l’Institut économique de Montréal, l’Institut Fraser, l’Institut CIRANO, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, etc.
Face à eux: pratiquement seule l’IRIS et quelques « francs-tireurs » économistes qui peinent à obtenir une visibilité médiatique (devinez pourquoi).
**Du genre: « Mon père et ma mère se sont mariés le même jour » ou « Je suis né le même jour de l’année que ma date d’anniversaire »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_Bilderberg
Épargnez-moi votre ridicule théorie socialiste, Keynes n’est pas un économiste bien brillant et a souvent changer d’idée ou encore modifié ses théories lorsqu’il réalisait qu’elles étaient ridicules. La démocratie n’a pas besoin d’un État pour fonctionner car justement c’est l’État qui la menace. La seule chose qui menace réellement la démocratie c’est votre théorie selon laquelle tout problème peut être réglé aisément par l’État qui est, évidemment, la solution à tout. La magie n’existe pas et j’aimerais faire remarquer que toutes les mesures que vous proposez ont déjà été essayés par… ah oui! Lénine, Staline, Mao, etc. Et ce fut un échec TOTAL!
Wow. Que de bons arguments, solides et bien étayés, vous avancez là. J’ai tellement envie de vous répondre, de vous entendre.
Je ne sais vraiment pas ce qui retient d’engager une conversation avec vous…
On sent la confusion là!
Très mince et stéréotypé comme argument…
Excellent article M. Baillargeon.
Cet article me fait justement penser à cette série documentaire de Bernard Derome sur l’argent diffusée à Télé-Québec en janvier. On pouvait y entendre les prévilégiés de notre province nous bombardées d’incessantes formules creuses sur la finance et l’économie.
On peut vraiment se compter chanceux de les avoir avec nous, car sans eux nous n’aurions pas d’emploi, pas de fondations privées, pas de rayonnement international, et j’en passe.
Le plus frappant, c’est l’occultation des véritables problèmes par ces affairistes en position de pouvoir.
Lorsqu’il était question du fardeau fiscal, jamais les paradis fiscaux n’ont été pointé du doigt, alors que selon l’OMC c’est près de 50% des flux monétaires mondiaux qui transitent par ces paradis. Bah, c’est juste pour faire bronzer les billets de banque me dira t’on.
Jamais, il n’a été question de la baisse du taux d’imposition pour les sociétés qui a court depuis au moins 10 ans au Canada et qui fait qu’aujourd’hui les sociétés privées sont moins imposées qu’au États-Unis.
Pour régler les problèmes de la dette, tout passe par une privations des services sociaux, une meilleure gouvernance et une augmentation de la productivité. Allez aux HEC, vous allez apprendre tout ça.
Et ce n’était que la pointe du iceberg. C’est dommage qu’une société d’état comme Télé-Québec s’associe à un documentaire avec si peu de profondeur journalistique et tant de complaisance.
L’économie ce n’est pas juste des grandes entreprises privées, mais aussi pleins d’organismes à vocation sociale, comme les coopératives, les OSBL et les mutuelles qui n’ont une aucun droit de parole dans ce documentaire, affaiblissant ainsi le dialogue démocratique. Je suis tanné d’entendre encore et toujours les mêmes dogmes et idées de ce 1% dans les médias de masses. Pour quand un véritable débat sur la place que doit avoir l’économie (petite) dans nos vies.
Merci M. Baillargeon d’éveiller les consciences
L’économie utilise la science comme méthodologie; elle n’est pas une science en soi. Elle use des outils, des applications, de la démarche scientifique. Pour les mêmes raisons la philosophie n’est pas de la science, mais la philosophie peut se nourrir de la science. L’inverse est tout aussi raisonnablement valable.
Votre texte, M. Baillargeon, est une contribution enrichissante qui ne fait pas de certaines pensées économiques une religion comme s’y prêtent certains journalistes.
Keynes, invité a faire un discours dans une convention d’économistes, commença son discours en disant: « Je suis sans doute le seul non keynésien dans la salle! »
L’humour britannique!!!
Fenêtre sur des économistes
http://www.atterres.org
Wow, une personne !
Je ne connaissais pas, intéressant, j’y jetterai sûrement un oeil attentif…
On peut entendre certain·e·s de ces économistes atterré·e·s dans Là-bas :
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2039
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2351
En finissant de lire cette chronique on ne sait plus quoi penser. Le chroniqueur démontre qu’il n’y a aucune inquiétude à se faire par rapport à la dette publique : tout ça c’est des inventions, des occultations de données, des tromperies, en un mot, du terrorisme économique fait par la droite. Il faut juste changer ce modèle capitaliste par quelque chose d’autre, on ne sait pas encore par quoi ni comment, mais il faut changer.
En connaissant les tendances anarcho-syndicales de M. Baillargeon, je me pose des questions par rapport à l’indépendance de sa « démonstration ».
Où sont l’objectivité? L’impartialité? Les idées qui aident à avancer? Au fond d’un trou noir super massif.
Il ne dit pas que la dette n’est pas un problème, il dit simplement que c’est loin d’être aussi dramatique que ne le laissait sous-entendre la série d’articles du Journal de Montréal.
Et je suis 100% d’accord avec lui quand il dit qu’il faut se méfier du discours des économistes qui tiennent leurs affirmations pour parole d’Évangile…
Prenons par exemple Goldman Sachs et la Grèce: il est intéressant de découvrir le rôle d’une des plus grandes sociétés de financement mondiales (dont plusieurs anciens, incluant Mark Carney et Ben Bernanke, siègent au poste de président des banques centrales de la plupart des pays européens ou nord-américains).
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120309trib000687366/quand-goldman-sachs-aidait-la-grece-a-tricher-pour-600-millions-d-euros-.html
Vous pouvez aussi jeter un coup d’oeil à la méthode brutale suggérée par le FMI pour assainir les finances du même pays, et la conclusion, hélàs trop tardive, sur la valeur de leurs méthodes…
http://www.express.be/business/fr/economy/le-fmi-nous-nous-sommes-trompes-dans-nos-calculs-de-modelisations-conomiques/184047.htm
En passant, jetez un coup d’oeil aux amendes payées par Goldman Sachs pour avoir parié contre les produits dérivés qu’elles vendaient ensuite à d’autres banques, et à celle payée en 2012 par la HSBC pour blanchiment de plusieurs milliards de dollars de l’argent du cartel mexicain de la drogue. Si vous voulez encore faire confiance à des voleurs, libre à vous. Mais méfiez-vous quand même… ;-)
@ ED
Vous pourriez jeter un coup d’oeil du côté des banques qui nous suggèrent de nous serrer la ceinture, tout en magouillant pour nous mettre dans le pétrin.
En voici quelques exemples:
Pour le FMI et ses savants calculs…http://www.express.be/business/fr/economy/le-fmi-nous-nous-sommes-trompes-dans-nos-calculs-de-modelisations-conomiques/184047.htm
Pour la Grèce que tout le monde cite en exemple à éviter:
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120309trib000687366/quand-goldman-sachs-aidait-la-grece-a-tricher-pour-600-millions-d-euros-.html
Pour les délits commis par les banques
a) Goldman Sachs: http://www.lefigaro.fr/societes/2010/07/15/04015-20100715ARTFIG00578-goldman-sachs-paye-une-amende-historique.php
b) La HSBC pour blanchiment d’argent de la drogue…
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/12/11/hsbc-paie-une-amende-record-pour-echapper-aux-poursuites-aux-etats-unis_1804423_3234.html
Comme quoi, les institutions qui nous disent de nous serrer la ceinture sont prêtes à nous voler sans scrupules… et il faudrait les croire comme si c’était parole d’Évangile? Non. Merci.
@ED
Normand, avant d’être chroniqueur, est bien autres choses, que ne sont pas plusieurs chroniqueurs…
Aussi, je ne vois pas où est ce que Normand dit qu’il n’y a pas d’inquiétudes, au contraire, ou alors nous n’avons pas lu le même texte.
Ou bien on voit ce qui se passe ou bien on ne veut pas le voir…les preuves sont tout partout…
De plus, il ne s’agit pas de tendances anarcho-syndicales mais d’un point de vue étudié, maîtrisé et pleinement affiché…mais cela, Normand saura répondre pour lui même.
Je pense, à lire votre dernière intervention, que vous cherchez à discréditer l’auteur plutôt que de questionner si les idées qui sont apportées sont vraies ou fausses…
Complément d’information, un bel entretien avec Monique et Michel Pinçon-Charlot, autour de leur livre «La violence des riches – Chronique d’une immense casse sociale»
http://www.youtube.com/watch?v=Ys3cjJlTcDE
Ed écrit:
«En finissant de lire cette chronique on ne sait plus quoi penser. Le chroniqueur démontre qu’il n’y a aucune inquiétude à se faire par rapport à la dette publique»
Si c’est démontré, alors, par définition, on sait quoi penser.
Je pense que vous vouliez dire: le chroniqueur SUGGÈRE ou quelque chose comme ça…
De plus, je n’ai jamais dit qu’il n’y a aucune inquiétude à se faire. C’est vous qui concluez cela. Ce que je suggère c’est que les raisons de s’inquiéter qui sont typiquement avancées par les personnes que je critique ne sont pas bonnes et leurs solutions proposées non plus. Cela, je le suggère en donnant des arguments, qu’il est vous loisible de discuter, refuser, contester, etc… Je suppose qu’on y arrive…
Ed poursuit donc:
«tout ça c’est des inventions, des occultations de données, des tromperies, en un mot, du terrorisme économique fait par la droite.»
Je dis en effet qu’il y a bien cela dans ce que disent ces gens. Mais, l’avez-vous noté?, je donne des raisons pour le soutenir. Vous allez les discuter, j’en suis certain. Je suppose qu’on y arrive.
Ed poursuit donc:
«Il faut juste changer ce modèle capitaliste par quelque chose d’autre, on ne sait pas encore par quoi ni comment, mais il faut changer.»
Bon: on n’y arrivera sans doute pas…
Le fait qu’il faut changer de système économique, pour diverses raisons dont celles que j’ai données est ce que je pense en effet. Et c’est discutable. Mais il est difficile de débattre puisque vous ne discutez pas de mes arguments. Que vous n,en avancez aucun. En fait, je ne sais même pas ce que vous soutenez,
«En connaissant les tendances anarcho-syndicales de M. Baillargeon, je me pose des questions par rapport à l’indépendance de sa « démonstration ».
Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Vous connaissez mes allégeances et??? Qu’est-ce qui s,ensuit? Vous vous posez des questions? Pensez que je suis malhonnête?
«Où sont l’objectivité? L’impartialité? Les idées qui aident à avancer? Au fond d’un trou noir super massif.»
Je ne comprends pas non plus ce passage. J’ai avancé des arguments, donné des informations, etc. En quoi, où est-ce que cela est partial? Non objectif?
Je ne rentrerai pas dans une discussion point par point, en vous citant et en vous contredisant.
Je ne pense pas que vous soyez malhonnête, je pense simplement que votre idéologie politique déteint sur certaines de vos chroniques, en leur ôtant tout intérêt pour moi. C’est votre droit d’afficher vos opinions, mais – j’ignore pourquoi- j’attends toujours de vous des chroniques qui seraient bien au de là des discours idéologiques.
Par définition aussi, une idéologie organise des idées particulières dans un ensemble structuré, d’autres idées sont écartées pour ne pas nuire à la cohérence interne de l’idéologie. Ça se ressemble souvent à des œillères, des œillères presque identiques qu’on se dise de gauche ou de droite. Ça s’approche de la doctrine, voyez vous. Ou de l’autisme, si vous préférez.
Vous êtes capable de parler sans parti pris idéologique de plein de sujets . Vous écrivez des chroniques qui décrivent bien les côtés noirs, les côtés blancs mais aussi les nuances de gris d’un problème. Mais dès qu’il s’agit d’économie, le philosophe disparait et c’est un partisan politique qui prend votre plume.
Je ne vous critique rien. Seulement j’attendais de vous ce que vous n’avez jamais promis, c’est à dire une vue globale et éclairante sur des sujets sensibles.
« Je ne rentrerai pas dans une discussion point par point, en vous citant et en vous contredisant. »
Le problème est justement là, vous vous attaquez au messager et non au message.
« je croyais…. vous croyez…. »
Arrêté de croire et réflechissez!
@Benton
« Le problème est justement là, vous vous attaquez au messager et non au message. »
Vous avec remarqué vous aussi ! Quand ED n’insulte pas le chroniqueur, il insulte les commentateurs.
@ Benton et Alain, sans vouloir vous offenser, vous êtes drôles. J’en ai croisé des gens comme vous pour qui ne pas être d’accord avec quelqu’un c’est l’insulter.
Comme des brindilles, ces gens s’inclinent dans le sens du vent et ne se tiennent jamais debout.
@ED
Voyez cela comme un retour du pendule!
L’on récolte ce que l’on sème….
Pour le reste, a choisir entre David et Goliath, je choisis David. C’est vrai que rétroactivement… c’est d’aller dans le sens du vent!
Non, on y arrivera pas…
Mais Ed, apportez-nous votre vue globale et éclairante sur des sujets sensibles, non ? Nous allons vous lire avec intérêt…
Parce que là, vous ne voulez pas vous expliquer et vous critiquer d’une drôle de manière l’auteur; je ne suis pas certain de qui a des oeillères.
Vous faites dans les étiquettes gauche-droite ? Il nous faudrait définir ce que vous entendez précisément d’abord par ces termes. Et où est-ce que vous vous positionnez ?
Vous n’êtes influencé par aucune idéologie, aucune doctrine, ni même un peu ?
Eh bien !
Est-ce que je prétends avoir des réponses? Est-ce que je suggère être impartial? Est-il nécessaire que je me positionne? Est-ce qu’on parle ici de moi? Non, absolument pas.
Simon, lisez mes mots, ils sont simples : je croyais que Normand Baillargeon était capable de parler d’économie avec autant de rigueur et d’impartialité qu’il le ferait lorsqu’il parle sur la violence, la liberté, le sens de la vie ou la science.
Vous croyez que le fait qu’on se dise de droite ou de gauche est à ce point marquant que tout discours philosophique est incomplet? Lorsque, je ne sais pas, Sartre (un communiste) dit que l’existence précède l’essence il le dit en tant que gauchiste?? Voyons donc..
Oui, si on veut discuter, on se positionne, clairement ou alors notre discours et notre argumentation le font pour nous.
Alors je réitère que critiquer l’individu, affirmer qu’il manque de rigueur et d’impartialité et ne pas vouloir s’expliquer, ça m’apparaît être aux antipodes de ce qu’il faut privilégier pour avancer au niveau des idées, les confronter, les mettre au défi et finalement faire évoluer son propre point de vue et celui de l’autre.
Concernant gauche et droite, encore une fois je ne vous demandais que de préciser puisque c’est vous qui aviez utilisé le terme; par expérience, tout un chacun a son idée plus ou moins vraie et complète de ce que sont et signifient les tendances gauche-droite, il n’y a alors que peu de discussion possible si les prémisses sont fausses.
@ED
Vous faites de l’idéologie une structure cohérence et fermé sur elle-même. Un paranoïaque retrouverait sa mitaine ! La ténacité du capitalisme est d’être ouvert, ouverte au changement juridique, technologique, politique…
Le capitalisme repose sur l’individualité, une conception de la liberté qui va vouloir la normaliser dans des lois et règles, des règles d’affaires et des pratiques sociales …les règles d’affaires de Wal-Mart supposent une exclusion du syndicat. Cela suppose un cadre juridique qui permet à la fois de se syndiquer (liberté d’expression) et la possibilité de contrer la syndicalisation de ces employés.
Wal-Mart et Costco, deux entreprises capitalistes et deux géants américains du commerce au détail en Amérique. Aux États-Unis; Costco verse 15,53$ US l’heure à un caissier contre seulement 8,52$ US l’heure chez Wal-Mart. Et surprises, depuis 2009 les ventes de Costco ont augmenté de 39% contre 7,5% pour Wal-Mart.
Est-ce que le modèle d’affaire de Wal-Mart est importable en Europe dont les normes de travail sont plus rigoureuses ?
Voici un cadre d’affaire identique avec une pratique d’affaires différent et qui donne des résultats différents. Costco dépend d’une partie d’une classe moyenne mobile pour prospérer; Wal-Mart vise l’ensemble de la classe moyenne et pauvre.
La chimie, la physique, l’économie dans leurs discours et pratique établissent des normes et des pratiques développées dans un cadre de scientificité qui repose sur des débats. L’économie parle de dette, de déficit, etc. des concepts qui déterminent des pratiques dans un cadre juridique précis et si j’ai bien lu M. Baillargeon questionne non seulement la conceptualité de l’économie, mais aussi son cadre de scientificité.
La dette est si grande et si grave qu’on a décidé d’investir 240 Milliards de dollars au Ministère de la Défence canadienne. Dites-moi comment cela sert directement les citoyens svp.
Parmi les questions que je me pose, quel est le pourcentage de la dette qui est domestique ? Des compagnies que nous avions auparavant subventionné à même les taxes des citoyens ?
Plus l’ego est mièvre et mesquin et plus le trou noir est grand. Plus l’ignorance est grande, plus le trou noir est grand. Plus la soif du profit est grande, plus la générosité diminue et plus le trou noir est grand. Se considérer permanent, complétement séparé du monde, unique, spécial est l’ultime trou noir.
« Confusion conceptuelle: Une dette, vingt dieux!, cela n’a de sens que lorsqu’elle est rapportée à des actifs et que si l’on considère ce qu’on acquiert par elle. »
Je ne suis pas économiste, mais il me semble qu’en toute généralité la notion de dette indique l’écart entre la valeur utilisée et la valeur produite. On est en dette dès qu’on bénéficie de l’usage d’une valeur qu’on n’a pas produite. Rembourser une dette, c’est ainsi mettre une partie de sa production au service du rétablissement de l’équilibre. Les ennuis commencent quand cet effort devient si important que le niveau de la consommation ne peut être maintenu qu’en creusant davantage cet écart. Je serai alors réputé vivre au-dessus de mes moyens. Rien là dont on n’ait fait un jour ou l’autre l’expérience un peu embarrassante. Chacun peut donc comprendre le sens général du diagnostic prononcé une autre fois par les savants analystes de la droite à propos du Québec et acquiescer à la nécessité d’appliquer à la vie collective le même type de remède que dans la gestion des finances personnelles.
Les choses ne sont pourtant pas si simples. Il faudra revenir sur les notions de valeurs et de consommation. Mais restons-en pour l’instant à des considérations « comptables ». Partant de ce que je connais mieux – les finances personnelles -, je remarque qu’il y a des gens dont la dette équivaut à deux ou trois fois la valeur reconnue à leur production mesurée en salaire mais dont la situation financière est jugée parfaitement saine, alors que d’autres sont acculés à la faillite ne devant que la moitié de leurs gains d’une année, par exemple. Cela tient bien sûr à leur capacité de s’acquitter de leurs obligations respectives. Ces obligations ne posent pas le même type de contraintes selon qu’elles sont ou non « adossées » à des actifs qui sont mis en garantie. Dans le premier cas, le remboursement peut être étalé en suivant la diminution de la valeur. Cette manière de contracter des dettes est non seulement acceptable : elle est nécessaire quand il s’agit de biens durables, dont la consommation – elle-même étalée dans le temps – ne peut être rendue disponible par une production immédiate. Nul n’attendrait plus d’avoir épargné tout l’argent nécessaire à la construction d’une maison pour renoncer à vivre dans une boîte de carton… en attendant d’avoir les moyens de faire autrement. C’est pourtant ce que prônent les partisans de la réduction de la dette, en rajoutant qu’on en est même plus au niveau où une telle vertueuse épargne serait seulement possible! Pour eux, nous sommes plutôt dans la situation d’un joueur compulsif qui satisferait sa futile passion en hypothéquant des actifs… qu’il ne possède plus.
De leur point de vue, ils ont raison! Déjà au strict plan matériel, notre maison tombe en morceaux. Et pour ajouter encore au triste bilan de notre contre-produit intérieur brut, qui rend les Institutions Prêteuses si frileuses, notre société est pleine de jeunes qui ne savent rien et qu’il faut éduquer à grands frais, trop souvent au mépris des besoins réels de main d’œuvre, d’adultes qui se pètent des fois la clavicule, d’autres fois le cœur et qu’il faut soigner même s’ils ne se sont pas infligés ces sévices dans le cadre de leur activité productrice et, pire encore : de vieux qui coûtent de plus en plus cher à mesure qu’ils vieillissent et que leur cerveau se transforme en gruyère. N’en doutons pas : la cote de crédit du Québec va se déglinguer de plus en plus : il n’y a ici plus assez de béton qui se tienne et trop d’êtres humains. Le tiers-monde s’appelle ainsi parce qu’il est encore principalement constitué de monde. On y arrive!
Ils ne le diront pas… ils ne le penseront même pas. Ils voudront simplement que nous nous retournions aux vraies valeurs…. Parlons-en donc, justement de cette question de la valeur. Dans leur monde, ce qui a de la valeur, c’est ce qui se mesure à la Valeur Étalon : la production, autrement appelée travail, c’est-à-dire l’énergie mise au service de la production de biens matériels. Par exemple, la valeur de l’éducation se mesure en compétence professionnelle. Elle peut bien viser accessoirement d’autres gogosses, comme la culture, ou le bien-être physique ou pourquoi pas – on est libéral ! – : le bonheur, qui ne sont pas en soi inintéressantes, d’ailleurs, dans la mesure où ils peuvent accroître la productivité, à terme, et pourvu qu’on n’y consacre pas trop de ressources. Même Camille Bouchard, cette semaine, parlait des garderies à sept piastres en termes d’investissement (moins de femmes à l’aide sociale et quasi auto-financement par l’effet de la fiscalité) et représentait que notre faible taux de criminalité avait une incidence non négligeable… non tant sur le bien être des personnes, dont on ne peut pourtant le soupçonner de ne pas se soucier, mais d’abord sur nos finances publiques, comme si la justification ultime de toutes nos initiatives sociales devait se trouver d’abord là. La valeur, de loin en loin, se mesure toujours en termes d’accumulation de richesse matérielle. Quand les Institutions ne peuvent la réaliser ici, ils vont là où les machines chauffent plus et où les travailleurs n’interfèrent pas tant avec la production au nom de leur humanité et de l’idée qu’ils se font du bonheur.
Les penseurs matérialistes ont eu à cœur d’affirmer la dignité du travail, qui permet en principe à l’être humain de réaliser son humanité par la satisfaction de ses besoins, matériels et autres, mais aussi de s’inventer lui-même en même temps que les mondes qu’il construit, avec ses semblables. Mais si le travail est devenu La Valeur (la productivité), dans nos sociétés, c’est qu’il sert désormais ultimement (et non… pas exclusivement) les fins d’une accumulation de richesses détachées de ceux qui les produisent et qu’il est par là détourné de sa destination initiale. Comme toutes les sociétés capitalistes du monde, la société québécoise a un réel déficit de productivité, qui ne pourra jamais être comblé, parce que la logique de l’accumulation capitaliste, dans son abstraction délirante, ne connaît aucune limitation à part celles que commande son métabolisme (Paul Chamberland – un poète il est vrai – appelait cela la machine à caca du capitalisme. Pour revenir dans les caisses, il faut que l’argent circule).
Calmons-nous. J’ai suggéré au début que la notion de dette indiquait l’écart entre la valeur utilisée et la valeur produite et qu’on était en dette dès qu’on bénéficie de l’usage d’une valeur qu’on n’a pas produite. Plus j’y pense… plus je me persuade que le Québec a en effet un immense problème de dette, dans la mesure où ceux qui déterminent le cours des Valeurs et qui en règlent la circulation ne sont pas ceux qui les produisent par leur travail mais ceux qui se l’accaparent par le contrôle des moyens de production et des Institutions Financières. Ce sont eux qui ont une dette, pas nous. Et leur dette à eux, ils ne conçoivent tellement pas de scrupule à l’augmenter tant qu’ils peuvent qu’ils n’ont de cesse de la faire grandir plus vite en allant siphonner le travail là où il est encore plus aliéné qu’ici.
Le pire, c’est que cet « eux », ce n’est même plus tant ces capitalistes dont la figure inspirait une détestation moralement consolante, mais les gardiens d’une logique de l’accumulation matérielle dans laquelle nous sommes nous-mêmes prisonniers par la nécessité d’assurer notre survivance et celle de nos enfants, cela devant même souvent passer par une complicité objective à l’exploitation de l’homme par l’homme par le biais de la consommation de biens fabriqués dans des économies heureusement éloignées et… plus « productives » que la nôtre.
« […] une logique de l’accumulation matérielle dans laquelle nous sommes nous-mêmes prisonniers par la nécessité d’assurer notre survivance et celle de nos enfants […] »
J’apprécie énormément votre intervention à la lecture de laquelle je frissonnais de terreur en assimilant une de vos idées qui m’était récemment parvenue comme une intuition. Ce « eux » que l’on méprise si aisément, ne le payons-nous pas pour qu’il gère nos actifs, pour que nos vieux jours reposent sur une part de cette croissance qu’ils astiquent? Cette croissance qui fabule, qui est dogmatiquement enseignée. J’entends, jusqu’au fond de ma poche, le claquement du fouet collectif, dans toutes nos affaires, et ce n’est pas assez.
Parfois, j’ai envie de signaler un abus, mais je me remet en question. Je me dis, comme ça: « Pourquoi veux-tu que soient cachés les commentaires obtus? » Après réflexion, je préfère que tous les voient.
Le problème demeure…les comportements de dominance. Et tant qu’une grande proportion de la polulation ne saura pas au moins un peu comment fonctionne son cerveau, ces comportements subsisteront.