J’ai observé ces deux phénomènes si souvent que je peux me risquer à les prédire.
Le premier est que dans un groupe d’anarchistes, qu’ils se connaissent bien ou pas, il ne faudra que peu de temps pour qu’on commence à parler de la guerre d’Espagne – et que quelqu’un ait des trémolos dans la voix: c’est d’ailleurs souvent moi.
Le deuxième est que dans un groupe de militantes et de militants de gauche, il ne faudra que bien peu de temps pour que l’apathie du public soit abordée et que l’on cherche à l’expliquer.
Il n’est pas même besoin de militer à gauche, ces temps-ci, pour se poser cette question. Il suffit d’ouvrir les journaux.
On y apprend, jour après jour, que nos institutions sont gravement malades et que la corruption est, dans notre société, généralisée et qu’elle touche de nombreux partis politiques, des fonctionnaires, des syndicats, des compagnies, des professionnels: bref, un très grand nombre de milieux et d’innombrables personnes.
On y apprend qu’après des années de «néolibéralisme» laissant nos services publics et nos infrastructures en loques, nous n’aurions plus d’autres choix que de poursuivre dans la même voie par des politiques d’austérité qui continueront le grand démantèlement.
On y apprend que les inégalités économiques sont désormais immenses et ne cessent de croître.
Et d’innombrables autres choses du même tonneau, sans oublier que notre actuel mode de vie est à ce point malsain qu’il fait courir de grands dangers à la possibilité d’une vie humaine décente pour nos petits-enfants. Et si vous trouvez la force de continuer votre lecture, vous apprendrez aussi que la possibilité d’une guerre nucléaire doit, hélas, être sérieusement prise au sérieux.
Je ne veux surtout pas nier que des choses bougent et que des gens s’activent. Mais force est de constater qu’elles ne bougent pas beaucoup, certainement pas assez, et qu’il existe donc une trop grande apathie du public qui demande à être expliquée. (J’exclus bien entendu dans cette définition du public ceux et celles qui pensent que le diagnostic précédent est faux et que tout va plutôt bien ou pas si mal; j’exclus aussi cette minorité de gens qui savent que ça va mal, mais qui bénéficient de l’ordre actuel des choses – et en laissant cette fois de côté cette autre énigme: comment expliquer qu’ils et elles travaillent avec tant de détermination à interdire à leurs propres petits-enfants de mener une vie future décente?)
Au fil des ans, j’ai pris part à d’innombrables discussions sur ce thème de l’apathie du public. Les hypothèses avancées sont bien connues. En voici trois qu’on entend très souvent.
On évoque pour commencer la propagande avec ses habituels suspects: les médias et les firmes de relations publiques. Si les gens sont apathiques, dira-t-on, c’est parce qu’ils sont endoctrinés. C’est sans doute là une part de l’explication recherchée et on comprend notamment de la sorte pourquoi les pauvres votent pour les riches.
On évoque aussi le fait que nous ne vivons plus, en un sens fort du terme, en démocratie, la démocratie étant entendue comme un régime où des citoyens interagissent, débattent, discutent de sujets sur lesquels ils ont des intérêts communs. Nous vivons plutôt, vous dira-t-on, en oligarchie, et la majorité est réduite au statut de spectateurs accordant tous les quatre ans à des représentants du 10% le droit de les spolier. Les gens sont donc isolés, beaucoup vivent d’un chèque de paie à l’autre une vie de surconsommation, qui ne laisse ni le temps ni le loisir d’exercer ce qui serait une véritable citoyenneté.
On évoque enfin le fait que bien des gens ne croient plus qu’un changement soit possible. Ils savent bien que rien ne va plus, mais ils pensent, parfois en pointant certaines expériences du passé, que tout changement serait pour le pire, surtout s’il annonce un grand soir suivi de lendemains qui chantent.
À chacune de ces explications correspondent des remèdes: dévoiler l’état réel du monde, dans le premier cas; recréer localement les bases d’une véritable démocratie participative, peut-être par un parti politique, dans le deuxième; proposer des modèles attirants et crédibles, dans le troisième.
J’ajoute toujours mon grain de sel dans ces discussions en demandant ce qu’était cet ingrédient capital sur lequel on misait à l’époque du Siècle des Lumières pour rendre possible une société libre et démocratique. La réponse est bien entendu: l’éducation. Ce qui commence nécessairement par la capacité pour chacun de lire et de s’informer.
Or, et c’est quelque chose à quoi on doit s’arrêter avec stupeur, un Québécois sur deux âgé de 16 à 65 ans aurait tant de difficultés en lecture qu’il ou elle serait incapable de naviguer aisément dans la vie de tous les jours en tant que travailleur, citoyen, parent, consommateur (ce qui est le niveau 3 d’alphabétisation).
Pire encore: 18,3% des personnes détenant un diplôme universitaire et 45% des personnes détenant un diplôme postsecondaire n’atteindraient pas le niveau dit moyen en littératie et/ou en numératie: elles ne peuvent pas vraiment lire et comprendre de simples articles de journaux.
Prenons ces données avec circonspection: mais même si elles sont quelque peu exagérées, elles sont décourageantes.
D’autant que la dernière semaine nous avons appris que des enseignant.e.s au primaire, chez nous, écrivent un français pitoyable. Combien? On ne le sait pas: l’étude portait sur une quarantaine de sujets. Mais un seul cas de personne ayant complété une formation universitaire en enseignement et ne pouvant écrire à peu près sans fautes serait déjà un drame.
Et je pense que tout cela mis bout à bout (si vous êtes capables de contempler sans verser de larmes) n’est rien de moins qu’une tragédie qui doit être prise en compte quand on médite sur cette apathie du public dont nous souffrons tous et toutes.
Moi qui enseigne la philosophie au cégep, je peux confirmer que les statistiques catastrophiques sur l’analphabétisme des diplômés du secondaire ne sont pas du tout exagérée.
Et je parle d’étudiants qui accèdent au collégial. Imaginez les autres.
On dit toujours que la meilleure solution est l’éducation. J’aimerais le croire. Que faire quand ceux qui ont le plus besoin d’éducation ne vont pas à l’école?
Bien sincèrement, dans l’état actuel des choses, je ne vois plus d’espoir.
L’éducation est-elle vraiment la solution? La majorité de ceux qui attaquent le système et en profite sont universitaires.
La majorité de nos politiciens sont universitaires. Le chef du Québec en ce moment est, à ce qui parait, un des plus imminent neuro-chirurgien de la province.
L’argent rend fou. L’humain est un loup pour l’humain. La vrai nature humaine n’est pas de penser à long terme, mais d’aller chercher la part du lion pour soi-même et (un peu) ses proches.
Vous connaissez la blague:
»Si quelqu’un me donne le choix entre la paix sur terre ou l’argent de Bill Gates, je ne sais pas ce que je ferais, mais j’aurais un crisse de beau char… »
Je pense qu’il serait urgent de réfléchir au type de diplômés universitaires qui finissent par s’accaparer le pouvoir:
On parle traditionnellement de professions libérales: Les politiciens sont en grande majorité des avocats et des notaires.
Lorsqu’on réalise cela, on peut alors toucher au cœur du problème; quelle est donc la part faite à la réflexion éthique et philosophique sur la fonction d’un juriste dans une société démocratique?
C’est bien sûr que toute va mal, notre pays est géré par des avocats! Pas des philosophes, pas des sociologues, pas des éthiciens, non! Des gens qui ont tout à gagner à réduire judiciariser les interactions humaines, sociales et politiques!
Penses à ça mon Ludo, avant de cracher en bloc sur les gens qui ont fait l’effort d’aller au bout d’une formation universitaire, laquelle devrait être préalable au droit de vote au Québec!
« …la vraie nature humaine… » Qu’est-ce que c’est? Personne ne le sait. Mais on sait que ce sont les conditions dans lesquelles vivent les humains qui les font agir d’une manière plutôt que d’une autre. Je crois donc que tout pourrait être différent. Et que l’éducation ferait à coup sûr partie de la solution à ce grave problème.
La paix sur terre ou l’argent de Bill? Sans aucune hésitation je choisis la paix. J’ai ce dont j’ai besoin. Un peu plus me ferait voyager plus et j’aurais une pièce de plus dans ma maison. Pour moi la paix vaut mille fois plus que l’argent de Bill, de Laliberté et Desmarais. Laliberté s’est acheté une île parce qu’il a peur de la guerre… Il va y goûter lui aussi…
Il me revient en tête un commentaire qui revenait souvent lors de la crise étudiante chez les universitaires qui contestaient… le mouvement étudiant!
« Évidemment, les carrés rouge proviennent tous des sciences molles… »
C’est tout même paradoxale que les sciences « dures » produisent autant de citoyens « mous »!!!
oui cela devient de pire en pire et nos anciens se sont battus en mai 68 pour obtenir beaucoup pour nous et voilà tout file ; tout s’efface………. tiens au fait ; il y a des nouveaux mots dans le dictionnaire de la langue française, mais bientôt on ne verra plus le nom de Fonctionnaire !!!!!!!! par contre députés, sénateurs et tous les hauts seront toujours à la même enseigne, c’est à dire à nous pomper ; à gagner des milliers de francs…………… oh pardon d’Euros..lol sous le couvert des petits qui font travailler la France ; pauvre France !! je comprends mieux maintenant pourquoi des enfants intelligents quittent la patrie qui les a mis au monde……….
Ludo,
Bon point, bien entendu. Et vaste, vaste question que vous ouvrez.
Mais je me méfierais tout de même de la généralisation hâtive; et suggérerais qu’il faut (un peu, beaucoup?) repenser qu’on entend par éducation.
Et si le coeur du problème, en ce qui concerne la littératie, résultait pour beaucoup dans l’habitude de plusieurs de s’en remettre trop souvent à la «loi du moindre effort»?
À l’époque où j’étais encore très jeune, nous n’avions d’autre choix que de nous fouler pour faire des tas de choses qu’aujourd’hui on peut faire en appuyant sur un bouton.
Regarder la télé? Que deux postes en noir et blanc, et fallait se lever pour changer le poste ou modifier le volume. Écouter un disque? Fallait être attentif en plaçant l’aiguille pour écouter la troisième chanson sur la face A. Puis se lever pour retourner le disque pour écouter la Face B. Réchauffer un truc à manger? Nécessairement avec une marmite ou le gros four. Pas de micro-ondes.
Et ainsi de suite. Maintenant, tout est devenu plus rapide, simplifié, presque pré-mastiqué. Et l’habitude de l’effort s’est perdue.
Or, apprendre à bien écrire, cela ne se fait pas en appuyant sur un bouton. Et ça, cette approche moins facile, ça n’a plus la cote.
Voilà où nous a mené le «progrès»…
(Dans l’avant-propos d’un livre que j’ai écrit et qui a paru en 1988 chez Publications Transcontinental inc., je notais ce qui suit:
«Le progrès – comme je l’ai déjà écrit quelque part – est une bête qui sévit inexorablement. Il est à la fois l’instrument de notre félicité et celui de notre damnation.»
Apparemment, la «damnation» tient de plus en plus le haut du pavé, aujourd’hui. Hélas.)
À cette explication à propos de l’apathie, j’ajouterais la perte des lieux de réunions (sens communautaire, lieu physique commun). Parce qu’aujourd’hui, on ne lit ou n’écoute que ce qui nous intéresse. Les informations circulent, mais si on ne veut pas savoir, on ne sait pas.
Ils ne savaient que c’était impossible, alors ils l’ont fait » Bakounine, certaines disent Twain.
1. Pour la Guerre d’Espagne : Pour comprendre les anarchistes dans le feu de l’action et non en théorie, il faut lire un bon livre qui vient d’etre écrit par un Québécois :
Louis Gill, George Orwell de la guerre civile espagnole à 1984, Lux, 2011, 235 pages.
Mon résumé : Orwell s’engage du coté du gouvernement démocratiquement élu d’Espagne dans la guerre civile qui débute en 1936. Il n’est pas membre du d’un parti mais ces sympathies vont aux socialistes. Il sera blessé au cou par une balle et rapatrié à l’arrière, ce qui lui sauvera la vie (p. 141). Il est marqué par les luttes intestines du camp de la gauche. La multitude de petits partis : communistes, socialistes, anarchistes, syndicalistes, etc. divisés contre l’ennemi et surtout luttant entre eux, nuit à l’unité contre les fascistes qui eux sont unis, regroupés autour de Franco et appuyés par l’Italie de Mussolini et l’Allemagne d’Hitler . La France et l’Angleterre, unis par le traité de Munich, signé en 1938, laissaient ce dernier lutter contre le communisme et n’osaient pas critiquer la présence de ces troupes en Espagne. Les forces de gauche sont dominées par les communistes pro URSS parce que ce pays fournit les armes à ceux qui appuient ces mots d’ordre. Les staliniens utilisèrent des camps de concentration en Espagne pour torturer et tuer les opposants, comme les anarchistes, avec plus de «6000 agents» (p. 120) Orwell constate que les ouvriers espagnols organisés sont en train de réaliser une véritable révolution prolétarienne, comme celle de 1917 en Russie et Staline ne peut accepter cela de peur que les ouvriers russes ne soient influencés par ces nouvelles idées. Il donne comme mot d’ordre :
«Le diktat soviétique : Empechez la révolution ou vous n’aurez pas d’armes» (p. 70)
2. Pour les prof qui font des fautes : je pose une question : quel prof, écrivain, journaliste, etc. dont le métier est d’écrire écrit sans faire appel à un réviseur linguistique
Peu de choses à ajouter sinon que pendant mes années de travail dans le communautaire, j’ai rarement vu des gens utiliser fréquemment le dictionnaire. On dirait qu’ils s’imaginent qu’ils savent tout ou encore que le correcteur va tout corriger. Je me souviens d’une amie qui m’avait dit qu’elle n’avait plus besoin de dictionnaire tellement elle était bonne en français. Quant au correcteur, il ne connait pas la syntaxe et c’est là que tout dérape.
De plus, à force d’entendre des gens dire : »ça la l’air » et « quand qu’on fait ça », des possessifs pluriels avec des sujets singuliers, des mots dénaturés, des anglicismes… Il m’arrive de ne pas comprendre ce que j’entends. Je n’ai rien contre les progrès de la langue, les ajustements à l’usage, mais j’ai peur qu’on finisse pas ne plus se comprendre.
Si vous ne comprenez pas «c’est quand qu’on fait ça» ou «ça l’a l’air»… ça va mal! (haha!)
Je vous cite: « Nos institutions malades ». Le néolibéralisme fait que bon nombre d’entre nous se servent de l’argent comme respirateur artificiel. Plutôt que de dire « malades », je dirais que la société vit une époque de décadence.
Ce n’est d’ailleurs pas nécessairement nouveau, quand on fait une certaine rétrospective de l’histoire. Donc, que chacun puisse tâter du pouls de ses valeurs non pas en anarchiste, mais comme un individu faisant partie de la société. La reconstruction à partir de la base.
Nous vivons une époque de transition où un mur nous empêche de voir les choses autrement que via les normes acquises. Le monde du travail, la gestion du temps, la qualité de vie, plus de soleil moins de nuage, etc. Notre culture d’occidental ne nous a pas habitué à ça.
Rationalité technicienne et économique. Le simple fait de prononcer le mot vertu suffit de nos jours pour paraître hurluberlu…
L’apathie du public, c’est ça le sujet.
Je ne crois pas que ce soit un phénomène récent, au contraire, les affaires publiques ont depuis longtemps été laissées dans les mains de celui qui en réclamait le contrôle ou, récemment, des élus. Le peuple, lui, depuis toujours a eu d’autres priorités dont la principale a été simplement de survivre un jour de plus.
Comment expliquer cette apathie si le public est le principal intéressé… on dirait que les gens ont décidé de déléguer la sale besogne (gérer les biens communs) tout en sachant que des erreurs seront commises mais en l’acceptant d’emblée car on a autre chose à faire.
Je ne pense pas que ce soit de l’individualisme moderne, ni du cynisme issu de l’expérience, au contraire, on pourrait penser que cette apathie des affaires collectives fait partie de notre essence, comme si la plus grosse collectivité qu’on pouvait concevoir serait la famille ou la tribu.
De « survivre », excluons ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts, la population ne s’occupe pas nécessairement à survivre mais plutôt à se distraire. En bref, l’éducation ne nous apprend pas le vrai sens de la vie, elle nous apprend à nous distraire, à tel point que certains ont parfois le sentiment d’être marginaliser s’ils ne font pas comme ceux qui aiment à se distraire.
Parlons de démocratie, à qui pensez-vous que ça peut faire l’affaire d’avoir une population qui aiment à se distraire plutôt que d’avoir à s’occuper de leurs intérêts? Sinon à certains politiciens verreux pour avoir le champ libre s’ils réussissent à se faire élire. La distraction étant un très bon moyen de détourner l’attention de tous ceux qui se IN de vivre de cette manière.
Ceci dit, ce n’est pas un peu pour cette raison que certains disent que nous avons les politiciens que nous méritons?
J’oubliais: M Baillargeon, vous avez parlé de la possibilité d’une guerre nucléaire?? Je croyais cette peur enfouie dans les nouvelles de science fiction et je ne pensais pas que mes enfants auraient à grandir avec! On dirait que je suis mal informé.
Sur la menace nucléaire: http://www.alternet.org/books/noam-chomsky-how-close-world-nuclear-war?paging=off¤t_page=1#bookmark
Bonjour M.Baillargeon,
En 1954 j’entrais au primaire et la première chose que l’on apprenait était l’alphabet ensuite l’écriture avec un transparent autant pour les minuscules que les majuscules avec les belles « fioritures ,la totale quoi! J’avais cette curiosité d’apprendre et écrire rapidement et mes parents m’ont en plus appris a profiter de ce que la lecture pouvait apporter a mon apprentissage ,en lisant on apprend aussi a bien écrire sa langue, le ‘HIC’ c’est que lorsque j’ai commencé mon secondaire je me faisais toujours ‘pogne’
par les maître de salle d’étude avec un livre sur les genoux ,quand même pas grave j’ai bien réussi avec ce que je voulais faire de ma vie.Lorsque j’ai voulu apprendre l’anglais que l’on enseignait a peine dans nos écoles j’ai déménagé en Nouvelle- Écosse ,appris l’anglais écrit et lu et encore une fois ma lecture m’a aidé a bien maîtriser ma langue seconde et ce n’est pas les bon contribuables Québécois qui ont payé pour ce que moi avais choisi.Ce qui m’amène a ce que nos politiciens tous partis confondus ont fait depuis au moins c
« René joue avec son ballon »
« Luc va à l’école »
Ce sont les phrases que j’ai lu à ma première journée au primaire. Je me souviens d’avoir lu toute les phrases du tableau à la gauche de la « maîtresse », c’est comme cela qu’on l’appelait un professeur en 1971. Il y avait aussi ce tableau d’addition/soustraction ou j’ai d’ailleurs vérifié toute les réponses.
Je ne me souviens pas vraiment ce que la maîtresse nous disait (j’ai des troubles d’audition) mais j’avais retenue une chose, c’est qu’à la fin de l’année scolaire, qu’on allait lire, comprendre et calculer tous ces tableaux…
À la récréation, je suis retourné chez moi, pris un livre dans la petite bibliothèque du salon. (Comme mon père travaillait de nuit, pas question que je réveille mes parents en écoutant la télévision…)
Le téléphone retendit, ce qui réveilla ma mère. Après le coup de téléphone, ma mère courut d’un bout à l’autre de la maison… pour finalement me retrouver dans le salon.
« Que fais-tu ici, l’école vient d’appeler et ils te cherchent partout ? »
« Ben la maîtresse nous a montré tout ce que l’on allait apprendre dans l’année et comme je le savais déjà, je suis revenue à la maison!!! »
Ça été la première et dernière journée d’école buissonnière…
J’ai finalement fait une bonne partie de l’école primaire « dans la lune » comme disaient mes maîtresses. Mais elles me laissent plutôt tranquille, (sauf la maîtresse de troisième année, un caractère plutôt stricte) étant d’abord moi-même tranquille, et j’étais toujours dans les trois premiers de classe. (En réalité, deuxième et troisième, jamais premier, il y a des conséquences a être dans la lune….et il y avait Jean Paradis!)
Disons que j’ai réellement vue mes carences en français dès le secondaire…
Suite du précédent texte:
Cinquante ans …rien pour améliorer ce qu’ils avaient laisse aller a la dérive et a ce jour après deux élections en pas deux ans personne n’a osé effleurer cette aberration du bout des lèvres ,serait-ce par aveuglement ou par électoralisme tordu?…On enseigne pas de langue seconde au primaire au Québec en 2014 c’est quand même assez retardé ,est-ce que cela veut dire « on va vous éduquer mais vous allez rester dans vos villages « parce que l’état paie ? En tant que Québécois si nous voulons devenir une société ouverte sur le monde il faut cesser ce nombrilisme « encarcanant »Merci pour votre article at salutations.
Richard Coté
D’où sortez-vous ? L’anglais est enseigné dans les écoles francophones du Québec au primaire depuis belle lurette. C’est la norme et même un « très mûr » comme moi y a passé.
Un nouveau média indépendant cherche à se faire un nid:
http://ricochetmedia.ca/fr
Je crois qu’une grande part de l’apathie populaire est attribuable à la désinformation que pratiquent la plupart des médias de masse commerciaux et étatiques. Malheureusement, lorsque ces médias ne sont plus fiables, même ceux et celles qui savent lire risquent d’ignorer ce qui se passe réellement, à moins de s’informer par le biais des médias alternatifs, un réflexe que beaucoup de gens n’ont pas, y compris, je crois, les universitaires.
Une partie de l’explication (pas entière mais une partie importante) a été donnée, et même prédite, par Alexis de Tocqueville…en 1830 !
Il disait, pour résumer grossièrement, entre autres choses, que les citoyens allaient être tellement occupés à essayer d’améliorer leur niveau de vie qu’ils n’auraient plus le temps (ne voudraient plus consacrer du temps) à s’informer et auraient, au mieux, recours à de courtes explications globales (simplistes).
Et que cela annonçait la disparition à terme de la démocratie, au profit de la dictature, en même temps qu’il en présidait le triomphe…pour un temps.
Et on était en 1830. Sans informatique, ni moyens de communications modernes de masse. Et le marketing (ce que Edward Barneys, l’un de père du marketing, appelait lui-même la « propagande du temps de paix ») n’existait pas encore et aurait semblé relever à l’époque plus de la magie que de la technique.
« outils » de contrôle de l’opinion et des « messages » qui ne font qu’accélérer ce phénomène.
Un sacré phénomène ce Tocqueville.
Il avait aussi « prédit » les fusillades. En gros, son raisonnement était que dans une démocratie menée par des groupes d’intérêts, l’individu, sous la pression qu’il n’arrive a rien contrôler de sa vie et laissé à lui-même, qu’il allait se révolté un beau matin… et se mettre a tirer sur tout le monde.
La bizarrerie morbide de Tocqueville, c’est qu’il disait que cela était un moindre mal par rapport a une révolte collective. (Il passait aussi pour un type de la droite, mais j’ai mes doutes là-dessus…) Faut comprendre que Tocqueville, d’une famille d’aristocrate, avait pratiquement perdu toute sa famille pendant la révolution française…
L’apathie du publique, c’est exactement le bon terme, fénomène auquel se heurte et s’insurge tout honnête libre penseur et diseur (chercheur) de vérité. Réaliser que là est un obstacle majeur à une diplomatie riche en idées et en projet intégrant le bien commun, et, ou, l’écologie, l’égalité entre les être humain, est préoccupant pour plusieurs, mais surtout nous amène à nous questionner et à chercher des solutions. Évidement l’accès au média grand publique est pris en otage par les partisans du néolibéralisme, ou endoctrinement esclavagiste et dominateur, donc l’appauvrissement de l’esprit critique par un abrutissement des masses laborieuses, la manipulation, la désinformation et la culture de l’obscurentisme, donc là est le plus grand obstacle à la conscientisation populaire. J’ajouterai ici quelques facteurs aggravissant: la superficialité, l’apologie de la simplicité, ou encore l’illusion du consumérisme.
Une piste de solution: admettre que nous sommes tous concernés par la voie qu’emprunte l’humanité, mais aussi bien comprendre que ce sont ceux qui participe à cette culture mainstream, bien pensante et politiquement correct, asseptisé, sensuré, cette culture de prostitution vis-à-vis du capital, ce sont nous tous pris au piège et dépendant de ce système soigneusement tissé, qui sommes complice de l’asservissement, de la soumission général, ne serait-ce qu’en rêvant être riche à notre tour; ou en imitant le snobisme, qui selon moi est une pandémie, qui est gravement contagieux et est ce qui menace le plus l’esprit de charité, la solidarité et la tolérance, par exemple en exacerbant le climat de compétitivité si prisé par ceux qui, pour régner, voient d' »un bon oeil », tout ce qui divise le peuple. Ainsi, si la voie de la raison ne parviens pas au commun des gens, c’est tout simplement qu’il n’y a pas suffisement d’être qui prône les vertues de la justice, propage la « bonne parole », fait la promotion de l’amour et prèche par l’exemple, et non le fait qu’il y ai tant d’analphabètes, bien que certainement je dois admettre qu’il y a là un problème de taille.
Ainsi enfin, je ne suis pas d’accords pour dire que le progrès passe obligatoirement par l’éducation, premièrement ce serait une instruction de meilleur qualité qui serait requise, car il n’y a pas que la lecture pour s’informer, bien que celle-ci soit des plus édifiantes et commodes, il y a la transmission orale, ce mode de communication primordiale, et qui plus est établit des liens autrement qu’à l’intérieur des murs de l’individualisme, un des pire ennemi de la communication, du partage, de l’altruisme, etc. Faut y voir: oser parler d’amour et de compassion, modérer nos jugement prompt, et peut-être en arriverons nous à un assainissement de la pensé et du discours collectif global.
Un autre commentaire: je n’ai aucun diplôme, je fais des fautes d’orthografe, et pourtant j’ai, je crois, un esprit critique malgrés tout structuré. C’est le tempérament qui fait qu’un être est disposé à s’indigner, capable d’introspection, bien que la tendance, le courant, y joue pour beaucoup.